Ecstasy et veillissement précoce du cerveau

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par Louis » 23 Sep 2007, 13:21

Avis aux lecteurs du FALO qui prennent de ce produit

a écrit :La prise d'ecstasy pourrait induire le vieillissement précoce du cerveau
LE MONDE | 22.09.07 | 13h34  •  Mis à jour le 22.09.07 | 14h54


Les substances illicites qui modifient les états de conscience peuvent-elles être consommées sans provoquer des conséquences neurologiques à moyen ou long terme ? Peut-on continuer à laisser présenter le cannabis et l'ecstasy comme de simples substances "récréatives" ?

Les conclusions de plusieurs publications scientifiques récentes incitent à répondre par la négative. La dernière information dans ce domaine est signée par un groupe de biologistes et de toxicologues portugais dirigés par le docteur Félix Dias Carvalho (département de toxicologie, université de Porto). Mardi 18 septembre, cette équipe annonçait avoir découvert un mécanisme moléculaire expliquant l'action de l'ecstasy (ou MDMA) sur le métabolisme cérébral. Les détails de leur travail sont publiés dans le dernier numéro du Journal of Neuroscience. "Nos travaux nous permettent aujourd'hui de soutenir sérieusement l'hypothèse selon laquelle la consommation de MDMA est de nature neurotoxique, explique le docteur Carvalho. Nous pensons que le mécanisme que nous avons mis en lumière est de nature à pouvoir induire chez les consommateurs de cette substance psychotrope un vieillissement accéléré du système nerveux central et, par-là même, un risque accru de survenue de pathologies neuro-dégénératives, au premier rang desquelles la maladie d'Alzheimer."


Le cannabis augmenterait les risques d'affection psychiatrique

L'usage régulier du cannabis augmenterait de 41 % les risques de développer ultérieurement une affection psychiatrique de nature psychotique, estiment Theresa Moore (université de Bristol) et Stanley Zammit (université de Cardiff) après analyse de 35 études menées sur ce thème.

Les chercheurs précisaient dans la revue médicale The Lancet, en juillet, que ce risque augmenterait en outre avec l'intensité et la durée de la consommation - de 50 % à 200 % pour les gros utilisateurs. Les liens avec des épisodes anxieux ou dépressifs ou avec les tendances suicidaires apparaissent moins marqués.

Les auteurs de ce travail se refusent à établir une relation directe de causalité entre la consommation de cannabis et les affections psychotiques. Ils soulignent aussi que s'ils observent bien une augmentation du risque, la fréquence de ces affections, notamment sous forme chronique comme pour la schizophrénie, demeure relativement faible chez les consommateurs réguliers.

Une équipe danoise a calculé que l'arrêt de la consommation en Grande-Bretagne éviterait 800 cas de schizophrénie par an.
[-] fermer

SYSTÈME NERVEUX CENTRAL

Dérivé de l'amphétamine, l'ecstasy est généralement considérée par ses consommateurs comme une substance dont la toxicité est, si elle existe, minime. Corollaire ou pas, cette substance fait l'objet d'une consommation croissante chez les jeunes, particulièrement lors des manifestations "raves". Pour les spécialistes des neurosciences, ce phénomène justifie pleinement que l'on s'intéresse aux effets qu'elle provoque sur le système nerveux central. Il s'agit là d'un sujet de recherche du même ordre que tous ceux, nombreux, qui concernent le décryptage des mécanismes cérébraux des phénomènes d'assuétude.

En 2005, une équipe française de l'unité 619 de l'Inserm avait identifié dans la revue Brain Research un mécanisme d'action de l'ecstasy. "Travaillant chez le rat - un modèle animal considéré comme pertinent en neurobiologie -, nous avons montré que l'administration de MDMA à des femelles gestantes, dans une période correspondant chez l'humain au troisième trimestre de grossesse, induisait chez les petits puis chez les rats devenus adultes des dysfonctionnements de certains circuits neuronaux importants, ceux dits à dopamine et à sérotonine, explique Sylvie Chalon, directrice de recherche à l'Inserm. Le travail de nos collègues portugais apporte de nouvelles informations sur les mécanismes d'action de l'ecstasy qui vont dans le même sens quant à la toxicité à long terme."

L'équipe du docteur Carvalho a également travaillé sur le rat. Ses derniers résultats démontrent en substance que l'ecstasy agit directement sur les mitochondries des cellules neuronales qui, réunies en différents circuits, jouent un rôle majeur dans le fonctionnement cérébral. Les mitochondries sont des organites intracellulaires qui fournissent l'énergie indispensable au métabolisme de la cellule. La MDMA induit une destruction mitochondriale en prenant pour cible une structure - la monoamine oxydase B - qui est présente dans ces organites.

"Ce travail très intéressant confirme l'un des aspects neurotoxiques de l'ecstasy, estime Jean-Pol Tassin (Inserm, Collège de France). Il nous permet d'avancer sur le décryptage des mécanismes de cette toxicité et suggère de quelle manière on pourrait, peut-être, limiter les effets délétères de cette drogue. Certains travaux récents laissent en effet penser que l'antidépresseur Prozac pourrait être proposé comme agent protecteur contre ce type de toxicité neurologique."
Jean-Yves Nau
Article paru dans l'édition du 23.09.07.
Louis
 
Message(s) : 0
Inscription : 15 Oct 2002, 09:33

Retour vers Sciences

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 1 invité