Psy-X,Y,Z...

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par Aumance » 27 Fév 2005, 12:00

Merci, Quidam, d'apporter, sur ce fil, ton expérience d'homme de "terrain" , favorisant la face "humaine" plutôt que la face scientifique !

tu as un "beau" métier ; tu sais, en te levant le matin, que tu vas obligatoirement apporter le soulagement ( je ne dis pas le bonheur) à un être humain auquel tu vas faire comprendre : "oui, pour moi, vous existez !!!"
Je rejoins Canardos sur le fait que le mot "Bonjour" prononcé par le personnel soignant, le cuisinier, le brancardier, etc ..... a une grande importance quelle que soit la pathologie (en chirurgie, en psychiatrie, en maison de retraite et, même , en couveuse ) !
pour revenir à la psychiatrie, sujet de ce fil : je reste persuadée que le transfert se déroule plus aisément avec un seul "confident" , plutôt qu'avec une équipe , aussi soudée soit-elle ; il "suffit" de tomber sur l'interlocuteur qui convient le mieux au tempérament du patient ! ton avis sur ce sujet m'intéresse !
la confiance qui s'installe entre les 2 personnes peut et doit, à elle seule , faire "sauter les verrous" ; le danger étant, à mes yeux, que celà ne se transforme en dépendance ! qu'en penses-tu ?


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Message par Quidam » 27 Fév 2005, 14:18

Aumance :
a écrit :pour revenir à la psychiatrie, sujet de ce fil : je reste persuadée que le transfert se déroule plus aisément avec un seul "confident" , plutôt qu'avec une équipe , aussi soudée soit-elle ; il "suffit" de tomber sur l'interlocuteur qui convient le mieux au tempérament du patient ! ton avis sur ce sujet m'intéresse !

Et bien non ! Dans le cadre de la prise en charge des personnes psychotiques le transfert est le plus souvent morcellé au peu à l'image du morcellement psychique. Il va se dissocier; s'éparpiller, il ne va pas concerné que des personnes mais des lieux. Le patient va investir une ou des personnes mais aussi en même temps une ambiance. Comme dans l'histoire de Léo (voir plus haut le texte de M. Iko) ce dernier investit la cuisine mais aussi simultanément les abeilles mais encore le groupe des serveurs avec lesquels il va finir par partager le repas.
Le morcellement du transfert est-il une conséquence du morcellement psychique ? Je ne sais pas répondre à cette question théorique. Mais on peut le penser. Quand le malade va mieux l'éparpillement de ses investissements diminue, quoique que ce n'est pas toujours vrai.
Ce que tu décris du transfert "avec un seul confident" est plus proche de celui que décrivent les analysants au cours de la cure psychanalytique. L'interlocuteur est unique et la dépendance marque l'inachèvement du travail.
Quant à la beauté du métier oui bien sûr mais ce n'est pas quand même de la tarte... Heureusement que nous avons la possibilité d'échanger entre nous et avec des psychanalystes entre autres. Ca nous permet de cultiver le plaisir d'être là et d'en distribuer quelques morceaux aux patients.
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Message par Aumance » 27 Fév 2005, 14:45

je suppose, par conséquent, que tu ne partages pas l'avis des psychiatres qui, en ce moment, se débattent pour que les patients n'aient pas l'obligation de passer par leur médecin traitant avant de les consulter : le prétexte avancé : le dépressif n'a pas envie de parler de sa souffrance à plusieurs personnes : avis auquel j'adhère totalement !
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Message par Quidam » 27 Fév 2005, 15:15


a écrit :je suppose, par conséquent, que tu ne partages pas l'avis des psychiatres qui, en ce moment, se débattent pour que les patients n'aient pas l'obligation de passer par leur médecin traitant avant de les consulter :

Ca coule de source !( ;) qui est au pied de l'arbre...)
Ces décisions ont été prises pour limiter les dépenses de santé. Il n'est pas étonnant qu'elles viennent en contradiction avec l'intêret des patients.
Les psychiatres montent au créneau ? Ah bon, je ne les entend pas trop gueulé. Mais c'est promis désormais je vais tendre l'oreille.
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Message par Cyrano » 27 Fév 2005, 21:51

J'ai dis ce que j'avais sur la patate. Je n'y reviens pas.
Aumance tire la discussion dans un aspect passionnant, sur les rapports soignant-patient, individuellement ? en groupe ?
Je n'ai pas choisi de parler de ça tout de suite.

J'ai donné plus haut, la proposition de Freud sur l'appareil psychique : le Ça, le Moi, le Surmoi, illico qualifiées de «choses aberrantes». Et aussi, un message qui parlait des influences, de la constitution du Surmoi. J'avais même osé comparer ces influences avec des lentilles qui s'interposaient en la réalité et les jugements d'une personne. J'avais osé donné quelques notions sur les étapes du développement, illico qualifiées de «Complètement ridicule».

Je voudrais juste re-préciser un point sur lequel il y a des idées fautives.
Si vous voulez vous rafraîchir les notions :
Pour le Surmoi et les autres catégories de l'appareil psychique : Ecrit par : Cyrano le mardi 15 février 2005 à 11:58.
Pour la constitution du Surmoi et des influences : Ecrit par : Cyrano le jeudi 17 février 2005 à 23:04.
Voilà, vous êtes prêts.

Vous reprendrez bien un p'tit peu de texte sacré ?

Sigmund Freud, dans "Nouvelles conférences sur la psychanalyse" (en 1932):
Je rappelle d'abord ce que j'ai déjà cité :
«Le rôle joué plus tard par le surmoi incombe d'abord à une puissance extérieure, à l'autorité des parents. L'influence parentale s'exerce au moyen des témoignages de tendresse et des menaces de punition. [...] Au cours du développement, le surmoi fait sienne également l'influence des personnes qui ont pu remplacer les parents : éducateurs, instituteurs, modèles idéaux.»
Alors, je résume :
La mère, le père (n'oublions pas que, par-dessus le marché, c'est à prendre au sens large).
Educateurs.
Instituteurs.
Bref : toute personne qui a joué auprès de l'enfant un rôle important (ou à qui l'enfant a reconnu un rôle important).
Et les modèles idéaux, c'est à dire les modèles proposés par la famille et la société dans laquelle vit l'enfant.
On est bien d'accord, maintenant, qu'on ne peut plus écrire :
«la société ne se résumait pas à papa et maman et que la personnalité se forme autant avec les copains les profs, les educateurs(trices) des la creche et le jardin d'enfant....Freud a tout faux.»
Pour Freud, la société ne s'est jamais résumé à papa, maman. En toutes lettres, y'a écrit les mots "éducateurs", pas "profs" mais "instituteurs" (on va pas chipoter). Freud n'a donc pas tout faux, il semble même que le texte cité fournit tellement les éléments dont l'absence aurait entraîné le "tout faux" que là, Freud a "tout juste" !…
OK ? On ne parle plus de ça, si on veut avancer ?

Ces éléments intégrés, intériorisés sont des règles morales, des règles de conduite envers les autres et soi-même, des jugements copiés par mimétisme (ou des jugements, des règles de morale inversés par rebellions contre ces modèles). L'ensemble de ces éléments, Freud nommait ça le Surmoi.
L'école de la IIIe République, dans ses lectures d'après midi, nommait ça la "conscience", la fameuse petite voix intérieure lorsque on avait chipé en douce un pot de confiture.

Après quelques digressions, Freud revient au sujet:

«Revenons-en au surmoi.» [on dirait un auteur célèbre.]
Sigmund rappelle le fait biologique d'importance qui nous distingue des animaux : la longue période d'apprentissage, de dépendance, puis il définit :
«Le surmoi représente toutes les contraintes morales et aussi l'aspiration vers le perfectionnement, bref tout ce que nous concevons maintenant psychologiquement comme faisant partie de ce qu'il y a de plus haut dans la vie humaine. C'est en nous tournant vers les sources d'où découle le surmoi que nous parviendrons plus aisément à connaître sa signification ; or nous savons que le surmoi dérive de l'influence exercée par les parents, les éducateurs, etc. »

Freud parle bien de toutes les personnes ayant, à un titre ou un autre, exercé une influence sur le développement psychique. Mais il va de soi que l'influence prépondérante, dans nos sociétés humaines, provient des parents ou de ce qui en tient lieu, par les soins et l'attention qu'ils dispensent à l'enfant. On y reviendra.

«En général, ces derniers [parents, les éducateurs, etc.] se conforment, pour l'éducation des enfants, aux prescriptions de leur propre surmoi. [...] Ils ont oublié les difficultés de leur propre enfance et sont satisfaits de pouvoir maintenant s'identifier à leurs parents à eux, à ceux qui leur avaient autrefois imposé de dures restrictions
Et Freud poursuit immédiatement en élargissant:
«Le surmoi de l'enfant ne se forme donc pas à l'image des parents, mais bien à l'image du surmoi de ceux-ci ; il s'emplit du même contenu, devient le représentant de la tradition, de tous les jugements de valeur qui subsistent ainsi à travers les générations. Vous devinez facilement que, mis au courant du rôle joué par le surmoi, nous pourrons plus aisément comprendre le comportement social de l'homme, par exemple dans les cas de délinquance. Et nous serons peut-être aussi mieux préparés à devenir de bons éducateurs
C'est à dire que l'influence des parents, des relations diverses, etc. est aussi le vecteur d'une influence du milieu social.

Freud conclut cette présentation du Surmoi en prenant de l'altitude:
«C'est vraisemblablement parce qu'elles négligent ce facteur que les interprétations historiques dites matérialistes ne sont pas tout à fait satisfaisantes. Elles l'écartent en prétendant que les « idéologies » des hommes ne sont que les résultats et les superstructures de leurs conditions économiques actuelles. C'est bien la vérité, mais non, sans doute, toute la vérité.
L'humanité ne vit pas que dans le présent ; le passé, la tradition de la race et des peuples subsistent dans les idéologies du surmoi. Cette tradition ne subit que lentement l'influence du présent et des modifications, et tant qu'elle s'exerce au travers du surmoi, elle continue à jouer dans la vie humaine un rôle important, indépendant des conditions économiques.
»

A rapprocher illico d'un passage célèbre de Karl Marx :
« Les hommes font leur propre histoire, mais ils ne la font pas arbitrairement, dans les conditions choisies par eux, mais dans des conditions directement données et héritées du passé. La tradition de toutes les générations mortes pèse d'un poids très lourd sur le cerveau des vivants. »
Karl Marx. "Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte". Paru sous forme de fascicule, 1852.
Le poids des générations mortes...

Il faut en finir avec cette idée : « avec cette theorie tout se joue dans les premiers mois toute influence sociale ulterieure est gommée car ramenée à ll'image familaile. »
Même si beaucoup de choses se jouent pour l'appareil psychique dès les premiers mois, dès les premières années, il est faux de penser que Freud ramène tout à l'influence familiale.
Bon, c'est tout pour ce soir.
Demain soir, peut être, je reviendrai avec des éléments concrets, des exemples. On retrouvera alors le lien avec le rapport entre psy-xyz et un patient (ou un groupe de patient) et je reviendrai alors dans le sens que prend la causerie.
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Message par Aumance » 28 Fév 2005, 06:57

(Cyrano @ dimanche 27 février 2005 à 21:51 a écrit :J'ai dis ce que j'avais sur la patate. Je n'y reviens pas.
Aumance tire la discussion dans un aspect passionnant, sur les rapports soignant-patient, individuellement ? en groupe ?
Je n'ai pas choisi de parler de ça tout de suite.






Cyrano,

je suis confuse ! de tels compliments , dès le lundi matin, sont, je l'espère, le présage d'une excellente semaine ; je :emb:
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Message par Wapi » 28 Fév 2005, 22:28

Une petite précision sur le caractère "réactionnaire" de Freud.

Freud était socialement un petit bourgeois viennois qui a vécu de 1856 à 1938, et qui n'a jamais su ou pu dépasser son point de vue de classe, avec tout ce que ça implique comme vision générale de la société.

Il a développé une vision politique pessimiste de la société, certainement non sans rapport avec sa condition d'intellectuel juif progressiste persécuté pour ses travaux et ses origines pendant 30 ans par la réaction la plus noire. Et en plus, celle-ci est venue 20 ans après ses découvertes fondamentales, elles n'en étaient nullement à l'origine.

a écrit :Freud s'attaque au marxisme quand il dit;

a écrit :
«C'est vraisemblablement parce qu'elles négligent ce facteur que les interprétations historiques dites matérialistes ne sont pas tout à fait satisfaisantes. Elles l'écartent en prétendant que les « idéologies » des hommes ne sont que les résultats et les superstructures de leurs conditions économiques actuelles. C'est bien la vérité, mais non, sans doute, toute la vérité.
L'humanité ne vit pas que dans le présent ; le passé, la tradition de la race et des peuples subsistent dans les idéologies du surmoi. Cette tradition ne subit que lentement l'influence du présent et des modifications, et tant qu'elle s'exerce au travers du surmoi, elle continue à jouer dans la vie humaine un rôle important, indépendant des conditions économiques. »


Marx ne niait pas l'influence des mentalités passées quand il disait:

a écrit :« Les hommes font leur propre histoire, mais ils ne la font pas arbitrairement, dans les conditions choisies par eux, mais dans des conditions directement données et héritées du passé. La tradition de toutes les générations mortes pèse d'un poids très lourd sur le cerveau des vivants. »



mais il pensait que l'experience sociale, la lutte de classe, cette formidable therapie cognitivocomportementale modifiait la conscience de ceux qui y participaient, et détruisait les vieux préjugés de la société passée....

c'est toute la difference entre un réactionnaire, Freud, et un révolutionnaire , Marx!


Canardos devrait peut-être, par prudence, quand même faire attention avec la caractérisation politique de Freud, à parir d'un texte datant de...1916 !
Je rappelle que Léon lui-même ne s'y est pas risqué et qu'il avait vraisemblablement les mêmes textes que lui sous la main, y compris le plus critiquable, "malaise dans la civilisation" (1929).

A ce sujet, la conférence de Copenhage ("Freud a levé un couvercle...") date de 1932. (Elle se balade d'ailleurs sur un des fils psy)...

Sinon chapeau bas pour ce qui est souligné en gras... je ne sais pas si quelqu'un d'autre avait jamais osé une telle caractérisation de la lutte des classes.

C'est du sérieux, tu t'engages : une telle affirmation politique, ça mérite une explication détaillée à mon avis. Peut-être sur le film "comportementalisme et cognitivisme" ?

Sinon, je suis content de voir que les partipants semblent admetttre la validité opératoire de deux concepts fondamentaux de la psychanalyse : le transfert, et du coup l'inconscient qui en est le pôle subjectif. Où fais-je un rêve ?

Donc je pense qu'en tout état de cause on a quand même un peu avancé.

Ce qui serait bien, ce serait d'examiner à leur tour la jouissance et l'angoisse, et aussi peut-être le signifiant ?

Amis zélateurs, qu'en pensez-vous ?
Wapi
 
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