
les curés et Testard vont encore gueuler.....
a écrit :
[center]La pratique du "bébé-médicament" peut être mise en œuvre en France[/center]
LE MONDE | 28.12.06 |
Plus de deux ans après sa promulgation, la loi de bioéthique du 6 août 2004 commence à entrer dans les faits. C'est ainsi que l'une de ses dispositions les plus importantes et les plus contestées – dans les milieux proches de l'Eglise catholique notamment –, la pratique dite du "bébé-médicament", va pouvoir commencer à être mise en œuvre par les équipes spécialisées autorisées à effectuer des diagnostics préimplantatoires (DPI).
L'Agence de biomédecine a explicité, mercredi 27 décembre, les termes d'un décret relatif au diagnostic prénatal et au DPI, paru au Journal officiel du 23 décembre. Ce décret était attendu avec impatience par les équipes médicales et scientifiques concernées, qui redoutaient que certains proches collaborateurs de Dominique de Villepin, aux convictions religieuses bien ancrées, ne fassent pression pour retarder autant que possible la publication de ce texte, qui avait été ardemment défendu par le député Pierre-Louis Fagniez (UMP, Val-de-Marne), rapporteur de la loi de bioéthique de 2004.
La pratique du "bébé-médicament" constitue une nouvelle étape dans la jeune histoire du DPI. Autorisé par les lois de bioéthique de 1994, ce dernier a commencé à être mis en œuvre en France au début des années 2000. Il consiste à analyser le patrimoine génétique d'embryons conçus in vitro à partir des cellules sexuelles de couples présentant un risque de donner naissance à un enfant atteint d'une maladie génétique grave et incurable.
SOIGNER UNE SŒUR OU UN FRÈRE AÎNÉ
Les embryons porteurs de l'anomalie génétique sont détruits, mais peuvent aussi, depuis peu, être utilisés à des fins de recherches. Environ 150 DPI sont aujourd'hui pratiqués chaque année, en France, par les trois centres autorisés (Paris-Clamart, Strasbourg et Montpellier). Ils aboutissent à une trentaine de naissances.
Le DPI pourra dorénavant être utilisé non seulement pour faire naître des enfants sains dans des familles à risques, mais aussi pour faire naître des enfants correspondant à des caractéristiques biologiques très précises. Il s'agit, dans ce cas, de faire en sorte que ces enfants, au moment de leur naissance, puissent fournir des cellules-souches, prélevées dans le sang du cordon ombilical, afin de soigner une sœur ou un frère aîné souffrant de certaines formes d'affections malignes du sang.
L'Agence de biomédecine précise que ce dispositif est mis en œuvre "à titre expérimental", les autorisations ne pouvant être données que si les dossiers présentés répondent à une série de critères, au premier rang desquels figure "le caractère incurable de la maladie entraînant le décès dès les premières années de la vie". Une telle pratique est d'ores et déjà autorisée en Grande-Bretagne, en Belgique, en Espagne, ainsi qu'aux Etats-Unis. Elle est, en revanche, prohibée dans de nombreux pays européens, parmi lesquels l'Italie et l'Allemagne.
Outre le fait qu'elle marque une nouvelle étape dans le processus de réification de l'embryon humain, les opposants à cette pratique mettent en avant les conséquences psychologiques chez les enfants qui apprendront qu'ils n'ont été conçus et sélectionnés in vitro que dans le but de soigner leur frère ou leur sœur. A l'inverse, ses partisans insistent sur les nouvelles perspectives thérapeutiques ouvertes et rappellent que les couples concernés auront donné, par écrit et à plusieurs reprises, leur consentement.
Un second décret d'application de la loi de bioéthique, également paru au Journal officiel, concerne les dons de cellules sexuelles (ou gamètes) et l'assistance médicale à la procréation (AMP). Ces pratiques seront dorénavant placées sous l'autorité de l'Agence de biomédecine. En 2004, sur près de 800 000 naissances, on recensait environ 12 300 enfants issus de fécondation in vitro et 5 600 enfants issus d'insémination artificielle.
L'Agence de biomédecine sera aussi chargée d'autoriser ou non les "déplacements transfrontaliers" d'embryons humains conçus in vitro et conservés par congélation. Il s'agit d'éviter les trafics et, notamment, de faire en sorte que l'AMP ne puisse, sur le sol français, bénéficier à des couples qui ne soient pas composés, comme le veut la loi, "d'un homme et d'une femme en âge de procréer".
Jean-Yves Nau