par Cyrano » 27 Fév 2005, 21:51
J'ai dis ce que j'avais sur la patate. Je n'y reviens pas.
Aumance tire la discussion dans un aspect passionnant, sur les rapports soignant-patient, individuellement ? en groupe ?
Je n'ai pas choisi de parler de ça tout de suite.
J'ai donné plus haut, la proposition de Freud sur l'appareil psychique : le Ça, le Moi, le Surmoi, illico qualifiées de «choses aberrantes». Et aussi, un message qui parlait des influences, de la constitution du Surmoi. J'avais même osé comparer ces influences avec des lentilles qui s'interposaient en la réalité et les jugements d'une personne. J'avais osé donné quelques notions sur les étapes du développement, illico qualifiées de «Complètement ridicule».
Je voudrais juste re-préciser un point sur lequel il y a des idées fautives.
Si vous voulez vous rafraîchir les notions :
Pour le Surmoi et les autres catégories de l'appareil psychique : Ecrit par : Cyrano le mardi 15 février 2005 à 11:58.
Pour la constitution du Surmoi et des influences : Ecrit par : Cyrano le jeudi 17 février 2005 à 23:04.
Voilà, vous êtes prêts.
Vous reprendrez bien un p'tit peu de texte sacré ?
Sigmund Freud, dans "Nouvelles conférences sur la psychanalyse" (en 1932):
Je rappelle d'abord ce que j'ai déjà cité :
«Le rôle joué plus tard par le surmoi incombe d'abord à une puissance extérieure, à l'autorité des parents. L'influence parentale s'exerce au moyen des témoignages de tendresse et des menaces de punition. [...] Au cours du développement, le surmoi fait sienne également l'influence des personnes qui ont pu remplacer les parents : éducateurs, instituteurs, modèles idéaux.»
Alors, je résume :
La mère, le père (n'oublions pas que, par-dessus le marché, c'est à prendre au sens large).
Educateurs.
Instituteurs.
Bref : toute personne qui a joué auprès de l'enfant un rôle important (ou à qui l'enfant a reconnu un rôle important).
Et les modèles idéaux, c'est à dire les modèles proposés par la famille et la société dans laquelle vit l'enfant.
On est bien d'accord, maintenant, qu'on ne peut plus écrire :
«la société ne se résumait pas à papa et maman et que la personnalité se forme autant avec les copains les profs, les educateurs(trices) des la creche et le jardin d'enfant....Freud a tout faux.»
Pour Freud, la société ne s'est jamais résumé à papa, maman. En toutes lettres, y'a écrit les mots "éducateurs", pas "profs" mais "instituteurs" (on va pas chipoter). Freud n'a donc pas tout faux, il semble même que le texte cité fournit tellement les éléments dont l'absence aurait entraîné le "tout faux" que là, Freud a "tout juste" !…
OK ? On ne parle plus de ça, si on veut avancer ?
Ces éléments intégrés, intériorisés sont des règles morales, des règles de conduite envers les autres et soi-même, des jugements copiés par mimétisme (ou des jugements, des règles de morale inversés par rebellions contre ces modèles). L'ensemble de ces éléments, Freud nommait ça le Surmoi.
L'école de la IIIe République, dans ses lectures d'après midi, nommait ça la "conscience", la fameuse petite voix intérieure lorsque on avait chipé en douce un pot de confiture.
Après quelques digressions, Freud revient au sujet:
«Revenons-en au surmoi.» [on dirait un auteur célèbre.]
Sigmund rappelle le fait biologique d'importance qui nous distingue des animaux : la longue période d'apprentissage, de dépendance, puis il définit :
«Le surmoi représente toutes les contraintes morales et aussi l'aspiration vers le perfectionnement, bref tout ce que nous concevons maintenant psychologiquement comme faisant partie de ce qu'il y a de plus haut dans la vie humaine. C'est en nous tournant vers les sources d'où découle le surmoi que nous parviendrons plus aisément à connaître sa signification ; or nous savons que le surmoi dérive de l'influence exercée par les parents, les éducateurs, etc. »
Freud parle bien de toutes les personnes ayant, à un titre ou un autre, exercé une influence sur le développement psychique. Mais il va de soi que l'influence prépondérante, dans nos sociétés humaines, provient des parents ou de ce qui en tient lieu, par les soins et l'attention qu'ils dispensent à l'enfant. On y reviendra.
«En général, ces derniers [parents, les éducateurs, etc.] se conforment, pour l'éducation des enfants, aux prescriptions de leur propre surmoi. [...] Ils ont oublié les difficultés de leur propre enfance et sont satisfaits de pouvoir maintenant s'identifier à leurs parents à eux, à ceux qui leur avaient autrefois imposé de dures restrictions.»
Et Freud poursuit immédiatement en élargissant:
«Le surmoi de l'enfant ne se forme donc pas à l'image des parents, mais bien à l'image du surmoi de ceux-ci ; il s'emplit du même contenu, devient le représentant de la tradition, de tous les jugements de valeur qui subsistent ainsi à travers les générations. Vous devinez facilement que, mis au courant du rôle joué par le surmoi, nous pourrons plus aisément comprendre le comportement social de l'homme, par exemple dans les cas de délinquance. Et nous serons peut-être aussi mieux préparés à devenir de bons éducateurs.»
C'est à dire que l'influence des parents, des relations diverses, etc. est aussi le vecteur d'une influence du milieu social.
Freud conclut cette présentation du Surmoi en prenant de l'altitude:
«C'est vraisemblablement parce qu'elles négligent ce facteur que les interprétations historiques dites matérialistes ne sont pas tout à fait satisfaisantes. Elles l'écartent en prétendant que les « idéologies » des hommes ne sont que les résultats et les superstructures de leurs conditions économiques actuelles. C'est bien la vérité, mais non, sans doute, toute la vérité.
L'humanité ne vit pas que dans le présent ; le passé, la tradition de la race et des peuples subsistent dans les idéologies du surmoi. Cette tradition ne subit que lentement l'influence du présent et des modifications, et tant qu'elle s'exerce au travers du surmoi, elle continue à jouer dans la vie humaine un rôle important, indépendant des conditions économiques. »
A rapprocher illico d'un passage célèbre de Karl Marx :
« Les hommes font leur propre histoire, mais ils ne la font pas arbitrairement, dans les conditions choisies par eux, mais dans des conditions directement données et héritées du passé. La tradition de toutes les générations mortes pèse d'un poids très lourd sur le cerveau des vivants. »
Karl Marx. "Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte". Paru sous forme de fascicule, 1852.
Le poids des générations mortes...
Il faut en finir avec cette idée : « avec cette theorie tout se joue dans les premiers mois toute influence sociale ulterieure est gommée car ramenée à ll'image familaile. »
Même si beaucoup de choses se jouent pour l'appareil psychique dès les premiers mois, dès les premières années, il est faux de penser que Freud ramène tout à l'influence familiale.
Bon, c'est tout pour ce soir.
Demain soir, peut être, je reviendrai avec des éléments concrets, des exemples. On retrouvera alors le lien avec le rapport entre psy-xyz et un patient (ou un groupe de patient) et je reviendrai alors dans le sens que prend la causerie.