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[center]Faut-il manger moins gras?[/center]
L es résultats d’une importante étude sur les effets d’un régime allégé en graisses sur la survenue de certaines maladies sont a priori peu encourageants pour ceux qui tentent de manger moins de rillettes et plus de chou-fleur. Un suivi de 8 ans auprès de 50.000 femmes âgées de 50 à 79 ans ne montre pas de différence significative entre celles qui ont continué à manger normalement et celles qui ont mangé moins gras et augmenté leur consommation de fruits, de légumes et de céréales. Les risques de cancer colorectal, de cancer du sein ou de maladies cardiovasculaires ne sont pas réduits de façon significative dans le second groupe.
Faut-il pour autant laisser tomber les recommandations nutritionnelles actuelles ? Les auteurs de l’étude, qui fait l’objet de trois papiers publiés dans le JAMA, sont les premiers à pointer les limites de l’étude. Premièrement : les femmes ‘’au régime’’ devaient limiter à 20% les calories issues de matières grasses. Cet objectif n’a pas été totalement atteint : les auteurs estiment qu’au bout d‘un an cet apport était à 24%, puis 29% au bout de 8 ans (contre 37% en moyenne pour les autres).
Seconde limite : les femmes suivies dans le cadre de cette étude WHI (Women Health Initiative) n’ont commencé leur régime que tard dans leur vie, après la ménopause. Troisième limite importante : cette étude ne fait pas de différence entre les graisses saturées (graisses animales par exemple) et graisses insaturées (graisses végétales, graisses de poissons). Or les recherches récentes suggèrent que ces acides gras insaturés ont des effets bénéfiques sur la santé.
Que retenir de cette étude contrastée ? Les signataires des trois articles se gardent bien de renoncer aux actuelles recommandations nutritionnelles. Ils insistent sur la nécessité de réduire dans le régime alimentaire les graisses saturées et transformées et d’avoir une activité physique. Les chercheurs soulignent aussi que, si la réduction du risque de cancer ou de maladies cardiovasculaires n’était pas significative pour l’ensemble de la cohorte, elle était plus nette pour les femmes qui avaient une alimentation vraiment riche en graisses avant de se mettre au régime. L’heure de la réhabilitation des rillettes n’a pas encore sonné.
Cécile Dumas
(08/02/06)
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