la douleur du nouveau-né sous-estimée

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par canardos » 19 Oct 2006, 12:14

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[center]La douleur du nouveau-né sous-estimée[/center]

LE MONDE | 17.10.06 |

La prise en charge et la prévention de la douleur lors des actes médicaux chez les nouveau-nés s'est nettement améliorée en France, mais il reste des progrès à accomplir. Menée par le Centre national de ressources de lutte contre la douleur (CNRD) en partenariat avec la Fondation de France et la Fondation CNP Assurances, l'étude Epippain indique que les actes douloureux ou inconfortables sont très fréquents en milieu hospitalier mais que 60 % d'entre eux donnent lieu à des mesures préventives contre la douleur.


Rendue publique lundi 16 octobre, cette étude épidémiologique sans équivalent dans le monde vient combler un vide, car on ignorait jusqu'alors la fréquence des gestes douloureux et celle de l'utilisation des moyens analgésiques disponibles.

Conduite par le docteur Ricardo Carbajal (de l'hôpital d'enfants Armand-Trousseau, à Paris), l'étude a été réalisée entre septembre 2005 et janvier 2006. Treize centres de réanimation néonatale et cinq services mobiles d'urgences pédiatriques d'Ile-de-France y ont participé, avec respectivement 431 et 478 enfants, suivis par un total de 652 soignants. Dans les services de réanimation, il s'agissait surtout d'enfants nés prématurément : 50 % des petits avaient moins de 7 mois de gestation et un quart moins de 6 mois et demi.

Au cours de la période d'observation, 30 161 gestes de nature douloureuse ont été réalisés sur les 431 nouveau-nés en réanimation (seuls résultats communiqués à ce jour). Parmi les plus fréquents figurent les aspirations dans la trachée (33 %), les ponctions de sang au talon (28 %), les décollages cutanés de différents adhésifs (18 %), suivis par les ponctions vasculaires périphériques et les poses de sonde gastrique.

Les gestes inconfortables comme les aspirations nasales, les soins de nursing avec mobilisation de l'enfant et les aspirations buccales ont été nombreux, eux aussi (30 814 comptabilisés). En moyenne, chaque enfant a subi 70 gestes douloureux dont 60 % ont été pratiqués soit avec une analgésie ad hoc, soit sous sédation avec une analgésie administrée en continu. Un peu plus de 5 % ont été pratiqués en présence des parents.

L'étude a mis en évidence "une fréquence extrêmement élevée de gestes douloureux pratiqués dans les unités de réanimation" mais aussi "une utilisation importante, mais encore insuffisante, de moyens analgésiques lors de la réalisation de ces gestes", résume le docteur Carbajal. Pour le docteur Daniel Annequin, président du comité scientifique du CNRD, les difficultés de certaines équipes à admettre la réalité de la douleur chez l'enfant tient en partie "aux remises en cause que cela suppose par rapport aux pratiques, peu compatibles avec la représentation idéalisée du soignant". Néanmoins, les progrès accomplis ces dernières années montrent qu'il est possible de progresser dans ce domaine.

Chez l'enfant, la douleur est souvent majorée. "Plus il est jeune, plus ses réactions à la douleur augmentent : la répétition d'actes douloureux en renforce l'intensité", rappelle la brochure "La douleur en question". Cette dernière, réalisée par la Société d'étude et de traitement de la douleur, est disponible sur le site Internet du ministère de la santé.

Pourtant, il fut un temps où les médecins s'accordaient à estimer que les nouveau-nés ne ressentaient pas la douleur en raison de l'immaturité de leur système nerveux. Cela ne remonte pas à Diafoirus et aux médecins de Molière mais existait encore au début des années 1970. Au point que des interventions chirurgicales pouvaient encore être pratiquées sans anesthésie chez le tout-petit. A présent, il est scientifiquement établi que la perception de la douleur est possible dès la 24e semaine de vie intra-utérine.

En France, la situation a évolué, surtout à partir de la seconde moitié des années 1980. Deux programmes nationaux antidouleur avaient été lancés par Bernard Kouchner, à l'époque où il était ministre chargé de la santé. Le programme national 2002-2005 avait notamment vu la création du CNRD. Le relais a été pris en avril 2006 par Xavier Bertrand, ministre de la santé et des solidarités, avec le Plan d'amélioration de la prise en charge de la douleur 2006-2010. Selon ce programme, la première des priorités est d'"améliorer la prise en charge des douleurs des populations les plus vulnérables notamment des enfants et des adolescents, des personnes polyhandicapées, des personnes âgées et en fin de vie".

Dans le cas des enfants et des adolescents, le Plan encourage à poursuivre les efforts pour "l'évaluation et la traçabilité systématique de l'intensité de la douleur, de sa prévention notamment lors des actes douloureux (soins, actes invasifs diagnostiques ou thérapeutiques et de radiologie)" et appelle à renforcer la formation des professionnels médicaux et paramédicaux.

canardos
 
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