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[center]L’interférence ARN existe aussi chez les algues[/center]
Le mécanisme d’interférence ARN, qui permet de réduire des gènes au silence, serait apparu très tôt, avant l’évolution d’organismes multicellulaires.
Le mécanisme de l’ARN interférent, dont la découverte a été récompensée l’année dernière par le prix Nobel de médecine, a été mis en évidence chez des bactéries, des mammifères, des champignons, des plantes, des protozoaires… mais n’avait encore jamais été observé chez un être unicellulaire. C’est désormais chose faite. Deux équipes indépendantes ont découvert que l’algue verte unicellulaire Chlamydomonas reinhardtii possédait des microARN et des petits ARN interférents. Ce qui suggère que le mécanisme n’est pas une invention récente de l’évolution.
Ce sont les recherches de Craig Mello et Andrew Fire publiées à la fin des années 90 qui ont permis de découvrir le mécanisme d’interférence ARN qui peut bloquer l’expression d’un gène et ainsi empêcher la fabrication d’une protéine. La découverte de l’ARN interférent (ARNi, double brin) a été rapidement complétée par celle des microARN (simple brin) et des petits ARN interférents (short interfering RNA), qui sont des fragments d’ARN double brin.
L’équipe internationale dirigée par Yijun Qi (Institut national de biologie, Chine) et l’équipe britannique menée par David Baulcombe (John Innes Centre, GB) ont toutes deux mis en évidence l’action des ces petits et micros ARN chez l’algue unicellulaire. Les premiers ont publié leurs travaux dans la revue Gene & Development datée du 15 mai, les seconds publient aujourd’hui dans l’édition électronique de la revue Nature.
Les microARN et les siARN de l’algue partagent de nombreux points communs avec ceux des plantes, soulignent les chercheurs. Ils ont la même capacité de se lier avec des ARN messagers impliqués dans la transcription du gène pour bloquer le processus. Les chercheurs suggèrent que ces petits ARN étaient présents dans les cellules eucaryotes* primitives et qu’ils ont ensuite évolué chez les organismes multicellulaires.
Cécile Dumas
Sciences et Avenir.com
(31/05/07)
*Les cellules eucaryotes possèdent un noyau contenant le patrimoine génétique.