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Message Publié : 07 Mai 2007, 19:44
par canardos
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[center][b]Les chaleurs perturbent les productions agricoles[/b][/center]

LE MONDE | 07.05.07 |

Les fortes chaleurs des dernières semaines provoquent des télescopages dans la production agricole. "Le mauvais temps, c'est celui qui dure trop", disent en général les agriculteurs. Selon Météo France, le pays a connu le mois d'avril le plus chaud jamais enregistré. Déjà, l'automne et l'hiver avaient été cléments, rappellent les professionnels, qui se demandent quel impact ces températures élevées auront sur les marchés.

Des vagues de pluie ou de froid pouvant surgir en mai, ils se cantonnent aux hypothèses sur la qualité et la quantité des futures productions, et donc sur les prix. Mais certains produits montrent déjà des difficultés particulières liées à la chaleur, selon les fédérations professionnelles.

Ainsi, la laitue ou la batavia, salades de printemps, "montent" sous l'effet des températures estivales, ce qui a pu provoquer une impossibilité de commercialisation. Les fraises sont aussi parfois arrivées en surmaturité dans les rayons, donc refusées. Les producteurs redoutent, en outre, la multiplication des maladies et les attaques de pucerons dues à la chaleur, tout comme l'assèchement des sols. L'ensemble pouvant avoir un impact sur la production.

Mais le principal effet, pour l'instant, de la vague de chaud est la précocité des cultures, qui ont poussé bien plus vite. Pour les fruits et les légumes comme pour les grandes cultures ou la vigne, là où il a fait extraordinairement chaud (+ 5 à 6 degrés dans le centre, le nord et l'est du pays), on constate une avance de deux à trois semaines dans les cycles végétatifs. Ici ou là, les moissons pourraient débuter dès juin et les vendanges dès août.

"L'avancement du stade de développement de la plupart des céréales, dont le blé, est phénoménal", explique Philippe Gate, écophysiologiste chez Arvalis-Institut. Les orges d'hiver, qui épient vers le 15 mai, l'ont fait depuis le 25 avril ; les blés, qui épient, eux, autour du 25 mai, ont déjà commencé. Si les semis de printemps, comme le maïs, n'ont pas été avancés, les plantes devraient croître bien plus vite aussi.

[b]TÉLESCOPAGE DANS LE CALENDRIER[/b]

"Normalement, l'écart de précocité est très fort entre le sud et le nord de la France, ce n'est pas le cas cette année", constate M. Gate. Résultat de cette absence de décalage entre régions, voire entre pays : les professionnels doivent faire face à un inhabituel télescopage dans le calendrier des productions. L'impact est d'autant plus fort pour les fruits et légumes de printemps qu'ils ne sont pas stockables, au contraire des produits d'hiver, comme le poireau et l'endive ou des futures pommes et poires de fin d'été.

En avril, deux productions ont particulièrement été touchées par ce chevauchement qui bouleverse les approvisionnements. Les asperges du nord et du sud de la France ont débarqué sur le marché en même temps, mais aussi celles de Belgique, des Pays-Bas et d'Allemagne.

Les fraises, pour lesquelles la saison commence d'habitude par des recours à l'importation, sont toutes arrivées ensemble à maturation : celles du sud de la France, celles du val de Loire et celles de Bretagne, mais aussi celles d'Espagne ou du Maroc, où il faisait mauvais. Il pourrait en être de même pour la cerise, qui fera son apparition sur les étals dans les prochains jours.

"Les producteurs sont inquiets, car, avec cet encombrement, les cours s'effondrent, explique Sandrine Morard, directrice de la Fédération nationale des producteurs de fruits (FNPF). Ces dernières semaines, les fraises, au stade expédition, partaient pour 0,5 et 1 euro de moins que l'an dernier" - ce qui ne signifie cependant pas une baisse des prix simultanée dans les rayons. Les producteurs redoutent donc de ne pas s'y retrouver au final.

Une chance, cependant, pour une fois le bouleversement du calendrier de production a été accompagné par la consommation, grâce à la durée de la vague de chaleur. Les Français ont donc été très demandeurs à la fin du mois de concombres, tomates, radis et autres navets. "Cela n'a pas aidé cependant les fins de campagne des légumes d'hiver", tient à préciser Véronique Declerck, qui dirige le service économique d'Interfel, l'interprofession des fruits et légumes. Un télescopage, là encore.

A moyen terme, d'autres effets se feront probablement sentir. Les producteurs redoutent, par exemple, l'impact de la météo des derniers mois pour l'arboriculture, qui a pu souffrir du manque de froid. Ils ont ainsi constaté des tombées de fleurs pour les abricotiers ou les cerisiers, et surveillent de près les poiriers. Le phénomène pourrait avoir pour conséquence une baisse de la production.

Côté grandes cultures, les hypothèses sont pour l'instant positives. Une récolte avancée de trois semaines, autrement dit dès juin, aurait un double avantage, selon l'Office national interprofession des grandes cultures (ONIGC), qui surveille les marchés. D'une part, elle permettrait de réduire la durée de soudure entre les récoltes 2006 et 2007, alors que les stocks sont bas. Elle pourrait, d'autre part, permettre "d'arriver un peu en avance sur les marchés internationaux, ce qui peut faciliter la signature de contrats", explique le directeur général de l'office, Bruno Hot.

Laetitia Clavreul

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