La réalité de la psychanalyse

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par faupatronim » 09 Juin 2004, 13:56

Si on reprends le débat... :roll:

Je suis plutôt d'accord avec Wolf. D'une part Freud a découvert des choses non négligeables sur le fonctionnement du cerveau humain. D'autre part je pense que la psychanalyse est aujourd'hui attaquée pour des raisons qui n'ont rien à voir avec la rigueur scientifique.

La psychanalyse c'est long, c'est cher et, horreur, c'est la recherche du sens de nos actions, de nos pensées et de nos comportements. C'est d'ailleurs parfois critiquable dans la minimisation du poids de la société. Mais chercher un sens aux choses, c'est très loin de ce que l'on demande aujourd'hui : renvoyer les gens au boulot. D'où le succès actuel du comportementalisme, c'est à dire d'une rééducation basée sur le conditionnement, la répétition sans chercher à écouter et à chercher les causes. Et d'où le succès aussi des anti-dépresseurs et autres pilules lucratives pour leurs fabricants. On endort les symptômes sans s'occuper de la maladie elle même et vogue la galère !

Que la science avance et nous donne d'autres explications sur certaines maladies, tant mieux ! Mais tout ne vient pas d'anomalies du cerveau. Une bonne partie des problèmes psychiques des gens viennent aussi de la société pourrie dans laquelle nous vivons, des frustrations et peurs qu'elle peut provoquer. Et en attendant la révolution et que la société donne une vie plus décente aux gens, et bien cette méthode peut être une béquille, une aide, pour ne pas totalement sombrer. C'est pas si mal à mon avis.
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Message par faupatronim » 09 Juin 2004, 15:34

(rojo @ mercredi 9 juin 2004 à 15:09 a écrit : Attaquée par qui et comment ?

J'essaierai de te retrouver des documents. Disons en particulier par les comportementaliste, mais aussi, je pense, et comme le dit wolf, par tous ceux qui ont intéret à vendre des petites pilules du bonheur.

Et tous ceux là opposent "l'efficacité", c'est à dire la rapidité à réintégrer, même si c'est souvent en mauvais état, les patients à la vie sociale. Poutant ne pas supporter cette vie sociale n'est à mon avis pas une anormalité. :-P Seulement, quand ça ne trouve pas de débouchés politiques c'est dur à vivre je pense...

Pour illustration cette interview :
(Le Monde @ 26 février 2004 a écrit :ROLAND GORI, psychanalyste et professeur de psychopathologie à l'université d'Aix-Marseille

« C'est une machine de guerre contre la psychanalyse »


En tant que psychanalyste et professeur de psychopathologie à l'université d'Aix-Marseille, que vous inspire le rapport de l'Inserm ?

Du dégoût. Ce rapport se présente comme scientifique mais ne l'est pas. Tout est mélangé, on passe des troubles à la souffrance... La psychothérapie, c'est une nébuleuse. Tout n'est pas comparable et on fait semblant de pouvoir comparer. Au début, on lit qu'il est difficile d'évaluer, et on évalue quand même. Et la manière de poser la question, en termes d'évaluation, d'efficacité et de critères purement comportementaux, détermine déjà la réponse. Sous un biais méthodologique, ce n'est qu'un discours pseudo scientifique qui légitime l'idéologie à la mode, hygiéniste et sécuritaire. Il faut que tout soit transparent, rentable, socialement et politiquement correct. On assiste à une médicalisation scandaleuse de la souffrance psychique qui vise à faire croire aux patients qu'ils sont responsables de leurs troubles et qu'on va les guérir par le dressage.

Vous voulez parler des thérapies cognitivo-comportementales (TCC) ? Le rapport les juge pourtant efficaces...

Les TCC, c'est un dressage éducatif, pavlovien, qui amène les gens à modifier leur comportement. En cas d'anorexie, par exemple, on dresse les gens à segmenter leurs aliments pour en prendre un peu plus à chaque fois. J'ai eu un patient soigné par TCC pour des obsessions : on le plongeait dans des situations dont il avait peur, comme affronter la foule. On ne se demande pas ce qu'un symptôme veut dire. On est dans la soumission librement consentie. Et politiquement, c'est dangereux : il suffit de se reporter aux travaux d'Hannah Arendt ou de Michel Foucault. Il ne s'agit pas d'aider les gens à soulager leurs souffrances. On ne s'interroge pas sur ce en quoi la culture, l'environnement, le passé familial... peuvent concourir à l'apparition d'un symptôme.

Contrairement à la psychanalyse ?

Le patient arrive avec des symptômes et il s'aperçoit, au fil de la thérapie, que ceux-ci ne sont que l'écran sur lequel il projette un malaise intérieur. La psychanalyse ne répare pas son histoire mais lui permet d'en faire le deuil. La pratique thérapeutique n'est pas une technique médicale, il est donc difficile de l'évaluer.

Or, dans ce rapport de l'Inserm, une structure où il n'y a pas de psychanalystes, on voit qu'il s'agit de ramener la psychopathologie et la psychiatrie sous protectorat médical. Par une manoeuvre rhétorique, on montre l'efficacité des TCC, dont on fait l'apologie, à faire entrer la souffrance dans le champ médical. C'est une machine de guerre contre la psychanalyse. Avec, derrière, des arrière-pensées économiques : s'emparer du marché juteux de la santé mentale. On veut former des gens à faire de l'expertise des comportements, un relevé des troubles, pour prescrire des psychotropes. Ce rapport n'est que l'annonciation de ce qu'Elizabeth Roudinesco appelle « l'homme comportemental ».
P/

Propos recueillis par Delphine Saubaber
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