a écrit :19 décembre 2006
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Nanosciences : la ruée vers l'or[/center]
Le métal précieux pourrait briller là où on ne l'attend pas… Santé, biologie, nouveaux matériaux, systèmes optiques et électroniques révolutionnaires, lutte contre la pollution : les nanoparticules d'or s'apprêtent à bouleverser un grand nombre de domaines scientifiques et technologiques. En pointe au niveau européen, les laboratoires français de tous horizons concernés par la recherche dans ce domaine se sont réunis à Paris, sous l'égide du groupement de recherche « GdR Or-Nano » qui vient d'être créé par le CNRS. Il s'agissait d'établir un état de l'art des recherches menées en France et de présenter les principaux résultats, en particulier dans les domaines de la synthèse des nanoparticules d'or, de la catalyse par l'or, ainsi qu'en physique et en biologie.
VIDEO :
Reportage au laboratoire de réactivité de surfaces – Paris :
« Catalyse : quand l'or élimine le CO »
Pour voir la vidéo, cliquez sur :
http://www.insp.jussieu.fr/or-nano/presseLongtemps employé dans la bijouterie mais aussi en décoration, les médecins en Inde, en Egypte en Chine en connaissaient dès l'antiquité les vertus thérapeutiques. L'or témoigne aujourd'hui d'un renouveau scientifique à la fois étonnant et spectaculaire : circuits électroniques ultra miniaturisés avec des « nanocables » d'or, masques de protection plus efficaces, pots catalytiques moins chers, nouveaux traitements des cellules cancéreuses, etc. Grâce à sa non-toxicité, sa puissance en catalyse, sa biocompatibilité et ses propriétés optiques, l'or sous forme de nanoparticules (d'une taille inférieure à 10 nm) ouvre depuis 20 ans un vaste champ de recherches et d'applications à des dizaines d'équipes de recherche dans le monde.
A l'échelle du millionième de millimètreUn millionième de millimètres… A cette échelle (10-9 m), l'or reste un métal très précieux, mais pas pour les raisons qu'on lui connaît traditionnellement. D'abord il change spectaculairement de couleur, passant du doré chatoyant au rouge ou au violet. Les nanoparticules d'or sont utilisées couramment dans l'industrie cosmétique. Mais la recherche va beaucoup plus loin et donne lieu à une mobilisation pluridisciplinaire très forte. En effet, les particules d'or de taille nanométrique ont des propriétés exceptionnelles, tant dans les domaines de la physique et de la chimie, que de la biologie.
Un « nano-objet » précieuxChimistes, physiciens, biologistes… 130 chercheurs de 40 laboratoires français ont partagé leurs résultats les 27 et 28 novembre 2006 à l'Institut Poincaré (Paris) sous l'égide du CNRS dans le cadre du groupement de recherche « GdR OrNano ». Ce groupement rassemble, à l'initiative de Catherine Louis, directrice de recherche au laboratoire de réactivité de surface (CNRS-Université Pierre et Marie Curie), des spécialistes de disciplines très différentes, chimie, physique, biologie, intéressés par le même « nano-objet » : les nanoparticules d'or. Objectif : faciliter les échanges scientifiques pour faire avancer la recherche fondamentale et accélérer les retombées technologiques de l'or dans des domaines aussi variés que l'optique, l'électronique, la santé, la chimie, l'environnement, etc.
« Nous sommes à un tournant dans cette discipline », explique Catherine Louis, « et l'étude des nanoparticules d'or est essentielle car cet élément remarquablement stable, et dont on connaît depuis longtemps les propriétés à l'échelle macroscopique, présente, à l'échelle nanométrique, une réactivité qui donne naissance à des comportements inattendus. »
Deux journées riches en résultats
Les avancées en recherche fondamentale sont multiples : dans la synthèse de particules, le contrôle de leur taille et leur dépôt sur des substrats solides, la synthèse de colloïdes, les méthodes de caractérisation, les propriétés optiques et électroniques, la réactivité de surface, le comportement des nanoparticules d'or en milieu biologique et le contrôle de leur impact sur la santé et l'environnement. Exemples particulièrement prometteurs dans les laboratoires de recherche : l'emploi de nanoparticules d'or comme « missiles » pour détruire les cellules cancéreuses de façon moins intrusive que la chimiothérapie ou la radiothérapie classique, pour la catalyse dans des réactions d'intérêt environnemental .
Ces deux journées ont permis d'établir un état de l'art des recherches menées en France dans le domaine des nanoparticules d'or en chimie, biologie et physique et d'initier de nouvelles collaborations. De nombreux résultats obtenus par les équipes françaises ont été mis en évidence en synthèse des nanoparticules d'or, en matière de catalyse par l'or, en physique et en caractérisation, ainsi qu'en biologie (voir le document ci-joint).
« Des avancées prometteuses à court ou à moyen terme » conclut Catherine Louis.