retarder Alzheimer

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par canardos » 14 Jan 2007, 00:01

a écrit :

[center]Entretien avec le neurologue Bruno Dubois[/center]

[center]Maîtriser demain Alzheimer[/center]

LE MONDE | 13.01.07 |


L'espérance de vie continue d'augmenter, mais les fonctions intellectuelles se détériorent souvent avec l'âge. Peut-on estimer le nombre de malades d'Alzheimer ces prochaines décennies ?


Cette affection neurodégénérative touche aujourd'hui environ 25 millions de personnes dans le monde, dont 860 000 en France. Si la tendance actuelle se poursuit, nous recenserons, compte tenu du vieillissement de la population et rien qu'en France, près de 1,3 million de cas en 2020 et 2,1 millions en 2040.


Après 75 ans, 13,2 % des hommes et 20,5 % des femmes sont concernés, et passé 85 ans le nombre de cas augmente de façon exponentielle. Ces chiffres concernent les personnes considérées comme "démentes", c'est-à-dire ayant perdu toute autonomie. Mais cela n'est qu'un aspect du problème. Des examens de cerveaux prélevés sur des personnes saines décédées ont montré que, dès 47 ans, 50 % d'entre elles présentent déjà des lésions cérébrales caractéristiques de la maladie d'Alzheimer. Ce qui signifie qu'elles se trouvent dans la première phase de cette affection sans pour autant en montrer les symptômes.


Quand peut-on espérer la mise au point d'un "vaccin" ?


Deux nouveaux essais vont être lancés avec des vaccins mieux ciblés. Nous avons de bons espoirs d'aboutir à un résultat positif. Si tel est le cas, étant donné la pression qui existe, nous pourrions disposer d'un vaccin au plus tôt dans trois ans. Ce qui serait extrêmement rapide.

Un premier vaccin avait été testé chez l'homme en 2000. Il s'agissait alors non pas de tenter de prévenir la maladie, mais de bloquer - ou de freiner - la progression dans le cerveau des lésions caractéristiques de cette affection. Le développement pharmacologique du vaccin a toutefois été abandonné en 2002 après l'identification de 18 cas de méningo-encéphalite parmi les 300 personnes qui avaient reçu 2 injections sur les 6 prévues. Pour autant, des résultats cliniques ainsi que des examens effectués post mortem dans le cerveau de 7 personnes vaccinées ont, depuis, permis de conclure que ce vaccin était bel et bien doté d'une efficacité potentielle en "nettoyant" une partie des lésions pathologiques existantes.


Où en est-on de la connaissance des causes de la maladie ?


Nous connaissons aujourd'hui parfaitement la cascade des événements biologiques qui se produisent lorsque la maladie se développe : des plaques "séniles" apparaissent dans le cerveau et, progressivement, entraînent la dégénérescence d'une partie des neurones.

Mais la vérité est que l'on ne connaît pas les causes premières qui provoquent cette cascade. En revanche nous commençons à identifier des facteurs qui pourraient faire reculer l'âge auquel les premiers symptômes apparaissent. Ainsi, un niveau culturel élevé, la pratique régulière d'activités cognitives, les interactions sociales et même l'activité physique durant la retraite sont de nature à retarder l'apparition de la maladie. De même une alimentation de type "régime crétois", la consommation de poisson ou celle, modérée, de vin rouge ont une influence positive. On peut ainsi espérer retarder d'un an ou deux l'apparition des symptômes.


Comment comprendre le rôle favorable du niveau culturel ?


On explique aujourd'hui ce phénomène par la création chez les personnes concernées d'une sorte de "réserve cognitive", d'un réseau développé de connexions synaptiques. Notre cerveau contient environ 100 milliards de neurones. Chacun peut établir jusqu'à 100 000 connexions avec d'autres. Plus un enfant sera stimulé, plus il créera une réserve importante de connexions. Plus tard cette réserve permettra de retarder l'apparition des symptômes. Des études épidémiologiques réalisées à quinze ans d'intervalle ont montré une diminution du nombre de cas proportionnelle à l'élévation du niveau culturel. La plus forte proportion de femmes touchées aujourd'hui pourrait en partie s'expliquer par un moindre niveau d'éducation de la population qui atteint actuellement l'âge où la maladie se développe. Parents, enseignants et responsables politiques peuvent dès à présent agir.


Pourra-t-on diagnostiquer la maladie de manière plus précoce ?


Sans aucun doute, c'est une question essentielle. Depuis l'identification, il y a précisément un siècle, de cette affection, le diagnostic est officiellement porté à partir du stade où le malade a déjà atteint le seuil de la démence. Pour ma part, je considère qu'une personne est malade dès l'apparition des premiers symptômes. En 2005, un groupe de spécialistes français, américains, canadiens, japonais, britanniques et néerlandais a commencé à travailler sur un diagnostic précoce de maladie d'Alzheimer. C'est aujourd'hui chose faite. Nous savons que plusieurs années peuvent être gagnées.


Comment peut-on gagner ces années ?


Il faut que les neurologues abandonnent les pratiques en vigueur et utilisent une nouvelle grille diagnostique. Ils doivent tout d'abord identifier un syndrome amnésique spécifique, ce qui peut être fait avec des tests, lors d'une "consultation de mémoire". Les médecins doivent ensuite vérifier que ce syndrome est associé à une atrophie de certaines régions cérébrales - les hippocampes. Un diagnostic réalisable avec les techniques courantes d'imagerie par résonance magnétique nucléaire. Les médecins peuvent ensuite valider leur approche par des analyses biologiques obtenues par un prélèvement de liquide céphalo-rachidien, ou par des analyses fonctionnelles.

Diagnostiquer la maladie avant l'apparition de la démence conduira à la dissocier d'autres troubles du cerveau : dépression, trouble vasculaire cérébral, autre maladie dégénérative débutante... Quand le corps médical sera formé à cette nouvelle approche, nous pourrons agir plus efficacement.


Propos recueillis par Michel Alberganti et Jean-Yves Nau

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CHIFFRES


225 000 NOUVEAUX CAS de maladie d'Alzheimer sont diagnostiqués chaque année en France. La durée de vie moyenne des malades une fois que l'affection est identifiée est de 8,5 ans.


EN FRANCE, on compte actuellement 15 malades pour 1 000 habitants. Ce taux dépassera les 20 pour 1 000 en 2020 et les 30 pour 1 000 en 2040.

canardos
 
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Message par Louis » 14 Jan 2007, 09:36

a écrit :Ainsi, un niveau culturel élevé, la pratique régulière d'activités cognitives, les interactions sociales et même l'activité physique durant la retraite sont de nature à retarder l'apparition de la maladie. De même une alimentation de type "régime crétois", la consommation de poisson ou celle, modérée, de vin rouge ont une influence positive.

Y a t il quelqu'un qui sache sur quelles études s'appuie le professeur Dubois pour affirmer cela ? En particulier pour le régime crétois, la consommation de poisson ou celle (modérée, pas question de se saouler comme une vache) de vin ? Je ne sais pas moi, mais si je lis dans un magazine "féminin" entre les pages horoscopes et les pages tricot "buvez du vin et consommez du poisson pour reculer votre Alzheimer" j'aurais tendance a penser qu'il s'agit de sotises. Heureusement, je ne lis jamais de magazines "féminins"....
Louis
 
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Message par Ottokar » 14 Jan 2007, 09:43

(Louis @ dimanche 14 janvier 2007 à 09:36 a écrit : Y a t il quelqu'un qui sache sur quelles études s'appuie le professeur Dubois pour affirmer cela ?

j'ai bien lu cela quelque part, mais je ne me souviens plus où....


(bon OK, c'est trop facile)
Ottokar
 
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Message par Louis » 14 Jan 2007, 10:09

Dans "modes et travaux" peut etre (référence de l'article "Sullivan Allan et Kropchensky igor & al (2003)-les bienfaits du régime crétois - mode et travaux n° 834 vol III section 5 page 1254 1654") :hinhin:
Louis
 
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Message par Louis » 14 Jan 2007, 10:29

par contre ils font référence sur le plan scientifique quand il s'agit du régime crétois : "Nature" ne jure que par eux"... :sygus:
Louis
 
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Message par canardos » 14 Jan 2007, 13:28

y a des tas d'études dont certaines je crois citées sur le forum qui montrent qu'une alimentation trop riche en gras accelere la mort neuronale dans Alzhzeimer...

il y a aussi beaucoup d'études pas spécialement sur alzheimer qui montrent que les exercices mentaux, en permettant la construction de nouveaux réseaux neuronaux en permanence, prolongeait la survie des neurones er remédiaient provisoirement à la mort neuronale en stimulant le cerveau qui construit d'autres connections avec les neurones restants, heureusement tres nombreux
canardos
 
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Message par Louis » 14 Jan 2007, 14:40

Pour les deux exemples que tu as cité, ça me parait raisonnable ! Maintenant il y a une différence entre dire qu'une alimentation trop riche en gras a des effets négatifs sur cette maladie, et la promotion du "régime crétois" De meme la diminution du nombre de cas proportionnelle à l'élévation du niveau culturel n'est pas similaire au fait d'excercer plus ou moins sa mémoire ! Il y a des gens d'un niveau culturel trés bas qui vont l'exercer souvent, et d'autres d'un niveau culturel "supérieur" qui ne vont jamais l'utiliser...

Si ce n'était pas un entretien, je penserais qu'il s'agit d'une approximation du journaliste (ce qui arrive souvent) Maintenant, il s'agit d'une interwiev du spécialiste, donc normalement les propos sont fidélement retranscrit, et ce serait beaucoup plus grave...
Louis
 
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