Le principe de précaution doit s'appliquer...

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par canardos » 23 Jan 2008, 06:56

un article dans "les Echos":

a écrit :

[center]La dissémination du maïs OGM modélisée[/center]

[ Les Echos 23/01/08 ]


Les chercheurs européens ont conçu un code de calcul modélisant les transferts de flux de gènes de maïs dans les champs. Un premier pas vers la fin de la polémique.

Les organismes génétiquement modifiés commencent à sortir de la polémique grâce à la recherche. En rendant son avis sur le maïs MON810 il y a quelques jours, le comité sur les OGM a réussi à dégager un consensus scientifique. On sait désormais qu'il est impossible d'éviter une « contamination » des parcelles conventionnelles ou biologiques dans une région contenant des cultures d'OGM. Les experts se sont appuyés sur plusieurs publications internationales, en particulier celle du programme européen de recherche Sigmea. Par son ampleur (44 partenaires sur 3,5 ans), cette étude a fait taire les négations des partisans radicaux des OGM. Pourtant, Sigmea pourrait aussi contribuer à aider les semenciers, les agriculteurs et les chercheurs en transgénèse à relancer les cultures OGM.

Car, grâce à ces travaux, les chercheurs ont conçu un outil pour caractériser la coexistence des champs OGM et non OGM. Ce logiciel modélise les flux de gènes du maïs, et dans une moindre mesure du colza et de la betterave. Il a été élaboré à partir de 180 jeux de données issus d'expérience en champ. Les données les plus pertinentes concernent surtout le déplacement des grains de pollen de maïs que les chercheurs mesurent depuis des années autour de parcelles expérimentales. Pour cela, les agronomes plantent des maïs comportant un gène qui colore les grains.

Pendant la floraison (2 à 3 semaines), les maïs mâles OGM dispersent leur pollen grâce aux insectes ou au vent. Les gamètes OGM viennent féconder des maïs femelles non OGM et transmettent leurs transgènes à la descendance. En fait, 90 % du pollen retombe dans les 5 mètres autour de leur émetteur mais 1 % dépasse les 50 mètres de distance. Les mesures montrent même qu'une faible partie peut se disperser sur plusieurs kilomètres à cause des vents ascendants. Des observations en avion ont trouvé du pollen à 2.000 mètres d'altitude. Et contrairement à ce que les semenciers prétendaient, l'altitude ne condamne pas les gamètes, l'humidité au contraire leur plaît.

Les chercheurs comptent ensuite les épis colorés des parcelles non OGM pour en déduire un taux de contamination. Sigmea a ainsi trouvé dans ses données plusieurs parcelles à « risque » dont 2 à 3 % des maïs a reçu les transgènes, souvent des petits champs.

Seuil critique

En synthétisant de nombreuses situations climatiques ou agronomiques dans toute l'Europe, le programme a pu en extrapoler un modèle. Le logiciel calcule les « contaminations » de chaque parcelle en fonction du scénario agricole donné et des conditions naturelles locales. Pour une zone donnée, les chercheurs rentrent la description du parcellaire en deux dimensions, puis le pourcentage de parcelle OGM envisagé. Le climat représentatif d'une année est décrit à l'heure près. Une simple pluie stoppe l'émission de pollen des maïs. Il faut aussi indiquer les pratiques des agriculteurs : il suffit d'une semaine de décalage des plantations et des floraisons de la parcelle OGM pour réduire fortement la pollinisation croisée dans les autres champs. Le résultat sort sous la forme de carte de « contamination » dont chaque pixel représente 5 à 10 mètres carrés.

Selon Antoine Méssean, Sigmea a démontré deux choses : « Il est impossible de garantir qu'une parcelle de maïs conventionnel reste exempte d'OGM à l'échelle d'une petite région agricole. Mais on sait aussi qu'il est possible de concilier des cultures OGM dans une région agricole en maintenant un taux de pollinisation croisée inférieur à 0,9 %. » Dans certains cas, les membres de la coopérative d'une zone peuvent cultiver une part de maïs OGM tout en ne conservant que 0,9 % de grains OGM en moyenne dans les silos. Ce seuil, plutôt arbitraire, est pour les agriculteurs essentiel, puisqu'il représente la limite à partir de laquelle leurs clients agroalimentaires doivent signaler les OGM sur leur étiquette. Une mention prohibitive pour les consommateurs. C'est pourquoi les partenaires de Sigmea avancent un argument économique pour justifier de séparer très nettement les cultures OGM et non OGM, à l'échelle de régions spécialisées. Sans même considérer l'impact environnemental ou sanitaire, encore en débat scientifique, les chercheurs plaident donc pour plus de régulation.

En trois dimensions

Les scientifiques veulent maintenant améliorer le logiciel en le dotant d'une représentation d'un terrain en trois dimensions, histoire de prendre en compte l'effet des collines ou des obstacles au vent. Le projet vise aussi à affiner le modèle de floraison du maïs. « Le logiciel actuel est fiable pour des taux de pollinisation de 0,9 %, mais il faut encore augmenter la précision si les utilisateurs politiques ou économiques veulent atteindre des résolutions plus basses », prévient Antoine Méssean.

Les chercheurs voudraient aussi des codes de calcul similaires pour d'autres espèces transgéniques comme le tournesol ou le colza. La modélisation de la dissémination du colza est plus compliquée, car cette plante est essentiellement autogame, elle se féconde elle-même puis éjecte ses graines (embryons) par terre. Contrairement au maïs, les graines peuvent survivre plusieurs années en terre, et donc « contaminer » un champ replanté en cultures conventionnelles. La vie des graines en terre est un phénomène encore complexe à décrire. La modélisation est d'autant plus difficile que le colza OGM n'est pas autorisé et donc pas cultivé en Europe.

Enfin tous les OGM ne nécessitent pas une modélisation spécifique, tant certaines disséminations sont prohibitives. L'agence américaine de l'environnement a interdit une graminée résistante au désherbant Roundup car son pollen très léger voyage sur des dizaines de kilomètres. Elle était destinée à tapisser les greens de golf pour rendre leur entretien plus facile.

MATTHIEU QUIRET



Le logiciel calcule les « contaminations » de chaque parcelle en fonction du scénario agricole donné et des conditions naturelles locales.


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canardos
 
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Message par canardos » 23 Jan 2008, 07:05

Bref, Borloo a dit n'importe quoi pour respecter son accord avec Bové et les verts.

certes le pollen peut se transporter tres loin mais en proportions infimes.



mais qu'est ce que ce projet SIGMEA dont parle "les Echos"?

ce qu'en dit l'INRA:

a écrit :

[center]Résultats du projet européen SIGMEA sur la coexistence entre cultures OGM et non-OGM [/center]

Le projet européen SIGMEA « Sustainable Introduction of Genetically Modified Crops into European Agriculture », dont l’INRA assure la coordination scientifique, a présenté ses principaux résultats sur la coexistence entre cultures OGM et non-OGM lors de la conférence GMCC07* qui s’est tenue à Séville les 20 et 21 novembre. Lancé en 2004, pour éclairer les pouvoirs publics sur les impacts des OGM en agriculture, SIGMEA rassemblait 44 partenaires de 12 pays, parmi lesquels 5 laboratoires de l’INRA, implantés dans les centres de Dijon, Jouy-en-Josas et Versailles-Grignon.

Les plantes génétiquement modifiées sont désormais largement cultivées en Amérique du Nord, en Amérique du Sud et, dans une moindre mesure, en Asie. En Europe, seules quelques dizaines de milliers d’hectares de maïs Bt ont été semées en Espagne et en France. Les dispositions réglementaires de la Directive 2001/18 ont renforcé l’évaluation a priori des OGM, fixé des règles de traçabilité et d’étiquetage et imposé une biovigilance après la mise sur le marché. Par ailleurs, la Commission Européenne a édicté les règles générales qui définissent le cadre de la coexistence entre types d'agriculture : « permettre à chaque agriculteur de choisir le mode de production qu’il souhaite, qu’il soit biotechnologique, conventionnel ou biologique ».

Le programme interdisciplinaire européen SIGMEA, coordonné par Jeremy B. Sweet (National Institute of Agricultural Botany, Royaume-Uni) et Antoine Messéan (INRA, France) a été lancé en 2004 dans le cadre du 6ème programme cadre de recherche et développement pour :
• rassembler et analyser l’ensemble des données européennes sur le flux de gènes et les impacts environnementaux des principales espèces concernées par les OGM (maïs, colza, betterave, riz, blé),
• analyser la faisabilité technique et la pertinence économique de la coexistence dans les principales régions européennes,
• proposer des outils d’aide à la décision publique et privée,
• formuler des recommandations en termes de gestion et de gouvernance.

Les principaux résultats sur les flux de gènes et la faisabilité de la coexistence ont été exposés lors de la conférence de Séville, du 19 au 21 novembre 2007.

Des connaissances sur le flux de gènes partagées

Plus d’une centaine de jeux de données issues d'expérimentations a été rassemblée ou produite par le programme SIGMEA. Les flux de gènes au travers du pollen sur des distances de quelques dizaines de mètres sont maintenant bien connus pour des espèces comme le maïs ou le colza. Ces données ont permis d'améliorer des modèles prédictifs de la dispersion de pollen en tenant compte des paysages, du climat et des pratiques agricoles. Elles ont aussi permis d’identifier et de quantifier des dispersions à longue distance (plusieurs centaines de mètres) pour le maïs et le rôle majeur de la persistance des repousses de colza dans le temps.

Des modèles génériques à l’échelle du paysage

SIGMEA a développé une plateforme générique de modélisation des flux de gènes à l’échelle des paysages agricoles – LandFlow-Gene.  Pour tout parcellaire agricole décrit à l'aide d'un système d’information géographique, cette plateforme permet de tester différents scénarios d’introduction des OGM, de tenir compte de l’effet des pratiques et du climat et de livrer un diagnostic quant aux flux de gènes. La version actuelle est opérationnelle pour le maïs et le colza et peut être facilement étendue à d’autres espèces. Par ailleurs, la plateforme pourra être adaptée pour prendre en compte d’autres flux biologiques tels que la dispersion de spores.
Un modélisateur de systèmes de cultures à l’échelle des paysages a également été développé par les collègues britanniques de Rothamsted Research en liaison avec l’INRA de Jouy-en-Josas.

Des outils d’aide à la décision publique et privée

SIGMEA permet ainsi de répondre aux questions « que se passerait-il, en terme de dispersion de gènes, si on introduisait tel OGM dans telle région européenne ? » et « comment organiser les cultures pour maintenir dans les limites des seuils légaux la présence fortuite d’OGM dans les cultures conventionnelles ? ».

Les différents résultats obtenus par SIGMEA montrent que les probabilités sont graduées suivant le contexte cultural et suivant les caractéristiques de l’OGM envisagé. Pour le maïs, dans certaines situations, il peut suffire d’organiser la récolte séparément (à condition d’un accord entre agriculteurs) pour satisfaire des seuils inférieurs au seuil réglementaire de 0,9%. Sinon, des mesures comme des décalages de semis ou des distances d’isolement sont efficaces mais elles ne sont pas toujours faciles à appliquer. En cas de très grande densité de maïs ou pour des espèces comme le colza, la séparation géographique entre cultures OGM et cultures conventionnelles est la solution raisonnable. Enfin, pour les filières telles que l’agriculture biologique qui revendiquent une absence totale d’OGM dans leurs productions, la coexistence à l’échelle locale est en revanche techniquement impossible dans la plupart des cas.

Afin de rendre ces acquis directement accessibles aux utilisateurs potentiels (agriculteurs, collectivités territoriales, prescripteurs…), un prototype de système d’aide à la décision doté d'une interface conviviale a été proposé (SMAC-advisor). Il préfigure une série d’outils d’aide à la gestion de la coexistence qui seront développés sur la base des travaux menés dans le cadre de SIGMEA et en particulier par l’INRA.

Ainsi, sans préjuger des décisions politiques, notamment des seuils fixés, ces résultats donnent les moyens de connaître, pour tout scénario d'introduction, les probabilités de dispersion des gènes, les moyens à mettre en oeuvre pour les minimiser : ils éclairent, ainsi, la prise de décision.

Une action internationale consolidée

Mobilisant 44 partenaires de 12 pays européens, SIGMEA a constitué un réseau de compétences et d’expertise interdisciplinaires (biologistes, écologues, agronomes, statisticiens, économistes). L’expertise rassemblée permet aux états-membres de bénéficier d’un support pour l’aide à la décision. De nombreuses équipes de SIGMEA sont parties prenantes du projet intégré « Co-Extra », coordonné par l’INRA, qui vise à analyser les questions de coexistence et de traçabilité tout au long des filières agro-alimentaires.



*GMCC-07 : « International scientific conference on coexistence between GM and non-GM based agricultural supply chains ». La 3ème Conférence internationale sur la coexistence entre filières agricoles génétiquement modifiées (GM) et non-GM s’est tenue à Séville (Espagne) du 20 au 21 novembre 2007.


canardos
 
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