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[center]Par thérapie génique, une équipe française rend la vue à des chiens aveugles[/center]
LE MONDE | 05.10.06 |
Spectaculaire autant qu'encourageante, l'information est de nature à relancer les espoirs placés dans la thérapie génique, qui peine à trouver sa place dans le champ médical. Une équipe de biologistes français dirigée par Guylène Le Meur et Fabienne Rolling (Inserm - CHU de Nantes) devait annoncer, jeudi 5 octobre sur le site Internet de la revue Gene Therapy, qu'elle a rendu la vue à des chiens aveugles grâce à un protocole expérimental de thérapie génique.
Ce travail a été mené sur un groupe de 8 briards porteurs d'une double anomalie génétique affectant spécifiquement certaines cellules de la rétine et conduisant à une cécité totale dès la naissance. Cette pathologie actuellement incurable est dénommée amaurose congénitale de Leber. Chez l'homme, cette forme de rétinite pigmentaire entraîne l'apparition d'une quasi-cécité dès l'enfance. Les enfants atteints souffrent dans un premier temps de difficultés à fixer et à suivre du regard. Les examens médicaux du fond de l'oeil sont en général normaux dans les premiers mois, mais une atrophie irréversible de la rétine s'installe ensuite progressivement.
ACTIVITÉ ÉLECTRIQUE
Cette pathologie est due à des dysfonctionnements dans les communications entre les cellules rétiniennes photoréceptrices et celles de l'épithélium rétinien, la couche la plus profonde de la rétine, où le signal lumineux est converti en signal électrique, seul interprétable par le cerveau.
On sait aujourd'hui que des mutations affectant huit gènes différents peuvent être la cause de l'amaurose congénitale de Leber. Parmi eux figure le gène RPE65. L'expérience des chercheurs français a consisté à transmettre aux cellules de l'épithélium rétinien un promoteur de ce gène déficient, intégré dans un vecteur viral. Ce virus transformé a été injecté via l'humeur vitrée au sein même de l'épithélium rétinien sans toucher les photorécepteurs. En pratique, ce traitement expérimental n'a été appliqué qu'à un seul oeil pour chaque chien.
Chez 7 des 8 chiens traités à un âge compris entre 8 et 11 mois, les chercheurs ont pu, 15 jours après l'injection, observer le retour d'une activité électrique au niveau de la rétine, témoin de la restauration de la fonction des photorécepteurs. Les chercheurs ont également soumis les chiens à un parcours d'obstacles, ce qui a permis d'évaluer leur capacité à les éviter. Quant au huitième animal, qui avait été traité après l'âge de 30 mois, il n'a pas recouvré la vue, ce qui laisse penser qu'un nombre suffisant de photorécepteurs doit être encore présent dans la rétine pour que le traitement soit efficace
Le premier essai chez l'homme est déjà à l'étude. Il ne devrait toutefois pas être mené avant quelques années. On estime que l'amaurose congénitale de Leber touche 1 000 à 2 000 enfants en France et que 10 % d'entre eux sont porteurs d'une mutation du gène RPE65.
Jean-Yves Nau