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[center]Voir sa trompe dans le miroir [/center]
L'un des trois éléphants du zoo du Bronx face au miroir. (Joshua Plotnik, Frans de Waal, Diana Reiss)
A près les hommes, les grands singes et les dauphins, c’est au tour des éléphants de réussir le fameux test du miroir. Le pachyderme se reconnaît dans l’image reflétée, selon une étude menée par Frans de Waal, Diana Reiss et Joshua M. Plotnik. Ces chercheurs ont construit un miroir de 2,5 mètres de hauteur et autant de largeur pour que trois éléphants d’Asie du zoo du Bronx, à New York, puissent s’y regarder.
Les chercheurs ont observé les attitudes caractéristiques des animaux qui se reconnaissent dans un miroir. Les éléphants Happy, Maxine et Patty n’ont manifesté aucun signe de sociabilité, ce qui montre qu’ils savent que l’image en face n’est pas un congénère. Maxine et Patty ont tenté d’escalader le miroir pour voir ce qu’il y avait derrière. Les trois ont profité du miroir, placé dans leur enclos, pour explorer des parties de leur corps qu’ils ne voient pas, comme les oreilles ou l’intérieur de la bouche.
De Waal et ses collègues ont aussi pratiqué le fameux test de la marque, expérimenté pour la première fois par Gordon Gallup sur des chimpanzés en 1970. Ce test consiste à tracer une marque à un endroit que l’animal ne peut pas voir sans miroir.
Les chercheurs doublent la marque visible d’une marque invisible afin de vérifier qu’il n’y a pas une réaction tactile ou olfactive de la part de l’animal.
Happy est le seul a avoir ‘’réussi’’ le test de la marque. Le premier jour, face au miroir, il a touché à de très nombreuses reprises la croix blanche sur le haut de sa tête. Le deuxième jour du test, il a continué à s’examiner devant le miroir mais sans s’intéresser davantage à la marque. Le fait que Maxine et Patty n’ait pas manifesté d’intérêt pour la marque ne signifie pas qu’ils ne se reconnaissent pas, soulignent les auteurs. Des études sur les chimpanzés ont montré que ce test ne fonctionne pas systématiquement sur tous les individus étudiés, précisent-ils dans l’article publié aujourd’hui dans les PNAS.
Connus pour leur empathie –les éléphants viennent parfois en aide à un congénère blessé- et leur vie sociale complexe, les éléphants étaient des candidats idéaux à l’épreuve du miroir. La reconnaissance de soit permet d’appréhender la difficile notion de conscience chez les animaux non-humains.
Cécile Dumas
(31/10/06)