par Harpo » 05 Oct 2011, 18:26
J'ai effectivement dérapé allègrement. Ce que tu dis, Shadoko est bien sûr parfaitement exact. Du coup, je ne sais même plus ce que je voulais dire... Si ça me revient, je n'hésiterai pas à en faire part immédiatement aux foromeurs du FALO sûrement tous impatients d'en savoir plus sur la question.
A part ça, Shadoko, peux-tu développer un peu plus ton explication pour Zelda et moi qui restons sur notre faim. Les puissances tensorielles de l'espace tangent, elle a surement compris, tout comme moi qui ne suis qu'un pauvre chimiste, qu'il s'agit de l'espace minkowskien (pseudo-euclidien, je ne sais plus trop) auquel la variété riemanienne que constitue l'espace-temps est localement assimilable. Mais l'espace cotangent, là je décroche :cry3:
Et le boson de Higgs dans tout ça ?
Le problème est de comprendre ce qu'est la masse, c'est-à-dire l'énergie au repos d'une particule.
Pour un atome, elle comprend toute l'énergie interne à cet atome : les énergies cinétiques des électrons des nucléons (protons et neutrons qui constituent le noyau) et des quarks qui constituent ces nucléons, les énergies potentielles d'interaction électromagnétique et d'interaction forte (entre les quarks) à l'intérieur de l'atome, plus les énergies potentielles d'interaction avec le champ électromagnétique extérieur... (Je dois en oublier).
Mais il reste encore en plus l'énergie au repos des particules fondamentales (électrons, quarks) qui constituent l'atome et qui correspond à la majeure partie de la masse de l'atome. L'autre contribution pas tout à fait négligeable étant l'énergie de l'interaction forte, responsable du défaut de masse du noyau (masse du noyau inférieure à celle des nucléons qui le constituent).
Comment interpréter cette énergie au repos des particules fondamentales. Si elles sont vraiment fondamentales et non pas composites, on ne peut pas analyser leur énergie comme on le fait pour l'atome, sauf à considérer qu'elle serait une énergie potentielle d'interaction avec un champ extérieur. C'est là qu'intervient l'idée du champ de Higgs. L'interaction avec ce champ serait de nature différente des interactions recensées actuellement (interaction électromagnétique, interaction forte, interaction faible, interaction gravitationnelle) et c'est donc lui qui dans cette théorie conférerait de la masse, donc de l'énergie, aux particules fondamentales (sauf au photon dont la masse est nulle).
Toute interaction est véhiculée par des particules (des bosons) : les photons pour l'interaction électromagnétique, 3 types de bosons intermédiaires pour l'interaction faible, 8 types de gluons pour l'interaction forte, un éventuel graviton (jamais mis en évidence actuellement) pour l'interaction gravitationnelle. On imagine un ou plusieurs types de bosons, dits "de Higgs" pour cette interaction qui confèrerait leurs masses aux particules fondamentales.
Mais il s'agirait, comme d'ailleurs pour les bosons intermédiaires et les gluons, de particules n'ayant qu'une existence très brève ("particules virtuelles" sitôt émises par une particule, elles sont absorbées par une autre); on ne pourrait les détecter (ou plutôt détecter les produits de leur désintégration) qu'en les créant dans des collisions mettant en jeu des énergies considérables, encore plus grandes que celles qui ont permis dans les dernières décennies de créer d'abord des bosons intermédiaires puis des gluons...
L'enjeu des expériences actuelles est donc de créer des bosons de Higgs pour vérifier la validité du "modèle standard de la physique des particules" qui prévoit leur existence.
Même si l'on arrive (ce qui est peut-être déjà fait) à détecter des bosons de Higgs, il restera encore de nombreuses interrogations : Pourquoi le photon n'interagit pas avec le champ de Higgs alors que les bosons intermédiaires interagissent (ont une masse). De même pourquoi y a-t-il 3 types de masses différentes pour chacun des quarks ou des leptons : par exemple, l'électron a un équivalent, le muon, de masse plus élevée et un troisième équivalent encore plus lourd, le tau.
Autres questions, sur les neutrinos, on sait maintenant qu'ils ont (très faible) masse, mais pourquoi peuvent-ils "osciller" (se transformer) d'un type en un autre (le neutrino muonique peut devenir un neutrino électronique ou un neutrino tauique...). Et la grande question actuelle est : les neutrinos de grande énergie peuvent-ils vraiment aller plus vite que les photons comme une expérience récente semble le prouver... (Voir le fil "plus vite que la lumière".