Bon je vais me couché demain goulag du bosse oblige :-P (:|
a écrit :Guerre "écologique" entre Buenos Aires et Montevideo à propos d'usines polluantes
LE MONDE | 10.05.06 | 15h15 • Mis à jour le 10.05.06 | 15h15
BUENOS AIRES CORRESPONDANTE
Rien ne va plus sur les rives du Rio de la Plata, entre l'Argentine et l'Uruguay, pays voisins et unis historiquement par une culture et des coutumes partagées. Des liens qui semblaient s'être encore resserrés avec l'arrivée au pouvoir en Uruguay, en mars 2005, du socialiste Tabaré Vazquez, considéré proche du président péroniste Nestor Kirchner.
Pourtant depuis des mois Montevideo et Buenos Aires sont sur le pied de guerre à la suite de l'installation en Uruguay, grâce à des capitaux européens, de deux usines de fabrication de cellulose jugées polluantes par l'Argentine. Du côté argentin, les habitants de Gualeguaychu, dans la province d'Entre Rios, ont multiplié, depuis le début de l'année, manifestations et barrages routiers à la frontière. Ils dénoncent le fait que les deux usines, construites par les firmes finlandaise Botnia et espagnole Ence, vont contaminer le fleuve Uruguay qui sépare les deux pays, affectant une population de 300 000 habitants.
Le président argentin Kirchner s'est engagé dans la controverse. Flanqué de son gouvernement au complet, de 19 des 24 gouverneurs du pays et de nombreux responsables politiques, il a rejoint, vendredi 5 mai, plusieurs milliers de manifestants de Gualeguaychu, transformant la polémique en une cause nationale.
La veille, l'Argentine avait porté plainte contre l'Uruguay devant la Cour internationale de La Haye. Buenos Aires exige de retarder les travaux de construction des usines de 90 jours pour pouvoir réaliser une étude environnementale qui, selon Montevideo, a déjà été faite. Le gouvernement uruguayen menace de porter le conflit devant l'Organisation des Etats américains (OEA).
DIPLOMATIE IMPUISSANTE
Les barrages ont été levés la semaine dernière mais Montevideo calcule qu'ils ont entraîné des pertes de 400 millions de dollars pour l'Uruguay, le tourisme étant une de ses principales sources de revenus. Le président Vazquez a assuré qu'il n'abandonnerait pas la construction des usines, qui représente un investissement de 1,8 milliard de dollars, le plus important jamais réalisé dans ce petit pays d'Amérique du Sud.
L'impuissance de la diplomatie régionale pour régler un différend qualifié de "science-fiction" par un fonctionnaire uruguayen alimente les spéculations sur une rupture du Mercosur, l'union douanière sud-américaine, dont font partie l'Argentine et l'Uruguay, le Brésil, le Paraguay et le Venezuela.
Insatisfait du peu de poids qui est accordé à son pays au sein du bloc régional, M. Vazquez a envisagé la négociation d'un traité de libre-échange avec les Etats-Unis au cours d'un entretien, le 4 mai à Washington, avec George Bush.
L'affaire a pris une dimension internationale : la ministre finlandaise du commerce extérieur, Paula Lehtomaki, a récemment annulé un voyage en Argentine après que le président Kirchner a critiqué le manque d'implication de la Finlande pour résoudre le conflit.
Selon le quotidien argentin Clarin, le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, a même demandé à rencontrer M. Kirchner cette semaine à Vienne, en marge du 4e sommet entre l'Union européenne, l'Amérique latine et les Caraïbes, pour évoquer l'affaire. Pour sa part, Greenpeace, qui soutient les revendications des écologistes argentins, a qualifié de "ridicule" le discours de M. Kirchner brandissant l'étendard de la préservation de l'environnement.
Sur une affiche représentant le président argentin avec le nez allongé de Pinocchio, Greenpeace pointe que M. Kirchner ne s'est jamais préoccupé de ce thème dans son propre pays : ni de la pollution des usines de cellulose installées en Argentine ni de la grave contamination du Riachuelo, le fleuve qui baigne le sud de la capitale et la partie la plus peuplée du Grand Buenos Aires.
Christine legrand
Article paru dans l'édition du 11.05.06