qu'est-ce que le scientisme ?

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par canardos » 25 Août 2006, 10:35

vouloir tout expliquer par la science, vouloir considerer comme une vérité revelée ce qui n'est qu'une suite de tatonnements et d'approximations est certes une erreur. La plus grave erreur scientiste ce qui définit finalement le mieux le scientisme c'est la croyance dans le fait que le progres scientifique résoudra automatiquement les problèmes de la sociét quelque soit son organisation sociale.
La science est un instrument qui peut comme la langue d'Esope etre la meilleure ou la pire des choses selon la manière dont on s'en sert.

mais derriere la dénonciation du "scientisme" , derrière l'utilisation systématique de ce mot, ce n'est pas ça qu'on trouve actuellement le plus souvent, mais deux courants qui se recoupent en partie:

D'abord l'ensemble des courants obscurantistes antiscientifiques qui dénoncent tout simplement tout progres scientifique ou technologique en soi et pas pour l'usage qu'en fait le capitalisme, par exemple dans les mouvements anti ogm, dans les mouvements anti-nucléaires ou chez les décroissanteurs. C'est en quelque sorte l'erreur exactement inverse du scientisme. Back to the tree!

et puis l'ensemble du courant relativiste et post moderne anti matérialiste dénonçé par Sokal, un courant qui considère la science comme un systeme de croyance indépendant de l'observation, qui la met sur le meme rang qu'une religion et qui considere que, si l'on y croit, l'eau bénite vaut l'eau bouillie pour faire accoucher une femme.

un courant qui peut se manifester meme sur ce forum....et qui s'y manifeste d'ailleurs tres souvent sur le fil homeopathie et notamment des qu'on parle de l'effet placebo, un effet qui selon certains "n'est pas sans guérir"!
canardos
 
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Message par Jenlain » 25 Août 2006, 10:51

(Zelda @ vendredi 25 août 2006 à 10:59 a écrit : Je reviens sur la phrénologie : Idée qui sous-tend l'hypothèse (enfin une des idées, il y en a d'autres moins reluisantes) : Le cerveau commande les pensées, toute pensée a donc un siège matériel...

Bien vu.

Vouloir la localiser, trouver la bosse des maths, ou la zone vicieuse des criminels, c'est abuser de cette hypothèse et en tirer des conclusions hâtives, fausses et simplistes.

je ne pense pas que l'on puisse en vouloir à la phrénologie d'avoir voulu localiser des fonctions cognitives...
ca a été les premiers à s'opposer à ceux qui prétendaient que le cerveau était un et un seul organe, et qua ca n'avait pas de sens de vouloir trouver des spécialisations à tel ou tel partie du cerveau...
Au contraire ! Ca a été une intuition qui a marqué les neurosciences, ce qui a permis -entre autre- plus tard de voir apparaitre une sous discipline aux neurosciences : les neurosciences cognitives.
Leur erreur principale sur la localisation a été qu'ils cherchaient à localiser des choses trop vague comme l'amour, l'amitié, etc...
Mais ca a quand meme énormement inspiré des personnes comme Paul Broca. La phrénologie a été "précurseur" de beaucoup de choses, et nottament d'avoir ouvert le débat localisationniste - associationniste, qui a conclut à... une position intermédiaire =D>
Il ne faut pas oublier que la phrénologie date du XIXème siècle. L'ouvrage majeure de Gall date de 1820, soit 186 ans! Il faut remettre les choses dans son contexte... et ne pas oublier les apports des intuitions de Gall, parceque ca nous parait ridicule quasiment deux siècles plus tard de chercher une correlation entre une bosse sur le crane et une "capacité" cognitive.
Jenlain
 
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Message par shadoko » 25 Août 2006, 16:50

a écrit :
MA définition : scientiste s'oppose à scientifique, dans le sens que ça a la couleur de la méthode scientifique, ça en a l'odeur, mais que ça n'en est qu'une caricature. Je parle pour aujourd'hui, avec notre niveau social de connaissances scientifiques.

Je pense que ce n'est pas du tout la bonne définition. Ce que tu définis là, ce serait plutôt quelque chose comme "pseudo-science". Le mot "scientisme" désigne, à mon avis, plutôt une foi immodérée en la science, qu'elle résoudrait tout en tant que telle, etc...

a écrit :
Oui Jeanlain, OK avec ton message. Les erreurs scientifiques servent à avancer. C'est après coup qu'on peut les qualifier de scientistes.

Si tu emploies ici le mot scientiste avec ta définition, je ne suis pas tellement d'accord. Il y a des tas de trucs qui ont l'odeur de la science mais qui n'en sont qu'une caricature (ex: l'homéopathie, le créationnisme, etc...), et dont on sait très bien aujourd'hui qu'il ne nous feront pas avancer d'un iota, et qu'elles tirent plutôt en arrière le niveau général scientifique de l'ensemble de la population. Il n'y a pas besoin d'attendre qu'elles soient rangées dans les poubelles de l'histoire des sciences.

Cela dit, il y a effectivement des erreurs scientifiques qui permettent d'avancer. Mais ce sont souvent des "erreurs" dues à l'abscence d'expérience possible avec les moyens techniques de l'époque (alors on échafaude une théorie, sans pouvoir au fond y vérifier grand-chose), jusqu'à ce que finalement, on arrive à faire un test. Et dans toutes les réflexions qu'on a menées pour isoler certaines propriétés, jusqu'à pouvoir les tester, il reste évidemment beaucoup de choses qui permettent de développer la théorie d'après (par exemple, le cas de l'éther, ou de la continuité de la matière au niveau microscopique).

Par contre, il y a tout un tas de "pseudo-sciences" qui sont dans l'erreur tout simplement parce qu'elles n'ont rien de scientifiques dans leur méthode (pas de raisonnement, appuyées à fond sur les préjugés sociaux les plus rétrogrades, etc...). Je n'appelerais pas ça des "erreurs scientifiques", quelle que soit l'époque. Je ne connais pas précisément la phrénologie, mais le tableau que tu postes m'incite, à première vue, plutôt à la ranger dans cette deuxième catégorie. Par exemple, j'aimerais bien savoir:
(Jeanlain a écrit :
Leur erreur principale sur la localisation a été qu'ils cherchaient à localiser des choses trop vague comme l'amour, l'amitié, etc...

Et quelles expériences menaient-ils pour localiser tout ça?
shadoko
 
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Message par Louis » 26 Août 2006, 03:16

a écrit :LCR critique virulemment le "scientisme" ,qu'il faut certes combattre mais qui est un ennemi probablement plus riquiqui qu'il ne l'imagine, mais tu ne le verras jamais critiquer les pseudos-sciences (et les escroqueries intellectuelles),elles bien envahissantes et bien introduites .

Sans doute parce que le scientisme (et les scientistes) me parait bien plus vivace ici que la défense des "'pseudo sciences" ! :-P Comme d'ailleurs dans la société ! cette derniére, en particulier dans sa version capitaliste, est largement plus contaminée par le scientisme que par des "pseudo alternatives" qui me semblent plus participer de "'l"oposition du roi" qu'autre chose... Les pseudo sciences plaisent tellement aux scientistes que si elles n'existaient pas, il faudrait sans aucun doute les inventer...

a écrit : l'ensemble du courant relativiste et post moderne anti matérialiste dénonçé par Sokal, un courant qui considère la science comme un systeme de croyance indépendant de l'observation, qui la met sur le meme rang qu'une religion et qui considere que, si l'on y croit, l'eau bénite vaut l'eau bouillie pour faire accoucher une femme.


Le "relativisme" comme beaucoup de choses en "isme" a plusieurs acceptations, qui peuvent etre contradictoire J'ai toujours dit que "'mon" relativisme partait du fait que la science était AUSSI un phénoméne social et culturel meme si on ne peut pas la réduire a ça ! Mais evidemment mes adversaires scientistes pratiquent l'amalgame avec une constance qui frise la volupté et ressemblent a ceux qui rejettent le marxisme en renvoyant systématiquement celui ci aux élucubrations posadistes sur les soucoupes volantes !
Louis
 
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Message par canardos » 26 Août 2006, 07:48

je ne crois pas que je caricature ton relativime, louis christian rené, car tu te réclames du sociologue Latour et de son "relativisme cognitif". Sokal montre bien dans son livre "impostures intellectuelles" que le dit Latour ramene bien les theories scientifiques à des systemes de croyance au meme titre que les religions.

et dans le fil homeopathie, ton explication sur les bénéfices relatifs de l'eau bénite et de la science me donne aussi à penser que tu pratiques le meme relativisme cognitif.

les hypotheses scientifiques sont souvent les reflets des préjugés et de l'idéologie de leur temps. Elles peuvent etre dominantes à une certaine époque tout en étant archifausses. Cuvier était "fixiste" et refusait l'évolution mais son travail sur les fossiles, la classification et la géologie a justement permis d'infirmer ses théories et de vérifier la réalité de l'évolution à ses successeurs. Gould l'explique tres bien dans ses bouquins. La difference entre une hypothese scientifique et un systeme de croyances, c'est que celui qui la defend avance des elements materiels et la justifie par des preuves ou des indices qui peuvent etre verifiés.

Le juge de paix des hypotheses scientifiques c'est la réalité exterieure, et c'est le refus ou l'acceptation de ce juge de paix qui fait qu'une théorie, meme erronée, est scientifique ou pas.....et c'est ce juge de paix que Latour refuse. Par principe il ne prend en considération que la croyance sociale dans la vérité d'une théorie et refuse de considerer que ce sont les résultats de l'experimentation qui expliquent à long terme le succes d'une théorie ou d'une autre.

quand au scientisme, on peut lui donner deux définitions un peu differentes.

La première c'est la confusion de la carte et du territoire. des theories scientifiques et de la réalité matérielle alors que les theories sont des abstractions du cerveau humain qui n'appréhendent et n'expliquent que de façon tres incomplete et imparfaite un aspect de la réalité, et qui, meme si elles fonctionnent plus ou moins dans des limites données, sont susceptibles d'etre révisées, ou remises en cause au fur et à mesure des progres de l'observation et de l'experimentation.

La seconde, c'est la croiyance dans le fait que le progres des sciences et de la technologie va permettre de résoudre tous les problèmes de l'humanité.

un marxiste ne peut etre scientiste cat il sait bien que au contraire la croissance des forces productives entraine l'inadéquation des rapports de production que cette crise ne peut etre résolue que par l'instauration de nouveaux rapports de production, par une révolution.

le developpement des forces productives permet l'instauration d'une société socialiste. Mais à rapports de production inchangés, la crise du capitalisme provoquée par ce developpement conduirait l'humanité à sa perte.

La science est neutre et, selon les forces sociales qui l'utilisent, les connaissances scientifiques peuvent, soit nous aider à résoudre nos problemes, soit servir au profit maximum ou à la confection d'armes au détriment de l'environnement et de la vie humaine.

Tous ceux qui veulentt des moratoires sur la recherche sur les cellules souches, qui manifestent contre ITER, qui détruisent des essais d'OGM, qui se disent "antinucléaires" ou "antiogm" qui dénoncent et demandent l'interdiction d'une technologie sont en fait des scientistes inversés, qui commettent dans le sens contraire la meme erreur que les vrais scientistes.

Comme disait Boris Vian dans sa chanson "la bombe atomique" le vrai probleme c'est l'endroit ou elle tombe!
canardos
 
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