Voici la fin de l'enquête, qui essaie d'évaluer le sérieux de tout ça. Vous noterez que la fin permet (ce coup ci, mais ce n'est pas la première fois) de relativiser le caractère totalement déisntéressé des "lanceurs d'alertes" vantés par la Fondation Sciences Citoyennes de Testard :
a écrit :
Pour l'Organisation mondiale de la santé, les choses sont claires. Elle a publié en mai 2006 une note résumant l'état des connaissances. Elle conclut que « compte tenu des très faibles niveaux d'exposition et des résultats des travaux de recherche obtenus à ce jour, il n'existe aucun élément scientifique probant confirmant d'éventuels effets nocifs des stations de base et des réseaux sans fil pour la santé ».
Tout en reconnaissant que les symptômes décrits par les électro-sensibles sont réels, elle spécifie « qu'il n'existe actuellement aucune base scientifique permettant d'établir une relation » entre ces troubles et l'exposition aux champs électromagnétiques.
L'OMS s'appuie notamment sur de nombreuses expériences « en double aveugle » portant sur l'exposition aux champs : ni le scientifique menant l'expérience ni le participant ne savent si le sujet est réellement exposé. Les résultats ont montré que les participants développant des symptômes étaient aussi nombreux dans le groupe non exposé que dans le groupe réellement exposé. Vous pouvez trouver les conclusions, en anglais, de l'une de ses expériences ici.
Sur internet, on trouve plusieurs articles reprenant ces conclusions. Par exemple, récemment dans Challenges, Olivier Merckel, chef de projet scientifique à l'Agence française de sécurité sanitaire, de l'environnement et du travail (Afsset) assure que les symptômes développés « sont plus liés à la peur et à la méconnaissance de ces technologies qu'aux champs magnétiques qu'elles provoquent ».
Sur lepoint.fr, Alain Charoy, ingénieur en compatibilité électromagnétique, détaille une expérience : « On a fait croire à des gens qu'ils étaient dans un espace électromagnétique et ils ont développé des symptômes. A contrario, on les a exposés à des champs sans rien leur dire et, là, ils n'ont rien développé. »
Les associations, elles, s'appuient sur un autre rapport, plus récent et présenté comme « indépendant » : BioInitiative, publié fin août 2007. Il indique clairement que les effets nocifs des ondes électromagnétiques issues des téléphones portables et des lignes à haute tension provoquent des risques accrus de leucémies infantiles, de cancers du cerveau, de désordres acoustiques, de troubles du sommeil et de divers problèmes nerveux.
Vous pouvez trouver un résumé en français de ses principales conclusions dans ce document PDF.
Pour rédiger Bioinitiative, les auteurs, principalement des scientifiques et médecins américains, dont des membres de la très respectable Bioelectromagnetics Society, ont passé en revue les résultats plus de 1500 études scientifiques. Ils concluent que les seuils d'exposition préconisés sont trop permissifs.
Selon les tenants d'un contrôle des risques, BioInitiative « a changé la donne ». C'est ce qu'explique Etienne Cendrier, fondateur des Robins des toits, et invité de notre émission du 20 juin, dans son tout récent livre.
"Et si la téléphonie mobile devenait un scandale sanitaire ?"
Les Robins des toits mettent d'ailleurs à disposition sur leur site des dizaines de rapports scientifiques allant dans leur sens.
Mais à l'Afsset, le rapport BioInitiative passe mal. Interrogé par Libération le 20 juin, Gérard Lasfargues, chef du département des expertises en santé-environnement, explique : « "C'est une compilation de points de vue et d'articles scientifiques" et "en aucun cas une expertise collective indépendante". Quant au lien entre mobile et tumeur, "l'étude n'a pas la puissance statistique nécessaire pour trancher de façon définitive". Comme la plupart de ses collègues, Lasfargues invite à attendre "l'étude Interphone, menée dans treize pays, qui décortiquera les expositions subies par 6 500 à 7 000 personnes ayant développé des tumeurs" ». Promise pour fin 2008, cette étude pourrait en fait n'être publiée qu'en 2009.
Pour être complet, rappelons que l'Affset a déjà été mise en cause pour les liens entre ses chercheurs et les opérateurs de téléphone mobile, comme le rappelle cet article du Journal du dimanche.
Le débat sur le rapport BioInitiative est donc vif. Et il se poursuit sur internet.
Dans les argumentaires des uns et des autres tout est contrôlé, minutieusement pesé. Mais pas nécessairement exact.
Premier exemple : sur le site des Robins des toits, on apprend que le rapport Bionitiative « est validé et soutenu par une haute autorité européenne : l'Agence Européenne de l'Environnement ». Or, lorsqu'on se rend sur le site de l'Agence, on découvre que si elle a bien participé au rapport, c'est pour un chapitre, plutôt théorique, sur le principe de précaution et qu'elle assure « ne pas avoir d'expertise spécifique concernant les champs électromagnétiques ». L'Agence se contente de souligner que « l'exposition dangereuse peut être répandue » avant que des preuves de cette dangerosité ne soient publiées.
Sur la (très pointue) page Wikipedia francophone consacrée au sujet, le rapport BioInitiative est au contraire critiqué. Il y est notamment indiqué que la Bioelectromagnetics Society, dont font partie des chercheurs auteurs de l'étude, n'approuve pas les résultats de l'étude. Ce qui, à notre connaissance, n'est pas exact.
Dans les rares références à l'étude que l'on trouve dans les lettres d'information de la Société, BioInitiative n'est pas critiquée en tant que telle. Dans la lettre de septembre-octobre 2007 (PDF), après un compte-rendu neutre de travaux qui ont mené à son élaboration, il est simplement indiqué que « les recommandations de chaque section relèvent uniquement de la responsabilité de leurs auteurs ».
Du côté anglophone de Wikipedia, ce sont également les adversaires de BioInitiative qui semblent avoir la parole. Une page sur le rapport existait, mais a été supprimée le 19 juin, à la demande de l'un des administrateurs de l'encyclopédie en ligne.
Son argument ? il ne s'agirait que d'« un rapport publié par un groupe auto-désigné ».
Dans les discussion concernant cette page, un autre internaute avait pointé que le rapport ne pouvait pas être indépendant, comme l'affirmaient ces auteurs, puisque l'un d'entre eux, Cindy Sage, dirige une société spécialisée dans la réduction des champs électromagnétiques.