Génétique et "races" humaines

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par lavana » 10 Sep 2008, 13:25

J'interviens hors sujet dans cette discussion pour dire que Charpital dans sa défense du relativisme me fait furieusement penser à une scène d'un film.

Je ne saurai pas trop dire pourquoi.

a écrit :
- Ferme ta porte.
Tiens ta bougie... droite !
Oui, je sais ce que tu vas me dire...que je devrais me faire poser l'electricité.
- Je m'en garderai bien, mon oncle.
- Pas le courage de tes opinions. Vous êtes tous des lâches.
- Et bien moi j'en veux pas... de l'électricité. Je trouve ça trop compliqué. Tous ces  fils et ces boutons qu'il faut chercher dans le noir.
Moi, parle-moi d'une bonne petite boîte d'allumettes qu'on a dans la poche.  D'abord votre électricité, je ne crois pas au principe. Ca marche. Peut-être ?
Mais logiquement ça ne devrait pas marcher. Alors moi, j'attends. Quand j'aurai compris, quand je saurai d'où ça vient , je me ferai poser l'électricité...chez moi.

T'as compris ?

Tiens ta bougie... droite !



Saturnin Fabre (et Bernard Blier)dans "Marie Martine" ,un mélo de 1943 plutôt ennuyeux dont la seule scène a sauver serait celle-là.






lavana
 
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Message par zejarda » 10 Sep 2008, 20:32

Charpital, la enième réincarnation de LouisChristian ne pourra pas te répondre sur ce forum, inutile de faire référence a une de ses "discussions"

Merci.
zejarda
 
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Message par lavana » 10 Sep 2008, 20:57

(zejarda @ mercredi 10 septembre 2008 à 21:32 a écrit : Charpital, la enième réincarnation de LouisChristian ne pourra pas te répondre sur ce forum, inutile de faire référence a une de ses "discussions"

Merci.

???

Merci.
Ah ça y est je viens de voir sur "le forum du forum".

Bon dommage je commençais à trouver ça marrant. Même si incohérent. Bon. Bref.
lavana
 
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Message par luc marchauciel » 19 Sep 2008, 20:52

Je decouvre dans le nouveau numéro de la revue science humaine la parution d'un ouvrage au titre déja assez hallucinant : "Aux origines des théories raciales, de Darwin à l'eugénisme", par un certain André Pichot. J'ai trouvé un présentation du bonhomme sur le site du Monde, dans un encart du 11 septembre :

a écrit :
André Pichot, historien et procureur de la biologie.
Historien des sciences, spécialiste de l'histoire de la biologie, André Pichot est connu pour ses positions très critiques vis-à-vis de la communauté des généticiens. Il estime, grosso modo, que la génétique moderne est enfermée dans une impasse théorique, les biotechnologies se reduisant pour lui à une série de "bricolages". Pour M. Pichot, le succès de la génétique moderne repose sur des promesses intenables d'avancées thérapeutiques, elles-mêmes fondées sur une vision simpliste et mécaniste du vivant et, surtout, sur une communication agressive qui voit se succéder les annonces de la découverte du gène présumé de ceci ou de cela...

Il est tout aussi critique s'agissant de Darwin et des biologistes qui ont contribué à bâtir le néodarwinisme. Quitte à prendre des positions inattendues. "Aujourd'hui, le créationnisme est surtout un épouvantail que les darwinistes agitent périodiquement pour discréditer toute critique de leurs thèses (...), écrit-il sérieusement dans Aux Origines des théories raciales. Il suffit alors de claironner que la science est en danger et de monter en épingle une quelconque déclaration d'un quelconque illuminé, en général membre d'une secte du Kansas."



Cela accompagne un article évoquant les interprétations totalement contradictoires de Fichot et de Tort, à propos de la responsabilité éventuelle de Darwin dans le développement du racisme propre au "darwinisme social" :

a écrit :
Charles Darwin a toujours le dos aussi large. Alors que les prochains mois verront le cent cinquantième anniversaire de la publication de L'Origine des espèces et le bicentenaire de sa naissance, le grand naturaliste britannique (1809-1882) demeure, toujours et encore, au centre de vives controverses. Deux ouvrages à peu près irréconciliables montrent toute l'étendue du spectre des lectures et des interprétations de ses travaux. Le premier, L'Effet Darwin, du philosophe Patrick Tort, vient comme en contrepoint au second, Aux origines des théories raciales, de la Bible à Darwin, de l'historien des sciences André Pichot.

Que reproche-t-on à Darwin ? C'est selon. Aux Etats-Unis, la droite chrétienne veut l'évincer des manuels scolaires au profit d'un créationnisme parfois rebaptisé "dessein intelligent" (intelligent design). Quant à la gauche "humaniste-progressiste", elle ne lui pardonne pas la récupération par les "darwinistes sociaux" des notions de "sélection naturelle" et de "survie du plus apte" aux fins de justifier le libéralisme économique le plus sauvage - qui, à ses premières heures en tout cas, procédait d'une volonté eugéniste.

Eugéniste et raciste, Darwin ? Dans le titre d'un précédent ouvrage, La Société pure, de Darwin à Hitler (Flammarion, 2000), André Pichot allait jusqu'à mêler les noms du savant britannique et de l'ordonnateur de la solution finale, suggérant ainsi une continuité entre l'énoncé des lois de la sélection naturelle et la destruction des juifs d'Europe.

Dans la lecture - bienveillante - qu'il propose de l'oeuvre darwinienne, Patrick Tort entend, au contraire, exonérer le naturaliste de ces accusations. Il rappelle qu'avant La Filiation de l'homme, publié en 1871, Darwin n'a rien écrit sur l'homme. Après la publication de L'Origine, il lui fallut donc plus de dix ans de réflexions pour se décider à parler de sa propre espèce. Pourquoi tant d'attente, demande en substance Patrick Tort, si Darwin avait pour intention de projeter abruptement le struggle for life sur les sociétés humaines ?

En réalité et en dépit de ce qu'en fait dire une "tapageuse ignorance", Darwin était, selon Patrick Tort, "vigoureusement opposé au racisme". Le philosophe développe notamment ce qu'il nomme l'"effet réversif de la sélection", dont les éléments seraient en germe dans La Filiation. Un "effet" au terme duquel la sélection naturelle sélectionne l'homme civilisé, donc la civilisation, qui ensuite s'oppose à la sélection et à l'élimination du moins apte. La morale serait ainsi une propriété émergente de la sélection naturelle. "Contrairement à nombre de ses lecteurs, Darwin n'a jamais oublié un instant que la sélection naturelle ne se borne pas à sélectionner des variations organiques avantageuses, écrit Patrick Tort. Elle sélectionne aussi (...) des instincts", et notamment "une "sympathie" altruiste et solidaire dont les deux principaux effets sont la protection des faibles et la reconnaissance indéfiniment extensible de l'autre comme semblable."

Le passage des instincts sociaux au crible de la sélection a suscité d'autres interprétations. Parfois plus sombres, bien que puisant sans doute aux mêmes sources darwiniennes. "Chez (Ludwig) Gumplowicz (1838-1909), écrit André Pichot, cet altruisme est appelé ""syngénisme" (...). C'est une sorte de capacité de reconnaissance entre les membres d'une même race qui les fait s'unir entre eux notamment pour lutter contre l'étranger." Le corollaire du principe "syngéniste" ? La "lutte des races".

En démêlant, avec grande érudition, l'écheveau des théories et des idées qui ont irrigué le "néodarwinisme", André Pichot renvoie Darwin à un rôle quasiment accessoire. D'abord, il rappelle que la notion d'évolution n'est pas à mettre à son crédit, mais plutôt à celui de Jean-Baptiste de Lamarck (1744-1829). Et, en définitive, que "le darwinisme de 1859 ne consistait guère qu'en la sélection naturelle". Rien de plus qu'une seule idée, donc. Loin d'être scientifique, estime-t-il, le succès de Darwin fut "surtout idéologique : la seconde moitié du XIXe siècle voit le triomphe du libéralisme économique et Darwin apporte à celui-ci un argument de poids en lui donnant un fondement naturel".

Peu amène envers le grand naturaliste, André Pichot rappelle qu'il n'a été nul besoin d'attendre la publication de La Filiation pour que soient entreprises des tentatives de déterminer les origines de l'homme et d'en comparer et hiérarchiser les variétés - les "races". L'historien fait ainsi la recension, passionnante, des lectures (plus ou moins délirantes) de l'Ancien Testament ayant conduit aux premières théories raciales. Ainsi du "préadamisme", selon lequel certaines populations, créées avec les animaux, ne descendent pas d'Adam. Ou encore du "British Israelism" (ou "Anglo Israelism") théorisant un lien entre juifs (issus du royaume de Juda) et Anglo-Saxons (issus du royaume d'Israël) !...

L'historien exhume enfin les écrits de Lucien Wolf (1857-1930) et Joseph Jacobs (1854-1916), deux auteurs plus ou moins proches de l'eugéniste Francis Galton (1822-1911), qui professent sans ambages la supériorité de la "race juive" et la mise en oeuvre d'une "hygiène raciale" à même d'en préserver les qualités. Cela posé et vu la chronologie, il n'en faut pas plus à André Pichot pour déduire qu'"à l'hygiène raciale juive de Wolf-Jacobs avec son surhomme juif (1884-1885) a répondu l'hygiène raciale aryenne avec son surhomme aryen (on les trouve chez Vacher de Lapouge dès 1889-1896)".

Conclusion douteuse. Car de là à dire que les juifs ont été les artisans de la discrimination biologique dont ils ont été plus tard les victimes, il y a peu. Que deux auteurs aient, les premiers, voulu biologiser l'identité juive est possible. Mais cette racialisation ne s'est jamais substituée aux lois rabbiniques établissant la transmission matrilinéaire de la judéité - principe antagoniste à toute volonté de conserver la "pureté de la race". "Je ne crois pas qu'un seul groupe humain ait autant cherché à se caractériser biologiquement sur ce mode galtonien", écrit pourtant Pichot. Cette caractérisation d'un "groupe humain" à partir d'élucubrations d'un petit nombre de ses représentants n'est pas, pour rester poli, la meilleure qualité de l'ouvrage.


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L'EFFET DARWIN de Patrick Tort. Seuil, "Science ouverte", 232 p., 18 €.
AUX ORIGINES DES THÉORIES RACIALES. DE LA BIBLE À DARWIN d'André Pichot. Flammarion, 520 p., 28 €.


Stéphane Foucart


"Historien des sciences, spécialiste de l'histoire de la biologie, André Pichot est connu pour ses positions très critiques vis-à-vis de la communauté des généticiens"

Je découvre un peu ça ces temps ci, mais (Barnabé, je me trompe ?) j'ai l'impression qu'en France l'histoire et la sociologie des science sont faits en partie (au moins pour la partie la plus médiatisée) par des gens qui n'aiment pas beaucoup ni la science ni les scientifiques. Je connaissais déja Stengers, Latour, Bensaude-Vincent et autres relativistes, mais ce Fichot, il a l'air de décrocher le pompom, non ?
luc marchauciel
 
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