qui controle l'information scientifique?

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par canardos » 08 Fév 2006, 07:50

dans l'agence science presse:

a écrit :

[center]Qui contrôle l'information scientifique?[/center]

Contrôler ou ne pas contrôler l'information scientifique? Depuis qu'on a appris la semaine dernière que la NASA aurait censuré un expert du réchauffement, d'autres scientifiques sont sortis du placard. Mais c'est oublier un peu vite que la NASA a de tous temps contrôlé l'information scientifique.

La NASA: 350 employés... aux relations publiques. C'est, de mémoire d'homme, la plus grosse boîte de communications scientifiques de la planète.

Avec un tel effectif, inutile de dire que la NASA a toujours contrôlé l'information scientifique. Bien des nouvelles d'importance mineure se sont retrouvées dans les journaux, pas en raison d'un obscur complot, mais simplement parce que le service des relations publiques de la NASA est hyper-efficace.

Il faut savoir que depuis 25 ans, les budgets des salles de rédaction ont diminué, que plusieurs médias ont fusionné ou fermé leurs portes, et que le travail précaire a progressé dans la profession journalistique. Parallèlement toutefois, les budgets des relations publiques ont, eux, grimpé en flèche. Résultat: les compagnies et les organismes qui ont les moyens de bien faire parler d'eux ont beaucoup plus de chances d'effectivement faire parler d'eux dans les journaux. Et si, comme la NASA, ils parlent de sujets de nature à faire rêver, ils sont gagnants.

En général, les scientifiques ne se plaignent pas de cette forme de contrôle: ils sont bien heureux que leurs résultats obscurs sur les courants atmosphériques de Titan, les isotopes d'un caillou martien ou l'hydrogène d'un nuage interstellaire, fassent l'objet d'une conférence de presse! Mais la semaine dernière, on a eu droit à un exemple d'un scientifique dont les résultats ne concordaient pas avec la stratégie de relations publiques de son employeur.

Le dimanche 29 janvier, le New York Times révélait en effet que James Hansen, directeur de l'Institut Goddard des études spatiales (affilié à la NASA), et expert de 20 ans du réchauffement planétaire, accusait la Maison-Blanche de tenter de le bâillonner sur le lien entre les gaz à effet de serre et le réchauffement. À la NASA, on a confirmé que les conférences et articles à venir du Dr Hansen, de même que les demandes d'entrevues, devaient être approuvées par les relationnistes, tout en assurant que c'était là pratique courante.

Les journaux en ont fait leurs gorges chaudes le lendemain, mais depuis, on a appris que d'autres scientifiques se plaignent d'un semblable traitement. Steven Beckwith, astronome à l'Université Johns Hopkins et ancien directeur de l'Institut du télescope spatial Hubble, affirme que la NASA "interdit à toute son équipe de parler à la presse", en raison, selon lui, de la controverse qui entoure le télescope depuis quelques années (faut-il ou non prolonger sa vie).

Le Dr Hansen avait prononcé une conférence en décembre lors du congrès de l'Union géophysique américaine, au cours de laquelle il appelait à des actions rapides pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Ce qui en fait un "homme dangereux" aux yeux du gouvernement Bush, ironise le Boston Globe.

Depuis, en au moins une occasion, un responsable des relations publiques à la NASA, George Deutsch, a refusé à un journaliste une demande d'entrevue avec le Dr Hansen. La nomination de George Deutsch à ce poste, ont souligné à grands traits les médias, est le résultat d'une "nomination politique".

Dans un nouvel article publié le 4 février, le journaliste du New York Times rapporte que "plus d'une dizaine" de relationnistes de l'agence spatiale américaine, ainsi qu'une "douzaine de scientifiques de l'agence", lui ont parlé "d'efforts croissants" de la part de ces "nominés politiques" pour contrôler le flux d'information scientifique. Cela inclut l'effort mené par la NASA depuis l'année dernière pour ajuster sa vision au projet du président Bush de retourner sur la Lune d'ici 2020.

Le président du Comité de la Chambre des représentants sur la science, le sénateur républicain Sherwood Boehlert, s'est dit offusqué, dans une lettre envoyée au directeur de la NASA, de "cette atmosphère d'intimidation", qui ne peut que nuire à "de la bonne science", dit-il. Le directeur de la NASA, Michael Griffin, dans un courriel envoyé en fin de semaine à ses 19 000 employés, a fait amende honorable.

En revanche, le sénateur James M. Inhofe, avait auparavant défendu le travail des relationnistes par la voix de son porte-parole: "les communicateurs de la NASA ne font que remplir leurs obligations professionnelles".

James M. Inhofe est directeur du comité du Sénat sur l'environnement, et celui qui, en octobre (voir ce texte), a invité devant son comité, à titre "d'expert" du réchauffement, le romancier Michael Crichton. Ainsi va le contrôle de l'information scientifique...

Pascal Lapointe



canardos
 
Message(s) : 18
Inscription : 23 Déc 2005, 16:16

Message par canardos » 15 Fév 2006, 13:48

et ça continue...en Australie....

a écrit :

Le lundi 13 février 2006

[center]Réchauffement climatique : des scientifiques australiens «bâillonnés»[/center]

Agence France-Presse

Sydney

Trois scientifiques australiens ont affirmé lundi avoir subi des pressions du gouvernement pour qu'ils taisent leurs opinions sur le réchauffement climatique.

«On m'a dit que je ne pouvais rien dire qui indiquerait que j'étais en désaccord avec la politique du gouvernement australien», a déclaré à la télévision ABC Graeme Pearman, ancien directeur du département climat à l'Organisation de recherche scientifique et industrielle du Commonwealth (CSIRO), organisme indépendant.

L'Australie a refusé de ratifier le protocole de Kyoto de 1997, qui impose des limitations des émissions de gaz à effet de serre.

M. Pearman assure avoir été censuré au moins une demi-douzaine de fois lors de sa dernière année à l'agence.

Barney Foran, qui a récemment pris sa retraite du CSIRO, a, quant à lui, affirmé que le bureau du Premier ministre conservateur John Howard lui avait dit de ne pas aborder le sujet de l'éthanol.

Barrie Pittock, lui aussi cadre du CSIRO, a également dit avoir subi des pressions afin qu'il retire d'une publication gouvernementale des informations sur l'impact du réchauffement. «On m'a expressément dit de ne pas parler de la manière de réduire les (émissions de) gaz à effet de serre», a-t-il déclaré.

Un autre cadre du CSIRO, Steve Morton, a admis avoir ordonné à M. Pearman de ne pas prendre part à une discussion qui comportait clairement des recommandations politiques. «Je lui ai demandé de ne pas parler des objectifs et du calendrier selon lequel les réductions (des émissions) de gaz à effet de serre devaient être effectuées», a déclaré M. Morton.

Le ministre de l'Environnement, Ian Campbell, a nié toute censure. «Le gouvernement australien ne peut absolument pas admettre ce genre de situation», a-t-il assuré.

canardos
 
Message(s) : 18
Inscription : 23 Déc 2005, 16:16

Message par canardos » 18 Fév 2006, 14:01

un autre article sur les suites de l'affaire de la NASA (voir plus haut):

a écrit :

[center]Climat: la Nasa sous pression pour assurer l'indépendance de ses chercheurs[/center]


SAINT-LOUIS (AFP) - La communauté scientifique et le Congrès américains réclament de la Nasa qu'elle assure l'indépendance de ses chercheurs après que son principal climatologue eut dénoncé publiquement des pressions pour censurer ses travaux sur le réchauffement climatique.

Ces accusations, publiées fin janvier dans le New York Times, ont été depuis confirmées dans la presse par plusieurs employés des services des relations publiques de la Nasa.

Selon ces derniers, cités jeudi dans le quotidien, des hauts responsables de l'agence, nommés par la Maison Blanche sur des critères politiques, ont exercé de fortes pressions sur les services de presse et des scientifiques de la Nasa, surtout pendant la campagne présidentielle de 2004, pour réduire le flot des informations émanant de l'agence sur le climat, la fonte des glaciers ou la pollution.

Les communiqués de presse devaient également éviter de parler de "réchauffement atmosphérique", mais plutôt de "changement climatique", ont précisé ces employés, la plupart anonymement.

Interrogé vendredi par l'AFP, le porte-parole de la Nasa Doc Mirelson a démenti, affirmant qu'"il n'y avait jamais eu aucune pression exercée par le service des relations publiques pour façonner les informations".

L'administrateur de la Nasa, Michael Griffin, a confirmé jeudi "au Congrès la création d'un groupe de travail chargé d'examiner la politique et les procédures en matière de communication".

Devant des journalistes, M. Griffin, à la tête de l'agence depuis avril 2005, a ensuite estimé qu'"on ne devrait pas demander à des scientifiques d'ajuster, d'arranger ou de retoucher leurs travaux pour s'adapter à un programme politique particulier". Mais il a ajouté que les règles de la Nasa sur la diffusion d'informations "ne sont pas aussi claires qu'elles devraient l'être".

Il y a deux semaines, M. Griffin, un ingénieur reconnu pour son intégrité, avait lancé un appel pour "la transparence scientifique" dans l'agence.

La semaine dernière, un des responsables de la communication, George Deutsch, nommé par la Maison Blanche, a démissionné après avoir été accusé d'empêcher des journalistes d'interviewer le chef climatologue de l'agence, Jim Hansen. Celui-ci a dénoncé ces agissements à la presse.

La réaction de M. Hansen, qui dirige l'Institut des études spatiales au "Goddard Space Flight Center 1" et qui est soutenu dans la communauté scientifique, a eu un fort retentissement au Congrès.

Jeudi, le président républicain de la commission de la Science à la Chambre des représentants, Sherwood Boehlert, a estimé que "la Nasa avait encore beaucoup à faire pour assurer une pleine transparence scientifique".

Au Sénat, la présidente de la commission des Affaires publiques, la sénatrice républicaine Susan Collins et son collègue démocrate Joseph Lieberman, ont adressé une lettre à M. Griffin lui demandant des explications à la suite des accusations de censure lancées par M. Hansen.

Sans nier la réalité d'un réchauffement du climat, l'administration Bush se refuse à s'engager sur des réductions contraignantes des émissions de gaz à effet de serre, comme prévu dans le protocole de Kyoto.

Les Etats-Unis, premier pollueur mondial, ont rejeté ce protocole, en estimant notamment qu'il affaiblirait l'économie américaine.

M. Hansen avait publié en janvier une étude indiquant que 2005 avait été l'année la plus chaude depuis la fin du XIXe siècle. Des scientifiques britanniques avaient aussi indiqué récemment que le réchauffement climatique mondial paraît être le plus durable depuis 1.200 ans.

canardos
 
Message(s) : 18
Inscription : 23 Déc 2005, 16:16


Retour vers Sciences

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 1 invité