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[center]Des souris retrouvent la mémoire[/center]
Malgré la perte de neurones liée à une maladie neurodégénérative, la mémoire peut être récupérée grâce à un environnement stimulant, selon des chercheurs.
Des souris qui ont subi une importante perte de neurones récupèrent la mémoire après un séjour dans un environnement riche et stimulant. C’est ce que montre une étude publiée par des chercheurs américains dans la revue Nature datée du 29 avril. La perte de neurones caractéristique des maladies neurodégénératives, telles la maladie d’Alzheimer ou de Parkinson, est souvent associée à des problèmes de mémoire, mais aussi à des troubles de l’apprentissage, menant dans certains cas à la démence.
Andre Fischer et Li-Huei Tsai, du Massachussets Institute of Technology (USA), ont manipulé des souris transgéniques chez lesquelles une perte neuronale est provoquée par la protéine p25, impliquée dans de nombreuses maladies neurodégénératives. L’objectif de ces recherches a été de déterminer l’effet de l’environnement sur la mémoire et l’apprentissage de ces souris déficientes en neurones. Pour cela, les chercheurs les ont exposées à une situation répétée de peur: placées dans une cage, les souris reçoivent un choc électrique. Ensuite, certaines d’entre elles sont placées dans une cage banale, tandis que d’autres sont installées dans un environnement stimulant avec jouets, nourriture et eau en abondance, durant 4 semaines, en vue de consolider leur mémoire à long terme.
Les chercheurs ont constaté que les souris ‘’stimulées’’ se souviennent beaucoup mieux de l’expérience du choc électrique.
L’apparente perte de mémoire, théoriquement liée à la perte de neurones, s’est avérée être un problème d’accessibilité à cette mémoire. Ce phénomène peut être comparé à la mémoire fluctuante observée chez des patients déments qui ont des périodes de lucidité. Selon Fischer et ses collègues, l’accès de novo à cette mémoire à long terme s’effectuerait par le rétablissement du réseau synaptique, par un mécanisme encore inconnu. Le poids du cerveau est le même dans les deux groupes de souris, prouvant que la quantité de neurones reste inchangée. En revanche la quantité de synaptophysine, un neurotransmetteur, est nettement supérieure pour le groupe privilégié. En somme, l’environnement stimulant favorise le développement de nouvelles connexions entre neurones.
L’hypothèse émise par l’équipe du MIT est que l’environnement stimulant modifie l’expression de certains gènes qui, lorsqu’ils sont activés, provoquent une destruction de neurones. Ils ont donc tenté de reproduire l’expérience en inhibant une enzyme, l’histone désacétylase, qui est un régulateur de l’expression des gènes. Les souris déficientes en neurones ont pu utiliser leur mémoire à long terme sans difficulté. Selon les auteurs de l’article, il est encore trop tôt pour envisager un médicament reposant sur ce mécanisme. D’autres enzymes sont actuellement à l’étude.
Jeremy Zuber
Sciences et Avenir.com
(04/05/07)