a écrit :
[center]Cinq cancers de la plèvre chez des scientifiques de Jussieu[/center]
MARTINE PEREZ.
le Figaro 23 octobre 2007
Ces cas groupés révèlent que même les faibles doses d'amiante peuvent être toxiques.
LE BULLETIN épidémiologique hebdomadaire (BEH) révèle aujourd'hui le fait que cinq scientifiques ayant travaillé sur le campus universitaire de Jussieu pour des durées allant de 10 à 35 ans ont été atteints d'un mésothéliome, ce cancer de la plèvre associé spécifiquement à l'exposition à l'amiante.
Jusqu'à présent, les cas documentés de cancer de la plèvre frappaient essentiellement des travailleurs ayant manipulé dans le cadre de leur vie professionnelle des quantités importantes d'amiante sans protection (usine de production d'amiante, bâtiments...). Ou encore des artisans (plombiers, électriciens...) confrontés à l'amiante dans différents chantiers sans en avoir conscience. L'exposition à des faibles doses dans des immeubles « floqués », c'est-à-dire sur les murs desquels des fibres d'amiante ont été projetées, ne semblait pas représenter un risque majeur. C'est ce que dément, cette étude du BEH, qui révèle que même une exposition passive, mais pendant plusieurs années, peut être à l'origine de cette maladie très grave.
« Parmi les cinq personnes, nées entre 1934 et 1942, aucune exposition professionnelle active, domestique ou environnementale n'a pu être identifiée, excepté l'utilisation rare de produits de protection pour certains, écrivent Catherine Buisson (Institut de veille sanitaire), Marcel Goldberg (Inserm) et leur équipe dans l'étude du BEH. Ces personnes ont travaillé sur le campus entre 10 et 35 ans, en tant qu'enseignant-chercheur dans les domaines de la volcanologie, de la physique, de la paléontologie ou des mathématiques. Elles étaient présentes lors de la construction du campus et elles ont fréquenté des lieux floqués à l'amiante. »
Le volcanologue a travaillé sur le campus de 1968 à 2003. Lors de missions sur le terrain, il a été amené à utiliser des gants et des combinaisons de protection contre la chaleur contenant des fibres d'amiante. Mais il « s'était souvent plaint de devoir dépoussiérer son bureau de poussières tombées du faux plafond ». Selon l'enquête, l'informaticienne et le paléontologue ont également déclaré avoir nettoyé fréquemment leur bureau recouvert de poussières.