Pourquoi ais je rappelé qu'il a écrit à posteriori, reniant ses premiers travaux, à propos de ses patientes qui avaient évoqué ses faits devant lui qu'il s'agissait de "mensonges de femmes hystériques" ou de souvenir de "fantasmes d'enfant"et présenté les agressions des pères comme des "excès de tendresse paternelle".
Si il ne s'agissait que des idées de Freud, on pourrait dire qu'il s'agit d'un débat d'historiens intéressant fort peu de monde.
Le problème c'est que ne France encore aujourd'hui ces idées sont appliquées par la grande majorité du courant psychanalytique et que par le biais des experts et des psychologues elles déterminent largement l'attitude de la société vis à vis des victimes
Comme le dit le psychanalyste atypique et malheureusement minoritaire Vincent Caux:
a écrit :
Une proportion encore majoritaire de professionnels reste fidèle aux dogmes de la théorie freudienne et ne laisse pas un patient évoquer ses souvenirs sans émettre un doute sur la réalité de ceux-ci ou sans les accueillir de façon négative (ce que les patients font d'ailleurs très bien pour eux-mêmes), d'autant plus que même des thérapeutes déclarant par principe être attentifs à l'étiologie traumatique peuvent y être sourds dans les faits ou assez dissuasifs pour ne pas y être confrontés. On peut également constater que la grande majorité de la littérature psychanalytique spécialisée reste souvent muette ou cryptique quant à l'inceste considéré autrement que comme un fantasme infantile. Le dogme psychanalytique reste également souvent emprunt d'une approche intellectualiste manifestant un goût prononcé pour les grammaires hermétiques et les néologismes cryptés qui sont un gage d'emprise savante vis-à-vis des non-analystes et des analysés eux-mêmes, et ce qui dédouane souvent les thérapeutes de prendre en compte des observations parfois très simples et vérifiables concernant leurs patients ou des cas similaires. Cette tradition concourt inévitablement à la non-reconnaissance du vécu émotionnel des victimes d'inceste.
Justifications de la violence à l'égard des enfants
Certains diront que cet aveuglement est maintenant révolu, qu'il est circonscrit à la méthode analytique, qu'il n'existe pas dans les nouvelles méthodes thérapeutiques enseignées ou que les thérapeutes actuels sont dorénavant à l'abri de tels phénomènes. Cet aveuglement, la négation ou la mise en doute des traumatismes subis sont malheureusement toujours d'actualité, quotidiennement pratiqués en thérapie et enseignés aujourd'hui encore aux étudiants dans les facultés de psychologie. Beaucoup d'autres types de thérapies, classiques, réformées et actuelles détournent activement le regard des traumas réels pour ne s'intéresser qu'à des fictions psychologiques ou à des traitements symptomatiques superficiels. Toutefois, cette façon de masquer les faits et la réalité du sort fait à l'enfance n'est pas une invention de la psychanalyse ou de la psychologie : c'est un modus vivendi de l'autorité sociale et familiale humaine dont certaines valeurs en sont encore largement partagées, comme l'amour inconditionnel aux parents, le renoncement à soi, la minimisation de ses propres souffrances (actuelles et infantiles), la justification de la violence à l'égard de l'enfant (claques, fessées et diverses humiliations) ou la projection des désirs de l'adulte dans l'enfant (le mythe de l'enfant sexuellement précoce, violent ou pervers) . Il faut tout de même insister sur ce fait essentiel que la révélation de l'inceste et des maltraitances entraîne nécessairement l'accusation du père, de la mère ou de la famille, et des valeurs éducatives partagées par l'immense majorité de la population. Rien ne semble socialement plus dangereux que cette mise en accusation et ce bouleversement de l'ordre établi de l'adulte sur l'enfant, du plus fort sur le plus faible... Il suffit d'observer les énormes difficultés et résistances rencontrées en matière de lutte contre la maltraitance pour s'en convaincre. Le père ou la mère introjectés en chacun de nous intiment de garder silence et nous rappellent que l' " on est prié de fermer les yeux " ! Nous savons aujourd'hui que seule une fraction infinitésimale des abus est réellement signalée. Cela tient au fait qu'un enfant est toujours incapable de se défendre et n'est presque jamais libre de parler mais aussi que, dans les rares cas où il tente de s'exprimer, il faut l'entendre réellement et de ne pas se réfugier derrière des " théories boucliers ". Mais c'est encore trop peu souvent le cas. Quant aux victimes devenues adultes, leur sort dépend souvent d'une oreille attentive, d'une émotion partagée et ainsi libérée qu'elles ne trouvent fréquemment que tardivement, de longues années après les faits et après de multiples thérapies sans succès.
dans ces conditions Françoise Dolto se comporte comme un bon petit soldat freudien et est malheureusement totalement représentative de son école
L'ouvrage L'enfant, le juge et la psychanalyste regroupe des entretiens entre le Dr Françoise Dolto (pédiatre et psychanalyste) et Andrée Ruffo (juge pour enfants et présidente du Bureau International des droits des enfants). Ces entretiens reflètent bien le visage du psychanalyste sans son masque. Le Dr Dolto y applique à la lettre les principes de base de la psychanalyse dégagés par Freud, en dédouanant l'adulte ou le parent de toute culpabilité ou responsabilité dans l'abus, pour en charger l'enfant.
voila des extraits:
a écrit :
page 11 (préface):
la juge:
"Ce jour là, Françoise Dolto nous a parlé avec l'assurance que lui donnait sa longue expérience clinique de psychanalyste, son respect des enfants"
page 33:
la juge:
"...ce que je veux dire c'est qu'il arrive souvent avec des enfants de douze, treize ans, qu'on nous dise: "Cet enfant a des troubles de comportement", parce qu'il a vécu un inceste, parce qu'il a été rejeté, parce qu'il a été méprisé. Mais moi je refuse de lui accorder la protection pour ses troubles."
Dr Dolto:
" mais vous avez tout à fait raison parce que l'important c'est: puisqu'il a survécu, qu'est-ce qu'il y a eu de suffisant pour y prendre son pied ? Si un être est vraiment traumatisé, il tombe malade; si un être n'a pas de quoi vivre, il ne continue pas."
page34:
Dr Dolto:
"Si les enfants savaient que la loi interdit les privautés sensuelles entre adultes et enfants, et bien, à partir du moment où un adulte le lui demande, s'il accepte, c'est qu'il est complice, il n'a pas à se plaindre. mais il peut avoir, sans se plaindre, à dire: "mais ça m'a fait très mal.-Oui. Pourquoi t'es-tu laissé faire puisque tu savais que ce n'était pas permis..."
A partir du moment où l'enfant est au courant, très jeune de la loi, il est complice et on peut l'aider beaucoup mieux."
la juge:
" Je comprends très bien. A ce moment-là, on ne lui donne pas un rôle de victime."
page 53:
la juge:
"Oui. Les enfants se sentent tellement coupables! C'est leur donner la permission de grandir de leur dire qu'ils ne sont pas responsables de leurs parents."
Dr Dolto:
" Ils sont responsables de laisser les parents commettre un acte qui les avilit dans leur relation à leurs enfants."
page 81:
la juge:
"Mais quand le père nie et que la mère est complice, que la mère refuse ou est incapable de protéger son enfant, qu'il faut le retirer du milieu familial, qu'arrive t-il de cette relation avec le père ?"
Dr Dolto:
" Ca dépend de chaque enfant, et je crois que ça dépendra de la relation maturante qu'il va rencontrer avec la famille dans laquelle il sera placé, ou avec l'éducateur avec qui il pourra parler et qui pourra justement lui faire comprendre que l'excitation dans laquelle était son père, peut-être sans l'avoir cherché, l'enfant en était complice. Parce que je crois que ces enfants sont plus ou moins complices de ce qui se passe...Il faudra leur dire très tôt...qu'ils ont un devoir de se dérober à ça pour que leurs parents restent des parents pour eux..."
page 83:
Dr Dolto:
"Les enfants fabulent beaucoup, oui, c'est vrai. vous voulez dire: est-ce qu'ils fabulent sur les agressions dont ils sont l'objet ?"
la juge:
" Oui, par exemple, un enfant dit:" Papa a fait ceci ou cela avec moi."
Dr Dolto:
" Oui, justement, et les enfants ne pourraient plus le faire s'ils avaient été informés avant. "Et là pourquoi as-tu laissé faire puisque tu savais que tu ne devais pas, pourquoi l'as-tu laissé faire ? Ton rôle d'enfant, c'était de l'empêcher."
page 84:
Dr Dolto:
" Moi, j'ai vu beaucoup d'enfants qui fabulaient et ça se voyait d'après leurs dessins. D'ailleurs ils disaient cela à une personne, ils ne l'auraient pas dit à une autre. c'était une manière d'intéresser cette personne à quelque chose. Si par hasard, en lui disant ça, cette personne pour qui j'ai un béguin me disait: "Mais moi je ferais encore mieux que ton père", ça peut arriver. Les enfants ont des désirs pour les adultes. Ils piègent les adultes à cause de ça. Ils n'ont que ça a penser, à provoquer l'adulte. Je suis sûre que dans les familles d'accueil ils doivent refaire le même grabuge qu'ils faisaient à la maison."
page 87:
Dr Dolto:
"...les enfants doivent être avertis, prévenus, avertis de leur rôle, de leur coresponsabilité, de leur complicité: "Bien, tu savais, alors pourquoi l'as-tu fait ? Bon, maintenant tu diras à ton père ou à ton grand-père que c'est défendu, que tu m'en as parlé et que c'est fini maintenant entre vous."
la juge:
" Et est-ce qu'il est utile pour les enfants qu'il y ait un jugement social, que l'enfant soit déclaré victime ?"
" Non, justement c'est très difficile parce que ça le marque pour la vie. Si ça se passe à huit-clos, entre l'enfant et les parents, c'est beaucoup mieux. C'est bien dommage ce qui s'est passé. Il faut dorénavant que ce soit terminé et que ça ne soit pas toute une histoire. Ce sont des choses qui se passent dans le cabinet du psychiatre ou du médecin qui justement le garde en secret professionnel. Il travaille avec les parents pour ce dérapage dans leur vie imaginaire. C'est toujours sous médicaments ou sous alcool que les choses se sont passées."
page 88:
la juge:
" Et qu'est-ce que vous faites en tant que juge pour enfants ?"
Dr Dolto:
"On prévient l'enfant: "Ca ne recommencera pas, sans ça tu seras complice."
la juge:
" Et le père, qu'est-ce qu'on en fait ?"
Dr Dolto:
" Eh bien, le père on va lui dire la même chose: "Il faut que vous sachiez que quand vous êtes en état d'intoxication, vous ne savez plus ce que vous faites. Il faudra que votre enfant vous tienne dans les limites, et madame, vous aussi. Protégez votre enfant. C'est l'avenir, c'est votre descendance qui est en jeu."
la juge:
" Mais on va se reposer la question. Vous savez, parfois, devant nous, on a des gens qui nous racontent:" Cette fois c'est ma fille, mais moi ça a été comme ça, vous savez madame la juge. Et ma mère, elle a été aussi abusée." Et on remonte comme ça, de génération en génération."
Dr Dolto:
" Et alors, vous n'en êtes pas morte. Pourquoi vous en faites toute une histoire ?." C'est ça qu'on pourrait leur dire. " Et pourquoi ne pas avoir prévenu votre fille ?"
Au nom de la doctrine freudienne la plus stricte, la plus orthodoxe, appliquée par la grande majorité des experts psychiatres auprès des tribunaux, la parole de milliers d'enfants a été niée, ils ont été humiliés, traités d'affabulateurs et de complices.
le freudisme qui reconnait la primauté et la parole du père au dessus de tout, qui fait de l'enfant un pervers polymorphe désirant des rapports sexuels au point de les fantasmer au nom d'une théorie fantaisiste de la sexualité infantile, ne pouvait que jouer ce rôle.
Comme pour l'autisme le discours patriarcal des freudo-lacaniens a enfoncé les victimes...et dire que Dolto est associée dans l'imagerie populaire aux droits de l'enfant!