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[center]Le centre de la Voie lactée abrite une étrange source de rayons gamma[/center]
LE MONDE | 10.02.06 |
Les astronomes n'ont parfois pas besoin de regarder bien loin pour être surpris. Au centre de la Voie lactée, notre galaxie, une équipe internationale vient de localiser une source inattendue de rayonnement cosmique de haute énergie. Ce dernier — principalement composé de flux de protons et de noyaux d'hélium — baigne toute la galaxie mais, selon ces travaux, il est à la fois plus énergétique et environ dix fois plus dense dans le centre galactique que dans la banlieue immédiate de la Terre. Ces observations ont été réalisées grâce à l'instrument HESS (High Energy Stereoscopic System), opérationnel depuis décembre 2003 et formé d'un réseau de quatre télescopes installés en Namibie.
La nature de la source de rayonnement cosmique mise au jour par HESS demeure l'objet de spéculations. "Il pourrait s'agir de l'onde de choc de l'explosion récente d'une étoile massive, c'est-à-dire des "restes" d'une supernova, ou encore le résultat de processus complexes en cours autour du trou noir supermassif qui se trouve au coeur de notre galaxie", explique Régis Terrier, chercheur au laboratoire Astroparticules et cosmologie (CNRS-université Paris-VII), coauteur de ces travaux, publiés le 9 février dans la revue Nature.
Pour cartographier la densité de ce rayonnement cosmique, les auteurs ont observé des photons gamma de très haute énergie. Cependant, pour "voir" ces photons, les chercheurs doivent s'armer de patience et d'instruments particulièrement affûtés. Car, bien plus énergétiques que ceux du domaine visible, ces grains de lumière sont aussi plus rares. "Il en passe seulement quelques-uns par minute et par hectare, explique M. Terrier. De plus, ils ne parviennent pas jusqu'au sol puisqu'ils réagissent dans la haute atmosphère." Aux alentours d'une dizaine de kilomètres d'altitude, ils produisent un flash de lumière bleutée, qui ne dure que 2 à 3 milliardièmes de seconde. Ce sont ces imperceptibles bouffées de lumière que traquent les télescopes de HESS.
Ces données seront bientôt complétées par celles du télescope spatial Glast (Gamma Ray Large Area Space Telescope) qui doit être placé en orbite en 2007 par la NASA. Les futurs développements de l'astronomie gamma devraient permettre de mieux comprendre le fonctionnement des pulsars — ces étoiles à neutrons fortement magnétisées — ou encore de parvenir à une certitude sur la nature des "accélérateurs de rayons cosmiques" découverts dans le centre de notre galaxie.
Stéphane Foucart