
le romancier michael crichton fait maintenant faute de mieux partie des "experts" appelés au secours par la Maison Blanche et auditionnés par le Sénat ezt la Chambre des représentants pour nier la réalité du réchauffement climatique et soutenir le laisser faire de l'administration bush, le tout pétrole et le tout charbon....
dans son roman qui vient de sortir, ce sont meme les écologistes qui déclenchent artificiellement des catastrophes pour obliger le gouvernement à agir et prennent la place de Ben Laden comme nouveaux méchants.
dans le figaro trois articles sur le sujet:
l'article sur Michael Crichton:
l'interview de Crichton:
et la réponse des climatologues:
dans son roman qui vient de sortir, ce sont meme les écologistes qui déclenchent artificiellement des catastrophes pour obliger le gouvernement à agir et prennent la place de Ben Laden comme nouveaux méchants.
dans le figaro trois articles sur le sujet:
l'article sur Michael Crichton:
a écrit :
[center]Michael Crichton contre les climatologues[/center]
Olivier Delcroix
[17 janvier 2006]
L'auteur de «Jurassic Park» publie un gros roman «Etat d'urgence» où il dénonce une invention du réchauffement climatique par des scientifiques. (A lire également, l'interview de Michael Crichton)
Michael Crichton a le chic pour flairer les bons sujets. Diplômé d'anthropologie, docteur en médecine, créateur de la série Urgences, de Jurassic Park, réalisateur à ses heures de films cultes tels Mondwest ou La Grande Attaque du train d'or (avec Sean Connery, qu'il vénère), l'auteur de La Variété Andromède est surtout passé maître dans le «techno-thriller», avec La Proie, Harcèlement, L'Homme terminal, Soleil levant ou Congo (100 millions de livres vendus dans le monde).
Disons-le tout net, cet homme est terrifiant. Livre après livre, et en trente ans de carrière, il aura bâti son succès en faisant peur à ses contemporains. Son palmarès parle pour lui. Mais son maître coup reste Jurassic Park. Avant même que Steven Spielberg n'adapte sur grand écran (1993) cette histoire de dinosaures revenus d'entre les âges, grâce à quelques judicieuses – mais dangereuses – manipulations génétiques, elle s'était vendue à plus de dix millions d'exemplaires. Les raisons de ce succès ? Une solide documentation, un sens remarquable de l'intrigue et une capacité à jouer avec les fantasmes du public. La méthode Crichton (prononcez «Craïlletonne») prend presque toujours comme point de départ une nouveauté technologique, à partir de laquelle il bâtit un scénario catastrophe. Ensuite, la magie opère. On ne peut plus faire autrement que tourner les pages.
Le réchauffement de la planète serait un mythe
Avec son nouveau livre, notre «géant» des lettres (il mesure 2,05 mètres) s'attaque à un thème d'actualité que l'on pourrait qualifier de brûlant : le réchauffement de la planète. Rien que ça.
Tout commence par la mystérieuse disparition de George Morton, milliardaire philanthrope, soutenant la cause d'un puissant lobby écologique, qui vient d'attaquer en justice les Etats-Unis, accusés par le représentant de l'île de Vanuatu d'être les plus grands émetteurs de dioxyde de carbone au monde. En raison de l'élévation du niveau des océans dû au réchauffement climatique, cet atoll corallien serait menacé de disparition. Peter Evans, avocat de Morton, ne peut se résoudre à la mort étrange de son patron. Il se met alors à enquêter... et se trouve bientôt emporté dans le sillage d'un cyclone romanesque, mêlant complots, tsunami, écoterrorisme et tremblements de terre plus ou moins naturels.
Entre-temps, Crichton ne se sera pas privé d'affirmer, en 646 pages bien tassées, que le réchauffement de la planète serait en réalité un mythe, mis en place depuis une quinzaine d'années. C'est d'ailleurs la première fois de sa carrière qu'il n'hésite pas à parsemer son histoire de notes en bas de page qui renvoient à de nombreuses et très sérieuses publications comme Science, Nature ou les très officiels rapports de l'IPCC (sigle anglais du Giec, Groupe intergouvernemental sur l'évolution du climat). N'écrit-il pas, à la fin de son avant-propos, «la réalité est dans les notes» ? Bref, voilà qu'arrive en France ce best-seller polémique, anti-écologique, déjà vendu à plus d'un million et demi d'exemplaires aux Etats-Unis (plus de 50 000 exemplaires mis en place en France). Mi-pamphlet, mi-thriller, certes, mais totalement efficace !
* Etat d'urgence, de Michael Crichton. Traduit de l'anglais par Patrick Berthon, Robert Laffont, 646 p., 22 €.
l'interview de Crichton:
a écrit :
Michael Crichton : «Les gens doivent se demander si les peurs qu'on ne cesse de leur projeter sont réelles.»DR
«L'unanimité n'est pas une preuve de vérité»
Propos recueillis par 0.D. et C. de M.
[17 janvier 2006]
Le Figaro. - Qu'est-ce qui vous a donné envie d'écrire ce nouveau techno-thriller?
Michael Crichton. - En 1988, j'étais en train d'écrire un roman sur une catastrophe planétaire. Dans mes recherches préalables, je me suis documenté sur les conséquences de la catastrophe de Tchernobyl, dans la mesure où cela constituait, selon moi, la plus terrible catastrophe de ces dernières années. Pourtant, ce que j'ai découvert m'a sidéré. Tchernobyl est, certes, un tragique événement. Mais assez éloigné de l'idée que je me faisais d'une catastrophe planétaire. Cinquante personnes, environ, sont mortes à Tchernobyl. Ce qui correspond approximativement au nombre d'Américains qui sont tués chaque jour, dans les accidents de la route. Je ne voudrais pas paraître cynique, mais apprendre cela a remis en question mon projet d'alors. On n'écrit pas un roman sur une catastrophe planétaire, qui n'a fait que cinquante morts! Du coup, j'ai commencé à faire d'autres recherches susceptibles de me fournir l'inspiration d'un roman-catastrophe. A chaque fois que je trouvais une nouvelle idée, elle ne fonctionnait pas. C'est à ce moment-là que j'ai réalisé à quel point notre planète était immense. Et combien elle semblait capable de résister à tout. Il me fut tellement difficile de trouver une catastrophe planétaire digne de ce nom, que j'ai fini par renoncer à ce projet, et écrire La Proie. En 2001, j'ai lu un article où son auteur émetait des réserves sur le réchauffement climatique. Bien entendu, j'ai considéré que ces réserves étaient ridicules. Un peu comme si on émettait des réserves sur la théorie de la gravitation. Pour moi, le réchauffement climatique était depuis longtemps déjà, un phénomène indiscutable.
Par simple curiosité, j'ai commencé à farfouiller dans les registres sur la température planétaire. J'ai étudié les registres des stations météorologiques américaines, ainsi que ceux d'autres stations dans le monde. Sans aucun doute, on constatait une nette tendance au réchauffement, depuis 1850. Il était aussi indéniable que l'activité humaine avait contribué à faire augmenter le niveau de CO2 dans l'atmosphère. Dans la mesure où nous savons que le CO2 est un gaz à effet de serre, son augmentation devrait logiquement augmenter la température. Or, nous autres humains avons contribué à une augmentation du CO2 de l'ordre de 30%, depuis un siècle. Aussi, j'ai été relativement surpris lorsque j'ai appris que le réchauffement climatique de ces cent dernières années n'avait été que de 0,6 degrés celsius. Un demi degré en un siècle, cela ne paraît pas être ce qu'on pourrait appeler une crise.
Dans ce cas, pourquoi tout le monde est-il si inquiet ?
A l'évidence, le problème ne se situe pas dans le passé. Toutes les inquiétudes sont focalisées sur le réchauffement dans les années à venir. Mais de telles préoccupations doivent être fondées sur une appréhension scientifique de ce qui contribue à réchauffer la planète, ainsi que sur une estimation précise de la part de réchauffement dont l'homme est réellement responsable. Dans les faits, le réchauffement a commencé en 1850, c'est-à-dire avant le vrai développement de l'industrialisation. Il s'agit d'une tendance naturelle. Aujourd'hui, on superpose l'influence humaine à cette tendance. Mais quelle part réelle du réchauffement observé, est la conséquence de l'activité humaine ? La réponse que j'ai obtenue était décevante : les modélisations informatiques nous disent que l'origine du réchauffement est essentiellement humaine.
Et pourquoi une telle déception de ma part, me direz-vous? Parce que je ne pensais pas que les programmes informatiques sur le climat soient aujourd'hui suffisamment élaborés pour discerner une telle influence. En fait, je ne suis pas convaincu que la science fondamentale soit suffisamment bien comprise pour pouvoir être modélisée sous forme de programme informatique. Je ne crois pas que les modélisations soient capables de simuler, avec assez de précision, des phénomènes fondamentaux tels que les océans, ou les nuages.
Et je ne suis pas non plus convaincu que l'utilisation d'études prévisionnelles anciennes nous garantissent des résultats indiscutables. Par exemple, en 1988, des prévisions par ordinateur (publiées dans le New-York Times du 19 juillet 1988) prévoyaient une augmentation de la température de 20 degrés Celsius (30 degrés Fahrenheit) d'ici l'année 2075. Et une augmentation de 1,5 degrés Celsius dès 2005. Or, en réalité, l'accroissement de la température n'a été que d'environ un dixième (10%) de ce qui était prévu dans cet article. Dans les faits, les modélisations ont constamment surestimé le niveau de réchauffement observé. Voilà pourquoi je n'étais pas satisfait par ce que j'ai découvert. Et voilà pourquoi j'ai commencé à songer à écrire un livre sur le sujet. Je me doutais qu'un tel livre prêterait à controverse, comme cela s'est d'ailleurs effectivement produit. Mais j'ai considéré qu'il était important que les gens commencent à se demander si les peurs qu'on ne cesse de leur projeter sont réelles. Et méritent que l'on leur consacre autant d'énergie. Après tout, de nombreuses peurs: de l'explosion démographique jusqu'à l'extinction des ressources, ne se sont finalement pas matérialisés dans les formes terrifiantes que nous avions été conduits à redouter. Mon idée était que le réchauffement planétaire finirait, lui aussi, par être ajouté à la liste des peurs surestimées. Peut-être pas tout de suite, mais plus tard. En tous cas, voilà le type de raisonnement qui m'a amené à commencer ce nouveau roman.
L'humanité adore se faire peur: n'est-ce pas en train de devenir un piège dans lequel nous maintiennent nos gouvernements, afin de mieux nous contrôler ?
Tout à fait. C'est même l'argument fondamental du livre. Pour autant que je sache, personne ne conteste cette vérité (l'utilisation de la peur pour contrôler les personnes, NdT). Et il existe d'ailleurs un grand nombre d'études universitaires sur « les politiques de la peur »...
Dans Etat d'urgence, tout commence par le meurtre de Jonathan Marshall, un scientifique spécialiste en mécanique ondulatoire, capable de générer des Tsunami en laboratoire. Ne vous êtes-vous pas senti un peu prophète quand un tragique tsunami a balayé l'Asie du sud, le 26 décembre 2004?
Franchement, non. Cela a, certes, été une terrible tragédie. Mais cela ne m'a pas vraiment surpris. Pendant de nombreuses années, j'ai pris l'habitude de passer plusieurs mois par an à Hawaï, où les alertes au tsunami sont monnaie courante. Ma maison a été frappée par le tsunami de 1947, mais elle a survécu. Dans le Pacifique, un tsunami a lieu tous les trois mois. Des tsunamis particulièrement dévastateurs surviennent chaque année, quelque part dans le monde. La différence avec celui d'Asie du Sud-Est, c'est la puissance considérable du tremblement de terre, qui en a été à l'origine. Il a même fait bouger l'île de Sumatra, toute entière !
Pourquoi remettre en cause la question du réchauffement climatique, reconnue aujourd'hui comme irréfutable par la quasi-unanimité de la communauté scientifique internationale? Serait-ce une provocation littéraire, visant à une prise de conscience?
Il y a certainement beaucoup de gens qui voudraient nous faire croire qu'un réchauffement climatique catastrophique, d'origine humaine, est une théorie irréfutable au sein de la communauté scientifique. Pourtant, il existe de nombreuses raisons permettant de croire le contraire :
1.l'unanimité scientifique n'est pas une preuve de vérité. Le prix Nobel de médecine a été attribué, cette année, à des chercheurs ayant démontré le caractère infectieux des ulcères. Ils ont dû se battre pendant près de vingt ans contre le corps médical, contre les intérêts bien établis des industries pharmaceutiques et contre ceux des chirurgiens. Pourtant, ils avaient raison.
2.En terme de science, le mot «consensus» est quelque chose d'absurde. C'est la possibilité de reproduire des résultats qui compte réellement. Et historiquement, l'idée de « consensus » n'est proclamée que lorsque la science est faible, ou hautement théorique.
3. Ce soit-disant consensus est plus faible qu'on ne le prétend. L'étude, largement diffusée, qui avait été réalisée par Mme Naomi Oreskes (professeure associée au département d'histoire des sciences de l'université de Californie, San Diego, spécialiste en science environnementale, NdT) est erronée à un point tel, qu'on peut se demander si elle a été conduite de bonne foi. De nombreux articles publiés remettent en question la sagesse populaire conventionnelle. Nombreux sont les sondages qui montrent que les gens sont moins convaincu qu'on le voudrait. Hans von Storch, spécialiste allemand, directeur d'un institut de recherches côtières à Francfort, mène une étude tous les ans. La dernière date de 2003. Il a ainsi découvert qu'une majorité de scientifiques, spécialistes du climat, accordent du crédit à la théorie de l'origine humaine du réchauffement, dit «anthropogénique». Mais un pourcentage important (près de 25%) émet de sérieux doutes. Ce sondage a également révélé que moins de 10% de ces scientifiques sont d'accord avec l'affirmation selon laquelle les humains sont la cause principale du réchauffement en cours. Hum. Hum!
4. On s'aperçoit, à la lumière de la conférence de Montréal qui s'est tenue l'an dernier, que le sujet reste confus. Les protocoles de Kyoto se révèlent clairement impossibles à appliquer. Il n'est toujours pas prouvé que les Etats-Unis font moins bien que la plupart des signataires du protocole. Les émissions de gaz carbonique, depuis 1990, ont augmenté de 16% à 18% au Japon, de 24% au Canada, de 20% en Irlande, de 40% en Espagne, et de 53% au Portugal... Bien entendu, vous n'avez pas lu ces chiffres. Personne ne souhaite les rendre publics. Ils sont trop embarrassants. On préfère évoquer les émissions de gaz carbonique aux Etats-Unis en tonnes, et non pas sous forme de pourcentages.
5.plus des problèmes liés à Kyoto (indépendamment du comportement des Etats-Unis, la plupart des pays ne peuvent pas atteindre les quotas exigés, voire simplement s'en approcher), il existe un certain nombre de failles dans les sciences élémentaires. Tony Blair s'est déjà désolidarisé des protocoles de Kyoto. Je pense que ces protocoles seront abandonnés dans les trois prochaines années; et bien sûr, je pense que leur échec sera attribué au président Bush et aux Etats-Unis.
6. Si vous voulez connaître mon opinion sur le sujet, je crois que plus personne n'en parlera dans cinq ans. C'est déjà un sujet de polémique mort et enterré.
Pour revenir à mes intentions premières, je voudrais que les lecteurs prennent conscience des faiblesses de cette théorie, et de la tendance -plus générale- qui consiste à encourager la peur, pour des raisons fallacieuses.
Votre opinion n'a-t-elle pas évolué depuis la publication de votre roman, il y a plus d'un an? L'opinion publique américaine a, elle, beaucoup changé, notamment depuis les ouragans Katrina, Rita et Wilma...
Non, mon propre point de vue n'a pas changé. A cette différence près que mes estimations sur le réchauffement futur ne sont plus de 0,8 degrés Celsius, comme je l'écrivais initialement, mais plus proches de 0,5 degrés Celsius. Méfiez-vous de ce qu'on vous raconte sur l'opinion publique américaine, et son évolution. Ce que les Américains ont réellement appris de Katrina, c'est de se méfier de ce que raconte la presse, ces mensonges et ces inepties. Les nouvelles évoquant des morts, des coups de feu, des viols de bébés, des assassinats de toute sorte étaient fortement exagérées, quand elles n'ont pas été carrément infirmées. La majorité des pauvres gens qui sont morts étaient des blancs. De même, contrairement à ce que pensent la plupart des Européens, les Américains sont parfaitement habitués aux dégâts causés par ces tempêtes importantes. Celles-ci frappent de nombreuses régions du pays (y compris la côte Est, jusqu'à New York) avec une grande violence, et sont très connus. Katrina était peut-être plus important que d'autres ouragans. Mais il est loin d'avoir le plus dévastateur, et le plus meurtrier. L'hystérie provoquée par Katrina était temporaire. Et n'oubliez pas que de telles tempêtes sont extrêmement courantes. Il s'en produit une tous les quatre jours, quelque part dans le monde.
En tant que romancier, vous avez tous les droits. Sur le terrain du changement climatique, alors que les climatologues jugent eux-mêmes la question extrêmement complexe, quelle serait votre légitimité ?
Quel expert ne considérerait pas son sujet d'étude comme très complexe ? ils font tous cela. Dans tous les domaines des affaires humaines, on ne peut que bénéficier d'un regard extérieur. C'était mon rôle. J'ai présenté une bibliographie très détaillée à la fin de l'ouvrage. Par ailleurs, j'ai eu une formation scientifique et je suis titulaire de plusieurs diplômes de haut niveau. Si la guerre est une affaire trop importante pour la confier à des généraux (phrase attribuée à Clémenceau NdT), il est indéniable que la science du climat est une affaire trop importante pour être confiée aux scientifiques. En résumé, je dirais qu'il n'y a aucune raison pour qu'un profane ne puisse pas s'exprimer sur de tels sujets. Et on pourrait avancer de nombreux arguments en faveur de l'expression des personnes a priori étrangères à un domaine donné.
Vous écrivez dans votre Annexe 1: «Pourquoi la politisation de la science est dangereuse». Ne peut-on pas dire, pourtant que c'est ce que vous avez fait avec ce roman?
Pas du tout. La science est devenu très politisée à partir des années 80, bien avant que je ne m'intéresse à ce sujet. Prétendre que j'en aurais ajouté dans le domaine de la politisation serait une tentative pour rejeter le livre. L'affirmation selon laquelle ce livre est un livre politique (et par voie de conséquence, serait à l'ordre du jour de Bush) a été formulée par des organisations environnementales. Apparemment, ils ne sont plus capables de réfléchir dans des termes scientifiques, mais considèrent toute chose avec un point de vue politique. Le changement climatique est un sujet scientifique, et non pas politique.
Traduction Bertrand Caillé.
et la réponse des climatologues:
a écrit :
[center]La communauté scientifique dénonce une manipulation [/center]
Caroline de Malet
[17 janvier 2006]
EN ÉTAYANt son dernier roman sur des thèses à contre-courant du consensus scientifique sur le changement climatique, Michael Crichton savait qu'il ferait recette. Et pour cause : comme le relève Hervé Douville, climatologue à Météo France, «il est plus facile, pour faire parler de soi, de dire le contraire de tout le monde». Pari réussi. Ce romancier, médecin de formation, est en effet en passe de devenir l'un des porte-parole des sceptiques sur le changement climatique, au point que la commission de l'Environnement du Sénat américain l'a invité à présenter ses idées dans le cadre d'une séance consacrée au sujet le 28 septembre dernier.
Contestant la réalité du réchauffement, Michael Crichton n'en apporte pas pour autant de nouveaux arguments au débat, estiment les scientifiques qui ont lu son ouvrage. «Ce sont les lieux communs avancés habituellement par les sceptiques», estime Jean Jouzel, directeur de l'Institut Pierre-Simon Laplace et membre du bureau du Giec. «Mais il est celui qui fait la meilleure présentation de ces thèses», juge pour sa part Gavin Schmidt, climatologue au Goddard Institute de la Nasa et l'un des initiateurs d'un blog visant à établir la réalité du changement climatique (1).
Car les climatologues sont unanimes : Michael Crichton «a fait des choix arbitraires en ne prenant que les éléments à charge contre le réchauffement global», constate Hervé Douville. C'est ainsi que l'auteur de ce thriller parfaitement bien documenté relève, en vrac, le fait que l'Antarctique se réchauffe, que certains glaciers reculent, ou encore le fait que le climat s'est refroidi dans l'hémisphère Nord entre 1940 et 1970 et qu'il faisait plus chaud pendant la précédente période interglaciaire qu'aujourd'hui. De fait, comme le rappellent en choeur tous les chercheurs, le réchauffement climatique n'est pas un phénomène uniforme, il connaît des exceptions et il existe une variabilité du climat, régionale et interannuelle. «Mais ce qui est inquiétant, comme l'explique Jean Jouzel, c'est le rythme actuel du réchauffement, jamais vu. La machine climatique s'emballe.»
Une interprétation abusive
La caution scientifique apportée au livre, truffé de notes en bas de page faisant référence à des études très sérieuses consacrées au sujet, est, de fait, elle aussi biaisée. Car bien souvent, l'auteur fait dire aux scientifiques qu'il cite le contraire de leur message. Plusieurs se sont ainsi insurgés contre une interprétation abusive de leurs travaux comme David Etheridge, chercheur au CSIRO australien, Tom Wigley, du National Center for Atmospheric Research de Boulder (Colorado), ou encore Douglas Hardy, climatologue à l'Université du Massachusetts, cités par Chris Mooney, journaliste scientifique américain, auteur d'un ouvrage sur la politisation de la science (2). Gavin Schmidt raconte comment il a découvert ses propos avec Michael Crichton déformés dans ce livre, après l'avoir longuement reçu dans son laboratoire. «C'est de la grande manipulation !» lance Jean Jouzel. «Ce mélange des genres jette la suspicion sur le livre», juge Hervé Douville.
Les scientifiques ont eu le fol espoir que ce livre apporte une contribution intéressante au débat. Las ! «Le débat sur le caractère anthropique du réchauffement est dépassé depuis longtemps, on n'en parle même plus dans les grands congrès scientifiques.» Pour Hervé Douville, «aujourd'hui, la vraie question est de savoir comment ralentir le réchauffement».
Les scientifiques jugent recevable, en revanche, la mise en cause de la fiabilité des modèles de prévision climatique qui, selon Michael Crichton, ont toujours surestimé le réchauffement. «Il faut reconnaître que la prévision des modèles reste incertaine, admet Hervé Douville. Mais les scientifiques ont toujours été très prudents dans leurs prévisions.» «La première source d'incertitudes, c'est le comportement humain», souligne pour sa part Jean Jouzel.
Alors comment celui qui se définit comme un «profane» est-il en mesure d'établir ses propres prévisions de réchauffement pour le XXIe siècle ? Nul ne le sait. Certains scientifiques, selon lui, seraient sciemment alarmistes pour susciter un soutien. «Il est vrai que la façon dont on finance la recherche nous pousse à avoir des résultats spectaculaires pour qu'on s'intéresse à nos activités, reconnaît Hervé Douville. Mais les chercheurs sont plutôt conservateurs.»
Certains défenseurs de l'environnement ne se privent pas de dramatiser la situation. «Quand on a crié immédiatement après Katrina que le changement climatique était responsable et qu'on aurait pu l'éviter si Bush avait ratifié Kyoto, c'est faux ! On ne peut pas laisser dire des choses pareilles», s'insurge Gavin Schmidt.
Alors, comment expliquer une telle incompréhension de part et d'autre, tant de la part des médias qui en font parfois trop que des sceptiques qui contestent l'évidence ? «La climatologie est une discipline jeune, en construction, née du croisement de plusieurs disciplines, analyse le chercheur américain. Peut-être n'avons-nous pas encore trouvé le moyen de présenter nos travaux de façon suffisamment claire.» A bon entendeur.
(1) www.realclimate.org
(2) The Republican War on Science, Chris Mooney, Basic Books, 2005.