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[center]Le Sahara nigérien livre ses secrets anté-dinosauriens[/center]
Vilem Bischof
Agence France-Presse Paris le jeudi 11 janvier 2007
De nombreux restes d'animaux et de plantes qui ont existé 50 millions d'années avant les dinosaures viennent d'être collectés par une équipe scientifique internationale dans le sable du Sahara nigérien, a indiqué jeudi à l'AFP le paléontologue français Jean-Sébastien Steyer.
Cette mission a abouti en particulier à la découverte des premières empreintes fossiles de l'ère primaire mises au jour en Afrique occidentale et d'un tronc d'arbre de 25 mètres de long.
Ces découvertes devraient permettre de mieux comprendre le climat de cette époque anté-dinosaurienne, a résumé le chercheur du CNRS travaillant au Muséum national d'histoire naturelle, à son retour à Paris.
Les paléontologues et géologues américains, néerlandais, sud-africains et français, encadrés par des archéologues de l'Université de Niamey, ont travaillé dans la région d'Arlit et le long de la bordure occidentale du massif de l'Aïr (entre Agadez et Arlit), là où affleurent des roches sédimentaires du Permien, dernière époque de l'ère Paléozoïque.
«Le paysage y est assez plat, rouge et rocailleux. On se croirait sur Mars!», témoigne Jean-Sébastien Steyer, en faisant un bilan provisoire de cette deuxième mission paléontologique menée dans le nord du Niger.
Les scientifiques ont trouvé de nouveaux spécimens d'animaux du Permien totalement inconnus jusqu'à leur premier séjour, en 2003, notamment des amphibiens carnivores, du nom de Nigerpeton et Saharastega, ressemblant aux crocodiles et de gros reptiles herbivores, Moradisaurus et Bunostegos.
Grande nouveauté du millésime 2006, des traces de pas fossiles imprimées dans des sédiments argileux, qui se délitent en fines plaques.
«À la surface de cette sorte d'ardoises rouges, nous avons observé des pistes et des empreintes de pas que nous attribuons, d'après leur forme et la taille, à des amphibiens et des reptiles. C'est la première fois que des traces de pas sont découvertes dans des roches du Paléozoïque en Afrique de l'Ouest», souligne le paléontologue du CNRS.
Les chercheurs estiment être en possession d'éléments capitaux pour mieux comprendre l'importance de l'Afrique dans l'évolution et l'histoire de la Terre, 50 millions d'années avant l'apparition des dinosaures.
À cette époque, le territoire du Niger d'aujourd'hui se trouvait au coeur de la Pangée (supercontinent qui rassemblait alors la quasi-totalité des terres émergées). La connaissance de sa faune n'était que fragmentaire, basée sur quelques fossiles trouvés au Maroc, en Afrique du Sud, en Russie et en Amérique du Nord.
«La faune nigérienne est très différente, explique Jean-Sébastien Steyer. Par exemple, nous n'avons pas trouvé de reptile carnivore ni de reptile mammalien (du groupe préfigurant les mammifères). Nous pensons que ces différences sont d'ordre climatique. D'après les modélisations, le centre de la Pangée était déjà assez aride à l'époque, probablement avec un climat marqué par des alternances saisons sèches/saisons humides.»
L'analyse du tissu des plantes du Permien nouvellement découvertes et celle des sédiments prélevés à des fins d'études géochimiques devraient permettre de tester cette hypothèse en fournissant des indications sur l'environnement et les températures de l'époque.
Tous les fossiles sont en cours d'étude à Seattle, Paris, Washington et au Cap, avant de revenir au Niger pour être exposés au Musée National du Niger. Les chercheurs, ravis par les résultats préliminaires de leur dernière mission, espèrent retourner au Niger dès 2008.