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[center]Réunion scientifique internationale cruciale pour l'avenir des baleines[/center]
AFP | 07.05.2007 |
Le comité scientifique de la Commission baleinière internationale (CBI) est réuni depuis lundi et pour dix jours à Anchorage (Alaska), alors que le Japon intensifie ses efforts pour faire lever l'interdiction de la chasse commerciale à la baleine en place depuis 1986.
"La réunion d'Anchorage est cruciale car il pourrait y avoir pour la première fois depuis vingt ans une nette majorité en faveur de la reprise de la pêche commerciale à la baleine", explique Patrick Ramage, un responsable du "International Fund for Animal Welfare", une organisation privée pour la protection animale.
Les travaux, qui réunissent une cinquantaine de scientifiques, se tiennent à huis clos. Ils doivent déboucher sur la rédaction d'un rapport remis à la CBI le 28 mai, premier jour d'une conférence qui réunira les délégués des pays membres jusqu'au 31 mai.
"Nous restons optimistes sur la possibilité de pouvoir maintenir le statu quo ou peut-être même d'augmenter le nombre de votes pour préserver les cétacés. Mais il est très difficile de prévoir l'issue de ces discussions, alors qu'actuellement le comité et le CBI sont divisés en deux blocs égaux", poursuit-il.
Selon Patrick Ramage, trois à cinq pays supplémentaires pourraient décider d'ici à la fin du mois de soutenir la position japonaise, déjà appuyée notamment par l'Islande et la Norvège.
Le Japon a réussi à convaincre plusieurs petits pays de le soutenir en leur promettant des aides pour leur pêcheries et d'autres formes d'assistance, affirme ce responsable de l'"International Fund for Animal Welfare".
Tokyo était déjà parvenu l'an dernier, lors de la précédente réunion de la CBI en juin 2006 à Frigate Bay (Saint-Kitts-et-Nevis), à obtenir une majorité simple (33 votes contre 32) en faveur d'une résolution jugeant "non nécessaire désormais" le moratoire sur la chasse à la baleine.
Ce vote n'avait cependant eu qu'une valeur symbolique, puisqu'une majorité des trois quarts des membres est nécessaire pour lever le moratoire.
Toutefois, si le Japon maintient ou renforce cette année cette majorité au sein de la CBI, il pourrait être en mesure de "modifier les règles internes de la commission pour la rendre moins transparente, affaiblissant le camp des écologistes à son avantage", craint Kitty Block, de l'"humane Society International", un groupe privé de protection des baleines.
"Une majorité simple suffit également à déterminer les travaux du comité scientifique pour qu'il se concentre seulement sur les quotas de chasse et non plus sur son impact environnemental", ajoute-t-elle.
Comme les années précédentes, le Japon va également tenter de faire pression sur les Etats-Unis en bloquant leur demande de quotas de chasse à la baleine pour les populations autochtones d'Alaska. Le CBI accorde de tels quotas pour la pêche dite de subsistance, dont bénéficient aussi des populations aborigènes en Russie.
Tokyo pourrait mettre comme condition à son soutien que Washington accepte d'appuyer sa demande pour l'autoriser à chasser la baleine au large des côtes nippones.
Lors d'une conférence internationale à Tokyo en février, le principal négociateur japonais à la CBI, Joji Morishita, avait appelé les pays opposés à la chasse à la baleine à ouvrir le dialogue, plutôt que de systématiquement rejeter sans en débattre les propositions des nations baleinières.
Il avait aussi brandi la menace, en l'absence de progrès, d'un retrait du Japon de la CBI.
Selon Patrick Ramage, le Japon tue plus de 1.200 cétacés par an sous un prétexte scientifique. La pêche limité à la baleine est autorisée par la CBI pour la recherche et la préservation de l'espèce.
Par comparaison, la Norvège et l'Islande comptent respectivement 600 et 30 prises de cétacés annuelles.