Psy-X,Y,Z...

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par Cyrano » 17 Mars 2005, 16:18

Ah… On se coltine les structures psychotiques (les psychoses) ?…
– structure paranoïde.
– structure schizoïde.
– structure schizophrène.
On a donc une structure de personnalité dirigée vers le monde intérieur, jusqu'à s'y réfugier complètement, pour refuser la réalité extérieure. Dans les cas les plus bénins, on a une communication sociale très réduite; dans les cas les plus caricaturaux, on n'a plus rien, la radio semble éteinte. La réalité extérieure est niée, la personne vit dans un univers qui nous semble inaccessible.

– structure paranoïde

On a une méfiance injustifiée voire même une hyper vigilance… La personne recherches des signes de menaces dans l'environnement (ça peut être simplement un regard, des mots considérés comme insultes). On prend des précautions exagérées (on parle bas, comme si on pouvait être écouté). On refuse la confrontation avec l'autre, on préfère rechercher avec minutie la confirmation d'idées préconçues. On aime bien se faire passer pour une victime – ce sont les autres qui sont pas sympas. On se traîne une hypertrophie du moi plus ou moins carabinée. On n'est pas obstiné, mais têtu. On ne se remet pas en cause, surtout pas, et on joue les hyper sensibles.
Pour se défendre, on va nier une partie de la réalité et échafauder un raisonnement logique sur une base fausse ("Je ne mens pas, la preuve…"). On va projeter sur l'autre ses conflits, ses désirs, lui attribuer ce qu'on ressent, ou ce qu'on ressent comme étant des choses à faire soi.

– structure schizoïde

Là, ça ne rigole plus. Le regard indique que la personne est ailleurs. Inutile de critiquer ou louanger : ça glisse… La personne choisit plutôt l'isolement et reste des heures dans sa chambre.. On constate une vie sociale et une vie sexuelle quasi-inexistante, une timidité excessive, un goût indiscutable pour les rêveries, voire même les rêveries débridées, l'ésotérisme. On peut s'étonner d'une lenteur dans les réactions émotionnelles. Pratique : ces personnes ne parlent souvent que si on leur pose des questions, mais elles répondent souvent à coté. Aucun soin n'est apporté aux vêtements, à la coiffure, au look. Ces personnes peuvent rester longtemps (toute leur vie même) dans leur famille.
A un degré profond, on a un individu qui a régressé à un stade antérieur du développement psychosexuel, qui peut aimer et haïr en même temps; on a un individu qui a mis son être en veilleuse.

– structure shizophrène

Là, la psychose est gratinée… On a une transformation profonde de la personnalité : le monde n'est plus construit à partir du monde extérieur mais à partir d'une bouillie interne. Les débuts de la shizophrénie peuvent être insidieux (accentuation d'un caractère shizoïde, changement de cap d'une névrose), ou étonnants : bouffées délirantes, etc.
On se retrouve devant une personne ambivalente, avec des bizarreries, une impénétrabilité, un détachement. Le discours peut s'interrompre, comme s'il rencontrait un barrage, puis repartir mais sur un tout autre sujet. On trouve des manifestations émotionnelles déconcertantes (rire immotivé).
Cyrano
 
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Message par Cyrano » 17 Mars 2005, 16:19

C'était trop beau, ma petite idée de présenter les descriptions selon deux pôles. Dans le bouquin dont je m'inspire, y'a les états limites, c'est à dire des états intermédiaires entre psychose et névrose.
– structures psychopathes.
– structures narcissiques.
– structures borderlines.

– structure psychopathe

Ça peut apparaître dès l'enfance : retard scolaire, fugues, petit vandalisme. On retrouve des adultes instables, mythomanes, irritables, violent, avec des comportements sadiques (drague une femme devant sa propre copine, par exemple). Un Surmoi très faible entraîne un sens moral déficient, et le refus des règles, des lois, peut entraîner dans la délinquance. Le psychopathe a besoin de sensations fortes quitte à se mettre dans des situations impossibles.

– structures narcissique

En v'la un qu'est beau ! Regardez moi, je suis le plus beau. La personne attend tout naturellement des faveurs spéciales et son entourage ne l'intéresse que si ça la sert. La personne n'arrive pas à concevoir que les autres puisse éprouver autre chose que ce qu'elle ressent. Lorsque le monde ne répond pas comme il conviendrait, la personne narcissique va entrer dans le désespoir, ne sachant pas gérer la frustration, et ira consulter un psy.

– Structure borderline

Une personne qui a une intolérance à la solitude, qui est impulsive (rage incontrôlée), instable affectivement. La personne commet des actes destructeurs (se blesse elle-même ou casse tout dans sa chambre). On trouve aussi des sentiments de vide, d'ennui, de confusion dans les pensée et l'idée que ça vaut pas le coup d'apprendre : on s'est fait à l'idée qu'on ne comprenait rien. On ajoute une attitude parano vis à vis des autres et une grande dévalorisation de soi. La personne passe de la soumission à la rébellion et a de fortes tendances suicidaires.
Cyrano
 
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Message par shadoko » 17 Mars 2005, 16:20

a écrit :Wouahou! Y'a de la lecture! Qui va à la chasse, perd sa place.
Au moment où je me décide à poster des précisons pour Shadoko, je vois qu'il y a des tartines à lire. Des tartines passionnantes, mais ça pose un problème: qui peut lire 100 pages d'article? Ça exclut des copines et copains de la discussion – et même s'ils ne participent à la discussion, ça les exclut d'un suivi de cette discussion, non? oui?

Oui. Je n'ai pas posté ces articles en espérant que le quidam va les lire. D'ailleurs, je ne les ai moi-même pas lus (pas le temps). J'en ai posté un parce que ça en discutait, pour qui voudrait se renseigner, et j'ai posté la suite parce que Wapi me les a demandés (il ne sont pas en accès libre, sinon, j'aurais mis les liens).

Je suis bien d'accord que ce n'est pas une méthode de discussion.

a écrit :
(mais comme tu le dis: laissons tourner les moulins à vents).

Je ne crois pas avoir dit ça (même si je ne suis pas toujours d'accord avec les prises de position rapides de canardos et rojo).

Sinon:
a écrit :
Cette question se double d'une autre, qui est présente dans divers fils: celle d'un outil curatif nécessaire. Les psychiatres le réclament et s'insurgent contre son absence. Certains psychiatres dénoncent aussi le fait qu'on puisse considérer les techniques d'entretien avec un patient comme une formation à un outil thérapeutique.
Cet outil, bien sûr, n'est possible que si on a une théorie du psychisme. Car ce n'est pas parler simplement avec le patient, écouter uniquement, etc. qui est suffisant. On ne s'en sort pas en balançant ces banalités. Et sans théorie, on peut se sentir désarmé, malgré sa bonne volonté.

Cela se comprend. Mais de la manière dont tu t'exprimes ici, on a l'impression que tu n'es pas convaincu que cet outil existe vraiment à l'heure actuelle (ou en tout cas que ces psychiatres en sont convaincus). Pour toi (ou pour eux), la psychanalyse joue-t-elle ce rôle, ou est-elle aujourd'hui complètement ou partiellement à refondre?
shadoko
 
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Message par Cyrano » 17 Mars 2005, 16:21

Tous, tous, tous

On peut voir que la multiplicité apparente des personnalités, des comportements se réduit en fait à quelques structures.

Tous les comportement sont présents en tout un chacun, chacune, à des degrés divers : pratiquement inexistant chez l'un, mais déjà bien discernable chez l'autre, et carrément présent grave de chez grave dans un autre.

Les comportements ne sont pas en nombre infini. On n'a pas douze sens pour percevoir le monde. On n'a pas non plus une kyrielle d'émotions fondamentales : peur, tristesse, colère, joie. Les nuances diverses ne doivent pas faire illusion. Bien sûr, on peut toujours faire des sous-groupes de sous-groupes en privilégiant un trait particulier…

Tous ces comportements sont observables, sous une forme très atténuée ou vivace, pour chacun de nous : ce sont donc les mêmes lois, les mêmes règles qui doivent avoir été à l'œuvre dans le développement du psychisme. C'est une transformation dialectique qui fait que ce qui constituait un trait de caractère agréable devient une contrainte qui nuit à nos relations avec les autres. Puis encore, lorsque ça se pratique à fond. Il doit être possible d'avoir une théorie du psychisme, non ?

On se fait une entorse, on se chope une angine, une bronchite, on se coltine une grippe, mais… il y a une différence fon-da-men-ta-le entre ça et un désordre psychique (léger ou lourd). Avant… on n'avait pas un peu d'angine, plus un peu de foulure, plus, un p'tit peu de grippe. Guérir, on comprendra alors ce que c'est facilement. Mais… avec un comportement psychique, guérir, ce sera quoi ? Pas simple, n'est ce pas d'évaluer alors ce que sera que "guérir" ?

Toucher, pas toucher (du doigt)

Bon, Shadoko, ça ne répond pas à ce que tu voudrais toucher du doigt… mais si on relisait ce qui a été écrit sur l'appareil psychique (Ça, Moi, Surmoi) et sur les étapes du développement de l'être humain, on pourra peut être ressentir quelque chose…
Et si on relit les descriptions ci-dessus, y'a pas un truc qui frappe ? Oui, des gamineries, ça, oui, n'est ce pas, ça y ressemble… Des gamineries ? Oui… La petite enfance est primordiale dans la construction de notre personnalité. Quand ça se passe bien à l'âge adulte, OK, y'a pas de discussion, mais… quand les refoulements sont forts… quand les accroches sont solides, là… ça morfle…

Alors, toucher, pas toucher ? En rajoutant cette longue lecture (mais y'a eu pire sur les fils !), ça peut permettre de choisir l'exemple qu'on veut traiter…
Cyrano
 
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Message par Wapi » 17 Mars 2005, 16:34

merci cyrano pour ces explications bien utiles. On peut ajouter que tout un chacun peut-être successivement un peu hystérique, un peu parano, un peu obsessionnel, un peu borderline, un peu narcissique ... suivant les moments. Et pas besoin d'être un psychotique pour avoir une hallucination, avec tous les normopathes qu'on rencontré jésus... par exemple.

Il y a nécessairement de la circulation entre ces différents états psychiques en fonction de l'environnement, y compris de l'environnement "humain".

La "folie", ou la "maladie mentale", c'est lorsqu'il n'y a plus de circulation mais fixation sur un élément. Cela n'enlève rien à la neurophysiologie vraiment "scientifique, au contraire. L'extraordiniare plasticité du cerveau n'est pas pour rien dans l'extraordinaire diversité des comportements, des postures, des discours humains.

Quant à la "structure de personnalité", elle n'empêche évidemment pas les variations de manifestation. C'est qu'on peut tout mimer, et parfois même à son insu... Mais en plus, ce n'est un problème que lorsque c'est pathologique, c'est surtout cela qu'il est important de bien saisir.


a écrit :ce sont des troubles organiques des cerveau avec des effets non seulement psychiques et comportementaux , mais cognitifs par exemple dans le cas de la schizophrenie....


Un des problèmes dans les rapports de la psychiatrie à la neurophysiologie est celui de la pharmacologie, et de la périlleuse question du dosage par exemple d'une molécule réputée "agissante"... et là, l'environnement rentre en ligne de compte, études à l'appui... les doses de neuroleptiques sont parfois divisées par dix (!) entre l'europe et l'afrique pour le même diagnostic et le même effet...

Des chercheurs de laboratoires phramaceutiques ont participé à ces expériences avec des psychiatres, dont J. Ayme et J. Oury. Ils ont constaté les résultats et l'importance colossale de la variable "environnementale" ou "d'ambiance".

Ils n'en n'ont rien fait... ce n'est pas un racontar, consultez une notice de neuroleptiques... les obscurantistes ne sont pas ceux qu'on croit !


NB : Cyrano, pour la structure dite "passive-agressive" ... il faut voir... Iko précisera s'il veut... ça pourrait bien être de l'hystérie déguisée...
Wapi
 
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Message par Wapi » 17 Mars 2005, 20:02

a écrit :les psychoses ne sont pas des grosses nevroses....


eh non, c'est sûr... mais il y a de la continuité quand même et un "saut qualitatif" en plus... c'est tout le problème...

Wapi
 
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Message par Wapi » 17 Mars 2005, 21:37

On en a parlé... bien sûr qu'il y a de l'endogène dans la schizophrénie... et donc que la chimie a un effet... variable.

Mais un "dysfonctionnement cérébral" peut avoir des conséquences parfois opposées en fonction de "l'ambiance". Parce qu'il y a de l'inconscient et du transfert qui se promènent partout... et que ce "culturel" là peut déformer à souhait le "naturel" de la maladie... jusqu'à un point difficile à se représenter...

Enfin encore une fois, tu es le seul à mettre un équivalent entre psychose et "dysfonctionnement cérébral"... même le dsm ne va pas jusque-là... C'est une question de mots encore une fois... pareil pour la PMD...

Et on n'a pas besoin d'un "dysfonctionnement cérébral" pour "dysfonctionner"... à quelque niveau que ce soit... jusqu'à la perte de contact avec la réalité... c'est à dire la psychose dans le vocabulaire européen...

On est toujours dans une caractérisation de la maladie à partir d'un tableau clinique d'ensemble, dont l'imagerie cérébrale n'est qu'un élément...
Wapi
 
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