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Message Publié : 20 Sep 2006, 05:42
par canardos
dans un journal canadien:

a écrit :

Le mercredi 06 septembre 2006

 
DURANT LA GROSSESSE

[center]Une consommation modérée peut transmettre l'alcoolisme à l'enfant[/center]

Thomas Gervais

La Presse


Les femmes enceintes qui boivent, même modérément, pourraient bien transmettre le penchant pour la dive bouteille à leur progéniture. Des chercheurs australiens font état de cette récente découverte dans le numéro de septembre du Journal de l'Association médicale américaine, après avoir suivi 2138 jeunes du moment de leur conception jusqu'à l'âge de 21 ans.

Ceux dont la mère avait bu, ne serait-ce que trois consommations en une seule occasion, au début de leur grossesse, courent 2,5 fois plus de risques de contracter une dépendance à l'alcool avant l'âge de 18 ans.

«C'est une étude d'une grande importance, affirme Gideon Koren, professeur de pédiatrie à l'Université de Toronto. Elle démontre que même une très faible quantité d'alcool, tôt dans la grossesse, peut avoir un impact sur le développement de l'enfant.»

Dans le confort du giron maternel, le petit chérubin en devenir passe les huit premières semaines de son existence à se fabriquer une enveloppe charnelle. Dès la cinquième semaine, le cerveau et le coeur sont déjà en action.

Les résultats présentés par Rosa Alati, de l'Université de Queensland, indiquent que la présence d'alcool à ce moment crucial du développement pourrait modifier l'expression de plusieurs gènes utilisés dans la construction du système mésolimbique.

Cette partie du système nerveux est reconnue pour sa participation au développement de la dépendance chez l'adulte, parce qu'elle contrôle directement les circuits de conditionnement et de récompense de l'être humain.

Des tests effectués sur des rats en 2005 avaient d'ailleurs mis la puce à l'oreille des chercheurs. Les rongeurs qui avaient été exposés à de l'alcool in utero ont recherché cette substance activement durant leur adolescence, contrairement à leurs congénères traités «à l'eau».

Capacité d'apprentissage

Qui plus est, tout comme pour les enfants observés, leur dépendance était accentuée lorsqu'on les exposait à une quantité élevée et subite d'alcool plutôt qu'à une dose plus faible mais régulière.

L'être humain, certes, s'est vu doter d'un système nerveux bien semblable à celui des autres mammifères. Mais c'est sa capacité d'apprentissage unique qui fait ajouter au Dr Koren d'importants bémols aux récents résultats.

«Les femmes qui boivent durant la grossesse vont très souvent continuer à boire après, confie le chercheur. On ne peut alors différencier une dépendance physiologique d'un simple mauvais exemple parental.»

Alors, quand, où et comment doit-on consommer durant la grossesse? «J'ai posé la question à plusieurs médecins et ils m'ont tous répondu "avec modération". Mais ils m'ont tous donné des quantités différentes», explique Marianne Giguère, une jeune enseignante montréalaise qui attend l'arrivée imminente de la cigogne. Dans le doute, elle s'est abstenue et a troqué sa gueuze favorite contre de la Beck à 0 %.

ALCOOLISATION FOETALE

Selon Santé publique Canada, l'ensemble des troubles causés par l'alcoolisation foetale (ETCAF) touche environ 300 000 personnes au Canada. Des personnes de tout âge peuvent être atteintes et il n'existe aucun traitement pour l'enrayer.



Message Publié : 20 Sep 2006, 05:48
par canardos
a écrit :

[center]L'alcoolisation fœtale est la première cause non génétique de handicap mental chez l'enfant»[/center]

INTERVIEW • Philippe Lamoureux, directeur général de l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (INPES), a lancé la nouvelle campagne «~Zéro alcool pendant la grossesse~» diffusée dans la presse quotidienne et dans une vingtaine de titres de la presse nationale du 13 septembre au 16 octobre • Il répond aux questions de Libération.fr •


Par Stéphane GARIN
LIBERATION.FR : Mercredi 13 septembre 2006

Comment s’est décidée la campagne de presse «Zéro alcool pendant la grossesse» ?

À l’origine, il y a eu le dispositif législatif avec la loi du 19 octobre 2004 sur «l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées». Une mesure a été adoptée prévoyant un étiquetage sur les bouteilles d’alcool, une phrase ou un pictogramme qui avertira les femmes enceintes des dangers de l’alcool. L’INPES veut avec cette campagne d’accompagnement informer et familiariser sur ces risques. Une consommation quotidienne d’alcool, même très faible, ou des ivresses épisodiques pendant la grossesse sont susceptibles d’entraîner un retard de croissance du fœtus ou un accouchement prématuré ainsi que des troubles psychiques ou comportementaux chez l’enfant exposé. Le syndrome d’alcoolisation fœtale (SAF) constitue l’atteinte la plus grave de l’exposition prénatale à l’alcool. Il se manifeste notamment chez l’enfant par des anomalies faciales, une malformation de la boîte crânienne et de l’encéphale ainsi que des dommages du système nerveux central. L’alcoolisation fœtale est la première cause non génétique de handicap mental chez l’enfant. En vertu du principe de précaution, nous recommandons aux femmes enceintes de s’abstenir de toute consommation d’alcool dès le début de leur grossesse et pendant toute sa durée.

Avez-vous prévu des spots télévisuels ?

Nous n’avons pas prévu de campagne télévisuelle sur ce sujet spécifique. La télé est un média très puissant pour la population en général ou ciblée, nous travaillons régulièrement avec, mais nous devons hiérarchiser les campagnes de préventions sanitaires. Notre dernière campagne à la télévision incitait les buveurs réguliers excessifs à réduire leur consommation pour diminuer leurs risques de maladie. Afin de faire connaître le message «Zéro alcool pendant la grossesse», la campagne d’information est déclinée en direction du grand public dans la presse quotidienne nationale et régionale et sera diffusée dans une vingtaine de titres de la presse magazine. Des annonces seront également publiées dans la presse médicale, tandis que gynécologues, sages-femmes et PMI recevront un courrier de sensibilisation ainsi que plusieurs exemplaires d’un document d’information à remettre à leurs patientes.

Combien a-t-on recensé d’enfants atteint du syndrome d’alcoolisation fœtale?

Les données épidémiologiques sont assez peu précises. Nous nous basons actuellement sur l’expertise collective réalisée par l’Inserm en 2001 «Alcool, effets sur la santé» qui relève que 700 à 3 000 enfants, sur les 750 000 naissances annuelles, seraient concernés par un SAF grave, avec une incidence observée plus élevée sur l’Ile de la Réunion, dans le Nord-Pas-de-Calais et en Bretagne.
Nous mettons actuellement en place un protocole de surveillance épidémiologique pour se donner un outil de mesure.