Le déclin des abeilles produit ses premiers effets économiqu

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par canardos » 19 Sep 2008, 15:07

a écrit :

[center]Le déclin des abeilles produit ses premiers effets économiques[/center]

LE MONDE  19.09.08 

Les populations d'abeilles domestiques déclinent partout dans le monde. Pourquoi ? Les causes possibles de cette érosion sont au centre de vifs débats. Mais, alors que scientifiques et apiculteurs en discutent, les premiers effets sur la production de fruits et légumes se font d'ores et déjà sentir aux Etats-Unis.


 
Dennis van Engelsdorp, 39 ans, chercheur au département d'agronomie de l'université de Pennsylvanie, est l'un des premiers scientifiques à avoir décrit, à l'automne 2006, ce que les Américains ont baptisé le Syndrome d'effondrement des colonies (Colony Collapse Disorder, ou CCD).



Comment définir le Syndrome d'effondrement des colonies d'abeilles ?


Disons qu'il s'agit d'un phénomène caractérisé par la disparition brutale - quelques jours à quelques semaines - de la quasi-totalité d'une colonie. On ne retrouve dans la ruche que la reine et les individus les plus jeunes. Quant aux cadavres des individus adultes, ils ne sont pas retrouvés dans la ruche, ni même à proximité.


L'érosion des populations d'abeilles ailleurs qu'aux Etats-Unis est-elle caractérisée par de tels phénomènes ?


Dans plusieurs pays européens, en tout cas, des situations similaires ont été rapportées. Mais au-delà de ce que nous nommons CCD, nous constatons une surmortalité annuelle supérieure à 30 % dans tous les pays où il existe une documentation correcte de la mortalité des abeilles. Ce rythme ne pourra pas être supporté longtemps.


Quelles sont pour l'heure les répercussions économiques de cette situation ?


Aux Etats-Unis, la problématique est particulière, parce que nous avons de très gros apiculteurs, dont certains gèrent jusqu'à 40 000 colonies. En Europe, un apiculteur s'occupe de quelques centaines de colonies tout au plus.

Surtout, aux Etats-Unis, un apiculteur sur deux ne vit pas du commerce de miel, mais de la transhumance de ses ruches. C'est, à la différence de ce qui se passe en Europe, une véritable industrie, avec des apiculteurs qui chargent plusieurs centaines de colonies par camion et qui parcourent le pays pour vendre aux grandes exploitations de fruits et légumes un service de pollinisation.


Par exemple ?


Par exemple, un apiculteur de Pennsylvanie commencera la saison sur les plantations d'oranges de Floride, puis il reviendra en Pennsylvanie poser ses ruches dans les plantations de pommes, puis chez les producteurs de myrtilles du Maine, puis en Californie dans les grandes plantations d'amandes...

A chaque fois, il loue aux producteurs les services de pollinisation de ses abeilles. La question économique ne se limite donc pas à la production de miel, mais se répercute largement sur les coûts de production des fruits et légumes.


L'impact se fait-il déjà sentir ?


Jusqu'à présent, les apiculteurs ont globalement réussi à répondre à la demande de pollinisation. Mais si l'on continue encore trois ou quatre hivers avec des mortalités d'abeilles de plus de 30 %, on va commencer à voir des apiculteurs mettre la clé sous la porte.

Il y a un vrai risque. La Californie, par exemple, produit 80 % des amandes consommées dans le monde. Aujourd'hui, il faut la moitié des 2,4 millions de colonies d'abeilles américaines pour polliniser ces plantations d'amandiers. En 2012, si tout continue au même rythme, il n'y aura plus suffisamment d'abeilles aux Etats-Unis pour polliniser ces seules cultures.

Déjà, la réduction des populations d'abeilles se fait sentir : auparavant, les apiculteurs louaient la colonie d'abeilles entre 45 et 65 dollars (32 à 46 euros). Cette année, le prix payé par les producteurs d'amandes se situe autour de 170 dollars (120 euros) par colonie. Globalement, le coût de la pollinisation a augmenté pour tous les types de producteurs.

Et, pour la première fois, des producteurs de concombres de Caroline du Nord ont réduit leur production jusqu'à 50 % simplement parce qu'ils n'ont pas trouvé suffisamment de colonies disponibles pour assurer la pollinisation.


Et les pollinisateurs sauvages ?


Aux Etats-Unis, il y avait trois principales espèces de bourdons (qui, comme les abeilles domestiques, comptent parmi les insectes pollinisateurs) : l'une est éteinte et les deux autres sont menacées. En Europe, une étude récente a montré que les insectes pollinisateurs sauvages sont aussi en déclin, ce qui provoque celui de plusieurs plantes sauvages qui en dépendent.


Y a-t-il aux Etats-Unis un débat sur les pesticides et leur implication dans le déclin des abeilles ?


Oui. L'une de nos priorités est d'ailleurs d'analyser les résidus de pesticides dans les ruches. Mais quand nous relevons des échantillons dans les ruches, atteintes ou non par le CCD, nous ne trouvons pas de traces conséquentes de résidus chimiques. Cependant, il n'est pas exclu que les pesticides aient des effets sublétaux plusieurs semaines après l'exposition, provoquant par exemple un affaiblissement du système immunitaire des insectes.


Et les ondes électromagnétiques émises par les antennes-relais ou encore les cultures génétiquement modifiées...


Les auteurs de la seule publication suggérant un lien éventuel avec la téléphonie mobile se sont rétractés. Quant aux endroits aux Etats-Unis où il y a le plus de cultures de maïs Bt, ils ne correspondent pas aux zones où les plus fortes mortalités sont relevées... Seule une étude européenne a suggéré que des abeilles exposées à des cultures génétiquement modifiées pouvaient être plus sensibles à certains pathogènes. Nous savons une chose : nous retrouvons chez beaucoup d'abeilles touchées par le CCD une sorte de virus grippal nommé Israeli Accute Paralysis Virus (IAPV). Mais toute la question est de savoir pourquoi il devient mortel dans certaines colonies et pas dans d'autres... En l'état des connaissances, on ne peut qu'attribuer le déclin des abeilles à un ensemble de causes, et non à une en particulier.



Propos recueillis par Stéphane Foucart

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LA POLLINISATION

LA SURVIE et l'évolution de plus de 80 % des espèces végétales de
la planète et la production de 84 % des espèces cultivées en Europe
dépendent, au moins en partie, de la pollinisation par les insectes.


100 000 ESPÈCES D'INSECTES (abeilles, bourdons, papillons), d'oiseaux (colibris et passereaux) et de mammifères (chauves-souris) servent à la reproduction sexuée de la plupart des plantes à fleurs.


QUELQUES CULTURES sont presque intégralement dépendantes des pollinisateurs : le cacao, la vanille, les courges et les potirons, les melons et les pastèques, les fruits de la passion, ainsi que les noix du Brésil et de macadamia.

Sans pollinisateurs, l'homme doit effectuer l'opération manuellement.


SEULES DE RARES ESPÈCES VÉGÉTALES dépendent exclusivement du vent ou des cours d'eau pour se reproduire.




a écrit :

[center]L'activité des insectes pollinisateurs est évaluée à 153 milliards d'euros[/center]
LE MONDE 19.09.08


Le rôle économique des insectes pollinisateurs, et notamment des abeilles, est de mieux en mieux appréhendé. Ces insectes rendent un service gratuit en contribuant à la reproduction sexuée des plantes à fleurs. La diminution du nombre d'individus, constatée un peu partout dans le monde, pourrait avoir des effets très importants sur les cultures vivrières. Car 35 % du tonnage mondial d'aliments d'origine végétale proviennent de cultures dépendant en partie des pollinisateurs.
 
Selon une étude franco-allemande dirigée par Jean-Michel Salles (CNRS, Montpellier) et Bernard Vaissière (Laboratoire de pollinisation et écologie des abeilles, INRA, Avignon), l'apport des insectes pollinisateurs aux principales cultures mondiales en 2005 peut être évalué à 153 milliards d'euros. Ce qui représente 9,5 % de la valeur de la production alimentaire mondiale.

Ce travail a été réalisé à partir d'une synthèse bibliographique publiée en 2006. Cette valeur est estimée à 50 milliards d'euros pour les fruits comme pour les légumes, et à 39 milliards concernant les oléagineux. L'impact sur les stimulants (café et cacao) et les épices serait moindre.

Ces données, publiées dans la dernière livraison de la revue Ecological Economics, ont été obtenues en "multipliant la valeur de la production d'une culture par le coefficient de dépendance de cette dernière à la pollinisation par les insectes", explique Bernard Vaissière.

Dans leur étude, les chercheurs ont évalué le coefficient de vulnérabilité des cultures en prenant pour hypothèse la disparition totale des insectes pollinisateurs. Pour l'ensemble des cultures concernées par la pollinisation, ce coefficient s'élève en moyenne à 9,5 %.

Mais les résultats diffèrent en fonction des zones géographiques. Ainsi, la partie orientale de l'Asie produit près de 52 % des légumes de la planète, tandis que le continent américain fournit 36 % des oléagineux. Et leurs taux respectifs de vulnérabilité sont de 15 % et de 22 %.


COEFFICIENT DE VULNÉRABILITÉ


L'Afrique de l'Ouest, l'Asie du Sud-Est et l'Amérique du Nord fournissent 36 % des noix, avec un taux de vulnérabilité de 44 %. La situation apparaît particulièrement critique pour le café et le cacao cultivés en Afrique de l'Ouest, qui fournit 56 % de la production mondiale, avec un coefficient de vulnérabilité de 90 %.

"Ce coefficient de dépendance a été évalué en tonnage. Il serait certainement plus important si on lui donnait une valeur économique, précise Bernard Vaissière. Prenons le cas du kiwi, pour lequel la réglementation impose de ne commercialiser que des fruits ayant un poids supérieur à 65 g. Celui-ci est hors d'atteinte sans les abeilles. Le coefficient de dépendance économique atteint ici les 100 %."

Les auteurs de l'article paru dans Ecological Economics précisent qu'ils n'ont pas pris en compte l'impact de la disparition des pollinisateurs sur la production des semences, très importante pour de nombreuses cultures fourragères et vivrières. Ce sujet sera abordé dans une autre étude.

Cette prise en compte augmenterait la valeur estimée de l'activité pollinisatrice. Le rôle de celle-ci sur la flore sauvage n'a pas non plus été abordé, alors que les animaux pollinisateurs assurent sa pérennité et la survie de tout le cortège de vie sauvage (oiseaux, rongeurs, mammifères) qui lui est associé.



Christiane Galus

canardos
 
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Message par Crockette » 19 Sep 2008, 17:05

bon sujet primordial car la disparition des abeilles partout sur la planete est inquiétante car les abeilles africaines avaient réputation d'être plus productive, plus agressive et solides que leurs cousines d'amérique du nord et d'europe...
ces abeilles africaines avaient d'ailleurs supplanté leurs cousines en amérique du sud il ya plusieurs décennies.

la piste du frelon est à écarter...les dégats sont intercontinentaux.

celle du virus ou d'un nouveau virus est à étudier car avec a mondialisation frénétique des transports de marchandises et le réchauffement climatique, de nombreux scientifiques s'accordent à dire que nous allons avoir une résurgence des virus...sur toutes les espèces animales.

sinon la piste d'un nouveau pesticide plus "volage" aux analyses après décès, est aussi à étudier. Par exemple, chez les sportifs, des spécialistes réussissent à les doper sans que ça se voit ds les urines parfois. la chimie sait faire des miracles. :dry:
Crockette
 

Message par canardos » 19 Sep 2008, 18:18

(Crockette @ vendredi 19 septembre 2008 à 18:05 a écrit :
sinon la piste d'un nouveau pesticide plus "volage" aux analyses après décès, est aussi à étudier. Par exemple, chez les sportifs, des spécialistes réussissent à les doper sans que ça se voit ds les urines parfois. la chimie sait faire des miracles. :dry:

tu veux dire que les abeilles se doperaient... :hinhin:

serieusement on s'oriente plus vers une hypothese multicausale ou les abeilles seraient tués par des epidemies virales et par des parasites comme le protozoaire Nosema ceranae, mais que leur systeme immunitaire pourrait etre affaibli par l'accumulation de pesticides.

encore que ce ne soit pas evident comme le montre une etude espagnole qui innocente plus ou moins le Gaucho et le Régent.

Je cite un extrait d'un article scientifique sur le depeuplement des ruches espagnoles:

a écrit :

[center]Le dépeuplement des ruches en Espagne : origine de l’ hypothèse Nosema ceranae[/center]

M. Higes (a), R. Martin (a), M.E. Garrido-Bailon (a), J.L. Bernal (a), M.J. Nozal ©, R. Mayo ©, A. Sanz (a), P. Garcia-Palencia ( 8) , A. Meana ( 8) .

(a) Centre apicole régional. Direction générale de la production agricole et de l’élevage du conseil de l’Agriculture. Assemblée des communautés de Castille-La Manche. ( 8) Département de la santé animale. Faculté vétérinaire. Université Alcala de Henarès de Madrid. © Département de chimie analytique. Faculté des sciences. Université de Valladolid.

La détection de Nosema ceranae sur les colonies d’abeilles affectées de dépeuplement, réalisée par notre équipe d’investigation, n’a pas été un fait accidentel, mais le couronnement de six années de travail d’investigation et de l’analyse de plus de 8 000 échantillons d’abeilles provenant tant d’Espagne que de différents pays voisins.

Ce que nous connaissons actuellement sous le nom de « syndrome de dépeuplement des ruches » n’est pas un phénomène nouveau, bien qu’il se soit manifesté de manière plus évidente et plus généralisée au cours des deux dernières années sur tout le territoire national. Notre équipe de travail a identifié la présence d’un plus grand nombre d’abeilles présentant des spores de Nosema [1] de taille légèrement plus petite que d’ordinaire dans les premières années du nouveau siècle, au moment où, probablement, le parasite Nosema ceranae a pu arriver dans notre pays.

Durant les années 2003 et 2004, le syndrome de dépeuplement s’est manifesté de façon évidente en automne et en hiver, périodes où se produisent la majorité des pertes dans les ruches. Néanmoins, en 2005 et 2006, ce phénomène a été détecté tout au long de l’année, y compris en été, époque à laquelle le dépeuplement ne se manifeste pas dans le cadre de nosémoses dues à Nosema apis.

Le seul indice en relation avec la disparition des abeilles - sans que l’on retrouve celles-ci, mortes, autour des ruches - est une diminution progressive de la production du miel et du pollen, causée par la perte de population des abeilles. Il est moins fréquent de noter la mortalité des abeilles dans les ruches que de constater un net manque de vigueur. Au cours de ce processus, il est courant de voir apparaître des pathologies associées dans le couvain, comme la loque américaine et l’ascosphérose.

Notre équipe a entamé les recherches sur l’origine de ce syndrome à la fin de 1999. Mais ce n’est qu’à partir de 2003 que les investigations ont commencé à se porter sur les espèces de Nosema comme agents causals du dépeuplement, étant donné les évidences scientifiques que nous avions alors obtenues.

Première hypothèse de travail : l’action toxique de pesticides

La première ligne de recherche était en relation avec l’hypothèse soulevée par une grande partie du secteur (à peu près la majorité en France), selon laquelle la cause résiderait dans l’action toxique de pesticides agricoles bien déterminés. Actuellement, c’est la piste causale privilégiée par le secteur apicole, mais non par une grande partie du monde scientifique.

Durant les six dernières années, nous avons étudié l’action possible de certains pesticides à usage agricole comme l’imidaclopride (Gaucho) et le fipronil (Régent TS), qui sont utilisés dans le traitement des semences de tournesol, ainsi que leur relation avec le dépeuplement des ruches. A cet égard, les éclaircissements qui en ont résulté ont été exposés dans les données présentées lors de la Deuxième conférence européenne d’apidologie, qui s’est tenue à Prague en septembre 2006. Quelques-uns des travaux présentés à cette occasion confirment scientifiquement que l’utilisation, en conditions de champ de semences de tournesol avec un traitement standard d’imidaclopride, ne détermine pas un risque réel pour les abeilles. Dans d’autres conditions, ce produit est toxique pour les abeilles, mais pas dans la relation abeille-tournesol.

Quant au fipronil, le congrès de Prague a permis de présenter des travaux réalisés en conditions de laboratoire ou de semi-terrain. Ils concluent à un potentiel toxique élevé de cette molécule sur les abeilles, bien que cette toxicité n’ait pas été démontrée en conditions de terrain.

En Espagne, l’imidaclopride continue à ne pas être autorisé pour le traitement des semences de tournesol. Il est important de signaler que les analyses réalisées par notre équipe entre 1999 et 2001, tant sur des semences de tournesol que sur du pollen de tournesol, des abeilles et du miel provenant de ruches situées dans différentes plantations de tournesol de Castille-La Manche, n’ont pas mis en évidence cette molécule ou l’un de ses métabolites au-delà des limites de détection utilisées (de l’ordre du ppb).

En ce qui concerne le fipronil, la situation est différente. Cette substance, qui est autorisée aujourd’hui pour le traitement des semences de tournesol, a été utilisée pour la première fois en Espagne en 2004. Cette année-là, seuls 5 % du nombre d’hectares semés en tournesol, dans seulement trois de nos provinces, ont reçu des semences traitées au fipronil. En 2005 et 2006, la situation a été similaire. Si ce pesticide avait trouvé la possibilité d’affecter les abeilles par l’intermédiaire du tournesol, les problèmes se seraient localisés dans des zones plus concrètes ; ce qui n’est pas le cas. Pour cette raison, le fipronil ne peut être tenu pour responsable d’un problème généralisé à toute l’Espagne. Durant l’été 2005 et 2006, nous avons mené à bien une étude de terrain complète sur les répercussions possibles, sur les colonies d’abeilles, des cultures de tournesol issues de semences traitées au fipronil. Dans tous les ruchers étudiés, nous n’avons pas trouvé de problème toxicologique aigu, pas plus que nous n’avons détecté de fipronil (ou l’un de ses métabolites) dans les échantillons que nous avons analysés jusqu’à présent. En revanche, dans toutes les colonies d’abeilles, nous avons relevé un parasitisme majeur de Nosema ceranae.

Concernant la présence d’autres insecticides dans le pollen de réserve des ruches, nos données actuelles indiquent que ceux-ci ne sauraient non plus être rendus responsables d’un problème généralisé tel qu’il s’est produit dans nos ruches.

Seconde hypothèse de travail : agents infectieux ou parasites

Les données relatives à une plus grande importance des agents infectieux et des parasites diagnostiqués dans les échantillons remis au laboratoire écartent le rôle étiologique des virus, en raison du petit nombre d’abeilles ayant donné un résultat positif à ces agents. Même si on ne peut pas éliminer le rôle certain que joue la varroase  [2] dans le syndrome, celle-ci ne semble pas en être l’unique cause puisque le nombre des colonies affectées s’est maintenu au même niveau au fil des dernières années.

L’augmentation progressive de la détection des spores de Nosema chez les abeilles provenant des ruchers affectés par le syndrome de dépeuplement est parfaitement évidente. C’est dans cette perspective que se sont concentrées les études des dernières années.

En juillet 2005, nous avons détecté les premières séquences génétiques nous permettant de confirmer la présence de Nosema ceranae dans les abeilles mellifères espagnoles. En septembre de la même année, son ample diffusion sur le territoire national s’est confirmée. Ce qui indique qu’il ne s’agissait pas d’une trouvaille isolée, mais que tout le pays était bien affecté. On pouvait supposer que la diffusion de Nosema ceranae ne se limitait pas exclusivement à l’Espagne, mais qu’elle pouvait s’étendre à beaucoup d’autres pays, d’autant plus qu’elle est originaire du même hôte et de la même région géographique que Varroa destructor.

Pour conclure

Actuellement, nos travaux d’investigation appuient cette hypothèse, et nos conclusions sont les suivantes :

- (1) Notre équipe de travail a été la première en Europe à détecter la présence de Nosema ceranae parasitant l’abeille européenne (Apis mellifera) dans les ruches affectées par le dépeuplement.

- (2) Nous avons confirmé récemment que Nosema ceranae accomplit totalement son cycle de reproduction en moins de trois jours, et qu’il présente une plus grande capacité pathogène que Nosema apis pour les abeilles mellifères, tuant celles-ci en peu de jours sans aucun symptôme préalable.

- (3) Les méthodes de diagnostic traditionnellement utilisées pour détecter la nosémose dans les ruches (fondamentalement : observation et décompte des spores) donnent des résultats peu fiables et ne permettent pas d’évaluer l’état sanitaire réel de la colonie d’abeilles, pas plus que le niveau de l’infection ou la relation de celle-ci avec les manifestations cliniques.

- (4) Nous avons détecté Nosema ceranae dans les abeilles d’autres pays européens, ce qui confirme qu’il s’agit d’un problème généralisé, au moins à l’Union Européenne. Nos données semblent aussi indiquer que cette microsporidie est arrivée antérieurement dans les pays situés plus à l’Est, et qu’elle a fait beaucoup plus récemment son entrée en Espagne (probablement en 2000-2001).

- (5) Nosema ceranae présente chez Apis mellifera un tableau clinique caractéristique différent de celui présenté par Nosema apis. Sa principale manifestation est le dépeuplement, en l’absence d’autres symptômes comme, par exemple, la diarrhée. Nosema ceranae est capable de provoquer le dépeuplement d’une ruche à lui seul, en un temps variable (de quelques mois à plus d’une année) ; temps qui peut se réduire en cas d’association avec d’autres agents étiologiques.

- (6) Actuellement, Nosema ceranae affecterait 50 % ou plus des ruches d’Espagne. Dans quelques communautés autonomes, cette estimation est supérieure à 80 %, ce qui suppose un risque sanitaire de première importance, comparable au problème provoqué par la varroase dans ces zones.

- (7) Nous n’avons pas de données permettant à présent d’attribuer le dépeuplement à la présence d’agrotoxiques, étant donné que dans les échantillons analysés jusqu’à maintenant, ceux-ci ne sont pratiquement pas détectés.

canardos
 
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