Pas de problème de production alimentaire ?

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par luc marchauciel » 15 Avr 2008, 13:50

Hier (15 avril 2008), l’Huma consacrait tout un dossier à la crise alimentaire mondiale liée à la flambée des prix dans ce secteur. La couverture est d’ailleurs très bien, je vais l’afficher chez moi (pas dans la cuisine, quand même, ce serait de mauvais goût)...


Une grande partie du dossier est consacrée à faire lien entre cette flambée des prix alimentaires et la crise économique globale, et à pointer l’absence totale de solution avancée du côté du FMI de DSK. Là-dessus, rien ne fera débat à l’extrême-gauche…

Par contre, on trouve aussi dans ce dossier pas mal d’infos sur l’état des stocks mondiaux de bouffe que pas mal feraient bien de méditer :

« Blé : une situation tendue au niveau mondial
Selon le Comité international des céréales (CIC) la récolte mondiale de blé pourrrait atteindre 656 millions de tonnes en 2008. En France, l’Office national interprofessionnel des grandes cultures (ONIGC) tempère ce chiffre et estime qu’il est plus raisonnable de tabler sur une fourchette comprise entre 635 à 640 millions de tonnes. À condition que les récoltes ne soient pas perturbées par des aléas climatiques toujours possibles.
En face, les chiffres prévisionnels de la consommation de blé sont de 630 millions de tonnes. Il suffirait donc qu’une seule zone importante de production soit affectée par la sécheresse ou des pluies diluviennes, pour que la production de 2008 ne couvre pas les besoins. Or les stocks mondiaux de report seront de l’ordre de 128 millions de tonnes, soit entre 18 % et 20 % de la consommation annuelle. Même avec une bonne récolte 2008, il sera impossible de relever les stocks de sécurité au niveau mondial. Cette possibilité n’existera que pour les pays producteurs excédentaires en blé. Et cette donnée n’échappera pas aux spéculateurs.
Riz : la production peine à suivre la consommation
La tonne de riz thaïlandais se vendait 200 dollars en 2003 et environ 300 dollars en 2006 comme au début de 2007. Son prix est monté à 760 dollars au mois de mars 2008. Selon la FAO, la production mondiale de riz n’a augmenté que de 1 % en 2007 par rapport à 2006. Entre 1999 et 2005 elle n’avait progressé que de 3 % quand la population mondiale augmentait de 6,4 %. Or le riz demeure l’aliment de base pour plus de la moitié de la population mondiale.Désormais, les rendements à l’hectare ne progressent que faiblement et l’urbanisation galopante dans des pays comme la Chine, l’Inde et quelques autres, réduisent dangereusement les surfaces agricoles adaptées à la production du riz. Le stock mondial n’est que de 100 millions de tonnes sur une production annuelle de 645 millions de tonnes pour 2008. Environ 40 % de ce stock est détenu par la Chine qui planifie chaque année une réserve de sécurité susceptible de couvrir six mois de consommation afin de contenir la spéculation et d’assurer sa souveraineté alimentaire.
La présidente des Philippines tentait récemment d’obtenir du Vietnam un accord d’approvisionnement exceptionnel en riz. Mais le Vietnam en arrive à taxer ses propres exportations pour contenir les prix sur son marché intérieur. Faute de stocks conséquents, le prix du riz risque donc d’augmenter à nouveau sur les marché internationaux. « Si nous essayons de maintenir des cours sous le niveau du marché, des pénuries émergeront en raison des réserves et des spéculations qui en résulteront », estime Ted James, principal économiste de la Banque de développement asiatique.
Protéines végétales et protéines animales
L’augmentation de la demande mondiale de céréales résulte moins de l’augmentation du nombre de bouches à nourrir dans le monde que de la nouvelle manière de s’alimenter. La croissance économique annuelle à deux chiffres de pays très peuplés comme la Chine, l’Inde et quelques autres se traduit par une augmentation du pouvoir d’achat de centaines de millions de consommateurs. Ces derniers modifient le contenu de leur assiette dans laquelle ils font entrer davantage de produits carnés et laitiers.
Une partie toujours plus importante des céréales produites dans le monde est désormais transformée en viande de porc et de volailles, en lait et en produits laitiers diversifiés. Or, il faut 3 à 7 kilos de graines pour produire un kilo de viande selon les élevages. La demande mondiale en céréales et en graines à huile comme le colza, le tournesol et surtout le soja va donc continuer d’augmenter. »

Tout ça c’est la situation actuelle.
Or, il faut prendre en compte le fait que la population va continuer à s’accroitre au moins jusqu’au milieu de ce siècle, et dans des proportions importantes (de un peu plus de 6 milliards d’habitants à 9 milliards attendus), et que le réchauffement climatique probable va certainement venir perturber tout ça, de manière difficile à prévoir.
Donc, sous le capitalisme (qui ne va pas régler le problème, car ce n’est pas dans sa logique, et il préfèrera faire du profit avec des agro-carburants que nourrir tout le monde) ou sous le socialisme (qui est la précondition nécessaire à une résolution réelle de la question), IL VA SE POSER DES PROBLEMES DE BOUFFE de plus en plus importants dans les décennies à venir. Pour que cela soit soutenable et que les niveaux de vie soient égalisés sur l’ensemble de la planète, il va falloir changer certaines habitudes de consommation (ex :bouffer moins de viande sous nos latitudes pour que on puisse en bouffer plus ailleurs), mais aussi trouver des solutions d’ordre technologique et agronomique pour continuer à produire au moins autant (globalement) tout en consommant moins d’eau et d’intrants polluants (ou tout en n’étendant pas à l’infini les surfaces cultivées, histoire de préserver quelques forêts).
C’est à l’aune de ces données qu’il faut mesurer les discours bobos réacs et lénifiants sur « il y a déjà largement assez de bouffe pour nourrir toute la planète [ce qui est assez vrai pour la situation actuelle, mais de moins en moins] et si on étendait le mode de prodution bio/familial ce serait parfait [alors que ce serait une catastrophe]". L’humanité ne peut pas se permettre une chute des rendements agricoles, ceux qui s’en foutent sont des irresponsables.
Le représentant en France de la FAO le disait il y a quelques jours sur France Culture : jusque 2015, nous n’avons pas besoin d’OGM.
Jusque 2015…..





luc marchauciel
 
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Message par Wapi » 16 Avr 2008, 14:15

(luc marchauciel @ mardi 15 avril 2008 à 13:50 a écrit :
Le représentant en France de la FAO le disait il y a quelques jours sur France Culture : jusque 2015, nous n’avons pas besoin d’OGM.
Jusque 2015…..

C'est qui "nous" dans l'histoire ?

L'agriculture au main des trusts et des riches proriétaires ?

Même si on est favorable aux OGM en général, il serait bien malhonnête, et pour le coup, "scientiste", de faire croire que les OGM sont la solution à la question de la faim dans le monde.
Wapi
 
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Message par Crockette » 16 Avr 2008, 16:57

oui c'est sur vaut mieux avoir des taux d esucre et de graisse ds le sang plus élevé que la normal plutot que de crever de faim...


vaut mieux travailler à 990 euros que d'être chomeur, vaut mieux etre chomeur que rmiste, etc, etc. ça me rappelle la droite.

Crockette
 

Message par jeug » 17 Avr 2008, 15:38

a écrit :Pour que cela soit soutenable et que les niveaux de vie soient égalisés sur l’ensemble de la planète, il va falloir changer certaines habitudes de consommation (ex :bouffer moins de viande sous nos latitudes pour que on puisse en bouffer plus ailleurs), mais aussi trouver des solutions d’ordre technologique et agronomique pour continuer à produire au moins autant (globalement) tout en consommant moins d’eau et d’intrants polluants

Des solutions politiques. Sans ça, pas la peine d'y compter.
Sans compter que quand on parle de consommation, en terme de prévision, qu'est-ce qu'on compte ? Pas celui qui attendra longtemps d'avoir à bouffer parce qu'il n'a pas de quoi payer.
Il faut commencer par permettre à toutes les populations pauvres de produire eux-mêmes, comme on sait le faire au XXIè siècle.
Ensuite il faut établir des échanges internationaux égalitaires, sans pillage des pays pauvres.
Et enfin il faut prioriser l'acheminement de la nourriture de base là où c'est le plus urgent.
Et on pourra tous manger du cochon et de la volaille.
jeug
 
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Message par com_71 » 17 Avr 2008, 15:49

a écrit : il va falloir changer certaines habitudes de consommation (ex :bouffer moins de viande sous nos latitudes pour que on puisse en bouffer plus ailleurs)

Ou envisager l'élevage industriel des limaces ? :roll: :roll:
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par canardos » 17 Avr 2008, 18:28

(luc marchauciel @ mardi 15 avril 2008 à 14:50 a écrit : Pour que cela soit soutenable et que les niveaux de vie soient égalisés sur l’ensemble de la planète, il va falloir changer certaines habitudes de consommation (ex :bouffer moins de viande sous nos latitudes pour que on puisse en bouffer plus ailleurs), mais aussi trouver des solutions d’ordre technologique et agronomique pour continuer à produire au moins autant (globalement) tout en consommant moins d’eau et d’intrants polluants (ou tout en n’étendant pas à l’infini les surfaces cultivées, histoire de préserver quelques forêts).

je me méfie du terme "égaliser" qui peut vouloir dire une baisse importante du niveau de vie des travailleurs des pays industrialisé.

je pense qu'il est possible de parvenir à porter le niveau de vie des populations des pays sous developpés à notre niveau et meme d'améliorer considerablement les conditions de vie des travailleurs des pays developpés en developpant les forces productives et en s'appuyant au maximum sur les developpements de la science et de la technique (y compris les ogm).

et c'est vrai aussi pour la viande. je ne pense pas que la majorité des travailleurs mangent trop de viande!

comme dit la chanson des freres jacques "la vierge eponime" :

"la vache quand elle s'envoie des frites, il lui faut du beefsteak avec!"
canardos
 
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Message par Vérié » 17 Avr 2008, 18:44

(canardos @ jeudi 17 avril 2008 à 19:28 a écrit :
et c'est vrai aussi pour la viande. je ne pense pas que la majorité des travailleurs mangent trop de viande!


Je ne suis pas du tout un spécialiste, mais, selon les nutritionnistes, si, on en mangerait trop. Et pas assez de légumes, fruits etc. Notamment aux Etats-Unis.
Voir Fastfood nation... Alors, sans tomber dans le bio végétarien, je ne suis pas sur que l'alimentation des travailleurs des pays développés (je parle de ceux qui ont les moyens de manger "normalement", pas de ceux qui bouffent aux restos du coeur) soit nécessairement un modèle. Il en va de meme pour pas mal d'aspects du mode de vie dit "occidental" et de ses gaspillages.

Sinon, pour répondre à ton allusion - sur le fil Monsanto/Bové - aux subventions. Je ne sais pas quel devrait être le programme d'un parti révolutionnaire par rapport à la production agricole aujourd'hui, mais le système de subventions européennes est effectivement aberrant. Aujourd'hui, la quasi totalité des producteurs sont des entreprises, certaines sont encore familiales mais la plupart exploitent (durement) des salariés souvent précaires. Alors demander la réduction des subventions - qui profitent essentiellement aux grossses entreprises agricoles -, je ne sais pas, mais restructurer entièrement la production agricole en fonction des besoins humains, et non pus du profit, certainement.
Vérié
 
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