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Le mercredi 13 juin 2007
[center]L'azote dope la capacité des forêts à absorber le carbone[/center]
AFP Paris
L'azote émis dans l'atmosphère par les activités humaines, comme l'agriculture, la pollution industrielle et automobile, dope la capacité des forêts de l'hémisphère nord à absorber le carbone, selon une étude de chercheurs américains et européens.
Le stockage de carbone par la forêt - de quelques centaines à quelques tonnes de carbone par hectare et par an - compense environ un quart des émissions de gaz à effet de serre d'origine fossile, estiment les scientifiques.
Selon les chercheurs d'une dizaine de laboratoires européens (Italie, Suède, Royaume-Uni, France, Suède, Commission européenne) et américains (États-Unis et Canada) qui présentent leurs travaux dans la revue scientifique Nature datée de jeudi, l'apport exogène d'azote dû aux activités humaines pourrait être l'une des causes principales de cette fonction de «puits de carbone» des forêts des zones tempérées et boréales.
Les arbres captent du carbone par la photosynthèse, l'incorporent dans les matières organiques et rejettent du carbone, directement en respirant et indirectement par la décomposition des feuilles, racines, débris qu'ils apportent au sol. Au passage, ils en fixent une partie, et c'est ainsi que les forêts comptent au nombre des «puits» de carbone qui, comme les océans, avalent une partie de l'excédent.
Or l'azote, dont les sols des forêts sont généralement pauvres, favorise la photosynthèse. Donc ce que l'humanité envoie en excès dans l'atmosphère constitue un apport additionnel d'azote, qui permet à son tour d'augmenter la capacité du bois et des sols à fixer le carbone.
«On a multiplié par deux les émissions d'azote en un siècle. Or, pour un kilo d'azote envoyé dans l'atmosphère, les arbres et les sols absorbent à l'arrivée 400 kilos de carbone», souligne l'un des auteurs, Federico Magnani de l'Université de Bologne.
Tout bénéfice? Attention, tempère Denis Loustau de l'Institut national de la recherche agronomique (Inra, France), également associé aux recherches: les dépôts azotés ont «pour le moment un effet positif sur le bilan carbone des forêts étudiées et il est probable qu'il y ait un accroissement de ce bilan. Mais il y a encore pas mal d'inconnues, notamment sur les limites à ne pas dépasser», insiste-t-il en redoutant «un effet de saturation».
Ce seuil selon lui «n'a pas été atteint dans les forêts qu'on a étudiées. Mais au-delà, on assisterait à un dépérissement comme on l'observe déjà dans les zones les plus polluées, des forêts péri-urbaines proches d'usines», explique-t-il.
«Ca conduit alors à des phénomènes de lessivage des nutriments dans les sols et à des phénomènes assimilés à des pluies acides, c'est un peu le même type de processus», explique-t-il.
L'étude a également permis de montrer que la capacité d'absorption d'une forêt varie selon son âge: «Très jeune, juste après une coupe, un incendie ou une tempête, la forêt perd du carbone puis, au fur et à mesure qu'elle repousse, elle se met à en fixer. Mais en vieillissant, elle est de nouveau moins productive et fixe moins de carbone», résume M. Loustau.