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Message Publié : 03 Fév 2005, 14:39
par faupatronim
(Le Monde @ 1er février 2005 a écrit :Les valeurs humaines sous l'œil des neurosciences



Lors d'un colloque international qui s'est tenu le 24 janvier à Paris, les chercheurs ont fait le point sur leurs progrès dans la compréhension des mécanismes cérébraux  humains. Ils tentent de visualiser des raisonnements mathématiques ou des émotions comme la honte ou la compassion.

Jusqu'où les neurosciences iront-elles dans la description et la compréhension de l'intimité des mécanismes cérébraux humains ? Parallèlement aux travaux visant à établir les bases biologiques de la conscience, cette discipline en plein développement ne craint plus de s'attaquer aux processus neurophysiologiques impliqués dans les raisonnements mathématiques et dans diverses émotions comme la honte ou la compassion.

Elle a aussi pour ambition de progresser dans la connaissance des bases moléculaires et cellulaires de différents aspects de l'expression humaine, qu'il s'agisse du comportement en société, de la créativité ou de l'empathie. Elle estime, enfin, pouvoir éclairer sous un jour nouveau des notions complexes comme la beauté, la bonté ou la vérité.

Le bilan des acquis et des travaux en cours a fait l'objet d'un colloque international, "Neurobiologie des valeurs humaines", qui s'est tenu le lundi 24 janvier à Paris, à l'initiative de la Fondation Ipsen et des professeurs Jean-Pierre Changeux (Institut Pasteur, Collège de France), Wolf Singer (Max Planck Institute for Brain Research, Francfort) et Antonio Damasio (université de l'Iowa).

RÉALITÉ BIOLOGIQUE

Nées de l'informatique associée aux multiples apports de l'imagerie cérébrale et de la neurobiologie, les neurosciences se sont, dans un premier temps, centrées pour l'essentiel sur les aspects cognitifs du comportement.

On estimait que l'étude des émotions était inaccessible car trop subjective et, à ce titre, impossible à quantifier. C'est, précisément, cette limite qui nourrit les vives oppositions séparant les tenants enthousiastes de cette approche et ceux qui persistent à penser qu'il existe une part subjective, unique, de la conscience. Une conscience caractérisée par ses propriétés intrinsèques, sa qualité (les spécialistes parlent ici de "qualia") et qui, par définition, ne peut qu'échapper à toute connaissance objective, générale et reproductible.

"Il est désormais possible d'établir des liens entre le raisonnement logique, généralement considéré comme la forme d'adaptation biologique la plus complexe, et les études sur l'imagerie du cerveau, estime Olivier Houdé (université Paris-V, Centre Cyceron, Caen). Ces liens soulèvent des questions essentielles sur l'influence des émotions et le rôle des erreurs dans le raisonnement. Ainsi, l'imagerie montre-t-elle quelles sont les régions cérébrales concernées lorsque l'on prend conscience que l'on s'est trompé. Cette peur de l'erreur réactive les réseaux cérébraux sans doute liés, dans le développement de l'enfant, aux échecs scolaires et aux punitions."

Les organisateurs du colloque expliquent que, d'un point de vue neurobiologique, les recherches menées dans plusieurs centres spécialisés en Europe et aux Etats-Unis ont bénéficié des progrès croissants dans la connaissance du mécanisme de convergence des informations cognitives et émotionnelles dans les lobes préfrontaux du cortex cérébral.

A partir de l'étude de certaines personnes souffrant de lésions cérébrales et de l'enregistrement de l'activité neuronale de singes, les chercheurs réussissent à comprendre comment les circuits neuronaux incluant les lobes préfrontaux participent à la perception de la beauté, à l'empathie, au comportement social, voire au jugement moral et à l'éthique. "La plasticité de ces circuits constitue vraisemblablement la base de la variabilité des réactions émotionnelles d'un individu à l'autre et de notre faculté à adapter nos réactions en fonction de notre expérience", avance Richard Davidson (université du Wisconsin).

Les chercheurs estiment, d'autre part, que les perspectives de développement de leur discipline sont d'autant plus larges qu'ils disposent de données plus détaillées sur le comportement d'espèces de primates très proches de l'être humain. "On observe aujourd'hui, chez les anthropoïdes et les singes, des valeurs longtemps considérées comme l'apanage des hommes, parmi lesquelles l'équité, l'empathie et la réciprocité, observent-ils. Ces découvertes permettent non seulement de cerner l'origine du développement de ces traits et le mécanisme de cette évolution, mais aussi d'effectuer des études expérimentales portant sur la fonction des neurones miroir dans le cortex du singe et sur leur rôle dans l'empathie."

Stanislas Dehaene (unité 562 de l'Inserm) s'intéresse, quant à lui, à l'imagerie du cerveau pendant la lecture, le calcul et le maniement d'objets mathématiques. Il cherche à faire le lien entre ces activités et la perception d'une forme de beauté intellectuelle née d'une synthèse mentale, non pas d'éléments artistiques, mais géométriques, numériques ou algébriques, qui s'intègrent dans un ensemble perçu comme harmonieux.

"Je m'intéresse tout particulièrement à la vérité dans les mathématiques, souligne-t-il. Nous commençons à voir et à comprendre pourquoi notre cerveau produit du vrai, pourquoi, comme se le demandait Einstein, les mathématiques collent au réel."On peut aussi, selon lui, penser que les facultés de déduction, comme l'esprit mathématique, se sont probablement développées à partir de la représentation dans le cerveau de nombreuses espèces animales, des notions d'espace, de temps et de nombre.

"Le paysage dans lequel s'inscrit notre discipline se modifie et les temps changent. Pour autant, il est vrai que nous continuons à susciter des anticorps,confie Olivier Houdé. Nous ne sommes toujours pas compris par nombre de psychologues ainsi que par les psychanalystes ; du moins par ceux qui se refusent à accepter cette évidence qui est que, pour Freud, tous les phénomènes psychiques, même les plus insaisissables, renvoient bel et bien à une réalité biologique."

Jean-Yves Nau

L'origine des images

Contrairement à une idée largement répandue, les images issues des examens d'imagerie cérébrale par résonance magnétique nucléaire ne sont pas le reflet direct de l'activité des neurones. Ces images sont construites à partir des variations du débit sanguin des vaisseaux du système nerveux central. Ces vaisseaux se dilatent très brièvement dans un délai de trois à quatre secondes après l'activation de la zone cérébrale qu'ils irriguent.

Les techniques actuelles d'exploration fonctionnelle permettent d'identifier en trois dimensions et avec une extrême précision ces modifications sanguines dans l'ensemble du cerveau. La précision dans le temps est toutefois insuffisante et doit être complétée par des examens spécifiques, comme l'analyse de l'activité électrique cérébrale. Avec les techniques dont ils disposent, les spécialistes estiment être capables d'analyser les séquences des opérations élémentaires comme la reconnaissance ou la non-reconnaissance, depuis la rétine jusqu'au cortex cérébral, d'une série de cinq lettres qui forment ou ne forment pas un mot sur une feuille de papier.

Message Publié : 05 Fév 2005, 13:43
par Wapi
a écrit :C'est un hold-up tranquille : les neurosciences ont mis définitivement le grappin sur un domaine de la réflexion humaine traditionnellement réservé à la philosophie, à l'histoire et à la sociologie


Ca donne ! Aussi sur le marxisme ? Dans un hold-up comme ça, on se défend contre les bandits !

Ou sinon, on va pouvoir aller à la pêche en attendant d'avoir les conclusions politiques de ces grands savants avec leurs diplômes.

Message Publié : 05 Fév 2005, 21:13
par Wapi
a écrit :ça ne te semble pas une merveilleuse aide pour un therapeute?


Canardos, avant de lancer des affirmations questionnantes comme ça, il faudrait que tout nous en déduise une théorie complète et surtout qui ait fait ses preuves cliniques (matérialisme oblige) dans le champ où on lui demande d'intervenir : celui de la réappropriation par le sujet de sa propre vie.

Ces interprétateurs des valeurs humaines déduites du bon fonctionnement neuronal ne nous apprennent rien d'autre que ce qu'eux-mêmes mettent déjà dedans, produit des rapports sociaux, pour faire très court. C'est leur faute méthodologique absolue, mais ils s'en foutent car ce n'est pas leur problème.

Il tiennent le marteau qui tape sur la tête en prétendant examiner le cerveau, et puis au passage, c'est pas la modestie qui les étouffe dans leurs conclusions...

Et puis peux-tu répondre sur le marxisme déduit des neurosciences ? Ou bien tu nous dis pourquoi tu n'es plus solidaire du journaliste quand il parle d'histoire et de sociologie.

Ce sont tes articles : c'est à toi de nous dire maintenant ici ce qu'est une valeur humaine en soi, puisque pour eux ça existe.

La cartographie du cerveau est une technique extrêment utile et une très grande avancée pour la neurologie, mais les conclusions thérapeutiques (entre autres) qu'avec leurs amis comcogs ces savants-là prétendent en tirer sont insensées.

Car si tu cherches un cerveau normal ou non pathologique duquel serait logiquement déduites des idées normales et des comportements normaux, ("qui servent de règle") tu vas te heurter très vite à d'immenses difficultés dans la définition de la "norme" quelle qu'elle soit (intellectuelle, affective, sociale, historique...)

Il faut pourtant que vous la fournissiez très précisément si vous êtiez des "scientifiques" conséquents.

Es-tu près à accepter dès à présent toutes les implications de leur redoutable méthode de travail interprétatif s'ils la développent ?
On a déjà la zone de la croyance en dieu dans le cerveau paraît-il, si c'est pas beau ! D'autres zones bientôt ?

Et puis ne te prive pas : tu peux aussi nous mettre les articles de ceux qui ont eu le "courage" politiquement incorrect d'aller jusqu'au bout de leurs affirmations, c'est stupéfiant ce qu'ils osent dire. Le cerveau des femmes et les cartes routières... pour faire dans l'ultra-soft, tu nous en trouveras des mieux, surtout en anglais I presume.

Allez, j'ironise, c'est de bonne guerre : à quand les neurosciences scientifiques au service du militantisme ?
Quel bonheur : on pourrait créer le grand parti aussi sûrement qu'on guérit définitivement un malade mental grêce à ces merveilleuses méthodes nouvelles et terriblement révolutionnaires !

Le général américain d'Etat major, parfait normopathe, qui a déclaré avant-hier à la télé qu'en Afghanistan c'était "sympa" de tuer des gens, qu'est-ce qu'elle nous dira de lui la cartographie de son cerveau, et surtout de ce que nous on en pense ou devrait en penser ?

Quand aux tests des comcogs, je pense qu'il aurait bon partout !

Donc encore une fois qu'est-ce que c'est que toutes ces "sciences" qui camouflent de l'idéologie partout ?
Qu'est-ce que ça veut dire ? Et puis d'où ça vient ? Et où ça nous emmène ? L'Histoire apporte un point de vue extrêmement éclairant je trouve sur ces questions...

Donc au mieux, on ne se comprend toujours pas, et on ne sait toujours pas de quoi on parle comme dirait Cyrano. Au pire, tu le fais exprès, je vais finir par le croire.

Comme j'aimerais qu'à la fin de l'envoi, il touche !

Message Publié : 06 Fév 2005, 04:32
par Wapi
a écrit :on va pouvoir comprendre non pas le contenu mais les modes de fonctionnement et d'échange des mecanismes conscient et inconscients....


Je vois encore plus clairement grâce à cette formulation que nous ne parlons absolument pas des mêmes choses et que donc... il faudra bien en tirer une conclusion un jour ou l'autre dans ce débat.

Donc Canardos,

Pourquoi perds-tu ton temps sur ce forum au lieu de rejoindre tes amis neurotout et de nous pondre :

1) Un traité complet de santé mentale déduite de l'imagerie du cerveau qui permette de proposer un type de soin efficace et approprié pour chaque patient, même ceux pour lesquels ça ne colle pas, tout en reformulant une nouvelle nosographie psychiatrique enfin définitivement valide et opérationnelle, le dsm 6 par exemple.

a écrit :mais il faut savoir se remettre en question quand les connaissances progressent


Cette affirmation étant tellement vague, je ne peux qu'être d'accord, et j'en profite donc en retour pour te demander de te l'appliquer à toi-même, afin que, éclairé par les révélations révolutionnaires des ces messieurs, tu nous écrives aussitôt après :

2) Un manuel de pédagogie cognitiviste pour faire assimiler plus rapidement et à un plus grand nombre de travailleurs les idées communistes, manuel destiné à l'usage des militants révolutionnaires.
Ce serait même la priorité N°1, tant il serait absolument idiot et suicidaire de nous priver, pour la construction du grand parti, des nouveaux outils incroyablement performants des sciences de l'apprentissage et de la communication déduites de la neurologie : école de Palo Alto, Analyse Transactionnelle et surtout Programmation Neuro Linguistique... (qui sont au passage parfaitement idéalistes...et bourrées de présupposés totalement dogmatiques malgré leur pétition "pragmatiste" de principe).

L'une et l'autre production appuyée évidemment sur l'observation attentive des bonobos, des chimpanzés et des gorilles dans les forêts d'afrique centrale, condition indispensable à la bonne compréhension du mécanisme des névroses, des psychoses et de la lutte des classes.

Tout ceci très sérieusement bien sûr.

Mais avant de nous séparer chacun vers les tâches qui nous attendent, un dernier retour à tes articles en matière de grandes découvertes fondamentales des neurosciences... le meilleur du colloque :

a écrit :Antonio et Hanna Damasio (université d'Iowa, Etats-Unis) ont étudié le fonctionnement du cerveau de centaines de malades atteints de lésions de ce cortex préfrontal. Ces patients ont des modifications constantes du comportement social, ne respectent plus leurs engagements, les codes sociaux, sont toujours en retard, et ce sans aucune atteinte de leurs capacités intellectuelles. C'est le niveau de leurs émotions, de leur sensibilité, qui est terriblement diminué.


On les avait vraiment attendu pour savoir qu'on pouvait être très névrosé socialement voire peut-être schizophrène ( "lésions du cortex préfrontal"...), et avoir quand même de grandes voire de très grandes capacités logiques ou bien artistiques par exemple, comme John Nash ou Van Gogh pour ne citer qu'eux parmi des millions d'anonymes.

Et puis :

a écrit :«Effectivement, précise Yves Christen, depuis les travaux récents de Damasio, le retour des émotions comme étant partie prenante des mécanismes cognitifs est la grande révélation de ce colloque.»


Quelle révélation éclatante de nouveauté et même totalement révolutionnaire : il y a un lien entre le désir et l'apprentissage ! Aucun instituteur ou enseignant je crois ne l'avait jamais remarqué ... pauvres ignorants que nous sommes face à de telles avancées vertigineuses de la science...

Si j'ai bien compris, pour devenir un fort en maths, en piano, en football ou en éthologie animale, il faut en avoir envie ? ça c'est profond comme remarque...

Ils vont bientôt nous dévoiler qu'une rencontre peut créer un désir, (une "émotion" ) et que celle-ci va pouvoir déclencher à son tour un processus intellectuel ou autre...

a écrit :j'ai donc du mal à comprendre en quoi tu te sens menacé et pas enthousiasmé de disposer d'un tel outil


La "menace" ? Mais ils ne menacent rien "théoriquement" ces gens-là, vu qu'ils ne disent rien de ce qui nous intéresse pratiquement, et que ce ne sont même pas eux qui ont fait avancer la pharmacologie !

C'est socialement seulement qu'ils sont dangereux, par les pratiques qu'ils mettent en place, et qu'eux-mêmes infèrent de leurs soi-disant théories.

Je te répète que je suis absolument favorable à la recherche scientifique dans tous les domaines et surtout celui du cerveau dès que l'on sait de quoi on parle. Mais là, on ne sait pas, ils ne savent même pas ce qu'ils racontent exactement.

Et l'enthousiasme viendra quand on sera capable d'en tirer ou même seulement d'en imaginer des conclusions sensées pour une pratique de soins ou autre.

A propos de "savoir de quoi on parle", j'ai quand même gardé le plus "philosophique" pour la fin, toujours en matière des prétentions de la cartographie du cerveau :

a écrit :Elle estime, enfin, pouvoir éclairer sous un jour nouveau des notions complexes comme la beauté, la bonté ou la vérité.


(Ils ont oublié le socialisme on dirait dans la liste).

Mais qu'ils nous donnent donc immédiatement des définitions de tous ces gros mots avant de prétendre les voir dans le cerveau !!!

Seulement j'imagine que si on leur demande ce qu'est "la vérité", ils vont nous répondre : la vérité, c'est ce qui apparaît dans le cerveau du cobaye quand il a bien choisi parmi plusieurs items dont un seulement correspond à la bonne réponse...

Encore un éclaircissement scientifique sans précédent dans l'histoire mondiale de la pensée, des origines à nos jours.

Un exemple pour mieux comprendre :

Imaginons un instant Arlette et Besancenot débattant sous électrodes avec leurs flux sanguins cérébraux projetées sur un écran télé : on verrait immédiatement chez qui s'illuminent les zones de "la vérité" quand ils discutent politique. Et on pourrait résoudre nos points de désaccord sans devoir lire plein de bouquins et avoir autant de discussions pour bien comprendre... Quel progrès pour la Cause !

Ah, que ce temps vienne bientôt... comme tout serait plus facile...

Un peu de sérieux, Canardos, car tout ceci ne tient pas la route bien longtemps.

Et à propos de tes suppositions sur mon gagne-pain, eh bien je te laisse encore un peu interpréter.

Message Publié : 06 Fév 2005, 13:10
par Puig Antich
Moi j'trouve ça marrant comme discussion. :D