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vendredi 22 septembre 2006 [center]Les canons à neige à l'assaut des montagnes[/center] Par Emmanuel ANGLEYS MEGEVE (AFP) - Les canons à neige qui se multiplient dans les stations de sports d'hiver permettent de soutenir l'activité quand la neige se fait rare, mais suscitent également des inquiétudes pour l'environnement. A l'origine, la neige de culture était prévue pour pallier ponctuellement une absence de revêtement sur les pistes, a rappelé Jean-Claude Domenego, vice-président du Club alpin français, lors d'un congrès international à Megève sur l'eau en montagne. Mais aujourd'hui, "son utilisation est systématique afin de garantir à tous ceux qui viennent en montagne la possibilité de faire du ski de décembre à mars-avril", a-t-il fait remarquer. Pour les stations, l'intérêt économique est évident. "C'est essentiel pour la commercialisation de nos séjours", a reconnu André Périllat-Amédée, maire du Grand-Bornand, rappelant au passage l'importance des emplois en jeu. Les aléas de la météo depuis une vingtaine d'années ont en effet jeté une ombre sur les séjours de ski. "Les précipitations neigeuses ont tendance à diminuer", a indiqué Pierre Etchevers, directeur du centre d'études de la neige à Météo France. Dans les Alpes, "il y a une tendance très nette à la diminution de l'enneigement et à un raccourcissement de la période d'enneigement", a-t-il ajouté. Et le réchauffement climatique en cours ne va pas arranger les choses. Les stations de moyenne montagne (en dessous de 1.800 m) sont directement menacées par la raréfaction de la neige, tandis que "près de la moitié des glaciers en France auront disparu d'ici la fin du siècle", a averti M. Etchevers. Résultat, les canons à neige prolifèrent et avec eux, les projets de création de retenues d'eau en altitude nécessaires à leur alimentation. Cent quatre vingt onze stations en sont équipées sur un total de 330 en France, ces installations permettant d'assurer l'enneigement de 18% du domaine skiable. Une vingtaine de "retenues collinaires" sont en cours de réalisation dans les Alpes, a indiqué Alain Marnezy, géographe, professeur à l'université de Savoie. Et la tendance est aux volumes géants: 200.000 m3 pour un projet aux Deux Alpes, 400.000 m3 au Grand Bornand alors que le volume moyen de ces cuvettes artificielles est de 40.000 m3. Ces installations constituent "un maillon indispensable au dispositif des stations de sports d'hiver mais elles souffrent d'une perception négative très exagérée", a-t-il estimé, évoquant la "crainte d'une artificialisation de la montagne". Une véritable course pour l'eau est lancée lors des pics de fréquentation touristique, quand les skieurs veulent prendre plusieurs douches par jour et profiter de pistes correctement enneigées. Ces retenues d'eau nécessaires au fonctionnement des canons à neige sont en compétition avec les installations hydroélectriques d'EdF, pourtant bien antérieures à la neige de culture. Elles peuvent également avoir un impact sur l'alimentation des torrents et le maintien des zones humides et marécageuses. Les promoteurs de la neige artificielle font valoir que l'eau ainsi utilisée est restituée sur les pistes à l'aval, avec un décalage dans le temps. L'impact sur le milieu naturel est limité, selon les spécialistes. "L'impact direct de cette neige fabriquée sur la végétation des pistes semble peu important, mais l'impact indirect dû au damage est plus préoccupant", a déclaré Françoise Dinger, ingénieur consultant. "Sur le long terme, il y a des risques de disparition des espèces végétales précoces", a-t-elle ajouté. [/quote] |