pesticides alimentation et santé

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par canardos » 21 Fév 2006, 14:28

dans le Monde d'aujourd'hui:

[quote=" "]


[center][b]Les pesticides, hôtes indésirables et dangereux des fruits et légumes[/b][/center]

LE MONDE | 21.02.06 |

Pour la première fois, les fabricants de pesticides seront présents au Salon international de l'agriculture, du 25 février au 5 mars, à Paris, sous la bannière de l'Union des industries de la protection des plantes (UIPP). Ces industriels, pris en étau entre une réglementation européenne qui se durcit - la moitié des 900 molécules chimiques actuellement utilisées ne devraient plus être autorisées en 2008 - et des critiques de plus en plus virulentes, veulent rappeler l'utilité des fongicides (contre les mousses et champignons), insecticides et herbicides.


Ces pesticides, qu'ils préfèrent désormais appeler "phytopharmaceutiques" et dont la vocation est de tuer certaines espèces pour en protéger d'autres, sont abondamment utilisés par l'agriculture intensive. Ils sont aujourd'hui mis en cause : des scientifiques dénoncent, en effet, les conséquences pour la santé des résidus que l'on trouve sur la moitié des fruits et légumes. Ces molécules, qui ont été identifiées dans le corps d'adultes et d'enfants, sont accusées de perturber le système endocrinien et pourraient être à l'origine de certains cancers.

La presque totalité des fruits et légumes que l'on achète en Europe n'ont pas été lavés et portent encore les traces des traitements chimiques opérés pendant les cultures. Le dernier rapport de la direction générale santé et protection des consommateurs de la Commission européenne montre que, si 95 % des échantillons sont conformes à la réglementation - autrement dit ne dépassent pas la limite maximale autorisée (LMR) -, 5 % dépassent cette limite, qui est fondée sur la prise alimentaire estimée d'une personne, sans distinguer l'adulte de l'enfant ni les différentes habitudes alimentaires. Certains fruits portent jusqu'à huit sortes de pesticides différents.

En France, premier utilisateur européen de pesticides (76 000 tonnes vendues en 2004), 6,5 % des fruits et légumes testés dépassent cette LMR : 20 % des salades sont non conformes, mais aussi des citrons, des oranges, des mandarines, ainsi que des pêches et des poires, selon les contrôles effectués en 2003 par la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF). Après l'enquête de Que choisir en mars 2005, l'Institut national de la consommation (INC) a donné des précisions en janvier 2006. Sur 150 lots de fruits et légumes, des produits chimiques non autorisés ont été détectés (sur des carottes et des salades) et la multiplication de produits sur un même végétal (notamment des poires italiennes et des raisins espagnols) a été mise en évidence. D'autres pays sont confrontés au même problème. En Grande-Bretagne, par exemple, l'ONG Soil Association a constaté que 84 % des fruits et légumes distribués dans les écoles contenaient des résidus dont 65 % provenaient de plusieurs produits sur un même aliment. Or "il ne devrait pas y avoir plus de deux ou trois résidus si l'on respecte les bonnes pratiques agricoles", s'alarme 60 millions de consommateurs dans son numéro de janvier.


[b]PROPOS RASSURANTS DES AUTORITÉS[/b]


Les professionnels font remarquer que les techniques de mesure s'améliorent et que certains pesticides peuvent être interdits dans certains pays et pas dans d'autres. Les problèmes viendraient de mauvaises pratiques agricoles qui restent minoritaires. Ces explications ne satisfont pas le professeur Dominique Belpomme, cancérologue à l'Hôpital européen Georges-Pompidou et fondateur de l'Association pour la recherche thérapeutique anticancéreuse (Artac), dont l'analyse contredit les propos rassurants des autorités. Le 7 mai 2004, il a lancé, avec deux Prix Nobel de médecine, François Jacob et Jean Dausset, et aussi avec Nicolas Hulot et Albert Jacquard, l'"Appel de Paris", signé par 150 000 personnes, un millier d'ONG et soutenu par le Conseil permanent des médecins européens. Ce texte établit un lien entre les produits chimiques courants et des maladies en augmentation comme le cancer et la baisse de la fertilité (environ 15 % des Européens ne peuvent pas avoir d'enfant).

"Les limites réglementaires en matière de résidus de pesticides ne protègent pas les gens contre les maladies, affirme le professeur Belpomme. Ce n'est pas la dose qui fait le poison, mais la répétition d'une dose, même infiniment petite, tout au long d'une vie. Il est scientifiquement prouvé que ces molécules perturbent le système de reproduction. Elles sont non biodégradables, s'accumulent dans la graisse humaine et se transmettent de la mère à l'enfant." Et, s'il n'est pas établi, "le lien est fortement supputé pour ce qui est des cancers, notamment les lymphomes", estime ce médecin. Ce propos ne laisse pas indifférente Barbara Gallani, du Bureau européen des consommateurs (BEUC), qui affirme que "le problème est encore plus crucial pour la nourriture pour bébé, où l'on trouve parfois des limites inférieures à celles imposées pour les légumes destinés aux adultes."

Alors même que "tous les paramètres qui sont utilisés pour garantir la sécurité du consommateur sont extrêmement sains et précis", rappelle l'Interfel au nom des producteurs de fruits et légumes qui, depuis dix ans, se sont organisés dans une démarche de production raisonnée, de nouveaux travaux de recherche pourraient être décidés par les fabricants, confie Jean-Charles Bocquet, directeur de l'UIPP. Une étude publiée dans la revue américaine Environmental Health Perspectives vient de montrer que la concentration de pesticides organo-phosphorés retrouvée dans l'urine d'enfants scolarisés en primaire diminuait lorsque ceux-ci étaient alimentés avec des légumes et fruits bio exempts, par nature, de pesticides de synthèse.



Florence Amalou

--------------------------------------------------------------------------------

[b]mode d'emploi[/b]

Pour les débarrasser de la poussière et des résidus de pesticides, les fruits et légumes frais doivent être nettoyés à l'eau. Attention à ne pas les laisser tremper trop longtemps, car ils perdent une partie de leurs sels minéraux et de leurs vitamines. Les melons, les pommes de terre ou les carottes peuvent être brossés.

L'épluchage. Il permet d'éviter l'ingestion des pesticides et des fibres irritantes pour le tube digestif. Mais il élimine aussi des minéraux, des vitamines et des antioxydants contenus dans la peau des fruits et légumes. Mieux vaut donc faire des épluchures fines, se contenter de brosser ou gratter à l'aide d'un couteau ou d'une éponge abrasive les légumes primeurs ; pour les courgettes, les aubergines et les concombres, laisser une partie de la peau. Chaque fois que possible, consommer la peau après un lavage soigneux.

Livre. Le Guide nutrition et santé, éditions Vidal, 480 p., 24 euros.

[/quote]

[quote=" "]


[center][b]Des produits qui s'immiscent dans l'air, les sols et les eaux[/b][/center]

LE MONDE | 21.02.06 |


Utilisés pour désherber les jardins, les bords des routes, les voies ferrées, etc., les herbicides, fongicides et insecticides sont surtout indispensables aux rendements élevés de l'agriculture intensive. Leur utilisation a été encouragée pendant des décennies par les pouvoirs publics et l'encadrement agricole.


De nombreuses cultures sont particulièrement gourmandes : le blé, le maïs, le colza, la vigne, les fruits et légumes. Un hectare de blé tendre reçoit en moyenne 6,6 traitements phytosanitaires en une saison, les vignes font l'objet d'une vingtaine de traitements par an, les vergers de pommiers, d'une trentaine. Or les pesticides persistent dans les produits alimentaires, mais aussi dans le milieu naturel. Le suivi de ces molécules est particulièrement difficile : elles sont très nombreuses et évoluent au rythme des innovations des firmes agrochimiques.

L'association France-Nature-Environnement estime qu'il s'agit d'un "empoisonnement chronique" du milieu naturel. Une expertise scientifique collective menée par l'Institut national de la recherche agronomique (INRA) et l'Institut de recherche pour l'ingénierie de l'agriculture et de l'environnement (Cemagref), publiée en décembre 2005, fait le point des données existantes.

Tout d'abord, des pesticides sont présents dans l'air. Lors de l'application des produits, 20 % à 50 % se retrouvent dans l'air. Les produits chimiques sont également présents dans les sols et dans les eaux, où ils arrivent sous l'effet du ruissellement des eaux de pluie vers les cours d'eau et les nappes phréatiques.

Selon les derniers relevés de l'Institut français de l'environnement (IFEN), effectués sur les données collectées en 2002, seules 5 % des rivières suivies "présentent des concentrations compatibles avec le développement sans risque de la vie aquatique et avec l'usage comme eau potable". Dans 40 % des cas, la présence de pesticides entraîne une qualité "moyenne, médiocre ou mauvaise", nécessitant des traitements spécifiques pour l'approvisionnement en eau potable. Dans les eaux souterraines, les pesticides sont présents dans 78 % des points contrôlés. Le renouvellement des nappes peut demander plusieurs centaines d'années.

Cette pollution génère des coûts : l'eau doit être traitée pour être rendue potable. Ce traitement n'est pas infaillible : en 2003, 9 % de la population française a été alimentée au moins une fois par une eau non conforme aux normes en matière de pesticides. Les effets cancérigènes, neurotoxiques ou de type perturbateur endocrinien des pesticides ont été mis en évidence chez les animaux, même à de très faibles doses.

Cependant ces effets sont "difficiles à mettre en évidence sur le terrain", en raison de la taille des populations et des territoires à observer. L'INRA et le Cemagref concluent à une "fragilisation des populations (dont témoignent de) moindres performances de reproduction et une vulnérabilité accrue à la prédation". L'exemple le plus connu est celui des abeilles, décimées par le Régent et le Gaucho, selon les apiculteurs. Les firmes qui commercialisent ces insecticides, dont l'usage est en partie suspendu, contestent cette affirmation, et attribuent les mortalités d'abeilles à d'autres causes.

Une chose est sûre : les milieux agricoles sont aujourd'hui les plus touchés par la perte de biodiversité, c'est-à-dire la disparition accélérée d'espèces animales et végétales. Les populations d'oiseaux communs présents dans les espaces agricoles, utilisées comme indicateur de la biodiversité, sont en net recul (- 27 % depuis 1989), tandis qu'elles restent stables dans les villes.

L'expertise menée par l'INRA et le Cemagref conclut à la nécessité de réduire l'usage des pesticides. Les possibilités techniques sont nombreuses : utilisation de variétés résistantes aux maladies, rotation des cultures, désherbage mécanique, etc. Elles sont plus complexes que les techniques intensives et ne permettent pas d'atteindre les mêmes rendements. Un "changement profond des pratiques est nécessaire si l'on veut rendre l'agriculture moins dépendante des pesticides", note Philippe Lucas, directeur de recherche à l'INRA. Aujourd'hui, rien n'est fait pour inciter financièrement les agriculteurs à ce changement. Au contraire. "La dépendance technique et économique de la production agricole vis-à-vis des pesticides est renforcée par les exigences (...) de produits "zéro défaut" et se conservant longtemps, note l'expertise. Et par le fait que le conseil en production phytosanitaire, la vente des produits et la collecte des récoltes sont assurés par les mêmes structures."

Gaëlle Dupont

[/quote]
canardos
 
Message(s) : 18
Inscription : 23 Déc 2005, 16:16

Retour vers Sciences

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 1 invité