nourrir 9 milliards d'hommes

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par canardos » 11 Mars 2007, 22:50

a écrit :

[center]Nourrir 9 milliards de Terriens[/center]

LE MONDE | 10.03.07 |


La planète pourra-t-elle fournir de quoi manger aux 9 milliards d'humains qu'elle portera en 2050 ? Les agronomes du monde entier se posent cette question avec d'autant plus de circonspection qu'aujourd'hui, sur les 6,5 milliards d'habitants que compte la Terre, 2 milliards sont mal nourris et 854 millions sont "affamés", disposant de moins de 2 200 calories par jour. "Le défi est déjà de produire 30 % de plus pour que les humains mangent à leur faim, puis d'élever la production en 2050 pour nourrir 9 milliards de personnes, dit Marcel Mazoyer, professeur à AgroParisTechn. Pour atteindre ces objectifs, la production agricole mondiale devra doubler."

Comment faire ? La première piste est l'augmentation des surfaces cultivées : les terres arables représentent aujourd'hui 1,5 milliard d'hectares. Ce chiffre pourrait être presque doublé, selon l'étude prospective "World agriculture : towards 2030/2050" menée par la FAO (Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture). S'appuyant sur des images satellitaires, l'étude estime à 2,8 milliards d'hectares l'ensemble des terres utilisables, avec notamment des terres disponibles en Afrique et en Amérique du Sud. "Il est possible de multiplier par 1,7 la superficie cultivée tout en réservant les terrains nécessaires pour les habitations et les infrastructures et en préservant les forêts", estime M. Mazoyer. Cette thèse très optimiste est cependant contestée par d'autres experts. "Les terres apparemment vides sont déjà utilisées en jachères par rotation longue des cultures, souligne Michel Griffon, du Cirad (Centre de coopération international en recherche agronomique pour le développement). Je pense que les estimations de la FAO ne sont pas réalistes."

Deuxième piste pour répondre au défi démographique, faire progresser les rendements moyens des surfaces cultivées. Une solution que la majorité des agronomes estime réalisable. Dans les pays développés, l'agriculture intensive permet des rendements élevés (de 2 à 10 tonnes par hectare). Mais ils ne pourront plus tellement progresser, et le modèle n'est pas transférable aux pays du Sud, où les faibles rendements ont de grandes marges de progression. L'usage des produits chimiques et phytosanitaires entraîne au Nord une forte pollution, et "leur prix va forcément augmenter dans les trente à quarante prochaines années, du fait de la hausse du coût du pétrole, note Michel Griffon. Nous allons vers une agriculture au coût énergétique élevé, disposant de peu d'engrais et devant économiser l'eau."

Quelle nouvelle approche technique imaginer ? Les OGM, étudiés ou cultivés en Inde, en Chine, au Brésil ou en Argentine, sont-ils une solution pour les pays les plus pauvres ? "Cette réponse n'est pas à la hauteur des enjeux, estime M. Griffon. Il n'est pas impossible qu'ils soient intéressants, mais pour la sélection des plantes, il existe des techniques rapides et beaucoup moins onéreuses."

Pour les agronomes, il faut utiliser moins de machines, d'engrais chimiques et de pesticides - que d'ailleurs les paysans pauvres peuvent rarement se payer - pour "inventer une agriculture écologiquement intensive qui tire un meilleur rendement sans dégrader les écosystèmes", précise M. Griffon.

"Une expertise pilotée par la Banque mondiale et regroupant 800 experts internationaux est actuellement en cours et va dans ce sens", ajoute Bernard Hubert, de l'INRA (Institut national de la recherche agronomique). Ce travail collectif, sous l'acronyme d'IAASTD (International Assessment of Agricultural Science and Technology for Development), devrait être publié fin 2007.

Ce nouveau modèle, dénommé écoagriculture, agroécologie, ou agroforesterie, pourrait faire doubler, sans moyens conséquents, les rendements des pays du Sud, là où la nécessité est la plus criante. Il repose sur la capacité des écosystèmes à se régénérer grâce à des associations de plantes différentes, avec des successions de multiples cultures au long des années... "Dans le Sahel, les rendements peuvent ainsi être doublés en associant la culture du mil et la plantation d'acacias", illustre Marc Dufumier, de l'INA (Institut national agronomique).

Ces pistes concrètes pour répondre au défi démographique et agricole comportent cependant un certain nombre d'inconnues. Quelle sera l'ampleur du développement des biocarburants ? L'utilisation à des fins énergétiques des sols pour la culture du maïs ou de la canne à sucre pourrait concurrencer des productions alimentaires. Déjà au Mexique, qui s'approvisionne aux Etats-Unis, le prix des tortillas à base de maïs a augmenté de 14 % en un an, les cultures américaines se dédiant de plus en plus à la production d'éthanol. Autre incertitude, l'amplitude du changement climatique annoncé - auquel, d'ailleurs, participe l'agriculture chimique, en émettant des gaz à effet de serre avec les tracteurs, les engrais et autres transports d'aliments d'un bout à l'autre de la planète. "Des surprises graves sont imaginables, relève Frédéric Dévé, un consultant indépendant, par exemple si le Bangladesh est inondé ou si des phénomènes de dégradation des sols se produisent à l'image du Dust Bowl (tempêtes de poussière) aux Etats-Unis dans les années 1920." Certes, le réchauffement pourrait améliorer la production agricole au Canada, en Russie, et au nord de la Chine. Mais les terres brésiliennes, africaines et australiennes pourraient voir, elles, leur fertilité diminuer.

Enfin, si la voie "agroécologique" est une solution pour nourrir 9 milliards de personnes, sa mise en oeuvre est tributaire de choix politiques : "Le problème à résoudre d'ici à 2050 est la répartition des revenus. Les gens ne peuvent se nourrir car ils sont trop pauvres, analyse M. Dufumier, Comment faire pour que la paysannerie augmente ses ressources ?" En cause, la concurrence sur les marchés mondiaux des produits agricoles des pays du Nord, fortement subventionnés. "Si on laisse le marché mondial ouvert, poursuit M. Dufumier, les prix trop bas empêcheront les paysans pauvres de survivre. Ils iront par centaines de millions vers les villes où il n'y a pas assez d'emplois."

"Un milliard de personnes vivent déjà dans les bidonvilles, ajoute M. Dévé. Si ce chiffre double, voire triple, ces personnes auront du mal à accéder à une alimentation suffisante. Des problèmes de congestion urbaine, de criminalité vont émerger." Selon M. Griffon, un changement de priorité est nécessaire, "la paysannerie est actuellement considérée comme résiduelle, comme si le monde nouveau devait se faire contre elle. Il faut faire de l'agriculture une priorité des politiques publiques."

Hervé Kempf




quand on voit l'importance et la difficulté de cet objectif à l'horizon 2050, alors que les terres cultivables diminuent et que la désertification gagne, je trouve assez indécent le discours actuel qui propose de dértourner une partie des terres cultivables existantes pour faire du biocarburants parce que les possesseurs de voitures ont plus d'argent pour acheter de l'essence mais que les plus pauvres pour acheter de la nourriture
canardos
 
Message(s) : 18
Inscription : 23 Déc 2005, 16:16

Message par Crockette » 14 Mars 2007, 11:19

autre inconvénient : le desert avance en afrique mais aussi dans certaines régions de chines où il avale progressivement les cultures.


et je parle pas des effets des canicules dont nous sommes juste au tout début...

Crockette
 

Message par canardos » 15 Mars 2007, 08:01

et sur les possibilités qu'offrent les ogm à aider de nourrir ces 9 milliards d'etres humains, la polémique continue, une polémique qui ne fait guère dans la nuance ....

rien à attendre de ce genre de débat organisé et financé par les semenciers qui font l'apologie des ogm comme une solution miracle alors qu'en Inde la poursuite de la "révolution verte", qui inclut l'utilisation d'ogm, permet certes d'augmenter la production et les rendements agricoles, mais chasse des campagnes des dizaines de millions de paysans.

poue autant peut on critiquer en tant que telles ces nouvelles techniques qui permettrait dans l'absolu de nourrir la population indienne, mais qui, dans le systeme capitaliste, appauvrissent encore les petits paysans!

ce qui est rigolo, c'est que les anti-ogm invité à cette conférence se sont fait également des défenseurs du libéralisme....Inf'ogm voit la solution dans l'arret du protectionnisme!

bien sur la solution ce serait un capitalisme pur....non génétiquement modifié! :hinhin:

a écrit :

Les OGM, solution à la malnutrition?

Charlotte Plantive

Agence France-Presse

Lyon, France

Les pays en développement ont besoin des OGM pour résoudre leurs problèmes de malnutrition, ont soutenu des participants au forum mondial des sciences de la vie BioVision qui s'achevait mercredi à Lyon, mais sans faire l'unanimité.

Les organismes génétiquement modifiés (OGM) jouent un rôle dans le soulagement de la faim et de la pauvreté dans les pays en développement, a assuré le professeur sud-africain Diran Makinde.

Plus résistantes aux maladies, aux parasites et à la sécheresse, les plantes modifiées permettent des rendements plus élevés et limitent l'utilisation d'insecticides ou l'arrosage, a-t-il poursuivi lors d'une conférence de presse organisée par EuropaBio, association des industries de biotechnologies européennes.

«Je paie plus cher les graines de coton OGM mais ma production est plus importante et de meilleure qualité. Au final je gagne de l'argent», a renchéri Rubash Jhakar Singh, un agriculteur venu d'Inde, où il existe près de 4 millions d'hectares de cultures génétiquement modifiées.

«Avec mes profits, j'envoie mes cinq enfants à l'école et je maintiens mon tracteur en état», a ajouté Myeni Thandiwe qui dit avoir doublé sa production de coton dans l'est de l'Afrique du Sud, seul pays africain à commercialiser des OGM.

«Je respire moins de pesticides et ma santé s'améliore», s'est encore félicité Arun Thakre, un autre Indien producteur de coton Bt (Bacillus thuringiensis, coton transformé pour produire une protéine toxique pour un parasite).

Laurence Meyrat, coordinatrice de Greenpeace à Lyon, ne partage pas leur enthousiasme. Dimanche, à l'ouverture de BioVision, elle a participé à une manifestation pour critiquer un Forum organisé à l'initiative des firmes qui produisent des OGM.

Pour elle, les promesses des entreprises de biotechnologies sur les plantes génétiquement modifiées (PGM) ne sont que de la poudre aux yeux. «Elles ne sont pas au point en terme de rendement et ne consomment pas moins de pesticides», a-t-elle soutenu.

Quant à Christophe Noisette, rédacteur en chef d'Inf'OGM, site d'information critique sur les OGM et auteur d'un article récent sur les portes d'entrées des OGM en Afrique, il relève que même les Africains, très concernés par la malnutrition, ne sont pas tous convaincus de l'intérêt des OGM.

«Si l'Afrique du Sud, le Kenya et le Burkina Faso leur sont favorables, le Bénin, l'Algérie et le Mali se posent beaucoup de questions», a-t-il expliqué à l'AFP.

Lui-même n'est pas certain que les OGM permettent d'améliorer les rendements à long terme. «L'expérience montre que les insectes sont devenus plus résistants avec les années, et qu'il a fallu revenir aux pesticides», a-t-il dit.

Quant à l'argument alimentaire, il n'y croit pas du tout. Selon lui, les pays en développement produisent surtout du coton et du soja modifiés, qui sont ensuite exportés.

«Si le Nord veut aider l'Afrique à se développer, il devrait arrêter de subventionner ses agriculteurs. Sinon, a-t-il asséné, c'est comme si on tapait sur les Africains et que les OGM servaient de pansements».

canardos
 
Message(s) : 18
Inscription : 23 Déc 2005, 16:16

Message par canardos » 15 Mars 2007, 12:32

C'est quand meme extraordinaire de voir comment inf'ogm de Testard (qui dans un lointain passé a parait-il été d'extreme gauche...) fait l'apologie du libre échange agricole comme solution au sous developpement alors que ce libre échange se traduit par l'extension des cultures d'exportation au détriment des cultures vivrières locales et par la ruine de tous les petits producteurs dans l'incapacité de produire au prix du marché mondial...

et inf'ogm, tenant du capitalisme pur et dur, est la boussole de nombreux groupes "altermondialistes" en matiere d'écologie...

pas étonnant qu'on lise autant de conneries...
canardos
 
Message(s) : 18
Inscription : 23 Déc 2005, 16:16

Message par canardos » 18 Mars 2007, 18:19

ben, pumpz c'est vrai qu'il faudrait choisir des céréales moins gourmandes en eau dans certaines régions, et que le mais boit beaucoup...la priorité est de proteger les nappes phréatiques.

quand au bétail tu veux nous transformer en végétariens?

mais quand à ce que tu dis pour les ogm, le fait que ce soit produit pour l'argent et pas pour nos besoins, n'est ce pas vrai pour n'importe quel produit industriel ou agricole dans le systeme capitaliste?

quand au fait de "défier la nature" et de transformer les especes pour les adapter à nos besoins n'est ce pas non plus ce que fait l'homme depuis le début de l'agriculture et de l'élevage?

si tu penses que c'est seulement pour se sentir malin, alorrs je te ferais remarquer que c'est le fait que nous nous servons de notre gros cerveau qui fait la spécificité de l'espèce humaine

canardos
 
Message(s) : 18
Inscription : 23 Déc 2005, 16:16

Message par roudoudou » 18 Mars 2007, 20:11

a écrit :si tu penses que c'est seulement pour se sentir malin, alorrs je te ferais remarquer que c'est le fait que nous nous servons de notre gros cerveau qui fait la spécificité de l'espèce humaine

On se sert surtout du pognon oui car vue les désastres mieux vaudrez se servir de notre cerveau et pensé a une organisation socialiste de la société car bonjours le futur. :sleep:

A médité ou pour réfléchir

a écrit :"Quand le dernier arbre sera abattu, la dernière rivière empoisonnée, le dernier poisson capturé, alors seulement vous vous apercevrez que l'argent ne se mange pas". Un indien Cree
“J'ai décidé d'être heureux parce que c'est bon pour la santé.”
Voltaire
Avatar de l’utilisateur
roudoudou
 
Message(s) : 26
Inscription : 11 Jan 2006, 14:53

Message par canardos » 19 Mars 2007, 08:00

justement, roudoudou, justement....

quand inf'ogm propose comme alternative aux ogm pour nourrir la planete le libéralisme économique et la fin du protectionnisme des pays developpés, il faudrait qu'ilk se souvienne de cette formule attribuée à un indien Cree....l'argent ne se mange pas....
canardos
 
Message(s) : 18
Inscription : 23 Déc 2005, 16:16

Suivant

Retour vers Sciences

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 2 invité(s)

cron