Défense de la psychanalyse

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par iko » 06 Jan 2005, 20:25

Un copain vient de me faire découvrir votre discussion commencée début juin 2004 ; plus de 150 pages ! (même si elles ne sont pas toutes denses) Vous n’avez pas chômé.
En gros, 2 lcr se sont fait étripés par 3 lo pour leur manque de rigueur scientifique dans la défense la psychanalyse et pour leur méconnaissance des nouvelles avancées sur la biologie du cerveau. Et tout le monde reste sur ses positions, mais la discussion semble se tarir.
Dure tâche que de me lancer sur un terrain similaire à nos deux lcr. La défense de la psychanalyse.

Pour commencer, je pourrais dire en sorte de boutade – car c’est la première fois et sans doute la dernière que j’emploierai ces termes pour me présenter –, que je me considère comme trotskiste tendance Lutte Ouvrière et lacaniste tendance psychothérapie institutionnelle (on en reparlera).
Ceci pour dire que dans la discussion qui va suivre, ce n’est pas moi qui vais vous demander d’assumer ce qu’un Ho Chi Min a fait au nom du communisme, alors inutile de vouloir me faire assumer les imbécillités de n’importe quel psychanalyste parisien, à la mode ou pas.
Par exemple au sujet de l’autisme, on sait depuis toujours que cela atteint trois garçons pour une fille. Kanner, comme les autres savait donc bien qu’il y a de l’endogène dans cette maladie. Donc les dernières découvertes que tu nous a passées ne changent pas grand-chose au problème. Le génétique ferait 80%. Et les 20 autres ?

Non seulement je vais essayer de défendre la psychanalyse, mais, pire, aux vues de ce qu’avance Canardos, j’essayerai de vous expliquer en quoi la théorie analytique est indispensable pour prendre vraiment en charge les patients psychotiques. Je ne suis pas sûr du résultat, et j’aurai besoin de temps – j’espère moins qu’une analyse !
Je ne sais pas encore comment m’y prendre, alors en attendant, abordons le deuxième sujet.
En aucune manière les découvertes des neurosciences ne me font peur. J’ai d’ailleurs énormément apprécié les différents textes que Canardos nous a trouvé. Merci à toi.
Pendant que vous discutiez sur le site cet été, deux publications scientifiques traitant de la neurobiologie du cerveau sont sorties. Comme quoi, on croit être original et on s’aperçoit qu’une multitude d’originaux le sont de la même manière au même moment…

Un numéro du 27 juillet 2004 de Courier International, dossier spécial "Adolescents : Les secrets de leur cerveau. Maman, c'est la faute à mes neurones "

Et un numéro spécial de la revue « Recherche » du mois d’août 2004 sur les molécules du cerveau


A propos de la dépression, un livre à lire : l’enquête d’Alain Ehrenberg, la fatigue d’être soi, Paris, Odile Jacob, 1998 (je crois l’avoir vu en poche depuis) dans lequel anti-analystes et analystes trouveront chacun ce qu’il leur faut pour se conforter dans leurs opinions.

Après ce livre, peut-être que certains comprendront mieux ce que veut dire Lacan dans : « la psychanalyse est un symptôme social »...

a écrit :je conteste la prétention de la psychanalyse d'expliquer et de soigner les troubles mentaux les plus graves dont l'origine organique est prouvée


Alors, pour commencer, Canardos, peux-tu m’expliquer par quel raisonnement rigoureux, scientifique ou pas, tu peux faire cette affirmation ?
Et en quoi, si une maladie psychiatrique est — ou a du — génétique, cela rendrait nécessairement obsolète la théorie analytique ?
iko
 
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Message par iko » 06 Jan 2005, 21:35

Au fait, je rajoute un article :voilà la fin d'un texte de Léon, de 1932, sur la révolution russe, prononcé à Copenhague. Ce sont les deux derniers paragraphes qui nous concernent dans la discussion. Mais ce n'est surtout pas pour user d'un argument d'autorité !!

a écrit :VERS LE SOCIALISME

Le capitalisme comme système mondial s'est historiquement survécu. Il a cessé de remplir sa mission essentielle; l'élévation du niveau de la puissance humaine et de la richesse humaine. L'humanité ne peut stagner sur le palier atteint. Seule une puissante élévation des forces productives et une organisation juste, planifiée, c'est-à-dire socialiste, de production et de répartition peut assurer aux hommes --à tous les hommes-- un niveau de vie digne et leur conférer en même temps le sentiment précieux de la liberté en face de leur propre économie. De la liberté sous deux sortes de rapports : premièrement, l'homme ne sera plus obligé de consacrer la principale partie de sa vie au travail physique. Deuxièmement, il ne dépendra plus des lois du marché, c'est-à-dire des forces aveugles et obscures qui s'édifient derrière son dos. Il édifiera librement son économie, c'est-à-dire selon un plan, le compas en main. Cette fois, il s'agit de radiographier l'anatomie de la société, de découvrir tous ses secrets et de soumettre toutes ses fonctions à la raison et à la volonté de l'homme collectif. En ce sens, le socialisme doit devenir une nouvelle étape dans la croissance historique de l'humanité. A notre ancêtre qui s'arma pour la première fois d'une hache de pierre, toute la nature se présenta comme la conjuration d'une puissance mystérieuse et hostile. Depuis, les sciences naturelles en collaboration étroite avec la technologie pratique ont éclairé la nature jusque dans ses profondeurs les plus obscures. Au moyen de l'énergie électrique, le physicien rend maintenant son jugement sur le noyau atomique. L'heure n'est plus loin, où, en se jouant, la science résoudra la tâche de l'alchimie, transformant le fumier en or et l'or en fumier. La où les démons et les furies de la nature se déchaînaient règne maintenant toujours plus courageusement la volonté industrieuse de l'homme.

Mais tandis qu'il lutta victorieusement avec la nature, l'homme édifia aveuglément ses rapports avec les autres hommes, presque comme les abeilles ou les fourmis. Avec retard et beaucoup d'indécision, il aborda les problèmes de la société humaine. Il commença par la religion pour passer ensuite à la politique. La Réforme représenta le premier succès de l'individualisme et du rationalisme bourgeois dans un domaine où avait régné une tradition morte. La pensée critique passa de l'Eglise à l'Etat. Née dans la lutte contre l'absolutisme et les conditions moyenâgeuses, la doctrine de la souveraineté populaire et des droits de l'homme et du citoyen grandit. Ainsi se forma le système du parlementarisme. La pensée critique pénétra dans le domaine de l'administration de l'Etat. Le rationalisme politique de la démocratie signifiait la plus haute conquête de la bourgeoisie révolutionnaire.

Mais entre la nature et l'Etat se trouve l'économie. La technique a libéré l'homme de la tyrannie des anciens éléments : la terre, l'eau, le feu et l'air, pour le soumettre aussitôt à sa propre tyrannie. L'homme cesse d'être l'esclave de la nature pour devenir l'esclave de la machine et, pis encore, l'esclave de l'offre et de la demande. La crise mondiale actuelle témoigne d'une manière particulièrement tragique combien ce dominateur fier et audacieux de la nature reste l'esclave des puissances aveugles de sa propre économie. La tâche historique de notre époque consiste à remplacer le jeu déchaîné du marché par un plan raisonnable, à discipliner les forces productives, à les contraindre d'agir avec harmonie en servant docilement les besoins de l'homme. C'est seulement sur cette nouvelle base sociale que l'homme pourra redresser son dos fatigué et --non seulement des élus-- mais chacun et chacune, devenir un citoyen ayant plein pouvoir dans le domaine de la pensée.
Mais cela n'est pas encore l'extrémité du chemin. Non, ce n'en est que le commencement. L'homme se désigne comme le couronnement de la création. Il y a certains droits. Mais qui affirme que l'homme actuel soit le dernier représentant le plus élevé de l'espèce homo sapiens ? Non, physiquement comme spirituellement, il est très éloigné de la perfection, cet avortement biologique dont la pensée est malade et qui ne s'est créé aucun nouvel équilibre organique.

Il est vrai que l'humanité a plus d'une fois produit des géants de la pensée et de l'action qui dépassent les contemporains comme des sommets sur des chaînes de montagne. Le genre humain a droit d'être fier de ses Aristote, Shakespeare, Darwin, Beethoven, Goethe, Marx, Edison, Lénine, Mais pourquoi ceux-ci sont-ils si rares ? Avant tout, parce qu'ils sont issus à peu près sans exception des classes les plus élevées et moyennes. Sauf de rares exceptions, les étincelles du génie sont étouffées dans les profondeurs opprimées du peuple, avant qu'elles puissent même jaillir. Mais aussi parce que le processus de génération, de développement et d'éducation de l'homme resta et reste en son essence le fait du hasard ; non éclairé par la théorie et la pratique, non soumis à la conscience et à la volonté.

L'anthropologie, la biologie, la physiologie, la psychologie ont rassemblé des montagnes de matériaux pour ériger devant l'homme dans toute leur ampleur les tâches de son propre perfectionnement corporel et spirituel et de son développement ultérieur. Par la main géniale de Sigmund Freud, la psychanalyse souleva le couvercle du puits nommé poétiquement "l'âme" de l'homme. Et qu'est-il apparu ? Notre pensée consciente ne constitue qu'une petite partie dans le travail des obscures forces psychiques. De savants plongeurs descendent au fond de l'Océan et y photographient de mystérieux poissons. Pour que la pensée humaine descende au fond de son propre puits psychique, elle doit éclairer les forces motrices mystérieuses de l'âme et les soumettre à la raison et à la volonté.

Quand il aura terminé avec les forces anarchiques de sa propre société, l'homme travaillera sur lui-même dans les mortiers, dans les cornues du chimiste. Pour la première, fois, l'humanité se considérera elle-même comme une matière première, et dans le meilleur des cas comme un produit semi-achevé physique et psychique. Le socialisme signifiera un saut du règne de la nécessité dans le règne de la liberté, aussi en ce sens que l'homme d'aujourd'hui plein de contradictions et sans harmonie frayera la voie à une nouvelle race plus heureuse.
iko
 
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Message par iko » 08 Jan 2005, 10:42

Je vois que vous êtes promptes à la détente.
Je dois disposer de moins de temps que vous, mais je vais essayer de ne pas trop vous impatienter.

a écrit :Et en quoi, si une maladie psychiatrique est — ou a du — génétique, cela rendrait nécessairement obsolète la théorie analytique ? 


Excuse moi, canardos, j'ai mal posé ma question.

J’ai des textes pour répondre aux tiens qui assassinent la validité de la psychanalyse, mais j’ai un problème de programmes informatiques.
On doit venir m'installer quelque chose pour alléger acrobate reader et un nouvel omnipage ; le mien a bogué.
On pourra mieux avancer et nous donner du temps.

Pourquoi t’acharnes-tu sur l’exclusivité génétique ?
ce n’est pas parce qu’on trouve des causes génétiques chez certains patients que l’affaire est réglée. A quel niveau vas-tu placer la force de l’acquis sur les processus psychiques, par rapport à l’inné ce qui occasionne des querelles depuis un siècle et demi. A partir de qu’elle pathologie ?
Pour que tes affirmations soient justes sur le rôle définitif des gènes dans les maladies mentales, il faudrait que tu apportes la preuve que tout délirant (pour garder le même exemple) a au moins un des gènes défectueux, mis en cause. En attendant cette découverte — et je te rassure nous aurons tous passé la main aux générations suivantes avant qu’il y ait une quelconque confirmation de tes propos, si elle a lieu un jour ; car ce jour là, où se situera la frontière entre le tout génétique et le parfois ou souvent génétique ? —, donc, en attendant cette découverte, rien n’interdit de présupposer que la cause n’est pas seulement génétique, que la génétique donne des facteurs de fragilisation, mais peut être absente comme un pneu neuf crèvera plus facilement si il a un défaut, mais peut crever quand même.

De plus nous allons bientôt tomber sur le problème du diagnostique en psychiatrie. Savez-vous que vous faites ringards en vous acharnant à répéter que les névroses peuvent être dues à autre chose qu’un gène, mais pas les psychoses. Vous faites ringards parce que les gens qui avancent la thèse du quasi tout génétique ont depuis vingt ans bannis le terme de névrose de leur diagnostique ! Il était trop freudien !

Posons les choses de manière logique et oublions un instant que la psychanalyse a été inventée.
Donc ma question :
Et en quoi, si une maladie psychiatrique est — ou a du — génétique, cela rendrait nécessairement obsolète une théorie qui essaye de rendre compte de ce qui se passe dans la rencontre régulière avec le patient ? mais pour ne pas limiter au seul pathologique dont les frontières varient selon les époques et les sociétés, ne peut-on pas, en étudiant les bébés, les réveils de comas, les schizophrènes, constater qu’il posent tous l’énigme de la naissance de la psyché et appréhender cette dernière par des concepts qui se forgent chemin faisant ?


iko
 
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Message par iko » 08 Jan 2005, 12:14

carnardos et rojo,

vous ne répondez pas à ma question qui vous demande d'oublier quelque temps la psychanalyse que vous haïssez tant, pour vous interroger sur la possibilité de se doter d'une théroie dans l'étude de ce qui se passe quand on est en relation avec un sujet souffrant.
et rassurez-vous j'ai bien lu vos 150 pages...

vous ne répondez pas non plus au fait que, si vous insistez sur les nouvelles nosographies que les neurosciences essayent de nous imposer, vous ne pouvez plus parler de névrose.
Savez vous que plusieurs chercheurs affirment avoir trouvé le géne de l'homosxualité ! Simon Le Vay en 1991 dit avoir trouvé le secrêt de l'homosexualité dans l'hypothalamus. Un autre chercheur, Dean Hammer, deux ans plus tard affirme avoir isolé le chromomsome de l'homosexualité à partir de l'observation de 40 frères jumeaux.
sans parler du livre paru il y quatre cinq ans sur l'intelligence et qui conclue, science à la main, que les blanc aux USA sont plus intelligents que les noirs !

iko
 
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