a écrit :
"Quant au pétrole, il y en a, ou il n'y en a pas. Du point de vue de la roche, la « probabilité » est 1 ou 0, rien d'autre."
Pourquoi faire, ce truisme ? La roche contient ou pas du pétrole, mais n’a que faire de nos probabilités. Les probabilités par définition servent dans un univers incertain à prendre des décisions les plus rationnelles possibles.
Je ne sais pas si les choses sont si simples en général. Tu évites le truisme, tu dis "à quoi servent" les probabilités, mais tu ne dis pas vraiment ce qu'elles "sont". Le sens de la phrase de wikipedia est que dans une zone de forage donnée, il y a en réalité du pétrole ou pas. Toi, si je comprends bien, tu dis: la probabilité (de trouver du pétrole), dans ce cas, c'est le nombre de zones où il y a du pétrole divisé par le nombre de zones total. Et ce qu'ont les géologues, c'est simplement une estimation de cette probabilité (qui peut être plus ou moins juste, et qu'ils obtiennent comme ils veulent). Effectivement, dans ce cas, cela tient la route.
Mais il y a des tas de cas où c'est moins simple, notamment dans le cas d'expériences comme pile ou face. Parce que le résultat n'est pas gravé d'avance dans la roche. Alors que doit-on entendre par "la probabilité que ma pièce tombe sur pile est 1/2"? On peut entendre "si je lance plein de fois ma pièce, je tomberai à peu près une fois sur deux sur pile" (comme je le disais plus haut, pour faire simple). Mais c'est une phrase assez imprécise. Par exemple: ce nombre est-il une propriété de la pièce? Probablement pas, parce que si je pose ma pièce sur la table toujours sur face, je ne vais pas trouver 1/2. Ou si je lance exactement (mais très exactement) ma pièce pareil, je ne vais pas trouver 1/2 non plus. Elle tombera toujours pareil. Cette "probabilité" est donc une conséquence de l'imprécision que j'ai sur la manière exacte dont je lance la pièce. Alors, est-ce une propriété de la pièce et de la manière dont je la lance? Mais comment décrire précisément cette manière? Que dois-je préciser? Il y a des gens (comme Laplace, je crois) qui répondent à ce "paradoxe" de la manière suivante: la probabilité n'est pas une propriété de la pièce. Cela représente simplement une information qu'on a (et dans le cas des géologues, alors il faut revoir tout l'exemple), et avec laquelle on peut éventuellement décider au mieux. C'est une manière assez cohérente de voir les choses, si on y réfléchit à fond. Je crois que cela tient la route tant qu'il s'agit d'expériences qu'on peut décrire avec les lois de la mécanique classique. Mais les opposants à cette interprétation vont chercher la mécanique quantique, dans laquelle il semble que les probabilités sont des caractéristiques intrinsèque des particules. Il y a ce qu'on appelle les inégalités de Bell qui montrent que dans certains cas précis (et là aussi, il y a matière à discussion), il est impossible que les probabilités qui apparaissent en mécanique quantique soient des conséquences de lois classiques dans lesquelles on a fait varier un peu les paramètres de départ, comme dans le cas de la pièce de monnaie.
Tout ça pour dire que l'interprétation des probabilités n'est pas une affaire tranchée une bonne fois pour toute.