effet de serre climat et energie

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par Jenlain » 29 Jan 2007, 16:08

a écrit :«La menace d'un changement climatique dangereux se confirme»

Edouard Bard climatologue, explique comment les outils scientifiques les plus performants font craindre une dérive climatique d'une ampleur et d'une rapidité dangereuses pour les sociétés humaines, dès la seconde moitié du siècle. Pour atténuer ce risque, une mutation technologique et économique s'impose.

Par Sylvestre HUET
QUOTIDIEN : samedi 27 janvier 2007

Professeur au Collège de France depuis 2001, Edouard Bard, 45 ans, y occupe la chaire d'évolution du climat et des océans. Océanographe, paléoclimatolo-gue et géochimiste, il dirige une équipe au Centre européen de recherche et d'enseignement en géosciences de l'environnement (Cerege), à Aix-en-Provence. Ses recherches ont donné lieu à plus de cent articles scientifiques. Multimédaillé par l'European Union of Geosciences, l'American Geophysical Union, French citation laureate (1981-1998) de l'Institute of Scientific Information, il vient de recevoir le premier prix Gérard Mégie du CNRS et de l'Académie des sciences.

Les scientifiques sont à l'origine de la convention des Nations unies sur le climat, signée en 1992. L'opinion publique a souvent l'impression qu'ils se répètent depuis lors. Est-ce le cas ?

C'est une impression vraie... et fausse ! Les scientifiques donnent le sentiment de se répéter, car, par une sorte d'ironie de la nature, l'estimation de l'ordre de grandeur de la perturbation du climat par l'homme a été bonne avant même que l'on puisse l'étudier de manière quantitative. On peut même remonter jusqu'aux travaux du chimiste suédois Svante Arrhenius : dès 1896, il prévoit l'augmentation de la température moyenne de la Terre comme conséquence de l'utilisation des combustibles fossiles. Arrhenius estimait qu'un doublement de la teneur en gaz carbonique de l'air se traduirait par un réchauffement de la planète de l'ordre de 5 à 6 °C. Il est assez stupéfiant de constater que cette prévision n'est pas très éloignée de celles publiées aujourd'hui. Cet accord est quasiment miraculeux, car Arrhenius ne disposait pas de données très fiables sur les gaz à effet de serre et n'avait pas envisagé la multitude de rétroactions climatiques. Le peu d'écart apparent entre les résultats des premières, et rudimentaires, simulations informatiques du climat futur dans les années 80 et celles d'aujourd'hui, beaucoup plus réalistes, s'explique de même. Cette apparente continuité cache un énorme effort de recherches et de nombreuses découvertes scientifiques.

L'alerte lancée à la fin des années 80 était fondée sur des simulations informatiques. Comment ont évolué ces simulations et leurs résultats ?

Il y a vingt ans, les modèles numériques ne prenaient en compte que la dynamique de l'atmosphère. De plus, les simulations se limitaient à un calcul du climat «à l'équilibre» pour un doublement de la teneur atmosphérique en gaz carbonique (environ 550 parties par million). Aujourd'hui, les capacités des ordinateurs autorisent des représentations beaucoup plus complètes et ces modèles ont fait d'immenses progrès. L'océan mondial, avec sa circulation profonde, est mieux représenté. Des interactions plus réalistes s'instaurent entre l'atmosphère, l'océan, les glaces, les cycles géochimiques et la biosphère, qui constituent d'ailleurs de nouvelles sources d'incertitudes. Des points délicats, comme l'action multiple et complexe des aérosols et des nuages, ont fait l'objet d'intenses recherches. Notre compréhension des phénomènes physico-chimiques et biologiques ainsi que leur représentation mathématique ont aussi fait des progrès significatifs. Même s'il demeure des simplifications et l'impossibilité de représenter de manière explicite les processus se déroulant à petites échelles spatiales. En outre, de nombreuses équipes, notamment en France ou en Chine, ont réalisé des simulations complètes avec des modèles différents. Si l'ordre de grandeur du changement climatique prévu n'a pas changé ­ un réchauffement d'entre 2 et 6 °C en moyenne planétaire en fonction des scénarios d'émissions et de la sensibilité plus ou moins grande du climat à cette perturbation ­, cette conclusion est donc bien plus solide qu'à l'époque. La menace d'un bouleversement climatique, au cours de la seconde moitié du siècle, d'une ampleur et d'une rapidité dangereuses pour les sociétés humaines, a donc été confirmée.

L'évolution du climat mesurée depuis 1990 a-t-elle conforté ou réduit la confiance que vous placez dans les simulations informatiques ?

Il s'est passé plus de quinze ans depuis le premier rapport du GIEC (le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) qui a débouché sur la signature de la convention de l'ONU. C'est une durée significative. Durant cette période, la croissance des émissions de gaz carbonique issu du charbon, du pétrole et du gaz naturel a suivi les scénarios les plus élevés, avec plus de 3 % par an entre 2000 et 2005, contre moins de 1 % entre 1990 et 1999. Si l'on y ajoute la déforestation, on atteint 9 milliards de tonnes de carbone par an, contre moins de huit dans les années 90. En conséquence, la teneur en gaz carbonique de l'atmosphère atteint aujourd'hui 383 parties par millions, mesurée à Hawaii, contre 280 avant la révolution industrielle, un niveau sans précédent depuis un million d'années. Les températures moyennes ont continué d'augmenter, sur un rythme proche de ce qui est prévu par les modèles, toutes les années 2000 sont nettement au-dessus de la moyenne 1960-1990. Le niveau marin global poursuit sa progression de 3,1 millimètres par an depuis 1993, selon les satellites, un phénomène lié à sa dilatation thermique et à la fonte des glaces continentales. La réponse de la flore et de la faune au changement climatique devient plus nette : allongement des durées de croissance végétale, déplacement des animaux sauvages. Si l'amplitude de ces changements reste encore petite par rapport à celle que nous craignons pour la seconde moitié du siècle, ils plaident tous en faveur de la fiabilité des modèles.

Des éléments naturels (volcans, Soleil) pourraient-ils compenser l'influence humaine ?

L'astronomie et la géologie nous renseignent sur la probabilité et l'ampleur des variations possibles de ces forçages. Une éruption majeure comme celle du Pinatubo (Philippines) en 1991 peut entraîner un refroidissement mondial de l'ordre d'un demi-degré. L'effet climatique ne dure que quelques années et il faudrait subir une éruption majeure presque tous les ans pour contrecarrer le réchauffement anthropique. Le forçage solaire peut fluctuer dans le temps. Les données des satellites montrent des variations très faibles depuis trente ans. Des séries plus longues, mais moins précises, permettent de conclure que le Soleil était moins actif qu'aujourd'hui, mais l'impact climatique de ces fluctuations semble limité. Néanmoins, ces variations irrégulières semblent responsables de tendances climatiques à l'échelle de quelques siècles. Si l'activité solaire augmentait à l'avenir, ceci viendrait amplifier, et non compenser, un réchauffement dominé par les gaz à effet de serre d'origine anthropique.

Faut-il craindre le risque de changements catastrophiques à brève échéance ?

Cette perception erronée est liée à deux événements médiatisés à l'échelle mondiale. Le film le Jour d'après, qui met en scène la survenue dramatique d'une glaciation. Et le rapport commandé par le Pentagone pour un wargame de généraux sur le thème d'une crise climatique provoquée par un arrêt du Gulf Stream. Dans les deux cas, l'ampleur et l'imminence des changements climatiques sont totalement exagérés. L'idée d'un coup de froid glaciaire sur l'Europe provient d'une déformation spectaculaire de nos résultats. Le réchauffement devrait intensifier le cycle de l'eau, augmenter les précipitations aux hautes latitudes, ainsi que les flux d'eau douce via les fleuves, la fonte des glaces continentales et du Groenland. Tout ceci diminuera la salinité et donc encore plus la densité des masses d'eau de l'Atlantique Nord, déstabilisant des zones de plongée d'eau de surface vers les fonds océaniques. Cette circulation profonde qui s'accompagne d'un réchauffement au-dessus et autour de l'Atlantique Nord devrait donc diminuer en intensité, de 10 à 50 % d'ici à 2150 selon les simulations climatiques. D'ici à 2100, l'effet sera un moindre réchauffement dans la région du nord de l'Atlantique. Au pire, si la perturbation passe un seuil, à un refroidissement localisé sur l'Atlantique Nord. Mais en aucun cas à une glaciation, même régionale.

Les événements météo (canicule de 2003, cyclones) sont souvent utilisés comme preuves du changement climatique, est-ce justifié ?

Il faut éviter d'entretenir une confusion entre la variabilité météorologique naturelle et le changement climatique. Et se garder de commentaires simplistes qui suivent chaque événement extrême, une tempête, un ouragan, une vague de chaleur estivale, une pluie intense suivie de crues et d'inondations. Indépendamment de l'action de l'homme, le climat peut se révéler cruel et destructeur. En outre, il est impossible d'évaluer l'influence du réchauffement en cours sur la genèse de ces événements singuliers, elle peut très bien ne pas être en cause. Toutefois, ces exemples illustrent la sensibilité des sociétés humaines aux aléas du climat. Par ailleurs, certains événements, qualifiés d'extrêmes actuellement en raison de leur rareté, pourraient ne plus l'être dans le climat que nous léguerons aux générations futures. La canicule de 2003 en Europe pourrait représenter un été moyen à la fin du siècle.

N'êtes-vous pas tenté de dramatiser la situation pour mieux financer vos labos ?

Le vocabulaire catastrophiste n'est généralement pas utilisé par les climatologues. Les slogans un peu simplistes ­ «sauvons la planète et les ours polaires» ­ sont plutôt le fait d'ONG, de militants dont la bonne foi est réelle et qui espèrent ainsi mobiliser l'opinion publique, mais sans toujours se soucier de l'exactitude ou de la rigueur du propos. On peut déjà noter que les recherches sur l'atmosphère, l'océan, les sédiments marins et les glaces polaires, qui ont mis en évidence la menace climatique, ont été financées à partir des années 70... avant que cette menace ne soit reconnue par les scientifiques. Votre question peut toutefois s'éclairer à l'aide d'un paradoxe qui provient de la comparaison des situations en Europe et aux Etats-Unis. En Europe, les scientifiques ont réussi à convaincre leur classe politique. A tel point que la recherche de la variabilité climatique naturelle ou l'amélioration des performances des modèles ne sont plus prioritaires, alors que des crédits importants sont attribués pour limiter les émissions de gaz à effet de serre, prévoir l'impact local du réchauffement mondial et rechercher des solutions industrielles afin de s'y adapter. Outre-Atlantique, c'est presque l'inverse. Bien que les conclusions du rapport publié en 2001 par l'Académie des sciences des Etats-Unis soient similaires à celles du GIEC, la Maison Blanche refuse de s'engager dans la voie de la réduction des émissions. Pour tenir cette position, délicate au plan diplomatique, le gouvernement américain avance qu'il augmente le financement de la recherche, en prétendant qu'il faudrait d'abord mieux comprendre et réduire les sources d'incertitudes avant d'agir. La conséquence, paradoxale, est que le financement de la recherche fondamentale sur le climat se porte mieux aux Etats-Unis qu'en Europe.

Maintenez-vous votre recommandation de limiter les émissions de gaz à effet de serre ?

Bien sûr, mais il faudrait aller bien au-delà de la chasse au gaspi. Pour stabiliser avant la fin du siècle la concentration atmosphérique en gaz carbonique, nous devrions réduire notre consommation d'énergie fossile de façon drastique. Selon nos calculs, il faudrait diviser par deux les émissions mondiales d'ici 2050, pour les réduire au niveau de la capacité de pompage par les océans et la biosphère. Un tel objectif, s'il veut rester compatible avec l'objectif de conditions de vie meilleures pour les milliards d'êtres humains qui souffrent aujourd'hui d'une pauvreté inacceptable, et n'utilisent encore que très peu d'énergie fossile, suppose une action continue, de grande ampleur, coordonnée au plan international. Certes, économiser l'énergie fossile, comme l'exemple simple de l'isolation des bâtiments le montre. Mais aussi développer des technologies alternatives de production d'électricité et de transport. Décourager la division mondiale du travail fondée sur le transport massif à longue distance. Mettre en cause des modes de vie et de consommation fondés sur le pétrole bon marché. Revoir l'urbanisme extensif. Développer le stockage géologique du gaz carbonique issu de centrales électriques au charbon et au gaz... Ces pistes, parmi celles avancées par mes collègues des sciences humaines et sociales, suffisent pour prendre conscience du caractère volontariste de la mutation nécessaire, si nous voulons atténuer le risque climatique majeur que nous faisons courir à nos descendants.


http://www.liberation.fr/transversales/weekend/231235.FR.php
Jenlain
 
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Message par canardos » 30 Jan 2007, 07:58

dans Libération également:

a écrit :

[center]Les climatologues enfoncent le clou[/center]


[center]Le groupe d'experts sur l'évolution du climat (Giec) se réunit cette semaine à Paris pour publier un rapport aux conclusions alarmantes. Avant-goût.[/center]

Par Sylvestre HUET QUOTIDIEN : lundi 29 janvier 2007

Les scientifiques du Groupe d'experts international sur l'évolution du climat (Giec) vont faire le point, pendant une semaine à Paris, de leurs connaissances sur les questions clés du réchauffement de la planète et autres sujets au coeur de leurs recherches. Sept chercheurs ont accepté de confier à Libération leurs conclusions sur sept problèmes essentiels.

L'évolution du climat depuis 150 ans est-elle due à nos émissions  de gaz à effet de serre ? 

Serge Planton, chercheur à Météo France. Editeur du Giec pour la compréhension et l'attribution du changement climatique.

«Nous savons que la teneur en gaz à effet de serre a augmenté dans l'atmosphère depuis 1750 à cause des activités humaines, passant de 280 à 383 parties par million pour le gaz carbonique en 2006. Les observations montrent que la température moyenne planétaire a augmenté de 0,4 à 0,8°C au XXe siècle. Il ne suffit pas de rapprocher ces deux mesures pour en déduire une relation de cause à effet. En 1990, le rapport du Giec ne concluait pas sur l'origine naturelle ­ variabilité solaire et volcanisme ­ ou humaine du réchauffement. La responsabilité de l'effet de serre additionnel lié à l'homme n'a été prouvée qu'à la fin des années 90, grâce aux progrès des simulations du climat confrontés aux observations. Le troisième rapport du Giec, en 2001, s'appuyait sur de nouvelles preuves, mieux étayées qu'auparavant, pour affirmer que l'essentiel du réchauffement des cinquante dernières années est attribuable à nos émissions. Depuis, cette conclusion prudente a été confirmée par des études nouvelles, qui portent notamment sur d'autres paramètres que la température moyenne de surface (indicateurs de températures océaniques et études régionales).»

Pourquoi le gaz carbonique est le  principal coupable ?

Philippe Ciais, du laboratoire des sciences du climat et de l'environnement. Auteur principal du Giec pour les liens entre le système climatique et la biogéochimie.

«La teneur en gaz carbonique de l'air est passée de 280 parties par million (ppm) avant l'ère industrielle à 379 ppm en 2005. Cette augmentation est responsable à 70 % du réchauffement en cours. Elle provient directement de la combustion du charbon, du pétrole et du gaz naturel, qui représentent 80 % des sources d'énergie de nos sociétés. Nos émissions de gaz carbonique ont augmenté de plus de 3 % par an entre 2000 et 2005, contre moins de 1 % entre 1990 et 1999. Elles ont atteint 7,9 milliards de tonnes de carbone en 2005, 28 % de plus qu'en 1990. Cette croissance risque de se poursuivre durant plusieurs décennies, en raison des gigantesques réserves de charbon. Il faut y ajouter 1,5 milliard de tonnes de carbone par an, dues à la déforestation tropicale. Ce phénomène est cumulatif : le CO2 émis aujourd'hui ne sera pas totalement résorbé avant un siècle. En outre, si aujourd'hui près de 55 % des émissions sont stockées par les océans et la végétation, cette part pourrait baisser à cause d'une circulation océanique moins intense et d'une accélération de l'activité microbienne du sol. D'autres gaz émis par l'homme (méthane, CFC, protoxyde d'azote) contribuent à l'effet de serre, mais le CO2 constitue le principal facteur du changement climatique.»

Le niveau des océans monte-t-il ? 

Anny Cazenave, directrice adjointe du laboratoire d'études en géophysique et océanographie spatiales. Auteur principal du Giec pour les changements océaniques et le niveau marin.

«D'après les marégraphes, la mer s'est élevée de 15 à 20 cm au cours du XXe siècle. Depuis 1993, les satellites altimétriques (Topex-Poseidon et Jason ­ 1 son successeur) montrent que le niveau moyen global s'élève actuellement d'environ 3 millimètres par an. Cette hausse n'est pas uniforme. Dans certaines régions, la mer a monté plus vite que la moyenne (jusqu'à 20 millimètres par an). L'océan s'est réchauffé au cours des dernières décennies, provoquant une dilatation thermique. Pour les années récentes, ce réchauffement explique 50 % de la hausse de son niveau. Le réchauffement climatique entraîne la fonte des glaces continentales. La plupart des glaciers de montagne ont perdu une quantité considérable de leur volume et contribuent pour 30 % à la hausse actuelle du niveau de la mer. Le Groenland a perdu environ 150 gigatonnes de glaces par an depuis quinze ans, le phénomène semblant s'accélérer, en particulier dans les régions côtières du sud de la calotte. Sa contribution à la hausse actuelle du niveau de la mer est de l'ordre de 10 %. En Antarctique, les précipitations produisent une croissance de sa partie Est, alors que dans l'Ouest, la calotte perd une quantité à peu près équivalente par écoulement des glaciers vers la mer. De grandes incertitudes demeurent sur le comportement futur du Groenland et de l'Antarctique de l'Ouest qui pourraient contribuer de manière importante à la hausse du niveau marin, s'ajoutant à celle, inéluctable, due à la poursuite de sa dilatation thermique. De ce fait, les prévisions actuelles ­ entre 20 et 80 centimètres d'ici à 2100 ­ pourraient être dépassées.»

La réaction des nuages au réchauffement est-elle comprise ?

Sandrine Bony-Léna, du laboratoire de météorologie dynamique. Auteur principal du Giec pour les modèles climatiques et leur évaluation.

«Richard Lindzen (professeur au Massachusetts Institute of Technology) a émis des hypothèses différentes des premiers modèles sur le rôle des nuages et de la vapeur d'eau. Elles ont été publiées, testées puis réfutées pour l'essentiel par la communauté scientifique. On lui doit donc d'avoir ainsi fait progresser la recherche selon nos règles de la discussion qui ne censurent pas les idées ou résultats contradictoires, mais exigent que le débat se déroule en termes rigoureux. Le troisième rapport du Giec, en 2001, pointait des incohérences sur l'augmentation de la température déduite de différents types de mesures (surface, radiosondages et satellites). La recherche a permis de mieux interpréter les mesures, des erreurs ont été corrigées, et ces incohérences ont été éliminées. L'analyse et la synthèse de tous les travaux publiés par le Giec permettent d'identifier les points de consensus comme les controverses et ainsi de progresser dans la connaissance du système climatique.»

Les scénarios du Giec sont-ils réalistes ?

Patrick Criqui, du laboratoire d'économie de la production et de l'intégration internationale, Cnrs ­ Université Pierre-Mendès-France à Grenoble.

«Le rapport spécial du Giec pour les scénarios d'émission de CO2 a permis d'explorer le futur de la consommation d'énergie et des émissions associées, en jouant des principales incertitudes pour faire apparaître des images contrastées. Il s'agissait d'identifier les futurs possibles, sans se prononcer sur leur probabilité d'occurrence. Dans ce rapport, les scénarios sont construits "sans politiques" et conduisent en 2050 à une multiplication des émissions mondiales par deux dans le meilleur des cas, et par quatre dans le pire. Avec de tels niveaux d'émission, le changement climatique à attendre est considérable, au moins une augmentation de 4°C des températures à long terme. On a reproché à ces scénarios d'exagérer la croissance de l'économie et des émissions mondiales, afin de dramatiser la situation et de justifier des politiques fortes de réduction des émissions. Or, les prospectives conduites selon une autre démarche, qui consiste au contraire à tenter de construire un jeu d'hypothèses cohérentes pour un scénario "central", confirment l'importance du danger : si rien n'est fait, le développement du système énergétique mondial conduira à une raréfaction progressive du pétrole et du gaz et donc à un grand retour du charbon, qui soutiendra le doublement des émissions en 2050. Seules des politiques très vigoureuses de réduction des émissions permettront donc au système énergétique mondial d'éviter de tomber de Charybde en Scylla : du risque d'épuisement du pétrole dans le risque climatique massif.»

Peut-on prévoir le climat sur cent ans ?

Hervé Le Treut, directeur du Laboratoire de météorologie dynamique. Auteur principal et coordinateur du Giec pour les sciences du changement climatique.

«La prévision météo ne dépasse pas dix jours et pourtant les climatologues prétendent simuler l'évolution du climat sur un siècle. La contradiction apparente vient de ce que la prévision climatique ne porte pas sur les fluctuations journalières du temps qu'il fait mais sur ses statistiques de températures, vents, précipitations. Or, ces dernières, à l'inverse du chaos atmosphérique à petite échelle de temps et d'espace, sont déterminées par les circulations à grande échelle de l'atmosphère et des océans, produites par l'énergie solaire, la rotation de la Terre, la disposition des continents, les calottes glaciaires, l'effet de serre naturel. C'est pour cette raison que les modèles peuvent simuler les traits principaux du climat terrestre à partir des lois de la physique. Dès la fin des années 80, malgré leur simplisme, ils ont donné l'ordre de grandeur des effets climatiques de nos émissions de gaz à effet de serre en terme de réchauffement planétaire moyen : plus 2 à 5 °C pour un doublement de la teneur en gaz carbonique. Les modèles récents mettent à profit les supercalculateurs les plus puissants pour mieux représenter océans, atmosphère et nuages, calottes glaciaires. Ils incluent la végétation, la biochimie océanique, la chimie atmosphérique dans les facteurs climatiques. Ils ont confirmé l'alerte lancée il y a vingt ans, celle d'un risque majeur, mais ils ne peuvent pas encore en fournir une vue détaillée des conséquences régionales ou de ses effets sur des phénomènes météo extrêmes.»

Les scénarios catastrophes sont-ils possibles ?
 
Jean-Louis Dufresne, du laboratoire de météorologie dynamique.

«Ces scénarios catastrophes prévoient que le réchauffement climatique nous fasse rentrer dans une période glaciaire à cause d'une modification de la circulation océanique. Le point de départ, une modification des courants océaniques dans l'Atlantique Nord à cause du réchauffement climatique, est réaliste, par contre le scénario catastrophe ne l'est pas. Ce phénomène est popularisé sous le nom d'"arrêt du Gulf Stream", appellation très incorrecte car le Gulf Stream lui-même ne s'arrêtera pas. Ces courants océaniques transportent beaucoup de chaleur vers le nord et une diminution de ces courants peut donc refroidir ces régions. C'est ce que simulent les modèles climatiques, mais ce refroidissement est limité à une partie de l'Atlantique Nord ou du nord de l'Europe. De façon plus générale, les changements de circulation atmosphérique et océanique font que le réchauffement climatique n'est pas uniforme sur tout le globe, mais une entrée en glaciation prochaine et brutale n'a pas aujourd'hui de base scientifique.»


canardos
 
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Message par canardos » 30 Jan 2007, 12:23

a écrit :

[center]La fonte des glaciers s'accélère dans le monde entier[/center]

Agence France-Presse Genève Le lundi 29 janvier 2007


Les glaciers du monde entier fondent de manière accélérée, confirmant clairement la tendance au réchauffement climatique, selon une étude publiée lundi par l'agence de l'ONU pour l'environnement.

Trente glaciers de référence surveillés par le Service mondial de suivi des glaciers, basé à Zürich, ont perdu environ 66 centimètres d'épaisseur en moyenne en 2005, selon un communiqué du programme de l'ONU pour l'environnement (PNUE).

Les glaciers observés, répartis dans le monde entier, ont perdu environ 10,5 mètres d'épaisseur en moyenne depuis 1980, selon les mesures des scientifiques.

Plus grave, leur fonte annuelle a été en moyenne 1,6 fois plus rapide au cours de la dernière décennie que durant les années 1990, et six fois plus rapide que durant les années 1980.

«Ces nouvelles données confirment la tendance de ces 25 dernières années à la fonte accélérée», selon les glaciologues qui doivent encore traiter les informations sur 50 autres glaciers qu'ils surveillent depuis plus de 25 ans.

Les surfaces couvertes par les glaciers est également beaucoup plus réduite que dans les années 1980, a ajouté M. Michael Zemp, un glaciologue de l'institut de Zürich. Les études ne laissent aucun doute sur le changement accéléré des conditions climatiques, a-t-il insisté.

«Cela confirme les données scientifiques sur un changement climatique dû à l'activité humaine et viendra à l'appui du prochain rapport qui sera publié le 2 février prochain par le Groupe intergouvermental sur le changement climatique», a indiqué le directeur exécutif du PNUE Achim Steiner.

La fonte des glaciers devrait être une donnée primordiale pour l'année 2006 car elle a été l'une des plus chaudes dans beaucoup de régions du monde, a averti le PNUE.

«Ces découvertes scientifiques devraient convaincre encore plus les gouvernements d'agir dès à présent pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et de mettre en place les stratégies de moyen et long terme nécessaires pour enrayer ce dangereux changement climatique», a estimé M. Steiner.

«Les glaciers partout dans le monde constituent d'importantes ressources en eau pour beaucoup de rivières dont dépend la population pour son eau potable, l'irrigation ou des usages industriels», a-t-il souligné.

canardos
 
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Message par canardos » 30 Jan 2007, 13:23

a écrit :

mardi 30 janvier 2007

[center]Le réchauffement synonyme de famine pour 200 à 600 millions d'habitants [/center]

SYDNEY (AFP) - Entre 200 et 600 millions de personnes supplémentaires souffriront de famine et entre 1,1 et 3,2 milliards d'habitants manqueront d'eau d'ici 2080 en raison du réchauffement climatique, indique une étude du Groupe intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec).

Sept millions d'habitations pourraient être inondées et la Grande Barrière de corail, plus grand organisme vivant au monde, pourrait complètement disparaître d'ici quelques décennies, écrivent les experts, selon des extraits du rapport publiés mardi dans le quotidien The Age.

L'étude doit être publiée dans les mois à venir, venant complèter le quatrième rapport du Giec qu'il rendra public vendredi lors de sa réunion à Paris. Le Groupe concentre l'expertise optimale sur le réchauffement climatique sous l'égide des Nations unies.

La température du globe s'est déjà accrue de 0,7 à 0,8 degré depuis 1900. Si l'augmentation atteint deux à trois degrés, toujours par rapport à leur niveau de 1900, c'est jusqu'au système forestier de l'ensemble de l'Amazone qui est menacé.

Les "Alpes australiennes" (sud-est), un système fragile en raison du manque d'eau chronique dont souffre le pays-continent, seraient quant à elle "complètement perdues".

Pour la planète, il s'agit d'une "perte de biodiversité énorme", souligne le rapport.

Le coût humain et économique est lui aussi très lourd, en particulier dans les pays les plus pauvres, comme en Afrique, et dans les régions situées à fleur d'eau, comme le Bangladesh et les îles du Pacifique, avertit l'étude.

Pour la Grande Barrière de corail, site classé au patrimoine mondial, cela signifie une disparition pure et simple. Le blanchiment du corail, qui touche déjà la Grande Barrière à certains endroits, se répétera tous les ans à partir de 2030, estime l'étude.

La Grande Barrière, site classé au patrimoine mondial, s'étend sur plus de 345.000 km2 au large de la côte nord-est de l'Australie.

Le blanchiment corallien se produit lorsque les organismes vivants qui donnent aux coraux leurs couleurs meurent, ne laissant subsister que le squelette calcaire du corail. Il est provoqué par une hausse des températures de l'eau ainsi que des pluies acides.

canardos
 
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Message par zejarda » 30 Jan 2007, 13:33

a écrit :Ces découvertes scientifiques devraient convaincre encore plus les gouvernements d'agir dès à présent pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et de mettre en place les stratégies de moyen et long terme nécessaires pour enrayer ce dangereux changement climatique


Ils sont convaincus, ils ont tous signé le pacte écologique :laugh:
zejarda
 
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Message par canardos » 30 Jan 2007, 15:50

a écrit :

[center]Le réchauffement climatique pourrait dépasser les 4,5 degrés[/center]

AFP | 30.01.2007 | 

La hausse de température mondiale pourrait dépasser "substantiellement" 4,5 degrés pour une stabilisation de la concentration de CO2 dans l'atmosphère à 550 parties par million (380 ppm aujourd'hui), selon le document de travail du Groupe intergouvernental d'experts sur l'évolution du climat (Giec) qu'a pu obtenir l'AFP.

Quelque 500 experts mondiaux du climat sont réunis depuis lundi à huis clos à Paris pour rendre vendredi leur diagnostic sur le réchauffement planétaire.

Le texte ne fixe pas de date pour ce seuil de 550 ppm, mais il sera probablement dépassé en 2100, selon les six scénarios socio-économiques envisagés par le Giec. Tous aboutissent à des concentrations de dioxyde de cabone (CO2) comprises entre 540 et 970 ppm à la fin du siècle.

Dans le projet de résumé, les experts s'accordent pour prévoir que "le réchauffement moyen attendu si les concentrations de CO2 dans l'atmosphère se stabilisaient à 550 parties par million (ppm) serait probablement compris dans une fourchette de 2 à 4,5 degrés par rapport à la période pré-industrielle, avec une meilleure estimation à environ 3 degrés".

En 2001, les experts estimaient qu'à ce niveau de concentration de 550 ppm, la hausse moyenne de la température mondiale serait comprise entre 1,5 et 4,5 degrés.

Le réchauffement aurait très peu de chances (moins de 10%) d'être inférieur à 1,5 degré, mais en revanche, "des valeurs substantiellement supérieures à 4,5 degrés ne peuvent être exclues", indique le document, qui aggrave donc la prévision.

Les climatologues attribuent dans leurs travaux un degré de confiance à chacune de leurs prévisions. La fourchette de 2 à 4,5 degrés a "au moins 66% de chances" d'être atteinte.

Le document de travail, dont l'AFP a pu se procurer une copie, doit être amendé, voté mot à mot et ligne à ligne, avant d'être publié vendredi. Le Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat ne commente jamais les fuites dont le document peut être l'objet.

canardos
 
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Message par Crockette » 31 Jan 2007, 12:56

les spécialistes internationaux qui se sont réunis à Paris parlent d'un scénario de trois degrés supplémentaires par rapport à leurs dernières évaluations...

donc si j'ai un peu de déduction : je prends le scénario au pire qui parle de 6° début 2100, et je rajoute 3° ce qui nous fait 9°...si je me trompes canardos interviendras je suis pas sur ce que j'vance ou alors dans le scénario n°6 il faudrait parler 7,5 ° ?

mais l'agence internationale qui étudie le réchauffement climatique est soumise aussi à de nombreuses pressions (des gros pays pollueurs notamment) lors de la publication de ses rapports...et le doute est permis sur l'objectivité totale de ses prévisions dans l'élaboration de la fourchette des scénarios envisagés.

cette fameuse fourchette ne souffre t-elle pas "d'euphémisme" ? pour ne pas affoler les populations et surtout les marchés ?
car le coût d'un réchauffement climatique pourrait être largement supérieur aux deux dernières guerres mondiales réunies selon certains économistes.

pertes des cultures, déplacement par centaines de milliers de personnes, réfugiés, épidémies, maladies respiratoires en tout genre, perte de sufaces agricoles par la montée des océans, tempetes, canicules, mouvements d eterrains en tout genre, affaiblissements des forets du nord, incendies en nette hausse etc.
Crockette
 

Message par canardos » 31 Jan 2007, 14:12

tu lis mal...

c'est de 2 à 4.5° avec une tres forte probabilité que ce soit au moins 3° et une probabilité non negligeable pour que ça dépasse les 4,5° si la concentration de CO2 dépasse les 550 ppm...

mais en réalité le seuil de 550ppm correspond à la partie basse de la fourchette des concentrations en CO2 prévues par le GIEC...puisque celui ci definit une fourchette variant de 540 ppm à 970ppm en 2100.

ce qui est une façon pour les scientifiques du GIEC de faire comprendre que les politiques du GIEC (mes représentants gouvernementaux) leur ont forcé la main pour ne pas faire apparaitre des augmentations de temperatures trop importantes...

je résume, si il y a 550ppm à la fin du siècle la fourchette des températures se situera entre 2 et 4.5° avec une estimation moyenne de 3° mais les scientifiques du GIEC font comprendre aussi clairement qu'ils peuvent que l'augmentation du taux de CO2 pourrait etre pres de deux fois plus importante et que dans ce cas leur fourchette ne tient plus....

bref, faut décoder....
canardos
 
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Message par Crockette » 01 Fév 2007, 12:23

bon c'est entendu...mais hier il ont parlé dans leur conférence d'une possible hausse de près de 10° dans certaines régions aux environs de 2100...

ensuite c'est un secret de polichinelle de dire que dans leurs différents scénarios ils ne tiennent pas compte non seulement de la croissance exponentielle de la chine mais d'un deuxième gros pollueur en marche (puisque sa croissance sera portée aussi par une énergie basée sur des centrales au charbon...) qu'est l'INDE.

Je ne parlerai pas aussi du deuxième poumon (pour le premier poumon le soja va l'achever) de la planète que sont les forets de russie, elles sont l'objet de plus en plus de contre bandes vers des pays d'asie...pour faire des meubles etc.

Oui le nucléaire a bien un handicap : ils coute plus cher et c'est plus long à mettre en oeuvre, sans parler des différentes contraintes de sécurité à maintenir, dans un monde où la course au profit n'attend pas, on est mal barré...

Crockette
 

Message par canardos » 03 Fév 2007, 15:11

crockette, une hausse moyenne des températures de 3% peut tres bien se traduire par une hausse de 10% sur l'artique et une hausse moins forte à 2° sur l'europe compte rendu du ralentissement du gulf stream.

le résulmé du rapport du GIEC évoque une fourchette de 1,8° à 4° pour l'ensemble de la planete. tu remarqueras que le projet de rapport soumis à la conference parlait lui de 1.8° à 4,5°...mais les pressions politiques sont passées par la...pour éviter tout chiffre trop catastrophique dans la synthese.

cela dit les scientifiques du GIEC écrivent que cette fourchette correspond à une hypothese basse en matière de dégagement de CO2. Si l'hypothese haute (scénario A1F1 dans le résumé que j'ai mis en téléchargement) se réalisait la fourchette des températures prévisible se situerait entre 2,4 à 6.4° avec une moyenne superieure à 4°!

voila un chat avec une scientifique faisant partie de la délégation française à la conférence du GIEC:

a écrit :

[center]Quel est le bilan de la conférence sur le climat ? [/center]

LEMONDE.FR | 30.01.07 | 16h49  •  Mis à jour le 02.02.07 | 17h06

L'intégralité du débat avec Sylvie Joussaume, climatologue, membre de la délégation française à la conférence de Paris sur le changement climatique, vendredi 2 février.

Denis : Le Gulf Stream ne risquerait plus de s'arrêter, d'après les dernières mesures. Qu'en pensez-vous ?

Sylvie Joussaume :

Le Gulf Stream participe à un grand brassages des océans avec le réchauffement du climat. On s'attend à ce que cette circulation diminue. On ne prévoit pas en effet pour le moment, qu'elle s'arrête complètement.
De plus, même avec cette diminution du Gulf Stream, contrairement à ce qui est souvent dit, les scientifiques montrent que le réchauffement se poursuivrait.

Genove : Ne pensez-vous pas que l'activité solaire est en elle-même responsable du réchauffement ?

Sylvie Joussaume :

Le Soleil est clairement la source d'énergie du climat, et la question de son rôle dans le climat est pertinente. Néanmoins, les nouvelles estimations du groupe 1 du GIEC viennent de redonner une nouvelle estimation de l'activité du Soleil montrant que son impact sur le bilan énergétique de la Terre est dix fois plus faible que celui qui résulte des activités humaines, lorsque l'on regarde le bilan entre maintenant et le début de l'industrialisation.

Icare68 : La fonte de la banquise est-elle plus rapide que prévu ? Dans ce cas, il me semble que les volumes d'eau libérés représenteraient une montée des eaux bien plus importante que celles annoncées par le GIEC. Qu'en pensez-vous ?

Sylvie Joussaume :

Il est important de préciser la différence entre la banquise, qui est une couche de glace qui couvre les océans, et la glace, qui se trouve sur les continents et qui peut atteindre plusieurs milliers de mètres. La glace qui est sur les océans lorsqu'elle fond ne fait pas changer le niveau de la mer.
Par contre, celle qui est sur les continents fait changer le niveau de la mer. On observe déjà une fonte de la banquise (celle qui est sur la mer) ainsi que la fonte d'un certain nombre de glaciers dans les tropiques, les moyennes latitudes, autour du Groenland, un peu au bord de l'Antarctique. La fonte des glaciers est prise en compte dans les scénarios du GIEC conduisant en 2100 à des estimations allant jusqu'à environ 50 cm d'élévation du niveau de la mer. Des incertitudes restent cependant sur les mécanismes de fonte des glaciers qui pourraient accélérer leur fonte. Le GIEC estime que ces phénomènes pourraient augmenter la vulnérabilité des glaces et accroître le niveau des mers. Mais il est encore difficile de dire de combien. Ce que l'on peut dire, c'est qu'avec les estimations actuelles, il faut plusieurs siècles de réchauffement continu avant de conduire à des élévations de l'ordre de plusieurs mètres. La disparition complète du Groenland demanderait un millier d'années.

Fromveur : Pourquoi le GIEC annonce-t-il que le processus de réchauffement durera un millénaire ?

Sylvie Joussaume :

Même si on arrêtait les émissions de gaz carbonique maintenant, il faudrait plus d'un millier d'années avant de retourner aux valeurs préindustrielles.

La_Oz : Quels sont les points qui posent encore de grandes difficultés dans la modélisation du climat ?

Sylvie Joussaume : La modélisation du climat représente la circulation de l'atmosphère et des océans et les échanges d'énergie qui les régissent. Un des points les plus difficiles réside dans la représentation des nuages, en
particulier dû au fait que les modèles découpent l'atmosphère en boîtes d'une taille de l'ordre de 200 km. D'autres difficultés résident dans la représentation de la complexité du système qui fait intervenir, au-delà de la physique, la biologie, comme la végétation ou la biologie dans les océans.

La_Oz : Ce nouveau rapport de 2004 est-il plus ou moins pessimiste que celui de 2001 ?

Sylvie Joussaume :

Le rapport de 2004 renforce les conclusions de 2001. Il donne une meilleure estimation des changements déjà observés et des changements à venir. Il apporte de nouveaux éléments sur des phénomènes extrêmes, comme le fait qu'on observe dans certaines régions une augmentation de l'intensité des cyclones tropicaux, et annonce que cette intensité va vraisemblablement encore augmenter dans le futur.

Raymond : A partir de combien de degrés le réchauffement deviendra-t-il dangereux ?

Sylvie Joussaume :

C'est une question difficile. Il est important de se rendre compte qu'un changement d'un seul degré correspond à un climat assez différent, mais que plus la température s'élève, plus évidemment ces changements auront d'impact. La notion de seuil de dangerosité dépend aussi de la rapidité des phénomènes et de notre capacité à nous adapter. Elle peut aussi être très relative suivant les régions. Le chiffre de 2 degrés est souvent avancé. Il s'appuie sur les travaux des autres groupes de travail du GIEC en 2001. Il peut être un ordre de grandeur raisonnable. Le présent rapport ne donne pas de seuil d'acceptabilité, de dangerosité. Il précise quels sont les changements possibles dans le futur. Si le niveau d'émission reste élevé, l'estimation donnée comme la meilleure est de 4 degrés mais pourrait même atteindre 6,4 degrés. Si, au contraire, les émissions diminuent, la meilleure estimation serait de 1,8 degré et éventuellement aussi basse que 1,1 degré.

Ganz : Quel est aujourd'hui le poids de ceux qui contestent la réalité du réchauffement ?

Sylvie Joussaume :

Il y a un très fort consensus dans la communauté des climatologues, la position du GIEC impliquant plus de 600 scientifiques. Il peut rester certains sceptiques, souvent en dehors de la communauté des climatologues, et n'ayant pas à ce jour donné d'arguments très convaincants.

Jessica : Que pensez-vous du film d'Al Gore ?

Sylvie Joussaume :

Le film d'Al Gore est excellent. Il reflète bien l'avis de la communauté scientifique et arrive, de plus, à bien sensibiliser les gens. Le seul bémol que je mettrais, c'est que lorsqu'il parle de la fonte des glaces, il ne donne pas d'échelles de temps. Lire plus haut l'une de mes premières réponses.

Henacla : Percevez-vous une réelle prise de conscience du côté des politiques ?

Sylvie Joussaume :

La situation évolue rapidement en ce moment. En particulier grâce à Nicolas Hulot. La classe politique semble se mobiliser davantage qu'elle ne le faisait il y a quelque temps. Même si cela fait maintenant un certain nombre d'années que des députés ou sénateurs ont déjà commencé à se mobiliser. A l'échelle mondiale, de nombreux pays se mobilisent même si nous attendons une impulsion du côté américain. Les Etats-Unis, pourtant le plus grand contributeur aux émissions de gaz carbonique, n'ayant pas encore ratifié le protocole de Kyoto.


Hui : Quelles seront les conséquences du réchauffement pour la France ?

Sylvie Joussaume :

Dans les travaux du GIEC, les résultats sont présentés au niveau de grandes régions, plus grandes que le niveau de la France. Néanmoins, on voit un peu se dessiner certains grands traits, comme l'augmentation des vagues de chaleur, qui, pour un scénario de forte émission de gaz à effet de serre, ressemblerait à la canicule de 2003, voire serait plus forte.
Les résultats du GIEC montrent également une tendance à plus de pluies au nord de l'Europe et une diminution dans la zone méditerranéenne. Il pourrait y avoir en conséquence de la vague de chaleur une mortalité accrue
en été. Et moins marquée en hiver. La canicule de 2003, cependant, a illustré que les risques sanitaires dépendent aussi de notre adaptation à de telles situations météorologiques. Il est donc difficile de faire une prévision. Par contre, il est certain qu'il faudra s'adapter.

Johann : Que pensez-vous des solutions du type "envoyer du soufre dans la stratosphère pour refroidir la planète" ? L'homme pourra-t-il contrôler le climat ?

Sylvie Joussaume :

Je pense qu'il est dangereux qu'on puisse contrôler le climat dans la mesure où c'est un système complexe, et qu'en voulant améliorer d'un côté, on risque de détériorer de l'autre. D'une certaine façon, l'homme est déjà en train de faire une expérience sur le climat, en augmentant la concentration des gaz à effet de serre. Le plus sage serait plutôt d'essayer de limiter nos actions directes sur le climat.

Jeff : L'énergie nucléaire constitue-t-elle à vos yeux la réponse à l'effet de serre ?

Sylvie Joussaume :

L'énergie nucléaire ne contribue pas à l'augmentation des gaz à effet de serre et permet de fait à la France d'être relativement peu émettrice de gaz carbonique, du moins, moins que ses voisins. C'est de fait une technologie à prendre en compte comme une des solutions, même si elle n'est pas nécessairement la solution pour l'ensemble de la planète. Il est nécessaire de faire appel à toutes les solutions possibles, des énergies renouvelables jusqu'à la capture et au stockage du gaz carbonique.

Aurelien : Est-il vrai que la Terre a déjà connu des périodes où la quantité de CO2 était bien supérieure à celle d'aujourd'hui ? L'humanité était-elle déjà là ?

Sylvie Joussaume :

Premier élément, oui, la Terre a déjà connu des niveaux de gaz carbonique très élevés, en particulier il y a cent millions d'années, à l'époque des dinosaures. Ce niveau plus élevé était le résultat d'une activité tectonique plus intense.
Par contre, l'homme n'était pas présent. Depuis 650 000 ans, le niveau est resté inférieur au niveau que nous connaissons actuellement. L'Homo sapiens n'a jamais connu un niveau aussi élevé.

canardos
 
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