
il ne faut plus contrarier les gauchers.....
je suis gaucher et j'ai horreur d'etre contrarié! :hinhin:
en plus on l'a fait quand j'étais petit et vu le résultat....
dans le Monde:
je suis gaucher et j'ai horreur d'etre contrarié! :hinhin:
en plus on l'a fait quand j'étais petit et vu le résultat....
dans le Monde:
a écrit :
[center]La réhabilitation des gauchers[/center]
LE MONDE | 10.10.06 |
Longtemps combattue, la latéralisation côté gauche n'est plus considérée comme un handicap social.
On les oublierait presque, tant les objets usuels de notre société - ciseaux, couverts à poisson, claviers d'ordinateur - ne sont pas faits pour eux. Les gauchers, pourtant, constituent 10 à 15 % de la population, avec une légère prédominance des garçons sur les filles. Et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'ils reviennent de loin.
Pendant des siècles, ces adeptes de la "mauvaise main" durent subir la méfiance et l'hostilité, voire la répression sociale de la population dominante. Il y a seulement quelques décennies, on affirmait encore les "contrarier" pour leur bien, attachant leur main gauche dans le dos des enfants de 6 ans pour les obliger à apprendre à écrire de la droite. Juste retour des choses : les gauchers, aujourd'hui, sont enfin reconnus dans leur singularité. Mieux : certains préconisent même de leur offrir une pédagogie adaptée, afin de pallier les difficultés qu'ils rencontrent pour apprendre à écrire de gauche à droite... Le monde à l'envers !
Se lever du pied gauche, passer l'arme à gauche, faire un mariage de la main gauche : de ce long purgatoire, le langage garde le souvenir. En latin, "gauche" se dit sinister (qui a donné "sinistre" en français), mais le terme était surtout utilisé par les Romains pour désigner un augure défavorable. Le mot français, quant à lui, pourrait provenir du terme d'origine germanique, gueuchir, qui signifie : faire des détours, être de travers.
"A la main droite les honneurs, les prérogatives, les vertus ; à la main gauche les disgrâces, les seconds rôles, les turpitudes de ce bas monde" : dans leur vision dualiste d'un monde mû par le combat que se livrent les forces du bien et du mal, les hommes "semblent avoir perpétuellement appréhendé le phénomène de la latéralité comme une émanation sensible du monde spirituel", résume l'historien Pierre-Michel Bertrand (Histoire des gauchers, ed. Imago, 252 p., 20,58 euros). Ainsi la gaucherie met-elle en péril l'idéal de vie qu'incarne la main droite. Elle devient "mal à droite", déviante, subversive. Un bien grand pouvoir pour ce qui n'est, au fond, qu'un simple particularisme biologique.
Ni maladie ni infirmité, ce signe distinctif ne reflète en effet que l'une des deux possibilités normales d'établissement de la dominance d'un côté du corps sur un autre. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, un gaucher, au plan cérébral, n'est toutefois pas un droitier inversé. Chez lui, le système de liaison entre les deux hémisphères (le corps calleux) est plus développé que chez le droitier. Conséquence : ses deux hémisphères "dialoguent" plus couramment et sont souvent mobilisés conjointement pour effectuer une même tâche. D'un point de vue anatomique, le cerveau des gauchers est donc moins asymétrique que celui des droitiers. Cela explique-t-il en partie la prédominance de ces derniers dans le monde ? Seule certitude, confirmée par l'étude des outils préhistoriques et des peintures rupestres : les gauchers existent depuis la nuit des temps. Y compris dans le règne animal, où, comme chez l'homme, la latéralisation à droite est prédominante, mais où apparaissent çà et là des individus contraires au sens commun.
Cela dit, qu'appelle-t-on un gaucher ? Dans le langage courant, c'est celui qui écrit spontanément de la main gauche. Mais, dans le détail, les choses sont moins simples. Le gaucher intégral l'est de la tête au pied, tandis que le gaucher partiel n'aura qu'un membre, supérieur ou inférieur, latéralisé à gauche. À quoi s'ajoutent les indéterminés, ou "mal latéralisés" (environ 5 % de la population). Les plus mal lotis, semble-t-il.
UN BON DIAGNOSTIC DE LATÉRALITÉ
"J'écris de la main droite et me considère comme droitier, mais je joue au tennis avec ma main gauche. Au football, certains gestes techniques me sont plus faciles du pied droit alors que j'utilise le pied gauche pour tout le reste", constate ainsi Patrick (site Internet les gauchers. com). "Je me demande ce que je suis, gaucher ou droitier ?". Pour lui comme pour tant d'autres, il en va, aussi, de l'identité. C'est pourquoi on ne badine pas avec les changements de latéralité, notamment en matière d'écriture.
L'écriture ! L'activité par excellence pour cristalliser les attitudes et les idées sur la gaucherie. Ce n'est pas un hasard si c'est en son nom qu'ont été "contrariées" - y compris au moyen de prothèses - des générations de gauchers. Il y a vingt ans encore, l'écriture n'était laissée à la "mauvaise" main qu'à contrecoeur. Aujourd'hui, les difficultés psychologiques sont moins grandes, pour les enseignants et les parents comme pour les élèves. Mais, techniquement, il n'y a pas de recette miracle : par sa structure même, notre écriture désavantage le gaucher. Quelle que soit la ruse qu'il emploiera (feuille inclinée, main au-dessus ou au-dessous de la ligne), il lui en coûtera plus qu'aux autres de s'y adapter.
"Même si tous les efforts sont faits pour ne contrarier personne, les gauchers vont infailliblement être confrontés à l'environnement droitier", rappelle le docteur Michel Galobardès. Auteur de Gauchères, gauchers (Ed. Riv'Gauche Distribution 2005, 218 p., 23 euros), ce médecin chargé de cours à l'université de Toulouse regrette que les psychomotriciens ne soient pas plus souvent consultés pour établir, dès l'âge de 4-5 ans, un bon diagnostic de latéralité. Etil préconise une pédagogie mieux appropriée à la maîtrise de l'écriture par la main gauche, qui accorderait notamment à l'enfant "un délai dans l'apprentissage des repères temporo-spatiaux" afin de respecter les rythmes graphiques de chacun.
Catherine Vincent