Une étude prouverait la nocivité de trois maïs Monsanto

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par canardos » 04 Oct 2012, 23:27

Dans Marianne:

a écrit :


OGM : l’Allemagne recale l’étude Séralini
Jeudi 4 Octobre 2012 à 11:46 | Lu 5706 fois I 54 commentaire(s)

Jean-Claude Jaillette - Marianne
Journaliste à Marianne. En savoir plus sur cet auteur

Une première analyse de l’étude de Gilles-Eric Séralini sur les OGM vient d’être publiée. Elle émane de l’Agence de sécurité sanitaire allemande. Marianne l’a lu. Ravageuse pour le chercheur français. Elle conforte la lettre ouverte signée de généticiens et de biologistes publiée dans Marianne (n° 806, 29 septembre), et rejoints depuis par une trentaine d’autres dont nous publions ici la signature.

L’Agence allemande de sécurité sanitaire BfR (Das Bundesinstitut für Risikobewertung) a mis les bouchées doubles. En moins de deux semaines, elle a réalisé une première évaluation de l’étude de Gilles-Eric Séralini sur les OGM, « Long term toxicity of a Roundup herbicide and a Roundup-tolerant genetically modified Maize », mis en scène avec fracas par le Nouvel Observateur sous le titre « Oui, les OGM sont des poisons ».

« Elle n’apporte aucune raison valable pour ré-examiner le glyphosate – (molécule constitutive du Roundup, NDLR) et le maïs génétiquement modifié » conclut l’institut sous la plume de son vice-président, le professeur Reiner Wittkowsky, consultable sur le site de l’agence. « L’étude manque de robustesse autant dans la conception que dans l’analyse statistique » écrit l’auteur. Pis, « en raison de la conception insuffisamment rigoureuse et la manière de présenter et interpréter les données, les conclusions essentielles des auteurs ne sont pas compréhensibles ». Sévère pour une publication scientifique publiée dans une revue à comité de lecture…

La manière dont les rats ont été choisis et utilisés n’est, selon l’agence allemande, pas conforme aux bons usages de laboratoire: « leur nombre est trop petit, il ne correspond pas aux standards internationaux définis pour les recherchers sur l’impact cancérogène d’une substance. » Enfin, Séralini & co ne fournissent aucune indication sur le régime alimentaire des rats, laissant la porte ouverte à tous les autres risques inhérents aux aliments absorbés et à leur qualité.

Voilà donc l’étude Séralini taillée en pièce par un institut public dépendant du Ministère fédéral de l’alimentation, de l’agriculture et la protection des consommateurs. Il engage donc l’Etat allemand qui comme en France, doit faire face à une contestation très forte de l’utilisation des OGM. On peut donc imaginer qu’il manie ce genre d’étude avec la plus grande prudence. Et surtout qu’il procède avec rapidité, histoire de calmer les psychoses.

En France, le choix a été fait par l’ANSES de prendre son temps. Selon nos informations, elle met un soin particulier à choisir ses experts, traquant férocement tout conflit d’intêrets. Histoire d’éviter toute polémique. Mais au risque que son avis passe totalement inaperçu après le raz-de-marée médiatique qui a entouré l’étude.

canardos
 
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Message par canardos » 05 Oct 2012, 07:06

et dans le "Nouvel Observateur" pourtant partenaire de Seralini dans ce ballon mediatique et qui avait titré en gros caracteres que les OGM étaient des poisons:

a écrit :

OGM: l'autorité européenne rejette en l'état l'étude Séralini
Créé le 04-10-2012

L'autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a demandé jeudi au chercheur français Gilles-Eric Séralini de lui fournir davantage d'informations sur son étude sur la toxicité du maïs NK 603 du groupe Monsanto afin de pouvoir rendre un avis sur le sujet d'ici la fin du mois. © Afp
L'autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a demandé jeudi au chercheur français Gilles-Eric Séralini de lui fournir davantage d'informations sur son étude sur la toxicité du maïs NK 603 du groupe Monsanto afin de pouvoir rendre un avis sur le sujet d'ici la fin du mois. © Afp

BRUXELLES (AFP) - L'autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) a rejeté jeudi en l'état l'étude du chercheur Gilles-Eric Séralini sur la toxicité d'un maïs OGM de Monsanto, la jugeant "inadéquate" et "insuffisante", et lui a demandé de fournir davantage d'informations d'ici la fin du mois.

Le chercheur français a aussitôt annoncé à l'AFP qu'il refusait de s'exécuter, une décision qui risque de sceller le sort de ses travaux.

L'avis des experts chargés par l'Efsa d'analyser l'étude est très sévère. "L'article est d'une qualité scientifique insuffisante pour être considéré valide pour l'évaluation des risques", ont-ils jugé.

Et d'ajouter que "la conception, le système de rapport des données et l'analyse de l'étude, tels que présentés dans le document, sont inadéquats".

"Les nombreuses questions relatives à la conception et à la méthodologie de l'étude telles que décrites dans l'article impliquent qu'aucune conclusion ne peut être tirée au sujet de l'occurrence des tumeurs chez les rats testés", ont-ils conclu.

L'Efsa a expliqué avoir "invité les auteurs à partager certaines informations additionnelles essentielles afin de lui permettre d'acquérir la compréhension la plus complète possible de l'étude".

"Lorsqu'on réalise une étude, il est essentiel de s'assurer qu'un cadre approprié soit mis en place. Si on a clairement défini ses objectifs et qu'on a établi une conception et une méthodologie appropriées, on constitue une base solide à partir de laquelle des données précises et des conclusions valides peuvent être générées", a expliqué Per Bergman, qui a dirigé les travaux de l'Efsa.

"Sans ces éléments, il est peu probable qu'une étude se révèle fiable, valide et de bonne qualité", a-t-il soutenu.

L'Efsa prévoit de publier une "seconde analyse, plus complète, d'ici la fin octobre".

"Les auteurs de l'étude auront l'opportunité de fournir à l'Autorité la documentation sur laquelle ils se sont basés ainsi que les procédures relatives à leur étude afin que l'Efsa acquière la compréhension la plus complète possible de leurs travaux", a expliqué l'agence.

Les recherches menées pendant deux ans par l'équipe de Gilles-Eric Séralini, professeur de biologie moléculaire à l'Université de Caen, soutiennent que des rats nourris avec un maïs génétiquement modifié, le NK603, ont été frappés au bout de 13 mois par des pathologies lourdes, notamment des tumeurs.

Ses conclusions, si elles étaient validées, remettraient en question tout le processus de validation des études démontrant l'inocuité des semences OGM et les procédures d'autorisation pour la culture et la consommation dans l'UE.

Deux OGM --le mais MON810 et la pomme de terre Amflora-- sont actuellement cultivés dans l'UE et une cinquantaine d'autres, dont le NK603, ont obtenu une autorisation pour l'alimentation animale et humaine.

En l'état, "l'Efsa considère qu'il n'est pas nécessaire qu'elle réexamine l'évaluation précédente réalisée sur la sécurité du maïs NK603".

Lors de la publication de l'étude, le Premier ministre français, Jean-Marc Ayrault, avait annoncé que si le danger des OGM était vérifié, la France "défendrait au niveau européen" leur interdiction. "Si des faits scientifiques nouveaux sont démontrés, nous en tirerons les conséquences", avait pour sa part assuré la Commission européenne.

L'avis rendu par l'Efsa a déjà relancé l'affrontement avec les anti-OGM. L'organisation les Amis de la Terre a accusé l'autorité européenne de "placer les intérêts de l'industrie agroalimentaire et des biotechnologies avant la sécurité des consommateurs".

L'Efsa veut assurer sa décision finale. La Commission européenne souhaite qu'elle soit "inattaquable". Le second examen inclura un résumé des évaluations réalisées par les Etats membres sur l'article, notamment les analyse menées en Allemagne et en France. L'Institut fédéral pour l'évaluation des risques en Allemagne (BfR) a déjà rendu lundi un avis négatif sur l'étude Séralini.

canardos
 
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Message par canardos » 05 Oct 2012, 07:47

Dans "Slate" du 5 octobre, la traduction du billet d'un journaliste scientifique américain dans son blog:

a écrit :

Les anti-OGM sont les climatosceptiques de la gauche
Rassurez-vous, vous n'aurez pas de cancer à cause du maïs génétiquement modifié.


J'ai toujours pensé qu'en matière de désinformation, rien ni personne ne pouvait rivaliser avec les sceptiques du changement climatique et leurs sbires plus ou moins haut placés.

Mais c'était avant que je ne commence à m'intéresser aux manipulations scientifiques des anti-OGM. L'étendue de leurs prouesses et le nombre de personnalités qui leur prêtent main-forte ont de quoi vous surprendre.

J'ai donc pu observer que leurs angoisses sont alimentées par de célèbres organisations écologistes, de soi-disant comités de surveillance en sécurité alimentaire et autres journalistes culinaires influents; que des universitaires très respectés offrent un boulevard à leur science boiteuse et que leur propagande ne rencontre que la crédulité chez les plus légendaires de mes confrères; et, enfin, que les médias progressistes qui, quand il s'agit de débats sur le climat, n'hésitent pas à condamner l'indécence rhétorique qui les enrobe, nous servent le même genre d'agitprop dès qu'il est question d'organismes génétiquement modifiés.

Pour le dire en deux mots, j'ai compris que la question des OGM, avec sa charge émotionnelle et politique énorme, s'embourbe dans les mêmes marigots idéologiques que ceux qui ont pourri jusqu'au trognon la science du climat.

L'exemple le plus récent et le plus téméraire de cette déformation scientifique date de mi-octobre, et s'est incarné dans une étude discutable (oui, mais peer-reviewed!), à l'origine d'un déferlement médiatique mondial. Dans cette étude, une équipe de chercheurs français aurait trouvé qu'en donnant du maïs GM à manger à des rats, ceux-ci développent des tumeurs géantes et meurent prématurément.

En à peine 24 heures, la crédibilité de cette étude a été réduite en bouillie par un nombre record de scientifiques. Le consensus fut rapide et sans appel: l'étude était bourrée d'erreurs –des lacunes aussi graves que manifestes, et qu'aucun comité de lecture n'aurait dû laisser passer. La plupart des critiques ont mis en avant la lignée de rats choisie par les chercheurs, particulièrement sujette aux tumeurs. D'autres aspects méthodologiques fondamentaux de cette étude, comme la taille de l'échantillon et ses analyses statistiques ont été aussi largement discrédités. Selon un scientifique de l'Université de Floride, cette étude a tout simplement été «conçue pour effrayer» l'opinion publique.
Manipulation de journalistes

Et on est loin de l'hallucination collective, vu le passif de l'auteur principal de cet article, Gilles-Eric Seralini, qui, comme l'explique NPR, «milite activement contre les OGM depuis 1997» et n'en est pas à sa première étude «contestée», selon les termes du New York Times.

Les circonstances de l'étude de Seralini sur les OGM et les tumeurs de rats vont du bizarre (comme le décrit avec emphase un magazine français, elle s'est déroulée dans des conditions semi-clandestines) au suspect (elle a été financée par un organisme opposé aux biotechnologies, dont Seralini dirige le conseil scientifique).

Autre signe alarmant: Seralini et ses co-auteurs ont manipulé certains journalistes pour les empêcher de parler de leur étude à des chercheurs extérieurs. (La stratégie a visiblement fonctionné comme un charme en Europe). Certains confrères se sont volontairement transformés en simples sténodactylos en signant des accords de confidentialité stipulant qu'ils ne solliciteraient pas l'avis d'experts indépendants avant la publication de l'étude. Une pratique qui a piqué au vif d'autres journalistes scientifiques comme Carl Zimmer qui, sur son blog de Discover, écrit:

    «C'est une manière de faire du journalisme scientifique rance et corrompue. Cela donne une mauvaise image des scientifiques concernés, mais, en tant que journalistes, nous devons aussi admettre que cela donne une mauvaise image de notre profession... Si quelqu'un vous tend un accord de confidentialité et vous demande de le signer, si vous n'avez pas d'autre choix que d'écrire un article partial et univoque, FUYEZ. Sinon, vous serez les dindons de la farce».

En parlant de dindons, ai-je déjà signalé que le nouveau livre de Seralini sur les OGM, Tous cobayes! est publié (en France) la semaine dernière? Sans oublier un documentaire, fondé sur ce livre, qui sort au même moment. Pour de plus amples détails, cliquez sur le site de l'organisme anti-biotech qui a financé cette étude. Vous y verrez aussi les répugnantes images des rats nourris au maïs transgénique et développant des tumeurs de la taille d'une balle de ping-pong.

Tout cela est très pratique, vous ne trouvez pas?

Mais il en faut plus pour décontenancer Tom Philpott, le célèbre blogueur culinaire de Mother Jones, qui écrit que les conclusions de Seralini «mettent cruellement en lumière le mantra du secteur des biotechnologies agricoles, pour qui l'innocuité des OGM alimentaires est largement prouvée».
Pourquoi aller contre le consensus scientifique

Philpott claironne souvent sur les dangers écologiques et sanitaires des semences génétiquement modifiées. Mais les craintes que suscitent les OGM, dont toute la presse de gauche fait régulièrement ses choux gras, n'ont que peu de fondement. Comme Pamela Ronald, généticienne végétale à l'Université de Californie-Davis le faisait remarquer l'an dernier dans le Scientific American:

    «Il existe un important consensus scientifique prouvant que les plantes génétiquement modifiées disponibles actuellement sur le marché alimentaire ne représentent aucun danger. Après 14 ans de culture et, au total, près d'un milliard d'hectares plantés, la commercialisation de semences génétiquement modifiées n'est à l'origine d'aucun effet nocif sur l'environnement comme sur la santé».

Dès lors, comment se fait-il que des doutes subsistent encore, même chez ceux qui n’exècrent pas Monsanto ou qui ne défendent pas mordicus une alimentation exclusivement bio? Pour certains, c'est l'introduction de nouveaux gènes dans des espèces animales et végétales qui les préoccupent. Mais les humains sélectionnent consciemment les plantes et les animaux qu'ils mangent quasiment depuis qu'ils sont sortis des cavernes et, de fait, ont manipulé leurs gènes tout du long. Le processus était tout simplement un peu plus lent avant l'apparition des biotechnologies.

Pour autant, le malaise que peut susciter une technologie nouvelle et puissante n'est pas uniquement un travers d'ultra-parano. Le principe de précaution est un bon principe. Mais les gens devraient savoir que les OGM font l'objet d'une législation très scrupuleuse (voire trop, selon certains scientifiques, qui déplorent des normes excessivement pesantes).

De nombreux écologistes ont peur que les animaux transgéniques, comme le «Franken-saumon», soient relâchés dans la nature et supplantent leurs cousins conventionnels, ou du moins provoquent des soucis reproductifs chez les membres sauvages de cette espèce. Mais même le scientifique dont les recherches ont servi à élaborer la théorie du «gène de Troie» estime que le risque pour le saumon sauvage est «faible» et que son travail a été mal compris par les anti-OGM.
Une guerre sans fin entre les humains et les nuisibles

Une autre préoccupation, dont on a largement parlé, concerne «la croissance rapide de semences ultrarésistantes», capables désormais de braver le Roundup, l'herbicide n°1 de Monsanto. Un phénomène qui a poussé les agriculteurs à multiplier les quantités de phytosanitaires déversées sur leurs cultures. Par ailleurs, certaines études laissent entendre que d'autres nuisibles développeraient une résistance aux semences OGM. Mais ces problèmes ne sont pas spécifiques à l'ingénierie génétique. L'histoire de l'agriculture, c'est une guerre sans fin entre les humains et les nuisibles.

Inversement, les aspects positifs des semences GM semblent largement supplanter les négatifs. Une étude récente, fondée sur 20 ans d'observation et publiée dans Nature a trouvé que les semences GM permettaient d’améliorer l'écosystème des insectes utiles autour des champs concernés. Pour une synthèse des bénéfices (et des préoccupations lancinantes) générés par les OGM, voyez cet article récent rédigé par Pamela Ronald.

Mais l'argument ultime contre ceux qui redoutent les OGM dans leurs assiettes, c'est qu'il n'existe aucune preuve scientifique crédible de leur danger pour la santé.

Même Philpott, dans sa charitable apologie de l'étude de Seralini, admet que «personne n'est encore tombé raide mort après avoir bu, par exemple, un Coca sucré au sirop de glucose-fructose fabriqué à partir de maïs transgénique». Pour autant, dès le paragraphe suivant, il se demande «Quid des effets 'chroniques', ceux qui arrivent progressivement et qui ne sont pas facilement corrélables à un élément en particulier? Quelle visibilité avons-nous sur ce que nous mangeons?»

Bien que l'étude de Seralini soit un désastre total, Philpott conclut qu'elle «indique de manière inquiétante que tout n'est peut-être pas parfait avec nos aliments – et montre, cela ne fait aucun doute, qu'il faut approfondir nos connaissances sur le sujet». Mais ici, ce qui ne fait vraiment aucun doute, c'est l'incapacité de Philpott à reconnaître de grosses conneries quand elles lui crèvent les yeux.
Incohérence intellectuelle chez les médias à tendance écolo

Si je m'en prends à Philpott, ce n'est pas parce que je lui en veux personnellement, mais parce qu'il représente la frange la plus raisonnable et la plus mesurée de la brigade anti-OGM (dont les membres les plus extrémistes s'affublent de combinaisons blanches pour aller détruire des projets de recherche). Il en va de même pour Grist, qui considère que l'étude française est «importante» et que cela «vaut la peine de s'intéresser aux conclusions de Seralini».

Que la presse de gauche approuve aussi unilatéralement une étude que toute la communauté scientifique tourne en ridicule et considère comme un exemple éhonté de mauvaise science est «fondamentalement déprimant», selon la formule d'un chercheur en médecine qui blogue sous le pseudonyme d'Orac. Pour lui, les manipulations scientifiques et les stratégies alarmistes des anti-OGM ressemblent à celles du mouvement anti-vaccination.

Ce biais en faveur des anti-OGM révèle aussi une incohérence intellectuelle patente chez les médias à tendance écolo. Quand il est question, par exemple, de science climatique, Grist et Mother Jones sont les premiers à dénoncer l'aveuglement et le déni des experts et des politiciens. Mais dès qu'il s'agit d'ingénierie génétique, les journalistes de ces mêmes supports se jettent sur les arguments les plus pseudo-scientifiques, fondés sur les preuves les plus bringuebalantes et alertent l'opinion sur ces OGM qui causent le cancer, bouleversent nos hormones et tuent nos écosystèmes.

Ce genre de rhétorique catastrophiste, j'ai bien compris qu'elle était prévisible de la part de groupes écologistes, des militants anti-OGM et de leurs nervis les plus cupides et les plus malhonnêtes. C'est ce que font les idéologues, montés sur des ressorts partisans. L'étude de Seralini a d'ores et déjà été applaudie par les défenseurs de la Proposition 37, une initiative citoyenne qui, si elle est ratifiée en novembre, donnera lieu à l'étiquetage obligatoire des ingrédients OGM en Californie.

Ce qui est plus déconcertant, par contre, c'est de voir comment de grands médias et des commentateurs influents en arrivent à légitimer cette pseudo-science et à perpétrer certaines des légendes urbaines  les plus outrancières, celles-là mêmes à qui un documentaire tendancieux de 2011 vient d'offrir une petite cure de jouvence et que des endroits comme le Huffington Post prennent au pied de la lettre.

Dans une récente chronique publiée dans Nature, Dan Kahan, de Yale, se lamentait au sujet de «l'environnement pollué de la communication scientifique», qui avait profondément polarisé le débat climatique. Il écrivait:

    «Les gens acquièrent leurs connaissances scientifiques en consultant des personnes qui partagent leurs valeurs, en qui ils ont donc confiance et qu'ils comprennent».

Ce qui veut dire que les médias de gauche, les universitaires émérites et les défenseurs du bien manger qui se soucient sincèrement de la planète sont en réalité des courtiers en information. Ils ont donc un choix à faire: sur la question des OGM, ils peuvent analyser scrupuleusement les faits et les risques, ou ils peuvent continuer à polluer la communication scientifique et son environnement.

Keith Kloor 

Traduit par Peggy Sastre

canardos
 
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Message par luc marchauciel » 06 Oct 2012, 00:02

J'ai presque eu du mal à le croire en le lisant : à propos de l'affaire Séralini, la LCR belge (autour de Daniel Tanuro, principal théoricien "écosocialiste" du réseau du SU) vient de réscussiter le lyssenkisme :

a écrit :

L’EFSA discrédite l’étude Séralini sur la toxicité des OGM - Autorité de Sécurité Alimentaire… ou instrument de Monsanto ?



Par Daniel Tanuro & Collectif le Vendredi, 05 Octobre 2012



La publication à la mi-septembre des résultats d’une étude universitaire sur la toxicité d’une variété de maïs génétiquement modifié et de l’herbicide Roundup a causé un choc violent dans l’opinion publique. L’équipe de chercheurs dirigée par Gilles-Eric Séralini, de l’université de Caen, en France, mettait en évidence que le maïs NK603 et le RoundUp ont à long terme sur la santé des rats des effets graves – tumeurs, maladies des reins et du foie- que n’identifient pas les tests officiels, réalisés sur des périodes plus courtes. Les photos des énormes tumeurs développées par les rongeurs ont fait le tour du monde.

La riposte a été foudroyante. Dès le lendemain, l’étude de Séralini faisait l’objet d’un tir de barrage extrêmement nourri de la part d’autres scientifiques. Leurs critiques étaient très largement répercutées par les médias (tandis que les réponses à ces critiques, par contre, ne trouvaient pas ou peu d’écho). Cette affaire vient de connaître une première conclusion provisoire : ce 4 octobre, l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a jugé "insuffisante" l'étude des chercheurs français et leur a demandé de fournir davantage d'informations sous peine de la rejeter. Sous ses  dehors catégoriques, ce jugement dicté par Monsanto dissimule en réalité un embarras considérable et une volonté d’étouffer ce qui pourrait devenir un scandale majeur.

Un étrange communiqué

Selon l’EFSA, l’étude de Séralini est « d’une qualité scientifique insuffisante pour être considérée valide pour l'évaluation des risques". "La conception, le système de rapport des données et l'analyse de l'étude, tels que présentés dans le document, sont inadéquats", explique-t-elle dans un communiqué. En même temps, l’Autorité "invite les auteurs à lui fournir la documentation sur laquelle ils se sont basés ainsi que les procédures relatives à leur étude afin que l'EFSA acquière la compréhension la plus complète possible de leurs travaux. Sans ces « informations additionnelles essentielles », il est « peu probable que l'étude se révèle fiable, valide et de bonne qualité". (1)

Voilà un communiqué bien étrange : d’un côté, l’EFSA rejette l’étude en termes très catégoriques («d’une qualité scientifique  insuffisante pour être considérée valide » !), de l’autre… elle demande aux chercheurs de lui fournir les éléments « essentiels » sans lesquels « il est peu probable que l’étude se révèle valide ». La contradiction saute aux yeux. Comment peut-on condamner une étude quand on manque à son sujet de certaines « informations essentielles » à la « compréhension la plus complète » ? De plus, l’étude a été soumise à un comité de lecture composé de spécialistes avant sa publication… dans la revue où Monsanto publie les résultats de ses études.  L’EFSA considère-t-elle que les reviewers sont eux aussi « d’une qualité scientifique insuffisante » ?

Insoutenable légèreté

C’est peu dire que la prise de position de l’EFSA témoigne d’une insoutenable légèreté. Car enfin, il s’agit de santé publique. L’Autorité a pour mission de donner aux citoyen-ne-s le maximum de garanties qu’ils et elles consomment des aliments qui ne nuiront pas à leur santé et à celle de leurs enfants. Or, selon l’étude de Gilles-Eric Séralini, ce n’est pas le cas. Un des deux maïs OGM dont l’EFSA a autorisé la consommation et la culture en Europe pourrait être sérieusement toxique. Le problème serait que les tests sur base desquels l’EFSA a donné ces autorisations ne permettent pas de déceler cette toxicité, parce qu’ils sont menés sur une période trop courte (90 jours). Les tumeurs et autres affections apparaissent chez les rats de laboratoire après un an, dit Séralini.

Dans ces conditions, l’EFSA devrait s’interroger en premier lieu sur la qualité scientifique des études précédentes, qui ont conclu à l’innocuité du NK603, études sur lesquelles elle a basé ses décisions en les considérant comme valides. En effet, si l’étude de Séralini était effectivement « d’une qualité scientifique insuffisante », alors il faudrait estimer que les autres études sont d’une qualité plus mauvaise encore, et la conclusion à tirer serait : stop aux OGM, on arrête tout et on réalise en toute transparence une nouvelle étude toxicologique approfondie, de longue durée, indépendante, donnant des garanties de validité incontestables. Mais c’est justement cette conclusion que l’EFSA veut éviter à tout prix… parce qu’elle nuirait à la compétitivité du secteur des biotech.

La main de Monsanto

Dans son communiqué, l’EFSA ne fait que reprendre les critiques qui ont été formulées très vite –étonnamment vite -  contre les travaux de Séralini. Le Dr Joël Spiroux, co-auteur et directeur adjoint de l’étude, président du Criigen (Comité de recherche et d’information indépendant sur le génie génétique), a déjà répondu à la plupart d’entre elles (2). Comme le note le Réseau européen de Scientifiques pour la responsabilité sociale et environnementale (ENSSER), « la plupart des arguments qui tentent d’invalider l’étude de Séralini et al. ne résistent pas à un examen plus attentif. Les critiques soulevées sont pour la plupart fausses ou appliquent de doubles standards. »(3) On se contentera ici de reprendre deux exemples qui montrent un acharnement malhonnête :

-        « La souche de rat utilisée dans cette étude est sujette à développer des tumeurs au cours de son espérance de vie d'environ deux ans », écrit l’EFSA - Oui, mais tout le monde utilise ces mêmes rats, y compris Monsanto ;

-        « Le nombre de rats étudiés (200 animaux, dix lots de vingt) est trop faible » - Oui, mais ce nombre d’animaux est égal ou supérieur à celui qui est utilisé par Monsanto pour prouver en trois mois que les OGM ne nuisent pas à la santé…

Il n’y a aucun doute qu’une campagne visant à discréditer délibérément l’étude du Professeur Séralini a été orchestrée par Monsanto. L’ONG CEO (Corporate Europe Observatory), qui scrute l’action des lobbies patronaux dans l’Union Européenne, a divulgué un e-mail envoyé tout de suite après la publication de l’étude, dans lequel un dirigeant de la multinationale fait connaître une liste de dix-huit commentaires scientifiques (dont dix émanant de personnes non-identifiées), tous défavorables à Séralini et son équipe.

Ce recueil de commentaires n’a pas été établi directement par Monsanto mais par le « Science Media Center ». Cet organisme basé à Londres se donne une image d’objectivité, mais celle-ci ne résiste pas à l’analyse : 70% du financement du SCM provient de l’industrie, et toutes les firmes de biotechnologie y contribuent… Les critiques des scientifiques pro-OGM coïncident d’ailleurs point par point avec celles qui sont formulées par Monsanto elle-même dans ses « commentaires » au sujet de l’étude de Séralini. N’empêche que l’astuce a fonctionné : l’agence de presse Reuters a repris les attaques fournies par le SMC, et la grande presse a embrayé.

D’énormes enjeux

La perversité, la brutalité et la malhonnêteté des attaques contre Séralini et son équipe s’expliquent évidemment par l’énormité des enjeux économiques. On n’a pas besoin d’OGM pour nourrir la planète. Les 400 experts qui ont rédigé pour les Nations Unies une Evaluation internationale des connaissances, des technologies et de la science agricole pour le développement (le rapport IAATD) ont même conclu que les OGM étaient inappropriés à ce but. Les belles paroles sur les OGM comme moyen-de-supprimer-la-faim ne sont que basse propagande et rideau de fumée. Le véritable objectif de Monsanto et des autres multinationales du « génie génétique » est l’industrialisation totale de l’agriculture dans le but de maximiser leurs profits en imposant des prix de monopole.  Il va de soi que, si cet objectif était atteint, l’humanité verrait ses conditions fondamentales d’existence complètement subordonnées aux intérêts d’une puissance capitaliste concentrée, d’une ampleur sans précédent.

Pour aller dans ce sens - qui, il faut y insister, découle spontanément de la concurrence capitaliste dans la recherche d’investissements générateurs de valeur ajoutée -  l’industrie biotechnologique doit s’approprier les espèces cultivées (d’où l’importance du combat sur les semences), transformer les paysans en simples pions de son projet  et supprimer toute science indépendante. Elle doit aussi contrôler le pouvoir politique, qui donne les autorisations nécessaires à la consommation et à la culture des transgéniques. L’affaire des OGM montre comment ces deux derniers  points sont imbriqués, puisque Monsanto réalise ou fait réaliser elle-même les études sur base desquelles les pouvoirs publics décident ensuite que ses plantes GM ne présentent aucun danger.

Science avariée, pouvoirs gangrenés

C’est peu dire qu’il y a lieu ici de se poser des questions sur l’évolution de la science, ou plutôt des sciences... La concurrence entre chercheurs pour les crédits et la mainmise croissante de l’industrie sur la recherche jouent un rôle évident (cet aspect de la politique néolibérale devrait être dénoncé davantage par la gauche radicale). Cependant, comme le dit le biologiste Jacques Testart, « il serait trop simple d’imaginer que tous ces chercheurs (ceux qui flinguent Séralini) sont payés pour défendre les intérêts de l’industrie des plantes GM. La situation est plus grave parce qu’elle relève rarement du délit mais presque toujours de l’idéologie ». Une idéologie difficile à combattre parce qu’elle habite la pensée scientifique elle-même : « la révolution génétique a conduit à une conception atomisée du vivant, écrit Testart : les secrets de la vie, des spécificités individuelles, des pathologies et des traitements, tout serait décelable et modifiable dans la molécule d’ADN, d’où la naissance d’un réductionnisme triomphant ». (4)

En même temps, ce réductionnisme, qui « nie la complexité du vivant », n’est qu’une forme particulière de l’idéologie utilitariste et réifiante du capitalisme, avec sa rationalité partielle (au niveau des entreprises) et son irrationalité globale. C’est pourquoi les conflits d’intérêt – les vrais, avec de l’argent à la clé - ne sont jamais très loin des dérives idéologiques. Au cours d’une conférence de presse, Gilles-Eric Séralini a mis en doute « la compétence, et même l’honnêteté » des experts de l’EFSA. Cette attaque frontale ne tombe pas du ciel. L’EFSA est truffée de partisans des OGM, liés à l’industrie biotechnologique ou à diverses officines soumises à celle-ci. Le CEO a montré que plus de la moitié des experts qui ont donné le feu vert au maïs NK603 avaient des liens avec l’industrie (5). En mai dernier, Diana Banati, Présidente de l’EFSA, était contrainte à la démission en raison de ses liens avec  l’ILSI (International Life Science Institute). Décrit par le Canard Enchaîné comme « le plus puissant groupe de lobbying alimentaire avec 400 adhérents dont Monsanto, Unilever, Syngenta, Bayer, Nestlé… », l’ILSI est au cœur de plusieurs affaires de conflits d’intérêt. (6)

Le comité scientifique  de l’ILSI compte notamment dans ses rangs un autre chercheur pro-OGM : le français Gérard Pascal, ancien toxicologue à l’INRA, devenu consultant pour Danone et Nestlé. Interrogé sur l’étude de Séralini par le quotidien Le Monde, Pascal déclarait avec ironie : « Si les résultats se confirment, c’est le scoop du siècle. Et dans ce cas, il faudrait interdire les OGM dans le monde entier ». En effet, cher monsieur, tel est bien l’enjeu ! Mais en plus, un nombre incalculable de victimes pourraient exiger réparation, une série d’experts qui ont fait passer leurs intérêts avant le bien public seraient mis sur la sellette, et les politiciens qui ont décidé de n’écouter que ces experts-là devraient rendre des comptes, eux aussi.  L’affaire du sang contaminé, à côté de ça, c’est de la roupie de sansonnet… Voilà sans doute pourquoi le CERES, une association fondée par les grands groupes français de la distribution, aurait avancé les premiers fonds pour l’étude réalisée à Caen.(5)

Pour une mise à plat

Gilles-Eric Séralini refuse de donner à l’EFSA les « informations complémentaires » qu’elle lui demande. Il réclame au contraire que l’Autorité européenne « fournisse au public les éléments qui lui ont permis d'autoriser cet OGM, et ce pesticide en particulier »(7). Cette réplique intransigeante risque de lui coûter cher, mais elle est pleinement justifiée. Le communiqué du 4 octobre de l’EFSA dit que « l’examen préliminaire publié aujourd'hui constitue la première étape d’un processus » et qu’une « seconde analyse, plus complète, sera publiée d'ici la fin octobre 2012.» Etant donné que l’EFSA invoque contre l’étude de Séralini des vices qui n’en sont pas pour elle lorsqu’ils entachent – et plus gravement- des études pro-OGM, le « deux poids deux mesures » est clair, et la conclusion coule de source : ce n’est pas une controverse scientifique, et la « seconde analyse, plus complète » de l’EFSA ne fera que confirmer la première.  Il n’y a aucune raison pour un chercheur de collaborer à une mascarade aussi grossière.

Comme le dit la « Lettre Ouverte » sur l’affaire Séralini, que nous publions en annexe, « une grande part de la culpabilité ultime pour cette controverse réside chez les régulateurs - l'EFSA en Europe et l'EPA (Environmental Protection Agency) ainsi que la FDA (Food and Drug Administration) aux Etats-Unis - qui ont adopté des protocoles ayant peu ou pas de potentiel pour détecter les conséquences néfastes des OGM (8)». L’affaire est donc politique. Il faut en finir avec un système qui permet aux industries agroalimentaires de faire elles-mêmes les études d’accréditation de leurs OGM selon des procédures  mises en place par elles. Il est inacceptable que les pouvoirs publics discréditent un chercheur alors qu’ils ne se sont jamais soucié d’organiser une recherche sérieuse et indépendante sur les impacts sanitaires (et écologiques) à long terme de transgènes qui – c’est le fond de l’affaire – ne sont nécessaires que dans le cadre de la course au profit du complexe agro-industriel capitaliste.

Ecrit par Daniel Tanuro



Outre la petite musique complotiste assez puante qui imprègne l'ensemble ["la main de Monsanto", fallait oser un tel intertitre], il y a des passages comme celui-là qui sont très graves :

a écrit :
Une idéologie difficile à combattre parce qu’elle habite la pensée scientifique elle-même : « la révolution génétique a conduit à une conception atomisée du vivant, écrit Testart : les secrets de la vie, des spécificités individuelles, des pathologies et des traitements, tout serait décelable et modifiable dans la molécule d’ADN, d’où la naissance d’un réductionnisme triomphant ». (4)

En même temps, ce réductionnisme, qui « nie la complexité du vivant », n’est qu’une forme particulière de l’idéologie utilitariste et réifiante du capitalisme, avec sa rationalité partielle (au niveau des entreprises) et son irrationalité globale. C’est pourquoi les conflits d’intérêt – les vrais, avec de l’argent à la clé - ne sont jamais très loin des dérives idéologiques.


La pensée scientifique elle-même, dans ses aspects "réductionnistes" serait donc une émanation de l'esprit du capitalisme. C'est le retour en version écolo à la con de l'opposition science bourgeoise / science prolétarienne.
ça y est, on a maintenant les stals rouges et verts, on n'arrête pas le progrès.
luc marchauciel
 
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Message par luc marchauciel » 06 Oct 2012, 10:46

L'excellente journaliste scientifique canadienne Valérie Borde enfonce elle aussi le clou de la comparaison entre elles anti-OGM et les climato-sceptiques. "C’est vrai que les deux excellent à manipuler l’opinion publique sous couvert de science…"

http://www2.lactualite.com/valerie-borde/2...es-meme-combat/

a écrit :
Anti-OGM, climatosceptiques: même combat ?

1 octobre 2012


Le chercheur français Gilles-Éric Séralini a provoqué un vent de panique en publiant récemment une étude liant la consommation de maïs génétiquement modifié à l’apparition de cancers chez des rats.

Pour de nombreux spécialistes, cependant, les méthodes statistiques sur lesquelles s’appuie le chercheur, opposant notoire aux OGM, ne tiennent pas la route. D’autres critiquent le type de rats utilisés pour cette expérience de deux ans, puisque cette espèce préconisée pour des études plus courtes est connue pour développer spontanément des tumeurs en vieillissant.

Les résultats du Pr Séralini contredisent aussi toutes les études sérieuses publiées auparavant sur ce sujet, qui n’ont jamais réussi à prouver la toxicité des OGM y compris quand elles ont été menées en toute indépendance de l’industrie des OGM.

L’étude elle-même n’a pas été financée par l’industrie, mais par ses détracteurs : le Comité de recherche et d’information indépendantes sur le génie génétique, un organisme militant contre les OGM dirigé par le Pr Séralini, sort un livre et un film sur le même sujet, et TV5 va bientôt publier un reportage tourné depuis les tout débuts de l’étude… donc avant même qu’on en connaisse les résultats.

Tous ces efforts pour publiciser une étude avant même qu’elle soit terminée n’augurent rien de bon.

En France, l’étude a notamment fait la une de certains journaux comme Le Monde qui, en échange de l’exclusivité, ont accepté de signer des ententes avec le chercheur leur interdisant de soumettre l’étude au regard critique d’autres experts. La BBC a refusé de se plier à ses exigences.

Le Nouvel Obs en a fait sept pages avec un reportage d’une rare complaisance et mis en couverture un titre ultra-racoleur : «Oui, les OGM sont des poisons».

Foutaise! Je ne croyais pas mes confrères français capables de tomber aussi bas…

Cette vaste opération de marketing a été d’ailleurs été dénoncée par de nombreux journalistes scientifiques, de Nature à l’Agence Science Presse en passant par Libération.

Tous y ont reconnu des stratégies de communication de la science généralement associées aux études qui ne sont que… du vent.

Rappelez-vous du fameux fossile Ida, le «chaînon manquant» de 47 millions d’années découvert en 2009.

La découverte avait fait la une de Google et d’innombrables médias, donné naissance à un livre, un site web, un film, une expo annoncée par le maire de New York en personne, le tout préparé plus d’un an et demi avant la publication de l’étude scientifique dans la revue Plos One.

Pour ne pas gâcher tous ces efforts, Plos One avait alors interdit à quiconque de lire l’étude avant sa publication, une pratique pouratnt courante en journalisme scientifique puisqu’elle permet aux journalistes de se faire une tête et de recueillir d’autres avis avant de publier leurs articles.

Il avait fallu seulement deux ou trois jours pour que toute cette balloune se dégonfle, et moins de six mois pour qu’une autre étude conteste qu’Ida soit même un ancêtre de l’humanité. Mais ça, vous ne l’avez peut-être jamais su parce que cela n’a donné ni documentaire, ni une de Google…

C’est aussi la même stratégie qui est utilisée par les climatosceptiques pour mousser des études qui vont à l’encontre du consensus scientifique, financées par des opposants notoires disposant d’appuis politiques, et publicisées avant même d’avoir été publiées dans des revues savantes et soumises à la critique des pairs.

Ces études, après avoir été analysées d’un point de vue scientifique, s’avèrent généralement boîteuses ou incomplètes et ne changent rien ou presque au consensus.

Le climat continue de se réchauffer.

Et personne n’a jamais noté d’épidémie d’énormes tumeurs cancéreuses chez les millions de rongeurs qui se nourrissent dans les champs d’OGM partout ou presque dans le monde depuis des années.

Me semble pourtant que s’il y en avait, les opposants aux OGM les auraient trouvé depuis longtemps!

Tout cela fait dire au journal Slate que les opposants aux OGM sont les «climatosceptiques de la gauche». 

C’est vrai que les deux excellent à manipuler l’opinion publique sous couvert de science…
luc marchauciel
 
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Message par canardos » 06 Oct 2012, 11:36

Il y a quand même une différence fondamentale entre l'"étude" de Seralini et le papier sur "Ida".

Ida était un fossile authentique et d'une qualité exceptionnelle.

Ida, de son nom Darwinius masillae vivait il y a 47 millions d'années. Cette espèce était morphologiquement proche des lémuriens actuels, avec notamment un pouce opposable aux autres doigts permettant la préhension.

Mais en raison de absence de griffes, remplacées par des ongles, Darwinius masillae n'est pas un lémurien fossile mais fait partie d'un vaste groupe de primates aujourd'hui éteint, les adapiformes, un groupe frère des lémuriens actuels mais dont ne sont pas dérivés les primates anthropoïdes (nous y compris).

Ada n'est donc pas un prétendant au titre d’ancêtre direct de l'homme...sans compter que la notion de chainon manquant n'a pas de sens sur le plan scientifique.

Ce qu'on peut reprocher à l’étude sur IDA publiée dans Plos One, outre des conclusions hâtives et réfutées depuis sur sa place dans l'évolution des primates, c'est une exploitation médiatique indécente comme "chainon manquant" avec notamment la diffusion d'un documentaire (The Link – « Le chaînon ») sur la chaîne de télévision thématique internationale History Channel, la parution d'un livre du même nom et la modification du logo de Google pour la journée du 20 mai 2009.

Rien à voir avec les études bidon de Seralini, qui ont fait l'objet d'une exploitation médiatique bien plus indécentes et qui en plus se fondaient sur des matériaux extrêmement contestables.

Une autre différence, c'est que les données de base ayant servi à l’étude sur IDA sont totalement publiques et accessibles aux autres chercheurs, y compris le fossile lui même, alors que Seralini refuse obstinément de communiquer à ses pairs les données brutes ayant servi à son "étude"..

Les chercheurs qui ont publié au sujet d'Ida dans Plos One, ne méritent pas d’être comparés à Seralini, même si ils ont succombé à la tentation d'une exploitation médiatique et qu'ils se sont trompé sur la place de IDA dans le groupe des primates....

Ils n'ont pas commis d'une escroquerie scientifique quand même!
canardos
 
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Message par canardos » 17 Oct 2012, 22:41

la méthode choisie par Seralini pour éviter toute remarque critique à la publication de son étude pose un vrai problème de déontologie, pour parler clairement c'est une méthode malhonnête et manipulatrice. C'est ce que pensent aussi l'association des journalistes scientifiques.


a écrit :

Déclaration de l'Association des journalistes scientifiques de la presse d'information (AJSPI)



Embargo et confidentialité des informations scientifiques


Dans la polémique soulevée par la publication d'une étude sur le risque sanitaire d'un maïs génétiquement modifié et d'un herbicide réalisée par Gilles-Eric Séralini, l'embargo et la confidentialité ont été évoqués par certains protagonistes. Ces sujets sont au cœur de la pratique des journalistes spécialisés en sciences et nous regrettons que des informations erronées aient pu être émises à ce propos.

L'embargo est une pratique que nous approuvons. Mis sur un article publié dans une revue scientifique, il consiste à interdire de le citer avant sa publication. Cela ne vise en aucun cas à assurer à cette dernière une position commerciale ni une exclusivité de l'information au sens du "scoop" tant recherché par la presse généraliste. L'objectif unique est la qualité de l'information, tant des scientifiques que du public.

Pour ce qui concerne les scientifiques, il s'agit d'assurer aux auteurs de l'étude que c'est bien toute l'information contenue dans leur article qui sera rendue publique, et non des bribes susceptibles d'une présentation déformée. En outre, il s'agit de respecter une règle déontologique de la recherche scientifique, la non duplication des publications dont une étude récente (Ferric C. Fang et al, PNAS 1/10/2012) déplore qu'elle se multiplie.

L'embargo permet aux journalistes spécialisés en sciences et accrédités auprès des revues scientifiques de disposer à l'avance des articles - une semaine pour Nature, Science ou les PNAS - afin de soumettre ces articles au regard critique des scientifiques du domaine qui peuvent être laudateurs comme négatifs. Cette démarche repose sur un traitement équitable - tous les journalistes accrédités disposent de l'information et non un groupe choisi - ainsi que sur la vigilance et la modestie des journalistes scientifiques, bien placés pour savoir les limites de leurs connaissances et la complexité des informations scientifiques, en particulier le fait qu'une étude publiée ne sera pas nécessairement confirmée par la suite. La liberté académique, et donc aussi celle de se tromper, de produire une science médiocre ou des résultats faux, étant la condition sine qua non à la possible mise en cause des résultats et théories antérieurs, voie normale et fréquente du progrès des connaissances.

A l'inverse, nous récusons et condamnons la clause de confidentialité imposée par l'équipe de Gilles-Eric Séralini. Celle-ci consistait à fournir à quelques journalistes  sélectionnés l'article sous  embargo, en leur réclamant en contrepartie de ne pas recueillir l'avis d'autres scientifiques sur cette étude. Ce qui visait clairement à obtenir une présentation biaisée de cette étude, dénuée de tout regard critique ou simplement compétent. C'est pourquoi cette clause fut repoussée par certains journalistes scientifiques sollicités, puis dénoncée, en France, par l'Union Européenne des Associations de Journalistes Scientifiques (1) et ailleurs (2), comme contraire aux bonnes pratiques résultant de concertations entre le monde scientifique et celui des journalistes spécialisés en science.

(1) Communiqué de l'EUSJA http://networkedblogs.com/D5nZ0
(2) Carl Zimmer (New-York Times) : "C’est une façon âcre, corrompue, de parler de la science. C’est mauvais pour le scientifique impliqué, mais nous journalistes devons admettre que c’est également mauvais pour notre profession. (...) Si quelqu’un vous fait signer un accord de confidentialité, de sorte que vous n’aurez d’autre choix que de produire un article unidimensionnel, fuyez. Autrement, vous vous faites manipuler."

Paris, le 15 octobre 2012

Le bureau de l'AJSPI

canardos
 
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Message par canardos » 17 Oct 2012, 22:45

Et voila un petit billet d'humeur publié le 8 octobre dans la revue de l'AFIS "Science et pseudoscience".

a écrit :

Requiem pour trois rats morts prématurément

par Alain de Weck

On ne considère plus guère les scientifiques comme des savants. C’est légitime, ils ne savent pas grand chose. Un groupe de jeunes scientifiques français a rapporté récemment qu’une alimentation par maïs transgénique OGM cause chez le rat des tumeurs et une mortalité prématurée, si l’on est suffisamment patient pour attendre deux ans, la durée moyenne de la vie d’un rat. Cette affirmation est basée sur deux groupes de dix rats. Cinq rats nourris au maïs OGM sont morts prématurément alors que seuls deux ou trois sont morts parmi les dix rats contrôles nourris par un maïs normal. Dans les dix autres groupes nourris par maïs OGM, la mortalité a été soit d’un rat supérieure, soit égale, soit même inférieure au contrôle. Tout se joue donc sur trois rats, qui ont eu la malchance d’être là au mauvais moment.

Cette différence a suffi aux auteurs de l’étude pour emboucher les trompettes de Jéricho, ameuter la grande presse et s’en prendre au reste du monde qui ne les avait jusqu’ici pas pris au sérieux. Les scientifiques du reste du monde ont beau objecter que trois rats, ce n’est pas grand chose, et que dans le contexte, les résultats sont probablement le jeu du hasard. Ils ont eu aussi beau rappeler que ces résultats vont à l’encontre d’une évidence expérimentale négative dont les dossiers remplissent un immeuble de quatre étages. Rien n’y fera. L’angoisse s’est installée dans les chaumières et on va s’en occuper en haut lieu.

Ce samedi se rencontraient à l’Élysée, toutes affaires cessantes, les ministres de l’agriculture, de la santé et de l’environnement, peut-être aussi le Premier Ministre et le Président de la République, pour discuter de nos trois rats. On envisage des mesures d’urgence à proposer, si ce n’est imposer, aux partenaires européens. Décidément, la France joue toujours son rôle de phare intellectuel : après la rationalité de Descartes, la défense des droits de l’homme et de multiples découvertes, voici venir l’ère de l’hystérie collective et des fantasmes d’une nouvelle science verte. Pendant ce temps, le ministre américain de la santé dort sur ses deux oreilles. Ses concitoyens gavés de maïs OGM depuis dix ans se portent comme un charme. Leur durée de vie s’allonge plus vite que celles des Français et le maïs les fait engraisser.

L’histoire se souviendra des trois rats de Caen ; ils sont les premiers rats de laboratoire à avoir droit à des funérailles nationales et ils ne sont pas morts en vain.

Écrit le 08-10-2012

canardos
 
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Message par canardos » 21 Oct 2012, 08:40

a écrit :

OGM : six académies pointent les "insuffisances" de l'étude Séralini

Le Monde.fr avec AFP | 19.10.2012

Six académies ont estimé que les travaux pilotés par M. Séralini "ne peuvent remettre en cause les études ayant précédemment conclu à l'innocuité sanitaire du maïs NK603".

Un mois tout juste après la publication d'une étude alarmante et controversée du professeur Gilles-Eric Séralini sur la toxicité d'un maïs transgénique commercialisé par la firme Monsanto, six académies scientifiques françaises estiment que ce travail "ne permet aucune conclusion fiable" en raison de "nombreuses insuffisances".
Selon les travaux publiés par Gilles-Eric Séralini, professeur de biologie moléculaire à Caen, la consommation du maïs transgénique NK603 et d'un herbicide contenant du glyphosate (Round Up) de Monsanto par des rats est associée à un risque accru de tumeurs.

Dans l'avis, non signé, qu'elles publient sur Internet, les académies nationales d'agriculture, de médecine, de pharmacie, des sciences, des technologies et vétérinaire reconnaissent cependant n'avoir pas organisé "une expertise approfondie" de l'article en question, "puisque ce rôle a été confié à des agences et institutions spécialisées disposant de toutes les expertises nécessaires". Elles citent notamment le travail de l'EFSA (European Food Safety Authority), qui réfute les interprétations "de résultats jugés douteux" et les analyses attendues de l'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail) et du HCB (Haut Conseil des biotechnologies). "Avant d'avoir connaissance de ces deux avis, l'expérience du métier de la recherche permet cependant aux académies de mettre en cause immédiatement divers aspects scientifiques et déontologiques", estiment cependant les six académies.

Pointant "de nombreuses insuffisances de méthodologie et d'interprétation", elles estiment que les travaux pilotés par M. Séralini "ne peuvent remettre en cause les études ayant précédemment conclu à l'innocuité sanitaire du maïs NK603". Les académies critiquent notamment la méthodologie statistique employée pour évaluer la fréquence de survenue de tumeurs chez les rats, jugeant en outre que le choix des animaux utilisés, qui seraient naturellement sujets à des tumeurs, "est sujet à caution".

"SE POSER LA QUESTION DES PROTOCOLES EXPÉRIMENTAUX"

M. Séralini avait déjà réagi à une série de critiques formulées contre ses travaux lors de leur publication en septembre. "Tout ceux qui ont aboyé [contre l'étude] sont à l'origine de l'autorisation de ces produits, et ils l'ont fait sur la base de tests sur la même souche de rats, avec des échantillons de 10 rats pendant seulement trois mois et pas avec autant de tests, avait-t-il opposé à ses détracteurs. C'est ridicule."

Les académies s'en prennent en outre à la stratégie de communication adoptée par le professeur Séralini. Elles s'interrogent sur "la concomitance de la sortie de deux livres, d'un film et d'un article scientifique, avec l'exclusivité de leur contenu accordé à un hebdomadaire, assortie d'une clause de confidentialité y compris vis-à-vis des scientifiques, jusqu'à la conférence de presse" dévoilant l'étude. "L'orchestration de la notoriété d'un scientifique ou d'une équipe constitue une faute grave lorsqu'elle concourt à répandre auprès du grand public des peurs ne reposant sur aucune conclusion établie", jugent les académies.

En conclusion, les six académies estiment que "le bruit médiatique et même politique occasionné par la divulgation des résultats de G. E. Séralini ne sont pas fondés sur des résultats aussi incontestables qu'ils auraient dû l'être par rapport aux conséquences de la médiatisation qu'ils ont entraînées".

Elles estiment cependant, reprenant en cela les arguments de M. Séralini, qu"il reste vrai, même après ces critiques, qu'il est sans doute opportun de se poser la question des protocoles expérimentaux qui devraient être utilisés pour détecter un pouvoir cancérogène éventuel des produits alimentaires. Trois mois [durée le plus souvent utilisée] sont-ils suffisants ou non ? La question peut être en particulier posée pour les pesticides ou les avis du 19 octobre 2012 – 5 – herbicides. Le problème n'est pas simple car l'échelle des temps, en particulier la durée de vie, n'est pas la même chez le rat et chez l'homme. Mais ce n'est pas la publication de cet article qui doit inciter à cette réflexion car il ne contient aucun élément probant".

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Message par luc marchauciel » 21 Oct 2012, 09:51

Ce n'est pas possible de suivre le rythme et de publier tout ce qui s'écrit de cinglant sur l'étude bidon de Séralini.

Je donner juste le lien vers ce papier, dont j'aime bien la conclusion :
http://www.contrepoints.org/2012/10/10/100...mauvais-melange


a écrit :
Je ne suis pas employé de Monsanto non plus mais si je l'étais, je pense que j'enverrais une carte de félicitation au professeur Séralini... Le cocktail de parti-pris, d'auto-promotion et d'errements scientifiques dont il s'est rendu responsable aura fait plus de dégâts aux adversaires de la multinationale que tout ce qu'elle aurait pu entreprendre. Et ce, sans qu'il lui en coûte le moindre centime


Surtout surtout, j'ai trouvé vraiment excellent ce papier dans lequel un chercheur répond à la question : "Mais pourquoi y a t-il autant de scientifiques qui montent au créneau contre l'étude de Séralini, et pas contre d'autres études éventuelles de mauvaise qualité ?". La réponse donnée par les anti-OGM est très simple : "c'est parce que Séralini dérange des intérêts très puissants, et que tel ou tel lobby a corrompu plein de chercheurs pour qu'ils décrédibilisent Séralini, comme l'industrie du tabac l'avait fait pour le tabac, etc." (et ça peut tourner en boucle comme ça pendant de sheures pour éviter de causer du contenu de l'étude). La version la plus barrée et la plus lyssenkiste de ce credo consiste à dire qu'en plus "ce que montre Séralini remet en cause les paradigmes de la science officielle qui est en elle-même imprégnée de l'esprit du capitalisme" [cf le texte sous LSD de la LCR belge]

Ici, l'auteur explique très clairement pourquoi cette étude-là énerve autant de monde ; ça s'appelle "Pourquoi est-ce que l'étude de Séralini m'énerve ?", et ça vaut vraiment le coup d'être lu :

http://toutsepassecommesi.cafe-sciences.or...es-ogm-menerve/

Extrait :

a écrit :
Après avoir fait tout ce boulot, certains d’entre nous essayent de communiquer notre passion, passion pour la vérité et le travail précautionneux qui accompagne sa recherche. C’est difficile, parce que c’est lent et plein de détails et de conditionnels.

Et là, paf, tout le monde fait que de parler d’un travail de merde, sans aucun contrôle, sans aucune statistique, qui baffoue toutes les règles les plus élémentaires de la recherche honnête. Sérieusement, tous les ans je gronde gentillement (j’essaye) des étudiants de master qui font moins d’erreurs que Séralini et compères. Et il faudrait se taire ? Parce que les résultats de la recherche nulle à chier, là, ils dérangent une méchante société ? Que dalle. Monsanto c’est pas des anges, c’est une grosse société privée qui cherche à gagner un max d’argent dans les limites de la légalité sensu stricto. Alors c’est sûr que s’ils peuvent tirer le fric d’un paysan ils vont le faire, et s’ils gagnent plus en poluant sans se faire attraper, il vont le faire. Mais ça ne veut pas dire que la recherche de Séralini soit correcte.

L’ennemi, ça n’est pas Monsanto, ça n’est pas les OGM, ça n’est pas le parti Vert ou un autre. L’ennemi c’est le mensonge, et son copain la demi-vérité malhonnête. Quel que soit le camp du menteur. Et la très grande majorité des scientifiques partage cette éthique. On est là pour chercher la vérité de manière honnête, rigoureuse, souvent chiante, rarement télégénique. On aimerait que tout le monde respecte la recherche de la vérité comme nous on le fait. (Aparté : vous avez vu les commentaires sur les débats Romney-Obama ? Qui a mieux parlé, a eu le plus d’assurance, blabla. Merde, est-ce qu’ils ont dit la vérité ça compte un peu des fois ? Bref.)

Et donc oui ça m’énerve, ça énerve beaucoup de scientifiques, quand des gens mentent au public et sont écoutés, sur des sujet de notre compétence, en mettant des blouses blanches et en se présentant comme scientifiques.

D’ailleurs j’en profite pour râler contre un autre truc favori des médias quand ils parlent de « science » : trouver un chercheur « atypique », « à contre-courant », la personne seule contre l’establishment. Ca sonne bien, ça fait de belles histoires, et ça recouvre presque toujours de la « science » inexacte. Il y a une image que j’ai du mal à comprendre, c’est celle que les scientifiques sont conservateurs. On rêve tous de montrer que ce qu’on a appris à la fac c’est faux ! Et si on y arrive, c’est la gloire ! Mais en général on n’y arrive pas, non seulement parce qu’on est pas assez bons, mais aussi parce qu’à force de tout tester et tout bétonner depuis des générations, y a quand même beaucoup de choses correctes en science. Alors dans un sens on est conservateurs, oui : si on nous montre un résultat ou une conclusion surprenante, on veut beaucoup d’évidence, beaucoup de tests, avant de le croire. Mais dans un sens plus profond, non : on espère toujours avoir tort, on espère montrer que les pseudogènes ont une fonction et que le même gène dans l’autre espèce a une fonction différente. Mais le montrer vraiment, pas juste le dire.
luc marchauciel
 
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