echecs et ordinateur

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par meichler » 08 Déc 2006, 18:53

Le Monde - 9 décembre 2006 (Nécrologie) :

a écrit :David Bronstein

Son match contre Botvinnik en 1951 , pour le titre de champion du monde d'échecs, fut une magnifique bagarre





Le grand maître d'échecs russe David Bronstein est mort à Minsk (Biélorussie), mardi 5 décembre. Il était âgé de 82 ans.

Chauve, les yeux abrités derrière de grosses lunettes, le visage expressif, David Bronstein était l'antithèse de son compatriote et plus grand adversaire, le champion du monde Mikhaïl Botvinnik, dont il fut le challenger en 1951, à Moscou. Botvinnik était le prototype de l'Homo sovieticus rêvé par Staline : russe, ingénieur et auteur d'une thèse de doctorat en électricité, austère partisan d'une approche scientifique des échecs, technicien hors pair.

A l'inverse, Bronstein, né à Bila Tserkva, près de Kiev, le 19 février 1924, remettait du romantisme et de la vie dans le jeu, spécialiste de brillants sacrifices, tentant des coups surprenants qui déstabilisaient ses adversaires. Il donna notamment ses lettres de noblesse à la défense est-indienne, alors considérée comme une ouverture de deuxième catégorie, et qui fut ensuite adoptée par les attaquants Bobby Fischer et Garry Kasparov.

David Bronstein décrocha le titre de maître soviétique à 16 ans et, après la seconde guerre mondiale, progressa rapidement vers le premier plan échiquéen. Il devint évident, quand il remporta en 1948 et 1949 le championnat d'URSS, qu'il serait un sérieux candidat pour le titre mondial.


JOUER CONTRE DES ORDINATEURS


Son match en 24 parties contre Botvinnik, en 1951, certes truffé d'erreurs de part et d'autre, fut une magnifique bagarre. Mené d'un point à deux parties de la fin, Botvinnik réussit à refaire son handicap dans la 23e partie, et la confrontation se termina par un match nul, 12 points partout.

Le règlement prévoyait qu'en cas d'égalité le champion du monde conserve son titre. Bronstein n'eut pas de seconde chance, comme s'il ne s'était pas remis de ce match au cours duquel, reconnut-il par la suite, il fut soumis à " une forte pression psychologique ", sans doute parce que son père avait connu le goulag, mais surtout parce que Botvinnik était chéri par le système soviétique.

Auteur d'un des plus célèbres ouvrages sur les échecs, L'Art du combat aux échecs (Payot), dans lequel il analyse l'interzonal de Zurich 1953 non pas tant en débitant des variantes compliquées qu'en expliquant les idées cachées derrière les coups, en mettant le lecteur dans la tête d'un grand maître, David Bronstein continua à gagner des tournois mais sans plus jamais flirter avec les sommets.

Il se fit une nouvelle fois remarquer des autorités soviétiques en 1976 en refusant de condamner publiquement Viktor Kortchnoï après que celui-ci eut demandé l'asile politique aux Pays-Bas. Par mesure de rétorsion, Moscou lui interdit d'aller jouer à l'Ouest pendant longtemps.

David Bronstein, au cours des dernières années de son activité, avait souvent participé à des matches contre des ordinateurs, faisant preuve, malgré son âge avancé, d'une imagination intacte et d'une absence totale de complexes vis-à-vis de la machine.

Par un hasard du calendrier, il est mort le jour même où, à Bonn, le champion du monde Vladimir Kramnik subissait une cuisante défaite (4 points à 2) face au logiciel Deep Fritz.

Pierre Barthélémy

© Le Monde
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Message par canardos » 09 Déc 2006, 14:19

a écrit :

[center]Un logiciel informatique bat le maître mondial des échecs, le Russe Vladimir Kramnik[/center]

LEMONDE.FR avec AFP | 06.12.06 |


Il arrive que la technologie surpasse l'homme. Mardi 5 décembre, le détenteur du titre de champion du monde d'échecs depuis 2000, le Russe Vladimir Kramnik, s'est incliné face au logiciel allemand Deep Fritz, considéré comme le meilleur programme d'échecs actuel.

Kramnik, âgé de 31 ans, a perdu la bataille dans la dernière partie à l'issue de cinq heures de jeu, en 47 coups. Il perd ainsi le tournoi, dont il n'a pas remporté une seule partie, sur le score final de 4 à 2 (chaque victoire valant un point et une partie nulle un demi-point).

De l'avis des experts échiquéens présents à Bonn, la prestation de Kramnik tout au long des six parties n'a rien de ridicule. Le Russe a montré qu'il pouvait tenir tête au programme mis au point par la société informatique allemande Chessbase. Pourtant, le défi semblait périlleux dès le départ pour le champion russe, qui n'avait jamais fait mieux que le nul, en 2002 à Bahreïn, lors d'une confrontation contre une précédente version de Deep Fritz... alors bien moins puissante que sa version 2006.

De l'aveu même de Kramnik, l'actuel logiciel est deux fois plus rapide que sa version de 2002. Il peut examiner huit à dix millions de positions par seconde. "Le monstre fait constamment l'objet d'améliorations, mais je crois que je peux encore lutter contre cet adversaire incroyablement fort", avait affirmé Kramnik avant le tournoi. Contre un logiciel, avait-il souligné, "tu n'as pas le droit de commettre la moindre erreur tactique, car tactiquement, l'ordinateur est imbattable. Si tu commets la plus petite erreur, il te la fait payer immédiatement".

LA VICTOIRE HUMAINE DE MOINS EN MOINS PLAUSIBLE


Cette victoire de l'intelligence artificielle survient plus de neuf ans après la défaite historique de la légende russe des échecs Garry Kasparov contre le super-ordinateur Deep Blue, en mai 1997 à New York. A l'époque, le champion, alors invaincu par des humains depuis douze ans, s'était incliné en six parties.


La victoire, mardi, de Deep Fritz face à l'actuel maître incontesté de la planète échiquéenne rend peu probable l'organisation future de tels chocs au sommet entre l'homme et la machine. Au vu de la rapidité du progrès technique et de la puissance impressionnante des outils informatiques, les experts considèrent en effet la victoire des humains comme de moins en moins probable.


canardos
 
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Message par Crockette » 09 Déc 2006, 16:33

c'est vrai que le match Fisher contre Spasky en 1972, c'était l'occasion de montrer la supériorité du capitalisme sur le communisme. le combat était politique.
Crockette
 

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