a écrit :
[center]Un projet de centrale géothermique provoque une série de petits séismes en Suisse[/center]
LE MONDE | 19.01.07 |
GENÈVE CORRESPONDANCE
La région de Bâle a été secouée, mardi 16 janvier, par un séisme de magnitude 3,2 sur l'échelle de Richter. Jusqu'ici, rien de bien spectaculaire et aucun dégât à déplorer, si ce n'est que ce tremblement de terre est la conséquence d'une stimulation en profondeur des roches, entreprise dans le cadre d'un ambitieux projet de centrale géothermique. Et qu'en l'espace d'un mois et demi, il est le quatrième d'une série qui commence à inquiéter les autorités bâloises et les communes frontalières en Allemagne et en France.
Le 8 décembre, en début de soirée, les habitants de Bâle entendaient une forte détonation, puis sentaient la terre trembler. Des murs se fissuraient, des miroirs se décrochaient. Paniquées, de nombreuses personnes se précipitaient dans la rue ou appelaient les secours. Quelques heures plus tard, la population apprenait que le séisme, de magnitude 3,4, était lié à un projet pilote de géothermie conduit par la société Geopower Basel AG.
Ce projet baptisé Deep Heat Mining a commencé en 1996, à l'initiative de l'Office fédéral de l'énergie (OFEN), bénéficiant entre autres du soutien financier des groupes d'électricité helvétiques comme Axpo et EWZ. Et recueillant l'aval de la plupart des partis politiques. L'objectif était, d'ici à 2011, de fournir en électricité 10 000 ménages, et en chauffage environ 3 000 foyers.
Le chantier a été mené tambour battant. Un premier forage a été achevé en octobre 2006 et, début décembre, de l'eau pressurisée était injectée à 5 000 mètres de profondeur dans un réseau de roches fracturées. Le but étant "d'élargir les fentes de ce granit et de les connecter entre elles pour créer un échangeur de chaleur", explique François Vuataz, directeur du Centre de recherche en géothermie de Neuchâtel. L'eau qui circule dans la roche peut atteindre 200 oC et être récupérée pour des usages classiques : électricité et chauffage.
C'est la pression exercée sur la roche qui est à l'origine du séisme du 8 décembre. Trois répliques moins importantes se sont ensuite produites le 15 décembre, le 6 et le 16 janvier. Depuis, le sort du projet est entre les mains des autorités bâloises. "Plusieurs rapports d'experts ont été réalisés et le gouvernement cantonal décidera, fin janvier, de la reprise ou non du chantier", explique Heinrich Schwendener, membre du conseil d'administration de Geopower. La prochaine étape doit être la réalisation d'un second forage, pour transporter l'eau chaude et produire de l'électricité.
M. Schwendener estime que le consortium n'a pas commis d'erreur : "Nous avions informé les autorités et les médias des séismes qui pouvaient se produire pendant la stimulation de la roche. Le message n'est pas bien passé... Pour que le projet soit viable, nous devons reconquérir l'opinion publique", ajoute-t-il. François Vuataz, estime, lui, qu'il était "apparemment un peu tôt pour se lancer dans ce type de projet", Bâle, ville à forte densité qui abrite des industries chimiques sensibles, ne pouvant se permettre d'augmenter son risque sismique.
Agathe Duparc