Sur le blog de Valérie Borde :
http://www2.lactualite.com/valerie-borde/ a écrit :
Climat : Nathalie Elgrably-Lévy en plein délire !
7 février 2012
«La thèse du réchauffement climatique est morte», nous apprenait il a quelques jours Nathalie Elgrably-Lévy, membre de l’Institut économique de Montréal et chroniqueuse au Journal de Montréal, qui salue «Le triomphe de la vérité». C’est évidemment une vue de l’esprit !
Pour en arriver à cette conclusion, celle que mon confrère Jean-François Lisée a rebaptisée «la Sarah Palin québécoise» s’appuie sur deux arguments d’une solidité scientifique inébranlable selon elle, mais malheureusement complètement erronés.
Le premier est une lettre de 16 scientifiques publiée le 27 janvier dans le Wall Street Journal, quotidien réputé pour sa sympathie à l’égard des climatosceptiques.
«No need to panic about global warming», affirment ceux que Mme Elgrably-Lévy qualifie de «scientifiques de réputation internationale». Sauf qu’aucun d’entre eux n’est réellement un spécialiste du climat. Et qu’une lettre d’opinion n’est en rien comparable à un consensus scientifique bâti à coups d’innombrables études.
Les auteurs de cette lettre sont bien connus. Il s’agit encore et toujours du même groupe de scientifiques proche des «marchands de doute» dont je vous ai déjà parlé, idéologues et démagogues à souhait, tels que le français Claude Allègre ou l’Américain Richard Lindzen, qui hantent l’espace public à la recherche de gogos à convaincre.
Le Wall Street Journal a suscité un tollé en publiant cette lettre, à laquelle ont immédiatement répondu 39 autres scientifiques, crédibles ceux-là, demandant aux lecteurs s’ils iraient voir un dentiste pour leurs problèmes cardiaques. Mais le mal était fait, puisque des personnes qui n’y connaissent rien aux sciences du climat comme Mme Elgrably-Lévy ont mordu à l’hameçon.
L’autre preuve que le réchauffement climatique n’est qu’une invention, selon la chroniqueuse, ce sont de nouvelles données compilées par des chercheurs de la University of East Anglia et du MetOffice qui montreraient que la température n’a pas augmenté sur Terre depuis 1997.
La bonne nouvelle, c’est que ces chercheurs, que les climatosceptiques ont trainé dans la boue lors du Climategate, semblent miraculeusement être redevenus crédibles à leurs yeux. Je croyais qu’ils n’étaient que des traîtres conspirateurs et menteurs ?
Mais là encore, j’ai de bien mauvaises nouvelles pour Mme Elgrably-Lévy. C’est que les données qu’ils ont récoltées ne contredisent en rien le réchauffement climatique.
[graphique apparaissant sur le blog]
Pour forger son opinion, je doute fort que Mme Elgrably Lévy ait analysé ces données. Elle a plutôt dû se fier à cet article du Mail on Sunday, qui fait beaucoup jaser chez les climatosceptiques et n’a certainement pas manqué d’attirer l’attention de ses lecteurs, surtout en pleine vague de froid.
Sauf que son auteur n’a pas du tout fait son travail correctement et a clairement déformé les propos de ses sources, comme l’explique le Met Office dans cette mise au point, dont Mme Elgrably se garde bien de nous parler.
Dans les 15 dernières années, la température moyenne du globe a de fait très peu augmenté, comme le montre la courbe ci-dessous.
Mais il faut faire preuve d’une mauvaise foi flagrante pour ne pas reconnaître que la tendance est à la hausse. Remarquez au passage que les trois modèles comparés, que certains disent complètement faux, sont quand même à peu de choses près en accord, même s’ils ne s’appuient pas sur les mêmes données.
Quinze ans, à l’échelle du climat, ce sont des broutilles. Dire que cette stagnation est une preuve que le réchauffement climatique est une invention n’a tout simplement aucun sens.
Imaginez une personne qui, à force de s’empiffrer continuellement, est devenue obèse.
Pourtant, si un jour elle se pèse le matin puis le soir, elle observera bien peu de différence sur la balance, même si elle a mangé six hamburgers et bu 8 litres de Coca-Cola à midi.
Est-ce la preuve qu’un tel régime ne fait pas grossir, madame Elgrably-Lévy ?