des embryons humain - animal

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par canardos » 06 Oct 2006, 15:55

a écrit :

[center]Des équipes britanniques vont créer des embryons mêlant l'humain à l'animal[/center]

LE MONDE | 06.10.06 |


Dans son édition datée du jeudi 5 octobre, le quotidien britannique The Guardian révèle que trois équipes britanniques de biologistes de renom s'apprêtent à créer, via la technique du clonage, des embryons chimériques. Ceux-ci seraient obtenus à partir d'un noyau de cellule humaine placé au sein d'un ovocyte de lapine ou de vache, préalablement énucléé. De tels embryons seraient dotés d'un matériel génétique pour l'essentiel humain (celui présent dans le noyau de la cellule) associé à un soupçon d'ADN animal, présent dans les mitochondries du cytoplasme de l'ovocyte.

La demande officielle pour mener ce travail expérimental a été déposée auprès de la Haute Autorité britannique en charge des activités d'assistance médicale à la procréation et à la recherche en embryologie (HFEA), qui n'y verrait pas d'opposition de principe. En effet, la Grande-Bretagne a autorisé en 2004 la création d'embryons humains à de seules fins scientifiques. Les laboratoires souhaitent notamment, à partir de ces embryons chimériques, étudier le devenir de lignées de cellules souches porteuses d'anomalies génétiques responsables d'affections neurodégénératives.

Fabriquer de tels embryons n'a rien d'irréalisable. En 2003, une équipe chinoise avait annoncé, dans la revue Cell Research, être parvenue à créer une chimère embryonnaire "homme-lapin" dont elle avait obtenu des lignées de cellules souches semblant perdre progressivement leurs caractéristiques animales. Cinq ans auparavant, les chercheurs de la société américaine Advanced Cell Technology affirmaient avoir réussi à implanter le noyau d'une cellule humaine adulte dans un ovule de vache préalablement vidé de son noyau (Le Monde du 14 novembre 1998).

Les responsables de cette firme reconnaissaient que de telles expériences soulevaient de sérieuses questions morales, mais ils estimaient, en substance, que les bénéfices scientifiques et médicaux attendus étaient supérieurs aux risques encourus, et notamment au fait que l'on pourrait créer des êtres vivants pour partie humains, pour partie animaux.

En France, la loi de bioéthique du 6 août 2004 prohibe la création par clonage d'embryons humains. La question est de savoir si, dans ce cas précis, ces embryons chimériques doivent être qualifiés d'"humains".

L'approche envisagée par les équipes britanniques "pourrait a priori résoudre certains problèmes éthiques liés au clonage à visée thérapeutique, explique le professeur Jean-Claude Ameisen, président du comité d'éthique de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Elle éviterait notamment le recours au don d'ovocytes qui peut présenter un risque pour la santé de la femme. Mais pour les personnes qui refusent la création d'un embryon humain à seule fin de destruction pour la recherche, elle rajoute un problème éthique : celle du statut, à la fois humain et animal, de tels embryons."

Tous ces problèmes éthiques, ajoute M. Ameisen, "pourraient être résolus si l'on parvenait, comme une toute récente étude menée chez la souris le démontre, à transformer dans un tube à essais des cellules prélevées sur un corps adulte en cellules ayant les mêmes propriétés que des cellules souches embryonnaires."

Jean-Yves Nau

canardos
 
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Message par canardos » 01 Avr 2007, 08:24

Dans le Figaro

a écrit :

[center]Embryons humains à partir d'ovocytes bovins[/center]

De notre envoyée spéciale à Londres MARTINE PEREZ.
Publié le 31 mars 2007

Les chercheurs anglais veulent fabriquer des embryons à partir de cellules humaines et d'ovocytes de vache.

UN LABORATOIRE de recherche en biotechnologie ressemble souvent à une cuisine des années 1950. Celui de Stephen Minger, au King's College de Londres, qui a beau se consacrer au domaine futuriste des thérapies cellulaires, ne déroge pas à la règle, avec ses placards rouges et jaunes, ses incubateurs pareils à des fours métallisés blancs et ses frigidaires à la peinture écaillée. Sur les plans de travail, des boîtes de pétri, des éprouvettes, des micro-scopes et des pipettes nous soufflent que l'alchimie locale n'a pas grand-chose à voir avec l'ancestral boeuf britannique bouilli aux petits pois. Ici, avec son équipe, une des meilleures au monde dans son domaine, Stephen, un colosse d'origine californienne - en atteste sa queue de cheval tressée -, s'est fixé comme objectif fou de créer des embryons hybrides homme-bovin - des cybrides - à partir d'une cellule humaine et d'un ovocyte de vache.

Cette idée indigne a priori, comme tirée d'un affreux film de science-fiction n'empêche pas Stephen Minger, dont la réputation scientifique n'est plus à démontrer, d'ouvrir d'emblée pour ses invités français une bonne bouteille de vin. Le tabou absolu d'une fusion entre l'homme et l'animal ne tolère aucune dérogation. La très sévère HFEA (Agence de biomédecine britannique) examine ce projet et lancera dans quelques jours une consultation nationale sur son site pour informer les Britanniques sur ces cybrides et solliciter leur avis sur leur légitimité dans les laboratoires.

Décrypter les mécanismes

À écouter ce chercheur brillant dérouler lentement l'argumentaire pour justifier ses travaux, on se laisse assez vite gagner par une certaine bienveillance. Car le but, explique-t-il gravement, est de mettre au point en quantité illimitée des lignées de cellules souches humaines caractéristiques de maladies graves, pour en décrypter les mécanismes et tester des batteries de médicaments sur ces cultures cellulaires en espérant en extraire une molécule salvatrice. L'objectif final étant donc de disposer de modèles cellulaires d'affections fréquentes, pour identifier des thérapeutiques adaptées. On est très loin du fantasme de création d'êtres hybrides entre bovin et humain.

Dans son laboratoire déjà, deux lignées, l'une provenant d'un embryon atteint de mucoviscidose et l'autre d'un embryon porteur du gène de la maladie de Huntington ont déjà été mises au point et conservées dans la banque britannique de cellules souches destinées à la recherche. Ces lignées ont été obtenues après diagnostic préimplantatoire capable d'identifier après une fécondation in vitro les embryons atteints d'une mutation, pour les écarter et ne garder que ceux indemnes. En France aussi d'ailleurs, l'équipe de Marc Peschanski (Inserm) à Évry au Généthon, travaille sur deux lignées similaires, l'une issue d'embryon porteur du gène de la myopathie de Steinert, l'autre d'embryon porteur du gène de Huntington. Cependant, cette stratégie pour obtenir des lignées cellulaires est impossible pour les maladies très fréquentes liées à plusieurs gènes de prédisposition ou qui ne sont pas justiciables de diagnostic préimplantatoire.

La technique du transfert nucléaire (ou clonage) permettrait, elle, à partir d'une cellule d'un individu atteint d'autisme, de diabète ou de schizophrénie par exemple, de produire un embryon pour fabriquer des lignées de cellules souches pathologiques. Mais personne n'a jamais réussi le transfert nucléaire chez l'homme.

Questions éthiques non résolues

La technique est théoriquement simple (injecter un noyau d'une cellule humaine dans un ovocyte vidé de son noyau) mais nécessite un stock important d'ovocytes de femmes, pour multiplier les essais jusqu'à la réussite finale. Or ces ovocytes humains sont précieux et difficiles à obtenir dans des bonnes conditions éthiques. L'idée des cybrides est née de cette impossibilité. Pour Stephen Minger, pragmatique, des ovocytes de vaches sont disponibles en abattoir en quantités industrielles pour faire du transfert nucléaire avec des cellules humaines. Des essais inter-espèces attestent de la faisabilité de la démarche. D'ailleurs une chercheuse chinoise aurait déjà créé des clones embryonnaires humains avec des ovocytes de lapin. Le chercheur britannique conclut avec un sourire charmant que l'autorisation de cybrides offrira aux scientifiques du monde entier un matériel biologique incomparable et quasiment illimité pour analyser une maladie, envisager des molécules thérapeutiques et les tester à large échelle sur ces modèles humains cellulaires.

Pour autant, les questions éthiques ne sont pas toutes résolues. L'Agence de biomédecine britannique impose que tout embryon utilisé pour la recherche soit détruit au plus tard au bout de quatorze jours. « Tout de qui est de l'ordre du mélange animal-humain doit se faire dans un contexte très réfléchi et encadré, qui impose de ne pas dépasser certaines limites », soutient Jean-Claude Ameisen, président du Comité national d'éthique de l'Inserm. « Personnellement, je suis opposé à l'utilisation d'ovocytes humains pour la recherche, explique le professeur Marc Peschanski. Les hybrides représentent une alternative intéressante. L'objectif est la recherche médicale. Faire croire que l'on fera de la thérapie cellulaire à partir d'hybrides, c'est agiter un chiffon rouge qui n'est pas réaliste. »

La Grande-Bretagne est plus ouverte que la France à la recherche sur l'embryon. En revanche, l'expérimentation animale y est particulièrement honnie. Les essais de médicaments sur cultures cellulaires limitant le recours aux animaleries pourraient bien recueillir la faveur des britanniques.

canardos
 
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