Faut-il sortir du nucléaire ?

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par Wapi » 07 Déc 2011, 08:33

(luc marchauciel @ mercredi 7 décembre 2011 à 07:25 a écrit :
(Zelda @ mercredi  7 décembre 2011 à 01:53 a écrit :
Moi, quand j'ai vu cela aux infos, je me suis dit que GreenPeace ferait mieux, au lieu de ces coups médiatiques dignes du grand Guignol, de mettre toute son énergie à mener une enquête indépendante pour nous dire de quoi souffre le directeur de la centrale de Fukushima...


Pas moi.
Ce qu'ils ont fait là est (au final) beaucoup plus utile que d'enquêter en "indépendant" sur ce qui a priori ne les regarde pas.
Je ne sais pas ce que la maladie d'un directeur pourrait bien prouver.
Ce n'ets pas parce que le mec est directeur d'une centrale qu'il doit exposer à la télé ses analyses de sang et les résultats des radios qu'il a passées.

Apparemment, il n'y a pas que le directeur de la centrale qui souffrirait d'un mal mystérieux.

On ne va pas demander à Luc, de se nourrir de produits cultivés près de la centrale de Fukushima pour étayer ses thèses sur l'inocuité absolue de la consommation d'aliments irradiés, mais enfin, un peu de retenue ne serait pas de mauvais aloi.

a écrit :Fukushima : l'hospitalisation du directeur de la centrale reste inexpliquée

LEMONDE.FR | 30.11.11 | 11h28   •  Mis à jour le 30.11.11 | 12h35


L'hospitalisation d'urgence du directeur de la centrale de Fukushima reste entourée de mystère et ravive les inquétudes sur les conséquences réelles de la crise nucléaire vécue par le Japon. Le 28 novembre, la Compagnie d'électricité de Tokyo, Tepco, a annoncé que Masao Yoshida, 56 ans, a dû quitter pour raison de santé le poste qu'il n'avait pas quitté depuis la catastrophe du 11 mars. Il sera remplacé dès le 1er décembre par Takashi Takahashi, responsable des centrales nucléaires.

D'après un message adressé par M. Yoshida au personnel de la centrale, la décision a été prise lors d'un examen de routine. "Je n'ai pas eu d'autres choix que d'être hospitalisé dans l'urgence", précisait-il sans donner de détail. Tepco, refuse d'en dire plus sur le mal dont il souffrirait, expliquant qu'il s'agit "d' une question d'ordre privé". Selon un responsable de l'entreprise Junichi Matsumoto cité par l'agence Jiji, "les médecins n'auraient pas établi de lien entre la maladie et l'exposition aux radiations".

Nommé à la tête de la centrale en juin 2010, M. Yoshida n'avait pas hésité à braver les ordres de direction de l'entreprise au début de la crise nucléaire, en injectant de l'eau de mer dans un réacteur. Une action qui lui a valu des réprimandes de Tepco. Le 12 novembre, lors de la première visite du site autorisé pour la presse, il avait déclaré qu'"au cours de la première semaine, j'ai crû à plusieurs reprises que j'allais mourir".

OFFICIELLEMENT, L'ACCIDENT NUCLÉAIRE N'A PAS FAIT DE MORTS

L'annonce de son départ et le silence sur son état de santé rappellent qu'officiellement, il n'y a pas eu de morts directement provoquées par l'accident nucléaire de Fukushima. Deux techniciens de la centrale ont perdu la vie au moment du tsunami. Un troisième a été victime d'un arrêt cardiaque en mai. Le 30 août, un ouvrier de 46 ans est décédé d'une leucémie aigüe mais Tepco a exclu tout lien avec son activité à la centrale. Au moment du décès début octobre d'un employé d'une cinquantaine d'années, l'entreprise avait évoqué, comme pour M. Yoshida, le respect de la vie privée pour refuser de divulguer la cause de la mort.
Hors les employés de Tepco, un journaliste japonais de 24 ans qui résidait dans la préfecture de Fukushima et consommait des produits locaux a perdu la vie le 16 septembre, lui aussi à cause d'une leucémie aigüe, une maladie également diagnostiquée chez le présentateur Otsuka Norikazu, 63 ans, qui, depuis le mois de mars, "soutenait Fukushima en mangeant ses produits"
Wapi
 
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Message par canardos » 07 Déc 2011, 10:09

encore une fois tous les agents de la centrale étaient munis de dosimètres comme ceux de toutes les centrales du monde. la radioactivité à laquelle ils ont été soumis est connue exactement. le directeur ne fait pas partie de ceux qui ont été soumis aux plus fortes doses. il n'est pas intervenu en personne.

de la même manière le taux d'irradiation des aliments récoltés dans la région de fukushima dépassait certes légèrement les limites autorisés, limites calculées avec une énorme marge de protection mais il aurait fallu des années de consommation pour qu'on puisse prendre au sérieux un éventuel effet.

mais l'essentiel pour les médias c'est de faire marcher le train fantôme, ça fait vendre, coco...j'imagine que tous les cancers et les leucémies de la région seront systématiquement reliés à la centrale sans aucune considération des fréquences statistiques normales de ces maladies que sont actuellement une des principales causes de mortalité.

un dernier point zelda, qu'est ce que c'est qu'une enquete "independante"?. une etude epidemiologique s'étend sur une longue durée et demande des moyens et des specialistes qualifiés forcement payés par des organisme de recherche d'état et les irradiés sont suivis par des services de medecine nucléaire forcement financés par des crédits de santé.

le discours sur les enquetes "independantes" ne vise en fait qu'à remettre en cause l'objectivité du travail des specialistes qui travaillent sur le sujet en sous entendant qu'ils sont vendus et ont falsifié leur résultats....une nieme version de la théorie du complot

ps: ma tante vient de mourir d'une leucémie quelques mois après fukushima...ça doit etre le nuage, on prétend qu'il eu aucun effet mais ça fait partie du complot des nucléocrates!
canardos
 
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Message par canardos » 16 Déc 2011, 11:15

a écrit :

TOKYO (Reuters) - La procédure d'"arrêt à froid" des réacteurs de la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi, étape essentielle vers un règlement de la pire crise nucléaire au monde depuis Tchernobyl en 1986, a été menée à bien, a annoncé vendredi le Premier ministre Yoshihiko Noda.

En lui-même, a-t-il ajouté, l'accident dans la centrale est désormais considéré comme terminé mais il faudra des années encore avant de démanteler les réacteurs accidentés et traiter les conséquences de la catastrophe sur l'environnement.

Des experts avancent une durée de quarante ans avant que le site puisse être considéré comme nettoyé et décontaminé. Le démantèlement de six réacteurs est susceptible de coûter jusqu'à 50 milliards de dollars.

"Même si des incidents imprévisibles surviennent, la situation est telle que les niveaux de radiation dans l'enceinte de la centrale peuvent désormais être maintenus à un niveau faible", a dit le chef du gouvernement japonais lors d'une réunion du comité de crise nucléaire.

La centrale de Fukushima-Daiichi, située à 240 km au nord de Tokyo, a été fortement endommagée par le séisme et le tsunami survenus le 11 mars sur l'archipel nippon. Ses systèmes de refroidissement ont cessé de fonctionner, ce qui a entraîné une fusion du combustible et des fuites radioactives.

Un "arrêt à froid" signifie que l'eau utilisée pour refroidir le combustible est maintenue sous son point d'ébullition et permet ainsi d'éviter une surchauffe.

Après plusieurs mois d'efforts, la température de l'eau dans les trois réacteurs concernés a été ramenée sous ce seuil en septembre. La compagnie d'électricité de Tokyo, Tepco, qui exploite la centrale, a cependant voulu vérifier que la température et les radiations émises par la centrale demeuraient stables avant de déclarer l'arrêt à froid des réacteurs.

Le gouvernement japonais avait posé l'arrêt à froid des réacteurs comme une condition préalable au retour éventuel des 80.000 habitants évacués dans un rayon de 20 km autour de la centrale.

NOMBREUX PROBLÈMES EN SUSPENS

De nombreux problèmes restent cependant en suspens. Il s'agit notamment de déterminer précisément ce qu'est devenu le combustible entré en fusion à l'intérieur des réacteurs, de stabiliser le système provisoire de refroidissement installé en urgence et de régler la question des dizaines de milliers de tonnes d'eau contaminée accumulées dans la centrale, énumère Kazuhiko Kudo, professeur d'ingénierie nucléaire à l'université Kyushu.

Au début de la crise, Tepco a dit ne pas vouloir envelopper la centrale dans un sarcophage de béton, la solution choisie à Tchernobyl. La compagnie compte retirer progressivement le combustible nucléaire et l'entreposer ailleurs.

Le gouvernement et Tepco espèrent commencer à retirer les barres de combustibles endommagées des piscines de refroidissement dès 2012. Cependant, les opérations de récupération du combustible fondu dans les réacteurs pourraient ne pas débuter avant 10 ans, le démantèlement complet de la centrale pouvant prendre 40 ans, ont rapporté jeudi les médias japonais.

Le retour éventuel des habitants nécessitera aussi probablement de décontaminer le sol autour de la centrale sur une surface estimée par le ministère de l'Environnement à environ 2.400 km2, soit environ la superficie du Luxembourg.

L'accident de Fukushima a entraîné une remise en cause de l'énergie nucléaire dans de nombreux pays, notamment en Europe.

Le Japon va réexaminer ses projets consistant à faire passer de 30% en 2010 à 50% d'ici 2030 la part de sa consommation électrique issue du nucléaire. Il ne devrait pas renoncer immédiatement à l'atome mais il semble se diriger vers une diminution de la part du nucléaire.

Beaucoup de Japonais vivent désormais dans la peur de la radioactivité, qu'ils habitent près ou loin de la centrale de Fukushima. Des traces de radioactivité ont ainsi été décelées dans des légumes, du lait, du thé, des fruits de mer et de l'eau. Les autorités assurent que les niveaux relevés ne sont pas dangereux.

Bertrand Boucey pour le service français, édité par Henri-Pierre André

canardos
 
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Message par Oel » 18 Déc 2011, 20:19

a écrit :
(Oel @ dimanche  4 décembre 2011 à 20:34 a écrit : Je n'ai pas assez de connaissances pour savoir s'il est judicieux ou possible de sortir du nucléaire sous le socialisme, en tout cas sous le capitalisme je préfère déjà défendre les emplois mais l'écologie est aussi important alors ce n'est pas évident.
Apparemment CE SITE  est aussi enthousiaste dans la fission du thorium plutot que celle de l'Uranium. Mais bon si areva voulait passer au thorium il y aurait moins de profit, les actionnaires ne seraient pas rassurés et vu qu'ils tiennent tout  :altharion:

aujourd'hui on ne sait qu'utiliser la fission, et il y a trois noyaux fissile je crois sans etre sur (uranium/plutonium/thorium). L'uranium a été choisi un peu au pif donc pour moi le thorium aussi est tout à fait envisageable vu qu'on a manquer d'uranium et que le thorium présente des avantages !

  Que pensez-vous du thorium ?

science et vie exagere...

faut se replacer dans le contexte historique. En 1946 quand le projet de bombe atomique américain a été lancé, il n'y avait que deux éléments candidats pour la bombe A l'uranium 235 et le plutonium. Et les USA ont développé simultanément les deux types de bombe, 1 bombe à l'uranium 235 et 1 bombe à plutonium. Hiroshima c'était une bombe à uranium et Nagasaki une bombe au plutonium

mais le plutonium lui même était le sous produit du fonctionnement de réacteurs expérimentaux à uranium et ne se prêtait pas à une exploitation civile pour la production d'électricité car à l'époque on était très loin de posséder la technologie des réacteurs à neutrons rapide.

De plus l'uranium 235 pouvait etre obtenu directement en séparant l'uranium 235 de l'uranium 238. des 1943 des procédés de séparation ont été mis au point, diffusion thermique puis diffusion gazeuse. En revanche la production de plutonium était tributaire du fonctionnement des réacteurs à uranium qui nécessitait de plus un uranium beaucoup plus faiblement enrichi 3 à 5% que les bombes A au moins 85%.

la filiere à uranium était donc la seule possible à l'époque et la seule pour laquelle on possédait la technologie nécessaire déjà développée dans plusieurs réacteurs expérimentaux des les années 30 et perfectionnée pendant la guerre.

la filière au thorium devient attractive seulement depuis quelques années mais la technologie des réacteurs à sels fondus pose de nombreux problèmes techniques non résolus au point que ce type de réacteur est le moins avancé des réacteurs de 4ieme génération.

tout ce qu'on peut dire c'est que les capitalistes n'ont pas su anticiper le problème des réserves d'uranium et du traitement des déchets radioactifs parce que seuls les bénéfices à court terme les intéressent et qu'ils attendent de rentrer dans le mur pour commencer à investir. c'est comme pour la fusion thermonucléaire ou il a été extrêmement difficile de trouver un financement pour ITER parce que investir sans être sur du résultat à 50 ans est contre nature pour les capitalistes.

Mais en 1945 les réacteurs à uranium dans leurs différentes formules étaient la seule solution en matière d'énergie nucléaire

Que vient faire science et vie ? en ont-ils parle dans un numéro que je n'ai pas lu ?
Merci pour toutes ces infos
Dézsolé, j'avais eu mon information sur le choix de l'uranium par des gens qui ont fait des études de physique

Sinon je ne comprends pas pourquoi plein de monde gobe le fait que le nucléaire assure l'indépendance énergétique, mais l'uranium vient-il de France ?
Oel
 
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Message par canardos » 18 Déc 2011, 20:57

oui effectivement science et vie vient d'en parler dans son numéro de novembre 2011 en présentant la filière thorium comme une filière qui aurait été écartée par un lobby industriel et militaire parce que il présentait moins d’intérêt militaire.

comme toujours il y a une part de vérité mais il faut se replacer dans un contexte historique. Au moment ou la filière uranium s'est imposée la technologie nécessaire à la conception de réacteurs à sels fondus n'existait pas encore, l'uranium paraissait inépuisable. et le problème des déchets n'était tout simplement pas vu. quand à l'utilisation militaire de l'uranium enrichi et du plutonium c'était effectivement considéré alors comme un avantage et pas un inconvénient...ce n'est d'ailleurs maintenant considéré comme un inconvénient que dans la mesure ou les grandes puissances impérialistes veulent garder le monopole de l'armement atomique....
canardos
 
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Message par luc marchauciel » 10 Jan 2012, 12:40

Un tribune proposée par 3 physiciens, que l'on toruve sur le blog de Sylvstre Huet :

a écrit :

«UNE ÉNERGIE DU PASSÉ ?

L’avenir de notre énergie nucléaire est au coeur de la campagne électorale. Clivage droite-gauche mais aussi débat à gauche comme en témoignent les prises de position de Michel Rocard ou Jean-Pierre Chevènement. “Energie archaïque“ déclarent les Verts, les yeux rivés sur l’exemple allemand, refusant de commenter la dizaine de centrales à charbon mises en chantier chez nos voisins, ou l’accroissement considérable de l’émission de CO2 auquel leur choix d’arrêt du nucléaire les a déjà conduits : 2 millions de tonnes supplémentaires par mois. Dans ces conditions nul ne peut plus intervenir sans être suspect d’être le porte-voix d’un parti ou d’une tendance. Que le lecteur veuille bien nous faire cette grâce : rien de tel ne nous anime ici.

Peu de questions sont aussi complexes et intriquées que celles liées à la politique énergétique qui met en jeu la sûreté de nos installations, le coût que nous payons pour l’électricité, le sort d’industries nationales majeures et de leurs emplois, nos exportations, notre dépendance vis-à-vis de pays tiers, et l’impact sur l’environnement, notamment à travers les déchets et l’émission de gaz à effet de serre (GES). Se proclamer écologiste n’est certainement pas suffisant pour pouvoir prétendre détenir la solution des problèmes difficiles posés par le souci de protéger autant que possible l’avenir de la planète.

Il faut garder à l’esprit un certain nombre de données internationales, en premier lieu l’augmentation de la demande énergétique mondiale qui croit de plus de 2% par an (elle a peut-être même augmenté de près de 5% l’an passé) conduisant au minimum à un doublement de la demande à l’horizon 2050. Cet accroissement se produira quand bien même nous réussirions à réduire sensiblement notre consommation, puisqu’il résulte principalement de l’évolution démographique (9 milliards d’humains prévus en 2050) conjuguée à la croissance de pays émergents auxquels nous serions mal venus de reprocher leur espoir de mieux-être. Simultanément les leaders des grands pays se sont engagés (G8 de 2008) à diviser par deux l’émission de gaz à effet de serre au même horizon 2050, car leur danger potentiel sur l’évolution du climat, avec ses conséquences sur l’élévation du niveau des mers, la désertification et la fréquence des événements climatiques extrêmes, est trop sérieux pour que l’on poursuive dans le scénario  business as usual . Hélas jamais l’émission mondiale de GES n’a été aussi élevée puisqu’elle a encore augmenté de 6% l’an passé.

Cette équation, multiplication par deux de la demande, division par deux des GES, la France affichant même un objectif encore plus ambitieux, est un défi considérable qui demandera certainement de tout mettre en œuvre : les économies d’énergie dans les pays développés, le développement des sources d’énergie renouvelables, la séquestration du C02 encore au stade d’études expérimentales, des recherches difficiles sur le stockage de l’énergie, indispensables puisque le solaire et l’éolien sont intermittents, etc. Dans ce contexte l’abandon du nucléaire, qui représente environ 14% de l’électricité mondiale, conduirait à la certitude d’un échec que les générations à venir ne nous pardonneront pas.

La France a développé une industrie nucléaire nationale importante puisque notre électricité est issue pour près de 75% de cette filière. C’est une source d’électricité bon marché, génératrice d’emplois, de ressources à l’exportation, mais c’est surtout une industrie qui n’émet pas de GES. Certes il y a les déchets, mais le volume des déchets très radioactifs, dans les pays qui, comme nous, retraitent les combustibles usés, est très limité. L’accident dramatique de la centrale nucléaire de Fukushima I, qui n’a pris toute son ampleur qu’à cause du tsunami, a évidemment changé la perspective. On n’a déploré, fort heureusement, aucun décès par irradiation. Les données disponibles sur les doses reçues par les intervenants et les populations avoisinantes permettent d’espérer que, même dans le long terme, le nombre de cancers induits par l’exposition aux radiations devrait rester très limité. Le traumatisme majeur est l’évacuation des habitants d’une région qui pourrait rester inhabitable pendant quelques décennies. Il est impératif que toutes les leçons soient tirées de cet accident de façon à réduire les probabilités, même si nous savons bien que toutes les activités humaines, barrages, mines de charbon, etc., ont connu et connaîtront des accidents. L’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN), l’Institut de Radioprotection et Sûreté Nucléaire (IRSN, organisme public de recherche employant environ 1.800 personnes), les opérateurs (EDF chez nous), s’emploient activement depuis le 11 Mars à analyser cet accident et leurs rapports récents montrent bien leur volonté d’en tirer toutes les conséquences.

L’Académie des Sciences a examiné en détail la façon dont tous ces organismes ont toujours tenu compte des accidents passés et dont ils se préparent à tenir compte de l’accident majeur de Fukushima (voir ici) . Dans son dernier rapport l’IRSN a montré que les réacteurs français étaient sûrs mais il a préconisé différentes améliorations pour prendre en compte des évènements, apparus jusque-là comme très improbables. Le coût de ces améliorations éventuelles serait faible par rapport à la valeur produite chaque année par le parc de réacteurs.

C’est dans ce contexte qu’il faut analyser les questions sur notre industrie nucléaire. Plusieurs questions sont aujourd’hui posées :

► Arrêt d’une fraction des réacteurs, par exemple les plus anciens qui atteignent 30 ans d’âge. Il faut savoir que les autorités américaines, qui ont une industrie nucléaire plus ancienne que la nôtre, ont accepté il y a quelques années d’autoriser le fonctionnement des réacteurs pendant 60 ans. Cette décision nous coûterait peut-être des centaines de milliards, mais surtout il n’y a aucun élément permettant de penser que nous éviterions ce qui arrive à l’Allemagne depuis la décision de fermeture des centrales nucléaires par Mme Merkel : l’inévitable appel au gaz ou pire au charbon, entraînant un accroissement considérable de l’émission de CO2. Que deviendraient les engagements pris à Kyoto et dans les sommets internationaux qui ont suivi?

► Le retraitement c’est-à-dire la séparation du plutonium des combustibles usés sortis des réacteurs. L’intérêt de cette opération est diversement apprécié. Les Etats-Unis laissent les combustibles usés en l’état mais l’abandon récent du site de Yucca Mountain où ils souhaitaient stocker leurs déchets, montre les difficultés de cette option. La France a choisi le retraitement pour deux raisons : i) une division par dix du volume des déchets ii) une utilisation du plutonium aujourd’hui comme combustible, demain dans les réacteurs de quatrième génération (voir ci-dessous). Dans l’état actuel des choses ce plutonium, qui est un combustible nucléaire, est utilisé en France dans un mélange avec de l’uranium pour fabriquer le combustible MOX. Donc à l’heure actuelle il permet d’économiser le combustible ; il est d’ailleurs indispensable de le “brûler“ pour ne pas avoir à gérer quelques centaines de tonnes de ce métal. L’arrêt de la fabrication du MOX serait un gâchis de nos ressources. Mais l’arrêt du retraitement va bien au-delà : ce serait remettre en cause tout notre avenir qui reposera sur la quatrième génération. Ce serait aussi rendre beaucoup plus difficile la gestion des déchets et l’aval du cycle nucléaire. (On a accusé le retraitement d’être proliférant, c’est-à-dire de nature à faciliter les utilisations militaires, mais le plutonium issu du retraitement a un contenu isotopique qui le rend impropre à la fabrication des bombes).

► La quatrième génération . L’uranium naturel est un mélange : 0,7% est fait d’U235 fissile ; les autres 99,3% sont de l’U238 quasi-inutile dans les réacteurs actuels. Nos réacteurs ont besoin d’une opération d’enrichissement à 3,5% d’U235 pour fonctionner. Nous avons ainsi un dépôt d’uranium appauvri en U235, résidu inutilisé des opérations d’enrichissement, d’environ 200.000t. Or si cet U238 n’est pas fissile, il est fertile c’est-à-dire qu’irradié par les neutrons rapides issus du plutonium il produit in fine du plutonium combustible. L’utilisation de cet uranium appauvri et du plutonium extrait des combustibles usés, est opérationnelle aujourd’hui dans plusieurs pays (Russie, Chine, Inde, Etats-Unis, Japon). Sa version sécurisée dans les réacteurs dits de quatrième génération, aujourd’hui à l’étude dans le monde, représente pour nous un potentiel énergétique susceptible de satisfaire nos besoins d’électricité pendant des centaines d’années, sans qu’il soit besoin d’acheter de l’uranium à quiconque, en toute indépendance pour nous. En utilisant l’intégralité de l’uranium, et non le seul U235, on passe de dizaines d’années de disponibilité à des milliers d’années. L’industrie nucléaire est une industrie tout aussi évolutive que le sont les industries automobiles ou aéronautiques. L’arrêt du retraitement ce n’est pas seulement la fin du MOX, c’est l’avenir de notre capacité à satisfaire nos besoins énergétiques, sans polluer en gaz à effet de serre, qui est en cause.

Nous ne pouvons donc pas accepter des annonces de fermeture sans que soit formulée une stratégie réaliste de substitution, respectueuse de la nécessité de préserver notre planète. Nous laissons aux économistes le soin de chiffrer les milliards et les emplois que de telles décisions nous coûteraient. Nous n’avons cessé d’affirmer que la démocratie n’est pas le pouvoir des experts, que la décision appartient bien à ceux qui tirent leur légitimité d’une élection ; mais cette responsabilité que nous leur confions leur donne le devoir d’analyser les perspectives à court et long terme de leurs choix.

L’archaïsme est bien du côté de ceux qui se réclament de la sortie du nucléaire.»

Sébastien Balibar, Yves Bréchet, Edouard Brézin, membres de l’Académie des Sciences



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Message par canardos » 13 Jan 2012, 09:30

vous avez tous vu ou entendu les titres accrocheurs des journaux écrits et télévisés sur l'augmentation du nombre de leucémies autour des centrales nucléaires françaises.

quand j'ai lu le contenu réel de l’étude de l'INSERM et ses conclusions, j'ai trouvé ces titres particulièrement malhonnêtes démagogiques et même franchement mensongers et je me préparais à en parler mais sur le blog de Yann Kindo il y avait déjà un excellent billet.

je mets le lien du blog ICI pour vous inciter à passer le lire, et je vous recopie ici le billet en question:

a écrit :

Nucléaire : un titre peut changer une information

12 Janvier 2012 Par Yann Kindo



Hier soir, sur le très utile portail rezo.net :
www.rezo.net
mon attention a été attirée par un article du Monde (et plus précisément de la rubrique écolo du Monde) consacré à l'existence de leucémies chez les enfants autour des centrales nucléaires.

Le voici :

http://www.lemonde.fr/planete/article/2012...28490_3244.html

Je le lis, je le trouve intéressant pour ce qu'il montre du travestissement de l'information par les marchands de peur, et au moment où je le poste sur ma page Facebook pour le soumettre à l'exquise sagacité de mes amis FB mais néanmoins amis, je me rends compte que le titre du papier a  été changé.

En effet, quand je le poste sur FB, le titre qui apparaît sur ma page est :

"Nucléaire : des cas de leucémie chez des enfants posent question"

alors que quand je l'avais ouvert et lu, le titre était :

"Des cas de leucémie détectés chez des enfants vivant près de centrales nucléaires"

On voit bien ici que Le Monde.fr cherche à mettre en avant un titre inquiétant, mais sans qu'il soit trop manifestement mensonger.... et qu'ils ont du mal. En effet , lorsque l'on va au-delà du titre et qu'on lit le papier, dès la troisième ligne, il est précisé :

"selon une étude dont les résultats ne permettent cependant pas de tirer des conclusions formelles"

Comment donner un titre accrocheur à une étude qui n'amène aucune conclusion formelle ? C'est tout l'art du  : "je vais te dire un truc inquiétant sans le dire mais tout en le disant", dont cet exemple est une bonne illustration.

En effet, on voit dans l'article qu'on constate un surnombre de cas de leucémie chez les moins de 15 ans autour de 19 centrales nucléaires pour les 5 ans entre 2002 et 2007
(comparativement à une prédiction d'incidence nationale... je trouve pas ça très clair comme notion, pourquoi comparer à une prédiction et pas à l'incidence effectivement constatée, vu que c'est une période passée ????? ça, j'ai pas compris, je suis prenenur d'explications.) .

Oui mais voila : l'article avoue quand même que l'on ne  constate pas le même phénomène sur une période plus longue (1990-2007), pour laquelle il n'y a  au total pas plus de cas de leucémies autour des centrales qu'ailleurs.

On aurait pu penser que du coup la longue durée est plus pertinente, et que pour Le Monde.fr, il aurait été plus conforme à l'étude de titrer :

"Pas plus de cas de leucémies autour des centrales nucléaires"

Oui, mais, comment vous voulez vendre du papier avec ça ???

Dans le registre de la petite manip, parmi les deux titres proposés, celui qui dit :

  "Des cas de leucémie détectés chez des enfants vivant près de centrales nucléaires"

me semble le plus habile, parce qu'il est factuellement exact et a des airs de neutralité. Sauf que,  si on ne se fait pas la réflexion de se dire "Pourquoi les centrales nucléaires seraient-elles le seul endroit au monde autour duquel il n'y a pas de cas de leucémies chez des enfants ?", en se demandant où est du coup l'information dans ce titre (qui aurait pu aussi être : " des cas de leucémies chez des enfants vivant près d'usines de tofu bio"), on considère instinctivement que cela signifie qu'il y a un problème particulier et qu'il y a quand même de forts soupçons sur le fait que vivre près d'une centrale nucléaire expose plus au risque de leucémie [ce que, encore une fois, l'étude dont l'article rend compte ne dit absolument pas, elle est tellement non conclusive qu'on pourrait aussi lui faire dire l'inverse] .

Ce n'est pas la première fois que des médias se font ainsi le relais des campagnes technophobes en présentant de cette manière des études non conclusives, ou, pire encore, en présentant comme des études scientifiques probantes ce qui n'en a pas la qualité.

Voir par exemple, sur le même sujet, ce que le journal d'Arte disait en décembre 2007 de la question des cancers autour des centrales nucléaires allemandes :

http://imposteurs.over-blog.com/article-14577780.html

http://imposteurs.over-blog.com/article-14852023.html

Sur un sujet semblable, on peut aussi penser plus récemment à la manière dont une espèce d'enquête de voisinage mal goupillée a été relayée dans les médias comme une étude scientifique montrant des perturbations sur la santé liées à la présence d'antennes-relais. Avec les mêmes données très mal recueillies, il aurait été tout à fait  possible de titrer sur le fait que les antennes-relais protègent des troubles digestifs et des vertiges, comme le montre très bien ce papier :

http://www.jim.fr/en_direct/pro_societe/e-..._actu_pro.phtml 


Yann Kindo

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Message par luc marchauciel » 15 Jan 2012, 20:01

Plus complet que le papier publié par Canardos, celui de Sylvestre Huet sur son blog, qui montre l'ampleur du pipotge sur "centrales nucléaires et leucémies" :

http://sciences.blogs.liberation.fr/home/2...mation-.html#tp


Et voici pour la bonne bouche le communiqué publié à ce sujet sur le site du réseau Sortir du nucléaire. Difficile de discuter sérieusement avec des menteurs et illuminés de cet acabit :

http://groupes.sortirdunucleaire.org/Centr...es-et-leucemies

a écrit :


Les centrales nucléaires françaises à l’origine de leucémies infantiles aigües : nos enfants nous accusent… déjà !



Notre communiqué de presse du 12/01/2012

La revue Journal International du Cancer vient de publier dans son numéro de janvier une étude scientifique établissant une corrélation très claire entre la fréquence des leucémies infantiles aigües et la proximité des centrales nucléaires [1].

Cette étude épidémiologique rigoureuse, menée par une équipe de l’INSERM [2], de l’IRSN [3], ainsi que le Registre National des maladies hématologiques de l’enfant de Villejuif, démontre pour la période 2002-2007 en France un doublement de la fréquence d’apparition des leucémies infantiles : l’augmentation va jusqu’à 2,2 chez les enfants de moins de 5 ans.

Elle confirme ainsi l’étude menée en Allemagne par le Registre des Cancers de Mayence en 2008 [4], qui avait abouti à la même conclusion. La recherche de l’INSERM, intitulée Géocap, inclut les 2 753 cas diagnostiqués dans toute la France entre 2002 et 2007 à partir d’adresses géocodées et situées autour des 19 centrales françaises.

Durant des années, le Réseau Sortir du nucléaire a vu l’IRSN travailler au démontage de toutes les études épidémiologiques montrant un impact des installations nucléaires sur la santé : - démontage de l’Étude de JF Viel montrant un excès de leucémies et de cancers infantiles autour de La Hague [5], - démontage de l’étude faisant la démonstration d’excès de leucémies infantiles autour des centrales allemandes [6]. Le Réseau “Sortir du nucléaire“ tient donc, une fois n’est pas coutume, à féliciter l’IRSN pour sa participation à cette étude épidémiologique.

Même en situation non accidentelle, la preuve est encore apportée que la technologie nucléaire n’appartient plus à un monde civilisé.
luc marchauciel
 
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Message par luc marchauciel » 21 Fév 2012, 14:01

La magazine La Recherche a mis en kiosque un numéro spécial consacré aux "Energies de demain". Il y a plein de choses intéressantes, parmi lesquelles je retiens celle-ci, dans l'article "L'or noir va-t-il nous manquer ?"

a écrit :
Quant à l'estimation des ressources de pétrole prouvées, elle fait partie des secrets les mieux gardés, aussi bien par les 12 Etats membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) que par les compagnies pétrolières, tant leur évaluation précise pourrait influencer le cours du baril


Autrement dit : sur une question décisive pour l'humanité au XXIe siècle, au moment où tu as besoin de prévoir les choix à faire, tu as du mal à disposer de données indispensables pourtant établies, à cause des logiques propres au marché.
Bravo, le capitalisme !
luc marchauciel
 
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Message par Matrok » 21 Fév 2012, 18:11

En même temps, "La Recherche" fait de plus en plus dans la désinformation vaguement scientifique et franchement pro-capitaliste - qui a dit "science bourgeoise" ? :ermm:
Je me souviens notamment dans un numéro récent d'un article intitulé "rendre le charbon propre". Tout l'article portait uniquement sur d'assez petites améliorations techniques des centrales électriques fonctionnant au charbon. Pas un mot sur les mines...
Matrok
 
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