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[center]Percer les secrets du cerveau numérique[/center]
[Date: 2007-01-18]
Désireuse d'en savoir plus sur la manière dont notre cerveau associe des symboles abstraits tels que les chiffres arabes à des nombres précis, une équipe de scientifiques français et italiens a mené de nouvelles recherches sur le sujet.
Les résultats de cette étude, cofinancée par l'UE via une bourse Marie Curie, sont publiés dans le dernier numéro de la revue Neuron.
Les nombres peuvent être représentés de bien des façons: à l'aide de chiffres (1,2,3), de mots écrits ou prononcés (un, deux, trois) ou par la quantité voulue de points ou de tout autre signe. Les scientifiques s'intéressent depuis longtemps à la question de savoir si le cerveau traite les nombres différemment selon leur mode de représentation.
Lors de cette étude, Manuela Piazza et ses collègues ont utilisé l'imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) pour examiner les niveaux d'activité cérébrale chez des adultes sains au moment où ils se concentraient sur des séquences de nombres.
Les chercheurs ont tout d'abord présenté aux «cobayes» des séquences de trois nombres tous proches les uns des autres, tels que 17, 18 et 19. Alors que certains sujets visualisaient ces nombres en chiffres arabes, d'autres apercevaient la quantité correspondante de points. Lorsque les patients ont commencé à regarder les séquences, l'imagerie a mis en évidence une activité dans la région pariétale de leur cerveau. Ce niveau d'activité diminuait au fur et à mesure que les sujets s'habituaient au stimulus.
Les scientifiques sont ensuite passés à une autre séquence numérique, éloignée des nombres de départ, telle que 47, 48 et 49. Pour certains sujets, cette seconde série de nombres s'affichait dans le même format que la première, tandis que pour d'autres, le format était modifié. Autrement dit, certains des individus ayant jusqu'alors vu des nombres étaient à présent confrontés à des points, et vice versa.
Dans tous les cas, la partie du cerveau instantanément réactivée chez les sujets au moment du changement de séquence numérique était la même, indépendamment du format employé pour l'affichage des nombres, ce qui démontre, selon les chercheurs, que cette région traite de l'information numérique.
«Nos résultats indiquent que le cortex pariétal joue un rôle important dans le codage des quantités symboliques et non symboliques», écrivent les chercheurs.
Pour affiner l'analyse et déterminer si les cerveaux des sujets réagissaient réellement à la quantité numérique, les chercheurs ont ajouté çà et là un «intrus» dans la seconde séquence de nombres. Dans certains cas, cet intrus était proche de la séquence, alors que dans d'autres, il en était éloigné. Pour les sujets qui visionnaient la séquence 17-19, l'intrus proche était 20 et l'intrus éloigné 50.
Les scientifiques ont établi que le nombre intrus occasionnait un pic d'activité bien plus important lorsqu'il se trouvait éloigné de la séquence principale que lorsqu'il en était proche, preuve évidente que les cerveaux des sujets traitaient des qualités numériques.
«Nos résultats montrent que, dans le cerveau adulte tout au moins, les symboles numériques et les quantifications non numériques convergent sur des responsabilités neurales partagées», écrivent les auteurs. Le processus exact demeure cependant entouré de mystère.
«Il est possible que nous attachions une signification aux symboles en liant physiquement des populations de neurones sensibles aux formes symboliques à des populations neurales préexistantes porteuses d'une représentation asymbolique du domaine préverbal correspondant (par exemple, la numérosité)», spéculent les chercheurs.
Les scientifiques estiment que leurs résultats pourraient nous aider à mieux comprendre comment la représentation numérique se développe dans le cerveau de l'enfant et être utiles pour venir en aide aux individus atteints de dyscalculie, un trouble qui se caractérise par une incapacité de comprendre, de mémoriser et de manipuler les nombres.
Référence du Document: Piazza, M. et al. (2007) A magnitude code common to numerosities and number symbols in human intraparietal cortex. Neuron 53: 293-305.