Page 1 sur 1

Message Publié : 06 Juin 2008, 11:28
par canardos
a écrit :

[center]Alerte nucléaire européenne : le grand cafouillage[/center]

Pierre Avril, envoyé spécial à Luxembourg
06/06/2008 |

Mercredi, l'incident intervenu dans l'unique centrale slovène était mineur et l'alerte européenne, la première depuis 1987, n'aurait pasdû être lancée.

«Une farce.» C'est ainsi qu'un expert européen du nucléaire qualifie la gestion par les autorités européennes de l'incident survenu mercredi après-midi dans la centrale slovène de Krsko, un réacteur à eau pressurisée de type Westinghouse similaire aux réacteurs à eau pressurisée français. Vingt-quatre heures après la détection par les ingénieurs slovènes d'une fuite de liquide sur un circuit de refroidissement primaire de la centrale, la gestion de cette affaire, telle qu'elle a été assumée depuis Bruxelles et Ljubljana, continue à susciter toutes les interrogations. Cette fuite, située à l'intérieur de l'enceinte de confinement, était de l'ordre de 2,4 m3/h.

C'est à 19 h 38 mercredi soir, soit quatre heures après l'apparition des premiers dysfonctionnements, que la Commission de Bruxelles informe les médias européens de l'existence d'un «message d'alerte» des autorités slovènes lui signifiant l'existence d'une panne dans le système de refroidissement. La fermeture du réacteur, d'une puissance de 696 mégawatts, est en cours et «aucune émission dans l'environnement n'est identifiée», précise la Direction générale de l'énergie à Bruxelles, ajoutant qu'elle reste «sur le pont jusqu'à ce que la situation revienne totalement sous contrôle».

Parallèlement, les 26 autres États membres sont informés. À Paris, une cellule de veille est mise en place. Une heure et demie plus tard, un second communiqué de la Commission se veut rassurant : «Le réacteur est fermé, la situation est sous contrôle.» Hier, les circuits avaient été vidés et l'eau confinée dans des puisards. Faiblement radioactive parce que sans contact avec le combustible, elle va être traitée, stockée et diluée dans le cours d'eau voisin.

Hier matin, Bruxelles s'est «félicitée» des informations «rapides, complètes et précises» fournies par les autorités slovènes, de nature, selon elle, à rassurer des citoyens européens qui fantasmeraient à tort sur l'énergie nucléaire. La Commission y voit la preuve que le système d'information nucléaire baptisé «Ecurie» et instauré en 1997 fonctionnerait à merveille. La réalité est beaucoup moins glorieuse. Elle vire même à la tragi-comédie.

Sept incidents déjà signalés

Regroupant les 27 États membres plus la Suisse, Ecurie (système d'urgence européen d'information sur la radioactivité) fonctionne sur une base volontaire. Les capitales sont libres d'alerter ou non leurs partenaires. Cet exercice de transparence est obligatoire dès lors qu'en vertu du traité Euratom des émissions radioactives se dégagent dans l'atmosphère, qu'un degré anormal de radioactivité est décelé dans l'environnement ou que des mesures de protection des populations sont à prendre. Entre 2005 et 2008, sept incidents ont déjà été signalés, relatifs notamment à des pertes de matières radioactives ou à la présence, sur le site d'une centrale suédoise, d'un individu semblant porter une ceinture d'explosifs. L'alerte s'était révélée fausse.

Mais à la différence de l'affaire slovène, ces informations n'a­vaient jamais filtré auprès du grand public. Depuis l'accident de Tchernobyl, c'est aujourd'hui la première fois qu'une telle médiatisation se produit, ce qui suscite la polémique. «Il s'est produit un dysfonctionnement dont il faudra tirer les conséquences», souligne Julien Collet, directeur de l'environnement et des situations d'urgence à l'Autorité de sûreté nucléaire française. Dans la mesure où l'incident semble avoir été classé au niveau 0 sur l'échelle Ines (International Nuclear Scale Event), qui en compte sept, son signalement était inutile, estime l'autorité.

Hier, le ministre de l'Environnement slovène, Janez Podobniknete, a d'ailleurs présenté ses excuses à ses homologues des Vingt-Sept réunis à Luxembourg. Son pays a «utilisé un mauvais formulaire»(d'alerte, NDLR), faisant croire à un danger nucléaire imminent. Ainsi, c'est l'Autriche, pays frontalier qui, avant même le déclenchement d'Ecurie, aurait reçu des Slovènes un document relatif à la centrale de Krsko et laissant croire qu'il s'agissait là d'un simple exercice virtuel. «C'était une erreur, une authentique erreur humaine», a ajouté Podobniknete.


L'Autriche reste inquiète

Pour compliquer le tout, Ljubljana se fie, afin d'évaluer le risque nucléaire, à sa propre échelle qui, elle, comprend quatre niveaux. Sur cette base, il s'agit du niveau 1, ce qui correspond à un «incident inhabituel», décrypte le porte-parole de l'Agence internationale pour l'énergie atomique, Ayhan Evrensel… Les défaillances de la Slovénie n'ont pas empêché ses représentants, dans un premier temps, de chercher à charger la Commission, lui reprochant d'avoir fait preuve d'un zèle excessif et d'avoir médiatisé une information surévaluée.

Pis, ce gigantesque cafouillage a laissé de marbre la majorité des États membres de l'UE. «C'est positif, parce que ça montre que le système fonctionne. Je préfère que quelqu'un déclenche une alarme sans nécessité particulière», a expliqué le ministre de l'Environnement, Sigmar Gabriel. Son collègue italien a également minimisé l'incident. Seul le ministre autrichien, Joseph Pröll, représentant d'une nation farouchement antinucléaire, a affirmé que la confiance de son pays envers la Slovénie avait été «ébranlée». Les travaux de la centrale de Krsko devraient reprendre aujourd'hui avant une remise en service attendue mardi.

     

Message Publié : 06 Juin 2008, 20:13
par Crockette
si en plus chaque pays a sa propre grille d'evaluation d'un risque nucleaire, on est pas sorti de l'auberge... :dry:


c'ets sur que de pondre des décrets europens pour une taille standard de calibrage des oeufs ou instaurer la taille des boites de conserve pour les sardines c'est bcp plus important... :sleep:

Message Publié : 09 Juin 2008, 13:09
par charpital
Ces dysfonctionnements sont évidemment inquiétants ! Le nucléaire civil est bien une activité potentiellement terrifiante, parce que les dangers sont objectivement cataclysmiques. Mais on nous dit que la sécurité nucléaire est globalement bien menée, avec des protocoles rigoureux et fiables. On voit ce qu'il en est : une pétaudière.

Evidemment, dans ce sens les conséquences ne sont pas trés importantes : on a perdu seulement du temps et de l'argent. Mais imaginons que ce soit l'inverse (au lieu d'un incident anodin qui à été annoncé comme un terrible accident, supposons que ce soit un accident majeur dont on ait saisi "la mauvaise fiche"). Ca fait froid dans le dos...

Message Publié : 09 Juin 2008, 13:51
par canardos
faut pas exagerer....il s'agit d'un incident assez mineur....

Ce qui est en cause c'est l'information que les responsables de la centrale ont transmis à l'UE. Si il s'était s'agit d'une catastrophe majeure, j'imagine quand meme que l'alerte ne serait pas limitée à une fiche....et de toute maniere un accident de type tchernobyl est toujours detecte et signalé dans les minutes qui suivent, fiche ou pas fiche..


ce qui ne veut pas dire que la maniere dont le capitalisme assure la sécurité nucléaire est satisfaisante...


maintenant si on joue au train fantome, je rappelle quand meme que le nucléaire civil, l'accident de Sverlovsk et celui de Tchernobyl compris, ont tué des dizaines de fois moins de personne en 60 ans que le charbon en un an, soit directement, soit indirectement par la pollution.

Message Publié : 09 Juin 2008, 20:49
par charpital
a écrit :Si il s'était s'agit d'une catastrophe majeure, j'imagine quand meme que l'alerte ne serait pas limitée à une fiche....et de toute maniere un accident de type tchernobyl est toujours detecte et signalé dans les minutes qui suivent, fiche ou pas fiche..


L'incident de techernobyl n'a pas été signalé "dans les minutes qui suivent", loin de là !

Tout ce qu'on peut (et doit) souhaiter, c'est que la transparence la plus grande régne. Il est clair qu'il n'en est (pour le moment) rien. Et ça va pas s'arranger avec la privat d'EDF (contrairement a ce qu'affirmaient les Verts) qui pourtant n'était déja pas trés fortiche en ce domaine.

On pourrait dire que la transparence aurait comme effet d'augmenter les peurs et les réactions irrationnelles. Je crois qu'au contraire c'est le sentiment "qu'on nous cache quelque chose" qui augmente souvent le degré d'irrationalité des populations.

Message Publié : 09 Juin 2008, 21:03
par canardos
tout à fait d'accord, la seule attitude correcte est la transparence et l'acces à l'information...c'est le meilleur moyen de lutter contre les comportements irrationnels...et aussi de controler les agissements de l'état et des groupes capitalistes


cela dit pout Tchernobyl la catastrophe a été connue tout de suite par les etats du monde entier...meme si ses consequences ont été dissimulées longtemps par les etats en question.

et si un incident grave, vraiment grave se produisait et était correctement signalé aux autorités europennes rien ne prouve qu'elles ne dissimuleraient pas sa gravité dans un premier temps.

En fait Tchernobyl est un bon exemple. Le SCPRI de Pellerin avait en france le monopole des mesures et ne devait donner ses informations qu'au gouvernement.

Toute mesure faite par un autre organisme, que ce soit une université ou un organisme privé était strictement interdite, ainsi que sa communication au public.

c'est parce que des universitaires ont constitué le CIIRAD, ont fait des mesures et les ont rendues publiques en risquant la prison que la vérité sur les contaminations de Tchernobyl a été connue..

plus tard le gouvernement Rocard avait promis de lever ce monopole de l'information mais je crois bien que les decrets ne sont jamais sortis et que au contraire l'arsenal judiciaire contre d'enventuels contrevenants s'est encore renforcé!