nucléaire et charbon - comparons

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par canardos » 06 Mars 2007, 12:49

je rebondis sur le post de Roudoudou dans le fil sur l'EPR:

a écrit :

Salut les copains 

Je voulais en parlé plutôt mais le départ de Vérié ma fait de la peine oui il me manque sur le forum merde alors. 

Je conseille donc le dernier Science et Vie mars 2007 N°1074 prix 3,90 euros le titre de la couverture "Après le pétrole... Nucléaire ou charbon?" .
Il y a un un dossier page 47 à 65 sur le nucléaire et le charbon on y apprend plein de chose sur le sujet.

Bon @ plus les copains sur le forum 



j'ai lu le dossier...effectivement il y a des données interessantes...

le capitalisme sa bien deja opté pour le tout charbon ou du moins sur le majoritairement charbon pour remplacer le pétrole...

à coté le nombre de centrales nucléaires ciconstruites ces dernieres années est extremement faible.

en 30 ans la production de charbon a plus que doublé, de 2 à 5 milliards de tonnes annuelles.

le charbon ne satisfait encore que 1/4 de l'énergie primaire produite sur la planete contre un tiers au pétrole mais 40% de l'électricité produite, bien avant le pétrole. C'est ainsi que les états unis produisent plus de 50% de leur énergie électrique avec du charbon et que l'allemagne, montrée comme exemple à cause de ses éoliennes alibi) qui construit de nouvelles centrales est le 10 ieme consommateur mondial.

Et l'augmentation de la production d'électricité dans les prochaines années sera assurée essentiellement par le charbon

entre 2007 et 2010 les nouvelles centrales au charbon produiront 200 gigawatts supplémentaires, l'équivalent de 200 centrales nucléaires de 1 gigawatt...

d'ici 2020, 200 gigawatts de centrales thermiques au pétrole ou au gaz devraient aussi etre remplacées, essentiellement par des centrales au charbon...

à coté les quelques dizaines de centrales nucléaires en contruction ou en projet de représentent pas grand chose.

faut-il rappeler que le charbon produit 35% de plus de CO2 par rapport au pétrole, 72% par rapport au gaz naturel. Quand à la production de carburant à partir du charbon, elle est extremement productrice de CO2 avec un rendement tres bas.

Outre les dizaines de milliers de vie perdues dans les mines, les millions de morts liés à la pollution, les pluis acides, le tout charbon, la solution la plus économique à court terme pour les capitalistes, est également la pire des bombes climatiques.

D'aprees les estimations du GIEC la stabilisation à +2° de l'augmentation des températures passe par la diminution par trois des gaz à effet de serre d'origine humaine.

sans correction, et malgré un apport auxiliaire du salaire et de l'éolien, on est parti vers une catastrophe majeure.

et pourtant des organisations comme "sortir du nucléaire" osent écrire qu'on pourrait arreter le nucléaire toput de suite en poussant la production des centrales au charbon et au pétrole...

ces "écologistes" qui nous ressortent toujours le principe de précaution poussé à l'absurde quand il s'agit du nucléaire feraient bien re revenir sur les banc s de l'école pour réapprendre les ordres de gradeur et le principe de réalité!

canardos
 
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Message par roudoudou » 06 Mars 2007, 14:11

a écrit :j'ai lu le dossier...effectivement il y a des données interessantes...

Salut canardos :D
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Message par canardos » 06 Mars 2007, 14:14

(roudoudou @ mardi 6 mars 2007 à 14:11 a écrit :
a écrit :j'ai lu le dossier...effectivement il y a des données interessantes...

Salut canardos ;)

mais pas du tout....sinon je n'aurais pas acheté ce science et vie!

rassure toi, je ne te confond pas avec louis :hinhin:
canardos
 
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Message par canardos » 31 Oct 2011, 22:49

tiens puisque l'Allemagne déclare vouloir sortir du nucléaire, on apprend que ce ne sera pas grace aux énergies renouvelables mais en construisant de nouvelles centrales à charbon, la source d'énergie la plus polluante et celle qui dégage le plus de gaz à effet de serre:

Dans le Monde du 24 octobre 2011

a écrit :

Allemagne : la fin du nucléaire passe par le charbon

Norbert Röttgen, ministre fédéral allemand de l'environnement, de la protection de la nature et de la sécurité nucléaire, à Berlin en mars 2011.

Norbert Röttgen, ministre fédéral allemand de l'environnement, de la protection de la nature et de la sécurité nucléaire, à Berlin en mars 2011.REUTERS/TOBIAS SCHWARZ

Berlin Correspondant - L'hiver qui commence à se faire sentir en Allemagne prend, cette année, un relief particulier. Huit des dix-huit réacteurs nucléaires étant arrêtés depuis le printemps, l'Allemagne pourrait être menacée de black-out ou être contrainte d'importer massivement de l'électricité. Ce sera le premier test que devra affronter ce pays qui, après la catastrophe de Fukushima, au Japon, a décidé d'abandonner le nucléaire en 2022.

D'ici là, il y aura bien d'autres obstacles à franchir. La loi votée (à la quasi-unanimité) le 30 juin sur la sortie du nucléaire n'est qu'un début. "Le vrai travail commence maintenant", a reconnu Philipp Rösler, ministre de l'économie et des technologies, devant le Parlement, le 19 octobre. Le ministre s'est fixé trois objectifs : "Assurer la sécurité des approvisionnements et protéger l'environnement, le tout dans des conditions financières acceptables." A ses côtés, Norbert Röttgen, le ministre de l'environnement, a affirmé des priorités légèrement différentes : "Les énergies renouvelables et l'efficacité énergétique sont les deux piliers de la nouvelle politique énergétique", a-t-il dit.

Ces deux approches résument le débat allemand. Maintenant que la décision d'arrêter le nucléaire est prise (un neuvième réacteur va être arrêté en 2015, un en 2017, un en 2019 et les six derniers en 2021 et 2022), les financiers sont surtout soucieux d'assurer la sécurité des approvisionnements, quitte à investir dans des centrales à énergies fossiles classiques. Pour ceux qui sont surtout sensibles aux questions d'environnement, il ne suffit pas de sortir du nucléaire, il faut entrer, enfin, dans l'ère des énergies renouvelables. Tels sont d'ailleurs les objectifs de la loi : leur part doit passer de 17 % à 35 % en 2020 et 80 % en 2050.

Malgré la fermeture des centrales nucléaires, qui assuraient, au printemps, 22 % de la production d'électricité du pays, l'Allemagne affirme qu'elle réduira ses émissions de CO2. En 2020, celles-ci devraient être de 40 % inférieures à ce qu'elles étaient en 1990. La tâche est immense : il faut notamment développer l'énergie éolienne dans le nord du pays, construire des réseaux à haute tension pour la transporter dans le sud, là où sont les industries, prévoir des centrales classiques pour les jours où il n'y a ni vent ni soleil et investir dans l'isolation du parc immobilier.

Les six mois qui viennent de s'écouler n'ont été qu'à moitié convaincants. La Commerzbank affirme que c'est notamment en raison des importations d'électricité au second trimestre que la croissance a été si faible (+ 0,1 %). L'Association des industries électro-intensives (VIK) s'est plainte, le 19 octobre, que le prix de l'électricité avait augmenté et que sa qualité était moindre. En 2012, ses adhérents devraient voir leur facture croître de 9 %. Malgré tout, le pays a supporté la fermeture de huit réacteurs et la part des énergies renouvelables est passée de 17 % à 20,8 % de l'électricité produite.

Combien va coûter la révolution énergétique en cours ? Nul ne le sait. Seule certitude : l'agence de l'énergie estime qu'il faudra développer 4 500 km de lignes électriques à haute tension dont le coût oscille entre 22 et 29 milliards d'euros. Pour réduire de dix à quatre ans la construction de ces lignes, le gouvernement a limité le pouvoir des Etats-régions avec un argument à la clé : tout kilomètre de ligne à haute tension donnera lieu à un dédommagement de 40 000 euros à la commune concernée.

Pour financer les réseaux et la transition énergétique, l'Allemagne dispose de deux outils principaux. Le premier est le fonds climat-énergie, qui va être alimenté par la vente aux enchères des quotas de CO2 octroyés aux industriels et dont on attend environ 3 milliards d'euros par an. Le second est le prélèvement "énergies nouvelles" sur la facture d'électricité payée par les particuliers - la plupart des entreprises en sont exonérées. En 2010, ce prélèvement qui permet aux producteurs d'énergies renouvelables de vendre leur électricité à un prix supérieur à celui du marché s'est élevé à 13 milliards d'euros. En 2012, il se traduira par un prélèvement de 3,59 centimes par kilowattheure (kWh) consommé, en légère hausse par rapport à 2011. En moyenne, ce prélèvement coûte 120 euros par an à un ménage (14 % de sa facture).

Alors que le mégawattheure coûte, en Allemagne, environ 60 euros, ce prix s'élève à 90 euros pour l'énergie éolienne, 150 pour l'éolien offshore et 370 pour le solaire. Les énergies renouvelables ont un coût mais les Allemands l'acceptent : selon un sondage réalisé par TNS Infratest, 79 % d'entre eux jugent le prélèvement "énergies nouvelles" "raisonnable". Seuls 15 % le jugent "trop élevé".

Malgré tout, pour assurer la transition énergétique, le gouvernement prévoit également de subventionner de nouvelles centrales au gaz mais aussi une dizaine de centrales au charbon très polluantes. Il estime les besoins à environ 10 000 mégawatts. Au grand dam des écologistes, 5 % du fonds climat-énergie (soit 150 millions d'euros) pourraient être utilisés pour subventionner jusqu'à 15 % de ces centrales. A condition que Bruxelles autorise ces aides auxquelles seuls les industriels qui possèdent moins de 5 % de parts de marché en Allemagne peuvent prétendre.

Principaux intéressés : les 900 régies municipales, mais aussi des producteurs étrangers comme EDF, GDF Suez, voire Gazprom. Avec la sortie du nucléaire, l'Allemagne vit une véritable révolution industrielle, suivie de près tant par les industriels occidentaux que par les financiers. En témoigne l'annonce en août par le fonds américain Blackstone d'un investissement de plus de 1 milliard d'euros dans un parc éolien en mer du Nord.
Frédéric Lemaître



canardos
 
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Message par canardos » 31 Oct 2011, 22:59

Quand aux Éoliennes elles ne peuvent fonctionner en raison du caractère irrégulier de leur production que si le réseau électrique est surdimensionné pour faire face à l'afflux de courant quand le vent augmente et couplées à des centrales thermiques au charbon et aux gaz pour compenser la baisse de production quand le vent diminue.

ça coute très cher en terme de réseau électrique, ça doit être lourdement subventionné au détriment du consommateur, ça sert de prétexte pour augmenter les tarifs, et ça sert simplement de cache sexe à la politique du tout charbon, politique la moins couteuse pour le capitalisme à court terme mais la plus dévastatrice pour notre environnement à long terme.

Les écolos défenseurs des gaz à effet de serre, ça serait marrant si ce n'était pas pitoyable...


a écrit :

Les éoliennes allemandes de plus en plus souvent au chômage technique

LEMONDE.FR avec AFP | 31.10.11 |

Les opérateurs d'éoliennes en Allemagne sont de plus en plus souvent contraints de les mettre à l'arrêt en raison des insuffisances du réseau électrique du pays. C'est ce qui ressort d'une étude de la fédération allemande de l'énergie éolienne (BWE), lundi 31 octobre.

Il est notamment nécessaire d'arrêter les éoliennes lorsqu'une journée de grand vent coïncide avec une faible demande dans le nord et l'est de l'Allemagne, où elles sont situées, afin de ne pas surcharger le réseau. Et ce alors que cette électricité pourrait être utile dans le sud du pays, où est concentrée l'activité économique.

PERTE D'ÉLECTRICITÉ DE 69 %

Si en 2009 les opérateurs ont fait part de 285 arrêts forcés d'éoliennes, sur une durée totale de 65 jours, en 2010 le décompte a bondi à 1 085 arrêts sur 107 jours, d'après la fédération. La perte d'électricité en résultant a ainsi augmenté de 50 à 69 % en 2010, par rapport à 2009, poursuit le BWE.

"Il faut s'attendre à une aggravation du phénomène ces prochaines années", selon la fédération, qui réclame une amélioration du mécanisme d'indemnités versées dans ces cas aux propriétaires d'éoliennes.

DIFFICULTÉS DE PERMIS DE CONSTRUIRE

Le pays doit se doter de nouvelles lignes à haute tension pour amener l'électricité produite par les éoliennes au nord vers les bassins d'activité du Sud, mais ce type de chantier se heurte souvent à de fortes résistances locales ainsi qu'à des difficultés de permis de construire.

Cette étude illustre les défis du passage au "tout renouvelable" de l'Allemagne, qui a décidé au printemps de renoncer progressivement à l'électricité nucléaire.

canardos
 
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Message par canardos » 25 Mai 2012, 13:06

quelques elements dans un article de Jancovici dont voici de larges extraits. pour voir l'article complet avec tous les graphiques cliquez sur ce lien Est-ce dangereux d'utiliser du charbon ?

a écrit :

Est-ce dangereux d'utiliser du charbon ?

Dernière modification : décembre 2011

site de l'auteur : www.manicore.com

***

A cette question triviale, un esprit taquin serait tenté de répondre que l'usage du charbon ne doit pas être si dangereux que cela, sinon nous ne nous en servirions pas ! Et si nous relions un peu plus la question à l'actualité post-Fukushima, sachant que le charbon sert surtout à produire de l'électricité, le même esprit taquin se dira tout autant que ce combustible doit être significativement moins dangereux que le nucléaire, puisque notre voisin allemand, pourtant précédé d'une réputation de culture de la sécurité qui n'est pas feinte, envisage désormais de remplacer du nucléaire par du charbon.

Le même, encore et toujours, constatera que notre journal préféré, quel qu'il soit ou presque, voit facilement des morts partout dès qu'il y a le moindre soupçon de particule alpha quelque part, alors que la mise en service d'une centrale à charbon par semaine dans le monde n'a pas l'air de l'émouvoir plus que cela. Donc le charbon, cela ne doit pas être dangereux ?

Malheureusement, ce n'est ni la première ni la dernière fois que la réalité n'est pas exactement conforme à l'opinion de la majorité, ni aux informations qui sont le plus reprises dans les media. Si nous y regardons d'un peu près, le charbon est, et de très très loin, la plus dangereuse des formes d'énergie que nous utilisons sur terre, qu'il s'agisse de ses impacts sanitaires ou environnementaux. Pour s'en convaincre, passons aux explications détaillées !

***

Tous à la mine

Le charbon est une roche combustible certes, mais c'est une roche. Comme toutes les roches, il s'extrait donc de la croûte terrestre. Selon l'endroit où il se trouve dans la croûte, il y a deux formes d'exploitation de cette ressource :

    lorsque la veine de charbon se situe à quelques centaines de mètres ou plus, l'exploitation est souterraine. Il faut alors creuser des galeries pour accéder aux veines de charbon et extraire le charbon issu de la veine, galeries qu'il faut étayer (c'est-à-dire poser des soutènements en bois ou en acier pour éviter que la galerie ne s'effondre), drainer (il y a parfois beaucoup d'eau dans une mine de charbon !), ventiler (sinon c'est l'asphyxie ou le coup de grisou), éclairer (sinon on n'y voit rien !), et encore quelques bricoles.

    les exploitations à ciel ouvert, quand le charbon affleure la surface. En pareil cas la première étape de l'affaire consiste à "décaper" la couche de terre superficielle (qui peut atteindre des dizaines de mètres), et ensuite le combustible est extrait par excavation directe (photos ci-dessous).

Le charbon qui se trouve près de la surface est en général du charbon "récent", c'est à dire du lignite (voir formation des hydrocarbures et des charbons). Le charbon le plus riche en carbone est aussi, en général, le plus profondément enfoui. De ce fait, la lignite s'exploite plutôt à ciel ouvert, et les charbons de type "hard coal" - ceux de meilleure qualité - plutôt en galeries souterraines.


Quand l'exploitation du charbon est souterraine, il y a un paquet de petits ennuis qui peuvent survenir :

    Les coups de grisou. Le grisou n'est rien d'autre que du méthane, qui se forme en même temps que le charbon, et qui est ensuite adsorbé dans la masse du charbon en question, à raison de 4 m3 par tonne environ. Quand une galerie de mine arrive jusqu'à la veine de charbon, la mise à la pression atmosphérique de cette dernière désorbe le méthane, qui diffuse ensuite dans la galerie. Les mines sont alors ventilées, justement pour éviter une accumulation de méthane, avec pour contrepartie que cette ventilation engendre l'échappement de ce métahne à l'atmopshère, ce qui contribue aux émissions de gaz à effet de serre. Quand cette ventilation se fait mal, ou bien que l'exploitation a percé une poche de méthane qui s'est formée dans la veine de charbon, il peut y avoir création d'un mélange détonnant avec l'oxygène contenu dans l'air de la galerie. L'explosion de ce mélange, c'est le "coup de grisou", dont les conséquences se chiffrent potentiellement en centaines de morts, soit comme cause directe de la déflagration, soit à cause de l'effondrement de galerie qui s'ensuit, qui prive les mineurs d'oxygène, ou libère une arrivée d'eau qui noie les occupants. Les mines ukrainiennes ou chinoises font périodiquement l'objet de ce genre d'accident, avec quelques dizaines de morts à la clé pour les accidents les plus graves.

    Les coups de poussière. Il s'agit d'une "variante" de l'accident précédent, où la déflagration n'est pas provoquée par du méthane, mais principalement par des poussières de charbon en susension dans l'air qui peuvent aussi, dans certaines conditions, former un mélange détonnant. Les conséquences sont à peu près les mêmes.

    Un effondrement des galeries pour d'autres causes qu'une déflagration : étayage mal fait voire pas du tout, forage là où il ne fallait pas, mauvaise appréciation de la solidité de la couche minérale qui sépare les veines de charbon, etc. A nouveau, cela peut tuer des mineurs sur le coup, ou les emprisonner, et ensuite ils meurent de noyade ou d'asphyxie.

    Les feux de mine. Le charbon brûle, il semblerait, et l'équivalent de quelques % du charbon extrait par les hommes fait l'objet chaque année de feux souterrains dans des mines. De pareils feux peuvent conduire à toutes les conséquences d'un incendie.

    Les opérations minières peuvent également donner lieu à des morts ou blessés lors de glissements de terrain (dans les mines à ciel ouvert), à des chutes des dispositifs de descente dans les galeries de mine...

Comme aurait dit Staline, cette affaire, combien de morts ? Eh bien.... un certain nombre ! Ce qui est correctement documenté, et depuis longtemps, ce sont les conséquences de l'exploitation dans les pays occidentaux, en particulier pour les gros accidents, ayant fait plus de 5 morts d'un coup. Mais le pays qui dominait la production mondiale de charbon, en 2010, était la Chine, avec presque la moitié du total extrait, et environ 5 millions de personnes employées dans l'extraction. Dans ce pays il est difficile d'obtenir des statistiques fiables, notamment pour les accidents dans les petites mines (dont une large partie ne sont pas exploitées par l'Etat), qui font "juste" quelques morts, mais qui sont de très loin les plus nombreux.

...


Sur la base de ces chiffres, nous pouvons estimer que pour l'ensemble Chine et Inde, soit 3,8 milliards de tonnes de charbon extraites en 2010, il y a eu environ 7000 morts dans les exploitations. A cela il faut ajouter environ une centaine de morts dans les pays de l'OCDE. Ensuite, selon la réalité dans les mines indonésiennes, ukrainiennes, russes, etc, il faut y rajouter n'importe quoi entre 100 et 3000 morts, selon la base d'extrapolation. Au total, on peut retenir que la mortalité directe dans les mines de charbon engendre un peu moins de 10.000 décès par an.

Comme 66% du charbon (soit environ 4,5 milliards de tonnes) sera utilisé pour produire environ 8000 TWh d'électricité dans le monde (un TWh = un milliard de kWh), cela signifie que chaque TWh électrique au charbon cause environ 0,8 mort immédiate pour l'extraction du charbon (en moyenne mondiale).

***

Tous sortis de la mine

Une fois sortis de la mine, nos braves mineurs ne sont hélas pas tirés d'affaire pour autant. En effet, pendant leur travail ils sont confrontés à l'inhalation chronique de tout un tas de substances pas spécialement sympathiques pour leurs poumons, qui provoquent à long terme (après 20 ans pour la principale d'entre elles) des maladies pulmonaires souvent mortelles, regroupées sous le nom de pneumoconiose.

    La première d'entre elles est la silicose, qui résulte de l'inhalation de fines particules de silice, un minéral très abondant dans la croûte terrestre, et qui se retrouve en suspension dans l'air dans les galeries de mine. Les mineurs y étaient très souvent exposés en Europe, et c'est encore le cas dans de nombreuses mines dans le monde. Cette maladie peut être évitée par aspersion d'eau sur la couche de charbon, pour empêcher que des poussières ne diffusent dans l'air pendant le travail minier, mais cela freine un peu la production, et donc ce procédé n'est pas toujours employé dans les mines qui se soucient peu de la santé du personnel (cas fréquent en Chine).

    Dans les mines il est aussi possible - quel hasard ! - d'inhaler de fines particules de charbon, conduisant à une maladie pulmonaire voisine qui s'appelle l'anthracose, dont les conséquences sont à peu près les mêmes que celles de la silicose, et les dégâts au sein des mineurs à peu près identiques. Ces maladies pulmonaires - silicose et anthracose - sont toutes les deux des "cousines" de l'asbestose, maladie des poumons elle aussi mortelle qui a été contractée par les ouvriers qui pulvérisaient de l'amiante en fibres dans l'intérieur des bâtiments.

    Enfin les mineurs de charbon sont, comme tous les mineurs pour le coup, exposés au radon, un gaz radioactif présent dans les endroits souterrains mal ventilés. L'inhalation répétée de ce gaz provoque des cancers du poumon.

Plus encore que pour les accidents de mine, il est difficile de disposer d'une évaluation fiable de la mortalité mondiale qui découle de ces maladies professionnelles, car il s'agit d'effets différés, donc qui surviennent pour partie à un moment où les mineurs ne sont plus en activité, ou plus en activité dans le domaine minier. Seuls des suivis de cohorte et des études épidémiologiques permettent d'y voir clair. Par exemple, une autopsie systématique conduite sur une cohorte de mineurs décédés aux USA, entre 1972 et 1996, a montré que 23% avaient une silicose pulmonaire (mais ils pouvaient être morts d'autre chose), et plus 50% une silicose des ganglions lympathiques. Mais les autopsies systématiques ne sont pas la règle partout ! En France, 34 000 morts par silicose ont été enregistrées de 1946 à 1987, ce qui, rapporté à la production de 1926 à 1967 (pour tenir compte de l'effet différé), représente environ 60 morts par million de tonnes extraites.

Comme les conditions d'exploitation des pays émergents sont assez similaires à celles des pays occidentaux au début du 20è siècle, l'effet de ces maladies professionnelles (essentiellement anthracose et silicose) doit s'y situer dans une fourchette de 50 à 100 morts par million de tonnes extraites, avec un effet différé de 20 ans environ. La production de charbon de 2010 - 7 milliards de tonnes environ - occasionnera ainsi à 250.000 à 500.000 morts prématurées "plus tard", au sein d'une population de mineurs de 10 millions de personnes environ cette année là.

A nouveau, ramenée à la production électrique correspondante, cela signifie qu'un TWh électrique au charbon est à l'origine, en moyenne mondiale, d'environ 20 morts différées de mineurs par silicose, anthracose, et autres bricoles sanitaires.

***

Respire !

Qu'il s'agisse de production électrique, de chauffage, ou d'industrie, utiliser du charbon, c'est le faire brûler. A l'occasion de cette combustion, divers composés, soit présents dans le charbon, soit formés par la combustion, vont être libérés. La première partie de cette série concerne des composés qui ne sont pas propres à la combustion du charbon, mais qui ne sont pas non plus exclus en pareil cas !

    Comme le charbon contient du soufre, la combustion produit du SO2 (dioxyde de soufre), comme dans le cas du fioul soufré. Le SO2 est un facteur aggravant de pathologies cardiovasculaires et pneumologiques. Ce SO2 se combine également avec l'eau atmosphérique pour former de l'acide sulfurique, qui acidifie l'eau de pluie puis les sols, pouvant accélérer le dépérissement d'espèces végétales,

    Comme pour toute combustion à l'air, il va y avoir production d'oxydes d'azote (NOx), qui - entre autres - conduisent à la formation d'ozone quand ils sont mélangés à des hydrocarbures imbrûlés avec beaucoup de soleil (l'ozone est un irritant et un toxique),

    Une combustion d'un corps solide n'est jamais parfaite : elle libère des molécules d'hydrocarbures imbrûlés. Dans cet ensemble, il va souvent y avoir un peu de méthane, mais aussi des hydrocarbures aromatiques (qui portent mal leur nom ; il s'agit de molécules contenant un cycle benzénique, et pas du tout un début de Chanel N° 5), dont l'effet cancérigène est bien documenté,

    S'il n'y a pas assez d'oxygène, ce qui se produit souvent dans les poëles domestiques, il va y avoir formation de monoxyde de carbone, qui est un toxique puissant, causant chaque année des morts dans les logements chauffés au bois ou au charbon.

Ensuite, on va trouver la libération de composés plus "exotiques", contenus dans le charbon, comme de l'arsenic, du fluor, du thallium, du sélénium, du plomb, du cadmium, du mercure, et encore quelques bricoles, dont... de l'uranium. Ces éléments forment des composés plus ou moins toxiques (chimiquement), pouvant causer des lésions des os, des dents, du système nerveux central, de la peau...

Lorsque l'utilisation du charbon est domestique (poëles), l'essentiel des dommages sanitaire vient du contact des habitants avec les fumées, ou de la contamination des aliments chauffés ou séchés avec la chaleur du poële. Et, comme les photos ci-dessous le montrent, le charbon peut ainsi engendrer des difformités... que d'aucuns petits malins pourraient faire passer pour des conséquences du nucléaire ! (car si j'avais écris que les deux malformations de droite sont dues à Tchernobyl, je suis sûr qu'une partie de la presse aurait acheté sur facture...).

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Hyperkeratose due à un empoisonnement à l'arsenic en Chine (l'arsenic est disséminé par la combustion du charbon dans les poëles domestiques). Source : Health Impacts of Coal, Robert B. Finkelman, US Geological Survey, 2003



Déformation osseuse due à un empoisonnement chronique au fluor - venant du charbon - en Chine. Source : Health Impacts of Coal, Robert B. Finkelman, US Geological Survey, 2003



Effet combiné d'une déficience en vitamine D et d'un empoisonnement chronique au fluor - venant du charbon - sur un enfant en Chine. Source : Health Impacts of Coal, Robert B. Finkelman, US Geological Survey, 2003

Dans le cas des centrales à charbon, qui mobilisent les deux tiers du charbon consommé sur terre, ces émanations sont le plus souvent à peu près correctement traitées par les divers dispositifs d'épuration, par contre il y a création d'un autre rejet significatif : des cendres. Quand on parle de cendres, il y a en fait deux catégories :

    les cendres qui tombent au fond de la chaudière de la centrale pendant la combustion (bottom ash), et qui reproupent les particules qui sont trop massives pour être emportées par la fumée chaude,

    les cendres qui sont emportées par les fumées (fumées qui sont essentiellement composées d'air très chaud), appelées cendres volantes (fly ash). Une partie est capturée par les filtres à fumée, mais une partie s'échappe à l'air libre (notamment les particules de moins de 10 microns de diamètre). Ce sont les cendres volantes les plus fines qui contiennent les plus fortes concentrations des éléments trace mentionnés ci-dessus. Une centrale moderne rejette à l'air libre environ 100 grammes de poussières (suies & cendres volantes) par MWh, soit 100 tonnes par TWh, mais les centrales peu performantes ont des taux de rejets bien supérieurs.

Une centrale à charbon ayant un rendement de 33% (ce qui est le rendement moyen des centrales à charbon dans le monde) va consommer environ 400 kg de charbon pour produire 1 MWh électrique. Avec 20% de cendres sur poids entrant, il sortira environ 80 kg de cendres. 1 TWh électrique (donc un million de MWh, ou un milliard de kWh) signifie donc 400.000 tonnes de charbon consommées, et 80.000 tonnes de cendres produites. Une centrale de 500 MW tournant "en base" (7000 heures dans l'année), et qui fournira 3,5 TWh électriques, va quant à elle :

    consommer près de 1,5 million de tonnes de charbon,

    produire 300.000 tonnes de cendres

    émettre à l'air 350 tonnes de suies et particules fines chargées en produits peu sympathiques.

Avec une centrale de 1 GW, soit l'équivalent d'un réacteur nucléaire, c'est le double ; avec un ensemble de centrales de 3 GW, soit l'équivalent de 2 EPR, c'est le quadruple. L'Allemagne, qui produit 300 TWh d'électricité au charbon (avant son abandon annoncé du nucléaire), dont un partie de lignite (avec une teneur en cendres plus élevées) produit donc environ 25 millions de tonnes de cendres par an (100.000 fois plus de poids que nos déchets nucléaires !), et envoie environ 30.000 tonnes de particules fines dans l'air.

Les cendres non volantes peuvent elles aussi être source d'inconvénients divers. Avant d'être éventuellement évacuées pour être utilisées comme matériau de remblai (ce qui est leur utilisation la plus fréquente), ces cendres sont généralement entreposées près des centrales sous forme de terrils, ou dans des bassins de rétention, et peuvent donner lieu, par lixiviation (action de l'eau qui entraîne les éléments solubles), à des pollutions locales plus ou moins gênantes. Il y a même eu, aux Etats Unis, un bassin de rétention qui contenait des boues formées par des cendres et de l'eau dont la digue a rompu, faisant des centaines de morts !

Mais ce sont les cendres volantes et les particules fines non arrêtées par les dispositifs de filtration (taille inférieure à 10 microns ; à titre de comparaison un cheveu a une épaisseur de plusieurs dizaines de microns), qui ont les effets sanitaires potentiellement les plus négatifs. Le tableau ci-dessous, issu d'une publication médicale, donne par exemple une évaluation de l'effet d'une augmentation du taux de particules fines (PM10) sur la mortalité immédiate.
Zone 
% d'augmentation de la mortalité par zone
Moyenne Europe  0,60%
Villes avec une faible concentration en NO2  0,19%
Villes avec une forte concentration en NO2  0,80%
Climat froid  0,29%
Climat chaud  0,82%

Variation de la mortalité aigue due aux PM10 en Europe. Le % représente la hausse du taux de mortalité pour chaque augmentation de10 µg/m3 de PM10 dans l'air. Source Katsouyanni et al., "Confounding and effect modification in the short term effects of ambient particles on total mortality: results from 29 European cities within the APHEA2 project". Epidemiology, vol.12(5):521-31.

Il est cependant toujours difficile de savoir de combien on a raccourci la vie d'un "mort" par pollution atmosphérique. A-t-il perdu une semaine d'espérance de vie, ou 20 ans ? Quoi qu'il en soit, si l'on met bout à bout tous les effets des diverses pollutions atmosphériques engendrées par les centrales à charbon, ces dernières restent, aux dires des médecins, la plus mauvaise idée pour produire de l'électricité, même en Europe, et même sans tenir compte du changement climatique.

Morts par TWh électrique (et émissions de CO2 par kWh électrique) pour les divers modes de production électrique en Europe, hors prise en compte de la mortalité induite par le changement climatique. Les maladies professionnelles des exploitations de charbon en Europe sont significativement plus basses que dans les pays non OCDE.

Source : Electricity generation and health, Anil Markandya &Paul Wilkinson, The Lancet, 2007; 370: 979–90. (NB : The Lancet est la revue de référence en médecine, un peu comme Science dans le domaine des sciences physiques).

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Les valeurs du graphique ci-dessus, qui sont reprises dans la synthèse effectuée par la Commission Européenne dans le cadre du programme ExternE, débouchent sur la conclusion que la production électrique au charbon allemande, soit 300 TWh, engendre environ 10.000 morts prématurées par an dans ce pays à cause de la pollution de l'air par les particules fines. Encore une fois, ans même parler du changement climatique ou de la dépendance énergétique, remplacer du nucléaire par du gaz ou du charbon est clairement augmenter la mortalité liée à la production électrique, et pas du tout la diminuer !

***

Chauffe !

Enfin, last but not least, le charbon est à l'origine d'un quart des émissions mondiales de gaz à effet de serre, et est donc un contributeur majeur aux futurs morts du changement climatique, même si leur nombre est évidemment encore plus difficile à quantifier que pour les impacts qui précèdent.

    Répartition des émissions mondiales de gaz à effet de serre avec un double découpage par gaz et usage. On remarque que les centrales électriques à charbon émettent plus de gaz à effet de serre que l'agriculture, ou que les transports (98% du transport fonctionne au pétrole). Si l'on y rajoute les centrales à gaz, la production électrique est à l'origine de quasiment un quart de nos émissions de gaz à effet de serre. Dire "c'est électrique donc c'est sans pollution" est donc une conclusion qui se discute !

    Compilation de l'auteur sur sources diverses

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Rappelons que quand on construit une centrale électrique on en prend normalement pour 40 ans d'émissions (durée de vie de la centrale), et nous devrions donc réfléchir d'un peu plus près avant de nous (re)mettre au charbon !


On voit clairement que les émissions "déjà engagées pour l'avenir" les plus importantes proviennent des centrales électriques existantes. C'est donc dans ce domaine que l'inertie est la plus grande (ou l'irréversibilité la plus forte).

Source : Davis et al., Science vol 329, 2010

Quand on met tout ce qui précède bout à bout, le charbon s'avère donc être, et de loin, la plus problématique des énergies que nous utilisons. Mais ce n'est clairement pas l'avis de bon nombre de militants dits environnementaux, puisqu'ils préfèrent supprimer du nucléaire pour le remplacer par du charbon. Cela conduit logiquement sur la question suivante : au fond, être antinucléaire, est-ce être écologiste, ou est-ce juste être... antinucléaire ?

canardos
 
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