Page 1 sur 1

Message Publié : 24 Jan 2008, 20:45
par canardos
a écrit :

[center]Le grand plouf du météore tueur[/center]

De nouvelles images en 3D du cratère de Chicxulub, dans la péninsule du Yucatan, indique que l’astéroïde qui a causé la disparition des dinosaures s’est  écrasé en eaux profondes, ce qui pourrait expliquer pourquoi les conséquences de l’impact ont été si dévastatrices.

user posted image

Relevés topographiques du cratère de Chicxulub. Carte: Nature Geoscience / Illustration: NASA

Le cratère de Chicxulub s’est formé il y a 65 millions d’années à la fin du crétacé suite à la collision d’une météorite de 10 Km de diamètre environ. Sa chute marque la fin de l'ère secondaire et correspond à une période d’extinction massive, appelée limite CT (crétacé-tertiaire), durant laquelle une grande majorité des formes de vies terrestres ont disparu et parmi elles, les dinosauriens. Plusieurs hypothèses sont avancées pour expliquer cette extinction mais la plus argumentée retient celle du météore de Chicxulub, elle n’est toutefois pas définitive.

En tout cas, les explorations du cratère se poursuivent et la dernière en date a permis de modéliser la structure du site avant et après l’impact et ainsi de définir la trajectoire probable de l’astéroïde. Selon Sean Gulick, chercheur à l'Institut de géophysique de l'Université du Texas et dont les recherches seront publiées dans le numéro de février de Nature Geosciences,  les nouvelles images montrent que la météorite a atterri en eaux plus profondes que supposé précédemment, et de ce fait a donc libéré environ 6,5 fois plus de vapeur d'eau dans l'atmosphère. Le site contient également des sédiments riches en soufre appelés évaporites, qui auraient réagi avec la vapeur d'eau pour produire des aérosols sulfatés. Selon Gulick, ces vapeurs sulfurées auraient profondément influer sur l’écosystème terrestre selon deux mécanismes distincts : en modifiant le climat (les aérosols sulfatés dans la haute atmosphère peuvent avoir un effet de refroidissement) et en générant des pluies acides. Des études antérieures avaient déjà envisagé que ces deux effets pouvaient résulter de cette accident planétaire mais à un degré moindre.

Une augmentation des pluies acides pourrait expliquer pourquoi les coraux et les créatures océaniques de surface ont été touchés de la même façon que les grands vertébrés sur terre. Il existe certaines preuves démontrant que les organismes marins plus résistants aux variations de pH ont survécu tandis que les plus sensibles ont passé l’arme à gauche. D’après Gulick, l'extinction massive événement n'a probablement pas été causée par un seul mécanisme, mais plutôt par une combinaison de changements environnementaux agissant sur différentes échelles de temps, dans des endroits différents. Par exemple, beaucoup de grands animaux terrestres pourraient avoir été exterminés par les nuées de matières brûlantes qui sont retombées dans les heures et les jours qui ont suivi l’impact tandis  que les modifications climatiques plus graduelles et les pluies acides auraient pu avoir un retentissement plus important dans les océans.


J.I.

Sciences et Avenir.com
24/01/2008

     




Message Publié : 26 Jan 2008, 17:05
par canardos
un article plus détaillé:

a écrit :

Le 25 janvier 2008

[center]Chicxulub : l'impact du tueur de dinosaures plus violent que prévu[/center]

Par Laurent Sacco, Futura-Sciences

De nouvelles données sismiques sur le cratère de Chicxulub compliquent singulièrement l'image que l'on se faisait de ce cataclysme. On réalise, notamment, que l'impact a dû libérer une quantité plus importante de vapeur d'eau et de soufre bien plus importante que ce que l'on pensait. L'océan a dû voir son acidité augmenter.

Depuis le début des années 1990, le cratère de Chicxulub, au Yucatan, est l’objet de différentes études. Il s’agit incontestablement d’un cratère d’origine météoritique s’étant formé il y a 65 millions d’années, au moment où 70 % des espèces vivantes ont disparu. Les plus célèbres victimes sont, bien sûr, les dinosaures mais aussi les reptiles volants et marins, ainsi que les ammonites. Si l’on ne peut attribuer cette extinction uniquement à l’impact d’un fragment de l’astéroïde 298 Baptistina, il n’en reste pas moins que son rôle a dû être très important.

C’est bien ce que confirme une étude publiée dans Nature Geoscience par une équipe internationale de chercheurs parmi lesquels se trouvent  Sean Gulick, membre de l’institut de Géophysique de l’Université du Texas à Austin, et Gareth Collins, chercheur à l’ Imperial College à Londres. Ce dernier et ses collègues ont réalisé une simulation de la formation du cratère de Chixculub.

Une intense production d'aérosols soufrés

D’après cette étude, l’astéroïde tueur de dinosaures est tombé dans une zone plus profonde que l’on ne l’imaginait. En conséquence, l’énergie libérée, qui devait être équivalente à 5 milliards de fois l’énergie de la bombe atomique d’Hiroshima, aurait vaporisé au moins 6,5 fois plus d’eau que ne le laissait penser les anciennes estimations. Or, en plus de modifier la température de la Terre, cette vapeur d’eau supplémentaire aurait aussi augmenté la quantité d’aérosols soufrés dans l’atmosphère. Un tel apport brutal a bien sûr influé sur le climat en changeant le bilan radiatif de l’atmosphère et, surtout, a dû provoquer d’abondantes pluies acides.

On sait en effet depuis un certain nombre d’années que l’endroit où est tombé l’astéroïde était en partie recouvert par des sédiments riches en sulfates : des évaporites. La formation probable de pluies chargées d'acide sulfurique n’est donc pas une découverte, mais leur importance plus grande que prévu doit être prise en compte dans les modèles climatiques et écologiques cherchant à décrire ce qui s’est passé alors sur notre planète.

Une plus grande quantité de pluies acides est un bon moyen de comprendre certaines énigmes de la crise Crétacé-Tertiaire. En ce qui concerne les animaux marins, comme les ammonites par exemple, beaucoup de paléontologues avaient opposé aux tenants de leur disparition brusque un argument qui avait beaucoup de poids : l’absence d’un pic de fossiles dans les sédiments marins.

Des océans plus acides

L'observation est particulièrement frappante dans le cas des ammonites, très répandues dans les océans de l’époque. Or, avec des pluies chargées de composés soufrés, l’acidité de surface des océans peut avoir changé suffisamment pour rendre très rare la fossilisation des animaux marins à coquilles calcaires. Celles des ammonites se seraient ainsi dissoutes rapidement. Il semble d’ailleurs que les organismes marins pouvant supporter une eau de mer plus acide aient été moins affectés que les autres.

Une autre des informations fournies par les derniers relevés sismiques concernant le cratère de Chicxulub est que sa forme asymétrique, que l’on croyait due essentiellement au caractère oblique de la trajectoire de l’astéroïde, doit aussi s’expliquer par la structure géologique de la zone avant l’impact. Cela complique les prévisions concernant les régions où les retombées des éjectas se sont produites. Il devient donc plus difficile d’étudier les conséquences sur la biosphère de ces retombées mais les chercheurs de l’Imperial College essaient de contourner l’obstacle en nourrissant leurs simulations sur ordinateurs avec les nouvelles contraintes concernant l’influence de la structure topographique et géologique de la région de Chixculub sur la formation du cratère.

user posted image

Le cratère de Chicxulub reconstruit à partir de données de gravimétrie. Crédit VL. Sharpton/LPI-Houston