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Message Publié : 21 Sep 2007, 07:25
par Louis
Une parodie d'article scientifique par Georges Perec, le grand écrivain (qui était par ailleurs documentaliste au CNRS)


a écrit :Mise en évidence expérimentale d'une organisation tomatotopique chez la soprano (Cantatrix sopranica L.)
Georges PEREC
Laboratoire de physiologie
Faculté de médecine Saint-Antoine
Paris, France
RÉSUMÉ:

Démonstration expérimentale d'une organisation tomatotopique chez la Cantatrice.

L'auteur étudie le lancement de la tomate qui provoquait la réaction yellante chez la cantatrice et démontre que plusieurs aires de la cervelle étaient impliquées dans la réponse, en particulier le trajet légumier, les nuclei thalameux et le fiçure musicien de l'hémisphère nord.*

Les effets frappants du jet de tomates sur les sopranos, observés aux heures ultimes du siècle dernier par Marks et Spencer (1899) qui, les premiers, employèrent le terme de réaction de hurlements (RH), ont été largement décrits dans la littérature. Si de nombreuses études expérimentales (Zeeg & Puss, 1931; Roux & Combaluzier, 1932; Sinon & coll., 1948), anatomopathologique (Hun & Deu, 1960), comparative (Karybb & Szyla, 1973) et prospective (Else & Vire, 1974) ont permis de décrire avec précision ces réponses caractéristiques, les données neuroanatomiques, aussi bien que neurophysiologiques sont, en dépit de leur grand nombre, étonnamment confuses. Dans leurs démonstrations désormais classiques, publiées dans la fin des années 20. Chou & Lai (1927 a, 16, c, 1928 a, 16, 1929 a, 1930) ont écarté l'hypothèse d'un simple réflexe nociceptif facio-facial qui avait été émise il y a de nombreuses années par certains auteurs (Mace & Doyne, 1912; Payre & Tairnelle, 1916; Sornette & Billevayze, 1925).

Depuis lors, de nombreux travaux ont été menés pour tenter de résoudre l'énigme embrouillée ainsi que l'embrouillement énigmatique des versants afférent et/ou efférent de la RH et ont conduit à incriminer, de manière quelque peu chaotique, une multitude de structures et de voies : l'existence de voies afférentes trigéminale (Loewenstein et coll., 1930), bitrigéminale (Von Aitick, 1940), quadritrigéminale (Van der Deder, 1950), supra, infra et intertrigéminale (Mason & Ragoun, 1960) a été invoquée avec une certaine vraisemblance, de même que celle de canaux d'entrée maculaire (Zakouski, 1954), sacculaire (Bortsch, 1955), utriculaire (Malosol, 1956), ventriculaire (Tarama, 1957), monoculaire (Zubrowska, 1958), binoculaire (Chachlik, 1959-1960), trioculaire (Strogonoff, 1960), auditif (Balalaïka, 1515) et digestif (Alka-Seltzer, 1815). Des circuits spinothalamiques (Attou & Ratathou, 1974), rubrospinal (Maotz & Toung, 1973), nigrostrié (Szentagothai, 1972), réticulaire ( Pompeiano et coll. 1971), hypothalamique (Hubel & Wiesel, 1970), mésolimbique (Kuffler, 1969) et cérébelleux (High & Low, 1968) ont été explorés en vain, pour tenter d'élucider l'organisation de la RH, et la responsabilité de presque toutes les parties du cortex somesthésique (Pericoloso & Sporghersi, 1973), moteur (Ford, 1930), comissural (Gordon & Bogen, 1974) et associatif (Einstein et coll., 1974) a été évoquée dans le développement progressif de la réponse, bien que, jusqu'à maintenant, les mécanismes afférents et efférents de la RH n'aient jamais été explicités de manière décisive et convaincante.

Unsofort & Tchetera ont observé que " plus on jette de tomates sur les sopranos et plus elles crient "; par ailleurs, des études comparatives, par rapport à la réaction de gasp (Otis & Pifre, 1964), au hoquet (Carpentier & Fialip, 1964), au ronronnement du chat (Remmers & Gautier, 1972), au réflexe HM (Vincent et coll., 1976), à la ventriloquie (Mc Culloch et coll., 1964), aux cris perçants, aigus ou stridents et aux autres réactions hystériques (Sturm & Drang, 1973) provoquées par le jet de tomates, aussi bien que de choux, pommes, tartes à la crème, chaussures, billots et enclumes (Harvar & Mercy, 1973) ont conduit à l'hypothèse solide selon laquelle la RH est déterminée par un mécanisme de rétroaction positive, qui repose sur une interdigitation semilinéaire quadristable à embranchements multiples de sous-réseaux neuronaux fonctionnant en désordre*. (Beulott et coll., 1974).
Bien que cette hypothèse soit assez séduisante, les données anatomiques et physiologiques dont nous disposons sont insuffisantes pour pouvoir l'étayer. Nous avons donc décidé d'explorer de manière systématique l'organisation interne croissante ou décroissante de la RH pour tenter d'élaborer un modèle anatomique.
MATÉRIELS ET MÉTHODE
Préparation

L'expérimentation a porté sur 107 sopranos de sexe feminin, en bonne santé, pesant entre 94 et 124 kg (moyenne: 101 kg), qui nous ont été fournies par le Conservatoire National de Musique.
La tracheotomie, la fixation dans l'Horslay-Clarke et la plupart des gestes opératoires ont été réalisés sous anesthésie par halothane. De la procaïne a 5 % a été injectée dans les berges cutanées et aux points de pression. Les animaux ont ensuite été immobilisés à l'aide de triéthyiodide de gallamine (40 mg/kg/heure) et maintenus en normocapnie grâce à une ventilation artificielle adaptée. Des dissections transversales de la moelle épinière ont été réalisées au niveau de L3/T2 ce qui a permis de supprimer les variations de la pression artérielle et de la sécrétion d'adrénaline induites par le jet de tomate (Giscard d'Estaing, 1974).
A aucun moment les animaux n'ont souffert, comme le démontre le fait qu'ils n'aient pas cessé de sourire tout au long de l'expérimentation. La température interne a été maintenue à 38°C +/- 4°F à l'aide de 3 bouilloires électriques.
Stimulation

Les tomates (Tomato rungisia vulgaris) ont été lancées par un lanceur de tomate automatique (Wait & See, 1972) commandé par un ordinateur de laboratoire polyvalent (DID/92/85/P331), avec traitement des données en série.
Les jets répétitifs ont permis d'atteindre 9 projections par seconde, ce qui correspond aux conditions physiologiques rencontrées par les sopranos et les autres chanteuses sur la scène (Tebaldi, 1953).
Nous avons pris soin d'éviter les projections ratées sur les membres supérieurs et/ou inférieurs, le tronc et les fesses. Seules les tomates atteignant la face et le cou ont été prises en compte.

Les données ont été contrôlées par rapport au lancement d'autres projectiles: trognons de pomme, rognures de choux, chapeaux, roses, citrouilles, balles de fusil et ketchup (Heinz, 1952).
Enregistrement

L'activité des différentes aires cérébrales a été enregistrée par l'intermédiaire de semi macro-électrodes en alliage verre-tungstène placées au petit bonheur* selon la méthode de Zyszytrakyczywsz-Sckrawszhwez (1974). La détection des pointes a été assurée par audiomonitoring : chaque fois qu'une décharge était entendue, elle était soigneusement photographiée, enregistrée, affichée sur un monographe et, après intégration, sur un polygraphe. L'analyse statistique des résultats a été réalisée au moyen d'un algorithme inspiré du tennis (Wimbledon, 1974), c'est-a-dire que chaque fois qu'une structure gagnait un jeu, elle était considérée comme étant impliquée dans la RH.


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